Archive pour la catégorie ‘patrimoine’
Formation professionnelle : Connaissance du milieu marin tropical
Formation professionnelle : Connaissance du milieu marin tropical
« Les récifs coralliens et leur biodiversité, les tortues, oiseaux marins, cétacés et poissons de la Réunion »
Eléments de contexte :
Le développement du tourisme et des activités nautiques en mer s’accompagne d’un intérêt grandissant pour la biodiversité marine. Les professionnels de la mer (croisières, clubs de plongées, pêcheurs, loueurs de matériel navigants …) sont les premiers à être confrontés à la demande d’explications et à l’envie de connaissances du grand public. Les associations Globice et Vie Océane, le laboratoire d’Ecologie Marine de l’Université
de la Réunion, les structures muséales que sont Kélonia et l’Aquarium de la Réunion ainsi que la Réserve Naturelle Nationale Marine de la Réunion (RNNMR) bénéficient de personnes qualifiées qui développent depuis de nombreuses années des programmes de recherche dans leurs domaines de compétences respectifs ; elles participent à la
sensibilisation du grand public à travers leurs centres d’interprétation mais également grâce à des interventions scolaires, des manifestations publiques, des conférences…
La formation :
Ces structures ont décidé de monter conjointement une formation à destination de l’ensemble des acteurs du milieu marin et des services publics :
- professionnels de la mer et du tourisme.
- acteurs de la conservation et de la protection du milieu marins,
- agents techniques des services publics (administrations, collectivités, établissements publics…)
- etc.
5 thèmes seront abordés sous forme modulaire :
- Connaissance des récifs coralliens (VO- GIP RNNMR)
- Les espèces de poissons les plus communes à la réunion : poissons
coralliens, pélagiques avec un point plus particulier sur les requins
(Aquarium de la Réunion)
- Les tortues marines de la Réunion (Kélonia)
- Les cétacés (Globice)
- Les oiseaux marins de la Réunion (Matthieu Lecorre, directeur du laboratoire
ECOMAR)
Association GLOBICE Réunion: 0692 65 14 71 : globice@globice.org site : www.globice.org
: 30 chemin Parc Cabris Grand Bois 97410 Saint Pierre
Les stagiaires peuvent choisir parmi les 5 modules pour élaborer à leur convenance leur parcours de formation qui se déroulera sur plusieurs jours. C’est l’association Globice, agréée prestataire de formation professionnelle en mars 2010, qui portera ce projet. Lire la suite de cette entrée »
Le temple chinois de St Pierre.
Le temple chinois de St Pierre est le plus grand temple de l’île. Sa divinité principale : le général GUAN DI.
Né en 160 après J.C, mort en 220, c’était un guerrier à l’âge de 25 ans qui faisait déjà preuve d’une grande bravoure et de fidélité à ses engagements.
Son fils GUAN PING, est le dieu de l’intelligence. Son compagnon TSOU TSONG, le dieu de la guerre. Dans la religion du tao, il fait partie des 7 sages. Lire la suite de cette entrée »
Le temple chinois LAW, « temple de la traversée heureuse »
Fondée en 1897, cette maison familiale réunissait les familles THIAN, LAW et TONG
Contexte :
Alors que sévit le marxisme en Chine et que la religion y est conspuée « la religion est l’opium du peuple », quelques chinois décident de se replier sur les communautés d’outremer. Fuyant les campagnes, puis les villes où ils ne trouvent pas de travail, ils s’embarquent alors sur des bateaux de commerce. Arrivés à la Réunion, ils y découvrent une communauté paisible et décident parfois de s’y installer. Lire la suite de cette entrée »
le « chateau morange » sur la sellette
Une lourde réhabilitation du « Chateau Morange » vient d’être entreprise par la Mairie de St Denis afin de la « remettre au coeur du quartier » et de lui redonner « sa vocation d’équipement culturel »
Un peu d’histoire
De style néo-classique, comme le Musée Léon Dierx, Le Château Morange a été construit par Jean Baptiste Prosper Morange au milieu du XIXe siècle. Au départ le terrain était de 15 ha en périphérie de la ville. Au fur et à mesure des successions, il est tombé à 7 ha.
Constitué de plusieurs corps avec portique à colonnade formant varangue, les bâtiments sont en lave, brique, enduit et moellon devant, en bois derrière avec couverture métallique.
Entre 1926 et 1929, il a servi de résidence forcée au raïs marocain Ab Del Krim, lors de son exil réunionnais par les aurorités françaises lors de la guerre du Rif.
Devenu MJC après son achat part la ville à la famille Nas de Tourris en 1966, ce site a accueilli de nombreuses représentations cinématographiques, des festivals, des rencontres sportives (Hand et basket notamment)
Il héberge de nombreuses associations et propose des
animations culturelles et sportives.
Le projet de rénovation prévoit d’agrandir les salles de chant, danse ainsi que la salle de spectacle qui passerait de 106 à 118 sièges, de créer une salle d’arts plastiques et une salle et un studio de musique.
PL
Des lois pour protéger nos lieux de mémoire
Aline Murin Hoarau, conseillère régionale et membre de l’association Miaro
Suite à la profanation commise sur un cimetière à Saint-Phillippe, un courrier de l’association Miaro, Sauvegarde et valorisation de patrimoine réunionnais, avait été publié dans nos colonnes. Aline Murin Hoarau, nous précise son avis face à cet acte impardonnable.
Aline Murin Hoarau souhaite en outre que soit décentralisé à La Réunion un service régional d’archéologie.
Que peut-on faire à votre avis pour préserver ces lieux de mémoires et quelle doit être la politique patrimoniale préconisée ?
-Qu’à l’instigation de l’état ou des collectivités locales soit rapidement mise sur pied une structure chargée d’inventorier de façon exhaustive les sites qui relèvent du patrimoine culturel et historique de la Réunion.
-Que soient mis en valeur les sites répertoriés, avec une signalétique adaptée : stèles, panneaux explicatifs, campagnes d’information et de sensibilisation du grand public
-Que soient appliquées les lois qui protègent ces lieux de mémoire, notamment l’autorisation préalable pour tout chantier dans un secteur sensible, et la cessation de tout chantier en cas de découverte significative. Rien ne doit être laissé à la diligence des responsables politiques, pas plus qu’à celle des promoteurs immobiliers ou des entrepreneurs.
- Que soit décentralisé à la Réunion un service régional d’archéologie (même si l’on admet que l’île de la Réunion n’a que 350 ans de présence humaine, cela se justifie amplement, compte tenu des conditions dans lesquelles ont été enfouis, au propre comme au figuré, certains éléments déterminants de notre passé.
le cimetière marin de St Paul
LE CIMETIERE MARIN DE ST PAUL
vraie ou fausse tombe de la Buse ?*
Grande Fontaine, Le Tour des Roches, le Bout de l’Etang, Sans-Souci, Monplaisir, le Bernica, la Caverne, Rocquefeuil, Bruniquel, Petite France… il y a à travers la commune de St Paul des lieux qui présentent non seulement une incontestable beauté esthétique, mais sur lesquels souffle aussi « l’Esprit ». Parmi eux, le cimetière de la Caverne, plus connu sous le nom de cimetière marin est peut être le lieu le plus saisissant car il combine simplicité et noblesse dans son architecture générale, passé et présent dans son contenu. Il est le témoin le mieux visible de cette situation très particulière qu’occupe la commune de St Paul dans l’ensemble réunionnais.
Saint Paul est encore la plus vaste commue du département mais c’est surtout ici qu’a commencé l’histoire plus que tricentenaire de la Réunion. Pendant près d’un siècle, St Paul a été le point d’arrivée, la base de mise en valeur, la seule vraie capitale de l’île Bourbon. Tout celà, on peut le mesurer en visitant le cimetière marin. Fichées en plein coeur de la « baie du meilleur ancrage », séparées de l’océan par de vieilles pierres passées à la chaux, surmontées de fleurs aux couleurs éclatantes, les tombes d’anciens colons de bourbon côtoient celles de forbans, de grands propriétaires terriens, d’engagés indiens, de commerçants chinois, de poëtes, d’humbles inconnus, de marins au long cours, d’hommes politiques… tous dormant là par les hasards de la vie, par le hasard des années ou des travées, sans aucune
» géométrie » préconcue. C’est une image, oh combien symbolique de la Réunion.
A l’entrée du XVIIIe siècle, le quartier de Saint Paul compte environ un millier d’habitants répartis sur 37 000 hectares allant du Boucan de Laleu à la Possession du Roy comprise. Il doit faire face en 1729 à une terrible épidémie de vérette, la variole saturant rapidement l’unique cimetière situé prés de l’église paroissiale. Il fallut alors enterrer en quelques semaines des dizaines de morts dans un cimetière provisoire aménagé en bord de mer. Mais c’est seulement à la fin de la période de prospérité liée à la culture du café – la population dépassait 7 000 personnes- qu’on envisage le transfert de l’ancien cimetière. Un nouveau lieu de sépulture est ouvert en 1788 sur les pas géométriques, à l’extrémité Sud de la ville, en face de la « Grande Caverne », un peu avant le Cap de la Marianne, qu’on appelait en ce temps-là la Pointe de Bourgogne.
une ancienne tombe
D’une superficie d’un hectare et 44 ares, le cimetière de la Caverne a failli avoir une destinée bien peu civique, comme on le constate en parcourant les registres de délibérations du Conseil Supérieur de Bourbon. Pendant la séance du 7 Avril 1788 sous la présidence du commandant de l’île, Charpentier de Cossigny, le Conseil Supérieur doit répondre à une pétition de quelques habitants de St Paul demandant que le nouveau cimetière soit réservé uniquement aux blancs et l’ancien, à côté de l’église paroissiale pouvant servir à l’usage des noirs décédés. La réponse du Conseil fut cinglante : « Cette distinction nous parait tout à fait révoltante, comme si nous n’étions pas tous égaux et que la poussière de l’homme blanc et de l’homme noir ne serait pas la même. C’est vouloir étendre les prérogatives de l’orgueil au-delà même du tombeau »
Cette mauvaise polémique réglée et malgré le transfert du cimetière sur le bord de mer, on conservera encore longtemps une coutume locale qui consistait une fois la messe des morts terminée en l’église paroissiale, à déposer les cercueils des défunts sur une énorme roche plate se trouvant sur le côté droit de l’église, pour une ultime prière et puis on prenait « le chemin des morts », le sentier menant au cimetière. La roche disparait après le décès de Jean Antoine Davelu, prêtre lazariste. Le père Davelu, curé de St Paul, de 1767 à 1815, avait souhaité être enterré sous cette pierre pour continuer à accompagner ses fidèles dans l’au-delà. Son souhait sera exhaucé, mais la vieille roche remplacée par un monument funéraire, justement en forme de table, qui assurera l’usage coutumier jusqu’au début du XXe siècle.
Avec les années, certaines tombes du cimetière marin sont devenues complètement anonymes ou alors des inscriptions bien mystérieuses, telles celles-ci : » Vernant, bourreau le 16 Février 1822″ ; D’autres sont sujettes à interrogations, telle la tombe du pirate » La Buse ». Olivier Levasseur, dit « La Buse » est certes bien mort pendu sur la place de l’église paroissiale de St Paul, mais sa pendaison remonte au 7 Juillet 1730, cinquante huit ans avant la création du cimetière…
Et puis, à l’époque on inhumait pas en terre chrétienne des bandits de grand chemin.
C’est aussi au cimetière marin que s’est terminé le bref passage à Bourbon, d’Eraste Feuillet, mort « victime de sa générosité ». Ce capitaine de marine marchande, natif de Saint Malo, âgé de 28 ans, arrive à St Paul, via le Cap de Bonne Espérance en Février 1830. Le temps de l’escale, il prend pension à l’hôtel de Lassays sur le front de mer, en face du débarcadère principal. Comme c’est partout le cas à l’époque, l’hôtel ne possédait ni électricité, ni eau courante, ni salle de bain, la toilette se faisait dans les chambres à l’aide d’une cuvette et la coutume voulait que les clients balancent par la fenêtre les eaux usées.
C’est ce que pratique notre marin lorsque besoin se fait sentir. Malheureusement le 16 Février 1830, le liquide crasseux tombe sur la tête d’un passant irascible qui provoque le capitaine en duel. Pendant l’affrontement qui a lieu le lendemain sur la grève, l’arme du saint paulois s’étant enrayée. Feuillet lui propose un de ses pistolets avec lequel il sera tué. Parti de St Malo le capitaine Feuillet repose depuis le 18 Février au cimetière marin, sur sa tombe est gravée l’épitaphe suivante : « victime de sa générosité, l’arme qui devait le défendre lui donna la mort ».
Au milieu du XIXe siècle, c’est le poëte Eugène Dayot qui rejoint le cimetière marin. Joachim Laurent Dayot dit « Eugène Dayot » est né lui à St Paul où il passe son enfance puis son adolescence, fréquentant les cours du célèbre collège privé Raffray dans lequel il acquiert le goût des Belles Lettres. Les études terminées, il entre en 1828 dans l’administration des Ponts et Chaussées et fait alors un séjour de deux ans à Madagascar en y contractant une terrible maladie : la lèpre. Elle explique probablement qu’en parallèle à ses activités dans l’administration, Dayot se soit lancé dans la poësie et le journalisme. En 1839, il fonde à St Paul son propre journal « Le Créole » qui fera faillite pour cause de propagation d’idéaux abolitionnistes et de campagne contre la peine de mort. Après la déroute du « Créole », il reste dans la presse comme feuilletoniste au « Courrier de St Paul », puis au « Bien public » dont il sera rédacteur jusqu’à ce que la lèpre l’emporte en 1852, dramatiquement mutilé et en train d’écrire un roman historique « Bourbon pittoresque »
En 1890 et 1891, le cimetière marin accueille 2 éminentes personnalités de la vie politique et culturelle de St Paul. Jean Milhet Fontarabie et Gilles François Crestien. Jean Milhet Fontarabie est né en Dordogne en Novembre 1828, médecin de formation, il a exercé quelques années à Madagascar, en particulier à la cour de la reine Ramanavaloa 1e. Installé à St Paul, devenu maire en 1872, puis Conseiller Général, il parvint à persuader le Directeur de l’Intérieur de l’époque, Monsieur Laugier, de l’intérêt d’une voie de circulation terrestre entre La Possession et St Denis au pied de la falaise. Une expérience tentée au début de 1873 se révélant positive, les travaux officiels de construction d’une route, ou plutôt d’une piste sont entrepris et achevés cette même année. Le maire-conseiller peut ainsi en Septembre 1873 se rendre à cheval de St Paul à St Denis en passant par le littoral, faisant une entrée très remarquée au siège du Conseil Général. Milhet Fontarabie laissera à sa commune d’autres routes et plusieurs fontaines publiques, mais à partir de Juillet 1882, on le verra de moins en moins, car il réussit le tour de force de se faire élire sénateur de la Réunion malgré la candidature à cette prestigieuse fonction du poëte Leconte de Lisle. Il siègera au palais du Luxembourg jusqu’à sa mort, le 13 Juin 1890, et sera enterré selon ses dernières volontés au cimetière marin de St Paul.
Gilles François Crestien a vu le jour le 15 Septembre 1828 dans une vieille famille de St Paul. Devenu à son tour notaire et notable dans sa ville natale, il effectue, en 1862, un voyage en Europe. Il découvre alors à Rome, les vertus du télégraphe électronique; Revenu dans son office notarial, il monte le projet d’équiper la côte Ouest de la Réunion avec ce fabuleux outil de communication. C’était d’autant plus utile qu’on mettait alors au moins 3 jours pour se rendre en diligence de St Denis à St Pierre. Des pesanteurs administratives et des rivalités au Conseil Général paralysant son initiative, Crestien en arrive à la solution de créer en 1869 sa propre entreprise : « la Société Anonyme du Télégraphe de la Réunion », au capital de 60000 francs, forte de 212
actionnaires et dont il assure la présidence. La Société du Télégraphe finit par obtenir les autorisations nécessaires, installe des poteaux, des fils, fait venir des appareils d’Allemagne. En Juillet 1870, la première communication électrique est établie entre St Paul, La Possession et St Denis. Le réseau de la société s’étendra à tout le tour de l’île au moment du décès de Gilles Crestien, le 12 Août 1891. Son entreprise continuera à fonctionner jusqu’en 1907, date à laquelle elle sera absorbée par le service public des Postes et Téléphones.
Le cimetière marin porte aussi témoignage de drames de la mer, comme le naufrage du navire « le Ker Anna » en Décembre 1894. Le Ker Anna était un solide voilier trois mâts français, construit à St Nazaire, commandé par Aubain Delahaye, capitaine au long cours, aidé par quinze hommes, tous marins expérimentés, enrôlés dans les ports bretons. Le bateau avait été affrété en 1894 par un armateur nantais pour amener aux Comores et à la Réunion du charbon, des madriers, de l’essence, du goudron, des bougies, du vin, des boites de conserves, du lard, de la farine, de la poudre, des tapisseries et 2 cochons vivants qui sont d’ailleurs sortis indemnes du naufrage puisqu’ils ont été vendus, vifs, aux enchères en même temps que les marchandises récupérées. Le Ker Anna arrive en rade de St Denis le 7 Décembre 1894. Le jour même le Capitaine Delahaye descend à terre pour accomplir les formalités douanières et préparer le déchargement des marchandises. Dès le lendemain le temps s’aggrave sur la Réunion en raison de l’approche d’un gros cyclone tropical. Si bien que le 8 décembre à 3H 30 de l’après midi, le second du Ker Anna reçoit du lieutenant du port l’ordre de s’éloigner de la côte.
Dans la nuit opaque, emporté par une mer déchainée et de violents courants, le Ker Anna se retrouve à 4 heures du matin en fce de la Pointe des Aigrettes. Là il heurte un récif, cassant l’arrière du navire qui coule en quelques instants. Dans la journée du 9 décembre 1894 la mer rejette entre le Cap La Houssaye et la Pointe de Aigrettes de nombreux débris, ainsi que les corps de cinq matelots bretons noyés au large de St Gilles. Ils reposent depuis, à l’intérieur d’un carré spécialement aménagé dans la partie Nord-Ouest du cimetière.
Le personnage le plus célèbre du cimetière est sans conteste le poëte Leconte de Lisle installé en place d’honneur sur l’allée centrale, tout près de sa cousine Elixène Delanux qui lui aurait inspiré un de ses plus beaux poêmes : « Le Manchy »
tombe de Leconte de L’Isle au cimetière marin
Charles Marie René Leconte de Lisle est né le 22 Octobre 1818 à l’entrée de la rue St Louis, en pleine ville de St Paul dans une maison en bois à étage qu’avait acheté son père, ex-chirurgien major des armées napoléoniennes, arrivé à la Réunion en 1816. Le fondateur de l’école poëtique du Parnasse, titulaire de l’Académie Française à partir de 1883, officier de la Légion d’honneur en 1886 n’a passé qu’une dizaine d’années à St Paul et à St Gilles les Hauts où sa famille possédait une maison de vacances mais des années qui l’ont beaucoup marqué. On retrouve les souvenirs de jeunesse dans de nombreux poëmes : « le Bernica », la « Ravine St Gilles », Midi », « Si l’Aurore…et m^me le souhait d’n repos éternel sur la grève de St Paul « dans le sable stérile où dorment tous les miens, que ne puis-je finir le songe de ma vie ! » Décédé à Louveciennes près de Paris le 17 Juillet 1894, Leconte de Lisle est d’abord inhumé au cimetière Montparnasse, son voeu sera quand même réalisé, en Septembre 1977, avec le retour au pays natal des restes mortels du poëte et une réinhumation au cimetière marin de St Paul
A quelques pas de Leconte de Lisle, en bordure de l’allée centrale, repose Paul Julius Bénard, pharmacien de profession et maire de St Paul. Paul Bénard a eu, partir de Mars 1965 la lourde tâche de conduire une commune qui après un siècle de léthargie se réveille brusquement sous l’effet de la départementalisation, de l’ouverture de la route en corniche et du tourisme naissant. Il est à l’origine d’une transformation profonde du paysage saint-paulois avec la réhabilitation du front de mer de la ville, du marché couvert, la construction de la gare routière de la Chaussée Royale, d’écoles, de collèges, de lycées, de gymnases, de piscines, d’un stade olympique, d’une médiathèque et d’un parc de loisirs, d’un port de pêche et de plaisance à Saint Gilles…Régulièrement réélu, Paul Bénard assurera quatre mandats de maire, deviendra sénateur de la Réunion en 1981, en pleine « vague rose » et c’est un décès brutal en 1987 qui seul mettra fin à ses fonctions.
Dans l’allée latérale parallèle à la route nationale, un imposant caveau tout blanc, en forme d’obélisque est depuis 1997 la demeure de Jacques Lougnon, le « vieux tangue de la petite france ». Descendant des familles K/anval et Lougnon fondatrices du hameau de Petite France par la route du Maïdo. Jacques Lougnon est né le 29 Octobre 1920 a été tour à tour professeur au Lycée Leconte de Lisle, paysan, historien et surtout ardent défenseur du patrimoine de St Paul, particulièrement des hauts de la commune. On lui doit quantité de chroniques, d’articles de presse dénonçant les destructions de l’héritage de nos ancêtres, pourfendant les administrations de toutes sortes. Il était aussi bâtisseur, construisant lui-même des maisons, des pistes, des radiers, des églises, des clochers. Lorsqu’il est mort le 11 Novembre 1997 dans un accident de la route, c’est tout naturellement qu’il a rejoint l’espace d’Eugène Dayot et de Leconte de Lisle.
A la fin du XXe siècle, Jacques Lougnon est le dernier « illustre saint-paulois » inhumé au cimetière marin. En fait dès la deuxième moitié du XIXe siècle, , après la période de prospérité permise par le développement de la canne à sucre, il était à son tour devenu trop petit. La municipalité envisage alors de l’agrandir, mais se heurte au refus des familles Aubry et Ferrer de vendre leurs terrains attenants et surtout au veto du ministère de la marine qui ne veut pas céder la parcelle nord-ouest sur laquelle se trouvait autrefois une batterie de défense cotière. La situation étant bloquée, le conseil municipal décide d’ouvrir en 1864 un nouveau cimetière cette fois au nord de la ville sur un terrain vague dans le quartier de l’Etang. D’autres lieux de sépulture suivront à la fin du XIXe et au début du XXe : Saint Gilles, Le Guillaume, Saline, Bois de Nèfles … A partir de ce moment les concessions libres au cimetière marin seront réservées aux habitants du centre ville, du quartier de la Caverne, aux familles souhaitant renouveler une concession et à quelques défunts d’exception comme Leconte de Lisle ou encore le père Guillaume, breton d’origine qui fut curé& de St Gilles les bains de 1976 à 1986 puis curé de la paroisse de St Paul de 1986 à 2002
Le temps passant, le cimetière marin avait fini dans les années 1970 par se retoruver dans un état lamentable d’abandon, d’autant que plusieurs catastrophes naturelles ont accéléré son délébrement : raz de marée lié à l’éruption du volcan Perbuatan sur l’île de Krakatoa le 27 Aout 1983 qui emporta bon nombre de tombes et cercueils loin au large dans la baie de St Paul, cyclone de 1932, de 1948, cyclone Jenny de 1962… Aussi nous nous devons de signaler que la sauvegarde et l’aménagement actuel sont l’oeuvre de Jean Marie Lacouture, à l’époque président du syndicat d’initiative de St Paul et de Jean Louisin, responsable des cimetières de la commune, puis Marc Acaste. Avec leurs équipes, ils ont veillé pendant plus de 20 ans à la réhabilitation et à l’entretien de ce lieu incontournable de la mémoire réunionnaise. Qu’ils en soient ici vivement remerciés.
Bernard MAREK
Juillet 2005
*la pierre tombale de la tombe de La Buse aurait une inscription faite par un colon en hommage à une esclave affranchie qui aurait peut être été enterrée là. (selon Bernard MAREK)
[color=green] A l’heure où nous diffusons ces lignes, Bernard Marek, vient de mourir d’une crise cardiaque. Historien d’une grande culture , sagesse et simplicité, c’est notre dernier hommage que les « Amis de l’Histoire » sont heureux d’effectuer à son endroit. Toutes nos condoléances attristées à sa famille[/color]
domaine Panon -Desbassayns : lieu de rencontres inter-culturelles
[color=green]Trois ans avant l’abolition de l’esclavage, à St Gilles le 20 Juin 1845,
Mme Desbassayns rédige son dernier testament à l’âge de 90 ans. Ce document nos donne à voir une description des esclaves attachés à la propriété de St Gilles les Hauts. Aujourd’hui devenu le musée historique de Villèle et le métissage qui en résulte.[/color]
Henri Paulin Panon-Desbassayns et son épouse Marie Anne Thérèse, Ombline ont fait construire un domaine sur leur ancienne propriété, à partir de 1755. Cette riche famille de planteurs y a vécu presque 50 ans. Ce domaine fut majoritairement consacré à la canne à sucre cultivée par un grand nombre d’esclaves originaires d’Afrique, de Madagascar et d’Inde.
En effet, le testament déclare 295 esclaves attachés à la propriété de St Gilles dont la répartition par type est la suivante : 224 esclaves de type créole, 41 de type cafre, 17 de type malgache, 12 de type non identifié et un de type indien. Ils sont désignés par leurs prénoms, castes, âges, professions et une indication de la prisée faite par des experts y est précisée. A partir de 1843, les mariages furent l’occasion d’attribuer officiellement des patronymes aux esclaves auparavant désignés, pour la quasi totalité par des prénoms tirés du calendrier chrétien ou del a littérature classique. Cette attribution arbitraire montre la volonté de Mme Desbassayns de donner une identité française à ses esclaves mais aussi de les ancrer dans la foi catholique.
Le seul indien « Ozone, indien, soixante sept ans, cuisinier, estimé mille francs » témoigne du précoce métissage sur le domaine. On lui attribue la paternité de plusieurs enfants répertoriés comme créoles car nés dans l’île. Tel est l’exemple de sa fille Léocadie qui reçut un patronyme indien signifiant « domestique », fonction qu’elle exerçait effectivement chez Mme Desbassayns et qui fut mariée à Paulin, fils de Véronique, une créole âgée de 71 ans. » Paulin, créole, charpentier et sa femme Léocadie, domestique, invalide, et leurs 4 enfants Marie Gertrude, Pierre St Lys, Pierre Paulin et Alfred, le tout estimé à six mille francs ». C’est certainement aussi en raison de son origine indienne que l’esclave Dominique est décrit comme « malabare ».
« Dominique, malabare créole, âgé de 38 ans, charpentier, sa femme Daride créole, âgée de 38 ans, pioche, , leurs enfants, Adèles, âgée de quatorze ans, Marie Jeanne, douze ans, Marie Laurencine, dix ans et Marie Nathalie, dix ans, estimés cinq mille francs.
Par ailleurs ces esclaves, suivis par les engagés étaient logés dans un ensemble de petites paillottes. Aujourd’hui, un grand nombre de leurs descendants habitent encore au village nommé Camp Villèle. Le Camp Villèle est par conséquent un lieu de mémoire et de métissage. Cependant le brassage de la population est si ancien dans ce village qu’il serait impossible aujourd’hui d’établir une répartition ethnique basée sur des critères patronymes.
Nous remarquons aussi qu’il n’y a pas de distinctions entre les communautés dans le Camp Villèle mais plutôt un véritable métissage culturel. La présence de l’Hindouisme n’a pas entraîné le rejet du catholicisme et d’ailleurs, aujourd’hui un grand nombre d’habitants a la double appartenance religieuse. Celà résulte tout d’abord de l’attitude de Mme Desbassayns qui, après la mort de son mari, prit soin de ses esclaves en leur donnant une éducation, notamment religieuse. Ainsi en témoigne la construction en 1843 de la chapelle pointue sur son domaine dans laquelle les mariages furent fréquemment célébrés à partir de cette date. Le catéchisme leur était aussi enseigné dans des salles que Mme Desbassayns avait mise à disposition. Le domaine devenait donc un centre de diffusion de la religion catholique qu’on imposait à toute la population esclave, qui lui a été rattachée, malgré les fonds culturels et religieux que les premiers esclaves d’Afrique, de Madagascar et d’Inde possédaient à leur arrivée à la Réunion. A cette époque évangéliser les esclaves était un devoir important des colons. En 1860, Henri-Frédéric de Villèle installa aussi une statue de la Vierge rapportée de France. Cependant par la suite, les cultues se déroulant au Camp Villèle s’adresseront aussi bien à la Vierge qu’aux déesses Marliémin et Karli (avec la fondation de la chapelle « La Misère » en 1967 à l’intérieur du Camp. qu’aux St Michel et St Expédit
(tous 2 assimilés par certains à Karli), ainsi qu’aux ancêtres.
La maison de la famille Panon-Desbassayns peut donc être considérée comme un lieu de résidence typique des riches propriétaires de l’époque mais aussi comme un lieu de rencontre entre les cultures provenant de l’Europe occidentale, de l’Inde, de l’Afrique et de Madagascar. Cette interculturalité se retrouve aujourd’hui au Musée de Villèle, au Camp du même nom et plus évidemment à travers la diversité culturelle réunionnaise.
Mylène Catouaria
article issu de la revue SANGAM n°27 de Juillet 2008 avec l’aimable autorisation du Dr Chanemougame
Sources bibliographiques :
Alexis Miranville : Villèle, village réunionnais 2001 Edit L’Harmattan
Revue « l’Oeil » Hors-série Avril 2004 Edit Artclair
Testament de Mme Desbassayns de 1845
Recueil de documents et travaux inédits pour servir à l’histoire des îles françaises de l’Océan Indien, 3e série N°3 Archives Départementales de la Réunion Juillet 1971
St Joseph et ses « marines »
Cette ville du Sud isolée par d’un côté, une falaise et de l’autre, les coulées de laves du volcan « Piton de la Fournaise » s’équipe au XIXe siècle de trois Marines, Manapany, Langevin et Vincendo.
La Marine Manapany – vue de dessus
Créée en 1785, la ville de Saint-Joseph possède une terre fertile et produit un grand volume agricole (épices, café, vanille et enfin sucre…). Les marines servaient à approvisionner les habitants en matière premières et en denrées non produites sur place. Mais elles servaient également à exporter les productions locales vers d’autres débarcadères, ports de l’île et même parfois directement vers la métropole.
La Marine de Manapany semble avoir été la plus importante. Construite en 1853, elle se situe à l’entrée de la baie formée à l’embouchure de la Ravine Manapany au pied d’une falaise abrupte. L’embarcadère est bâtie sur les propositions du Comte Kervéguen qui en est le premier propriétaire. Elle dessert les productions de la famille Kervéguen constructrice et propriétaire de plusieurs usines sucrières, de distilleries et aussi de féculeries à Saint-Joseph.
La Marine Manapany
Face à la baie du « Petit coin charmant », se dressent, accrochés aux falaises de roches volcaniques, deux gros murs en pierres de taille et de moellons. Les productions de Kervéguen, propriétaire de l’usine de Vincendo, à proximité, passaient par ce débarcadère équipé de palans et de poulies. Les marchandises étaient transportées à dos d’hommes ou par charrettes tirées par des bêtes de somme.
La Marine Langevin
La seconde Marine se trouve à Langevin à l’embouchure de la rivière du même nom. Baillif en est le propriétaire puisque la Marine est construite sur ses terres. S’agirait-il d’un descendant d’Etienne Le Baillif, pirate sur le Fancy du Capitaine Avery, débarqué à Bourbon en 1695. Les productions de l’usine de Langevin à proximité, passaient par ce débarcadère. Ses murs en basalte taillé sont noirs comme la roche sur laquelle ils sont implantés. Les incrustations blanches de chaux de corail sont couramment rencontrées dans les constructions de cette époque. En effet, le mortier était fabriqué à base de chaux, de sable et de galets. La cale de hallage est située plein Ouest pour éviter les entrées trop franches d’eau de mer. Ainsi, les pêcheurs peuvent entrer et sortir avec plus de facilités. En 1875, son propriétaire est Gustave Bourgine.
La Marine Vincendo
Bien cachée par les pandanus (pinpins), l’embarcadère de Vincendo est à peine visible. Cet espace naturel n’a presque pas été aménagé. Pas de larges maçonneries ou de hautes murailles pour contrer les lames de la mer déchainée sur cette côte sauvage. Cet endroit présente la particularité d’avoir une plage de sable noir qui apparait et disparait selon les périodes de l’année. Cependant contrairement aux autres marines de la ville, sa position à l’extrême Sud de l’île, permet aux pêcheurs qui le veulent, de se rendre au large. C’est à Vincendo s’étaient installés les premiers habitants de Saint-Joseph à la fin du XVIIIe siècle.
La Marine Manapany – vue de la baie
La construction et la mise en service du port de Saint-Pierre, comme l’arrivée du chemin de fer jusqu’à Saint-Joseph sonnent la fin des Marines dans cette région. Notons, que c’est Gustave Bourgine, lui-même, propriétaire de la Marine Vincendo qui, élu maire de la commune, obtient le prolongement de la voie ferrée Saint-Benoit -Saint-Pierre jusqu’à sa ville
Sabine Thirel
st André : un bastion monarchiste pendant la révolution
La commune de Saint-André peuplée dès 1670, devient pendant la Révolution française, l’un des bastions monarchistes le plus actif de la colonie.
La Compagnie des Indes donne l’autorisation de la construction d’une église à Saint-André, suite à la demande de ses habitants. Un lazariste est détaché de Sainte-Suzanne, le curé d’Ure ouvre le premier registre catholique le 12 juillet 1741. Aucun moyen n’ayant été attribué pour cette église, la construction est longue.
Eglise de St André – Lithographie de Roussin
Selon un rapport du Conseil Supérieur de la colonie en 1750, on peut relèver : «en attendant que l’église en pierres fut construite, les habitants en avaient construite une en bois, où l’on faisait le service ». Justement cette même année, la chapelle en bois est totalement détruite par les flammes. Les ouvriers s’activent et l’église en pierre est achevée en 1752. Cependant, elle subit les aléas d’un séisme qui la fragilise. Les travaux ne pouvant s’effectuer faute de moyens financiers, elle finit par se dégrader.
Eglise de St André Saint-André devient paroisse en 1766.
Tout se passe tranquillement dans le quartier jusqu’à la Révolution de 1789. La nouvelle arrive début 1790 dans l’ile provoquant la joie des colons. L’exaltation républicaine conduit à la mise en place de plusieurs symboles révolutionnaires dans chaque quartier, un « arbre de la liberté et de l’égalité » est planté. Les habitants affichent la cocarde tricolore.
La première municipalité est mise en place. L’élection du 3 août 1790 désigne le Maire. Pour l’historien Claude Wanquet le premier maire est Pignolet (pour d’autres c’est Bruna). L’élection est réfutée, Velmant lui est préféré. Les partisans de l’un et de l’autre se regroupent puis les groupes s’opposent. Chaque fois qu’un sujet est abordé pour l’avenir de la commune, les clans se déchirent et aucun accord n’est trouvé. Cette situation dure pendant 3 années.
Chaque arrêté de l’Assemblée coloniale (mise en place en 1791 à Saint-Denis) est contesté. Saint-André s’érige comme « bastion contre-révolutionnaire » jusqu’au chaos comme disent les historiens. Maturin Robert et François Richard fervents monarchistes mènent les insoumis. Armés de « bâtons ferrés », ils décident de perturber les réunions qui se déroulent dans l’église. Les affrontements réguliers retardent les élections de plusieurs mois. La police aussi n’est pas encore structurée. Alors Mathurin Robert se désigne chef de police. Désordre, contestation et désobéissance, c’est la confusion totale. L’Assemblée coloniale ne veut pas intervenir dans cette « crise saint-andréenne » pour éviter les effusions de sang. Un conciliateur est nommé, il s’agit du curé de la paroisse.
Pendant que les royalistes font ce qu’ils veulent à Saint-André, les révolutionnaires reprochent au gouverneur Duplessis d’être monarchiste et d’aider à la contre-révolution en apportant son appui. Le gouverneur est arrêté le 12 avril 1794. Le ton des échanges monte à l’assemblée qui compte une forte majorité révolutionnaire. C’est là qu’un certain Bigot (ou Bigault) « sans-culotte » de St André se fait remarquer. Mais quelques temps plus tard, celui-ci est tué lors d’un duel qui n’a pourtant aucun rapport avec la politique. Sa dépouille sur laquelle est déposé un bonnet phrygien, est exposée dans la nef de l’église.
Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1894, l’arbre de la liberté fraichement planté devant l’église, est déraciné, le monument construit en l’honneur de Bigot est outrageusement retourné. Les insignes républicains dont la couronne civique et le bonnet phrygien, sont foulés aux pieds. C’est une explosion d’indignation dans toute la colonie.
L’Assemblée Coloniale décide le 15 janvier 1895 « qu’il n’existera plus rien qui ne rappelle la dénomination d’un canton dans lequel s’est commis un attentat horrible contre les symboles de l’égalité et de la liberté et dont malheureusement on n’a pas pu découvrir les coupables auteurs ». L’église elle-même est condamnée puis rasée. Exit Saint-André dont l’Assemblée ne cite même pas le nom dans son arrêté. Ainsi, le territoire de la commune supprimée est réparti de chaque coté de la Rivière du Mât entre Ste Suzanne et de St Benoit.
Restituée en 1798, la commune récupère son territoire sauf la partie entre la Rivière du Mât et le chemin des limites (aujourd’hui Bras Panon). La ville reste sans église et sans curé jusqu’en 1817. Date à laquelle le Père Minot fait appel aux habitants, avant de lancer la construction de la nouvelle église, bénie le 30 novembre 1821 et consacrée en novembre 1852 par Mgr Desprez, premier évêque de la colonie.
A plusieurs reprise les cyclones ont dégradé l’église tout au long du XXe siècle. Les prêtres successifs, aidés des paroissiens, conduisent des travaux de restauration, d’amélioration et d’agrandissement avec les faibles moyens à leurs dispositions.
La Salle Jeanne d’Arc, elle, est batie pour le catéchisme par le père Bomberger, à Saint-André de 1941 à 1948. A partir de juin 1943, les murs en pierre de taille sont montés. En 1944, la mairie et les paroissiens sont sollicités pour construire la toiture. Mais le cyclone de 1948 en arrache la charpente. La salle reste près de 20 ans découverte. Depuis ces monuments ont été restaurés.
Sabine Thirel
Réunionnais, ton patrimoine fout le camp… réagis !
Beaucoup de réunionnais ignorent que près de l’usine du GOL, il y a un cimetière chargé d’histoire…et pourtant ce cimetière oublie de rénover de très belles fresques lessivées par le temps-et les alizés- peintes pour commémorer l’histoire de notre peuple : celle de l’esclavage et du marronnage. On a aussi beaucoup parlé de cette magnifique « maison Valliamée », longtemps laissée squattée et abandonnée, réfectionnée à grands frais et où siège aujourd’hui un « office du tourisme » quasi désert… Il serait inconvenant de ne pas parler des lazarets de la grande chaloupe- où ont débarqué et souffert nombre d’engagés généralement indiens, (loué pour l’un d’entre eux à une entreprise de batiment, les autres plus ou moins laissés à l’abandon…), de ces « marines » oubliées, cassées et englouties (où ont débarqué tous les bateaux à destination de la Réunion durant 3 siècles…), la liste est loin d’être exhaustive…ou en est, au fait, la rénovation du « pénitentier » et du « bagne » de l’ilet à Guillaume mais aussi du « domaine de Maison rouge » et des demeures d’engagés qui le cotoient ?
De ce patrimoine abandonné, détruit (voire squatté par des gens qui estiment en être les « propriétaires » abusifs), Nous n’oublierons la « prison Desbassayns » laissée à l’abandon et invisitable car fermée à double tour, de ce petit cimetière tout près ( d’esclaves ou d’enfants morts sans baptème ?) mais aussi de nombreux lieux de cultes qu’ils soient tamouls ou chrétiens : la chapelle « st Thomas des Indiens » où étaient convertis en masse les engagés indiens, celle située près de l’église de st André, l’Eglise « Notre Dame de la Délivrance » interdite aux visites respectueuses et accompagnées ou certains temples tamouls comme la « chapelle Dambière, non protégée par les monuments historiques ou la DRAC ou ceux « interdits aux touristes » qui j’espère ne bénéficient pas de subventions puisque privées et invisitables.
S’il est tout à fait louable de vouloir protéger ces sites des éventuels taggeurs et autres voleurs de grand chemin, je n’en disconviens pas. Par contre, il est dramatique de les laisser à l’abandon ou de les soustraire à la découverte
naturelle de la population réunionnaise voire des touristes respectueux-parce qu’accompagnés. Aurait-on l’idée saugrenue d’interdire la visite de nos magnifiques cathédrales européennes? Ces lieux-chargés d’histoire doivent d’urgence être restitués aux Réunionnais. Appel est donc fait à mMr le Préfet, aux organismes chargés de la Culture, du Patrimoine, ainsi qu’aux maires concernés de faire rénover et rendre accessible aux visites guidées un patrimoine qui appartient à un peuple qui a besoin de se réapproprier ses racines pour bien vivre « dans sa tête et dans sa peau » et
à des touristes qui aimeraient que le « tourisme culturel » ne reste pas un voeu pieux de Mr le Préfet ou du Comité du Tourisme.
Patrice LOUAISEL
Psychosociologue
guide culturel