Archive pour la catégorie ‘XVIIIe siècle’

Petite Histoire du quartier du « Bas de la Rivière St Denis » avec Mr David Huet, historien et Ecrivain pour « les Amis de l’Histoire »

« Histoire du bas de la Rivière St Denis » avec Mr David Huet et Mr Patrice Dijoux

Une ville divisée en quartiers …

Pendant longtemps la ville de St Denis fut divisée en quartiers par ses habitants. Au cours des années 1930, il ne faisait pas bon lorsqu’on était un « étranger » de l’un ou de l’autre de ces lieux bien circonscrits de s’y aventurer. Sauf être prêts à affronter les « gabiers » qui se considéraient comme les défenseurs de ces portions de territoires. Une espèce de chasse gardée où la simple déambulation prenait des allures de provocation, surtout lorsque d’escortes jeunes filles s’y trouvaient. Il n’était alors pas rare que semblable témérité se payât ar de bonnes raclées, bien dissuasives.

Ces quartiers périphériques avaient pour noms : Lataniers, Camp Ozoux, Butor et pour ce qui nous intéresse ici, le Bas de la rivière avec une zone sensible, celle de la « petite ile ».

Tout comme aujourd’hui, cet espace était délimité par les remparts de la partie haute de l’agglomération principale, qui longe l’actuelle rue lucien Gasparin, le boulevard Lacaussade d’une part, la mer, le Cap Bernard et le lieu dit « La Colline » d’autre part.

Dans le même temps le centre de St Denis s’étendait entre la rue Dauphine, le Barachois et le Pont du Butor. Les zones de Chateau Morange, de la Providence, du verger Duparc et de Champ Fleuri étaient bien distinctes du reste et faisaient figure de « banlieue »

A St Denis, le quartier du Bas de la Rivière est l’un des plus anciens et a connu de par ses origines plusieurs sortes d’activités tant artisanales qu’industrielles. Pendant très longtemps, elle rassembla nombres de bâtiments, fabriques ou ateliers dont les vestiges subsistent de nos jours

Le premier jardin public de la ville

C’est au bas de la Rivière, à l’emplacement de l’actuel collège Reydellet que se trouvait le premier jardin public de la ville. A l’origine, le terrain appartenait à la Compagnie des Indes. Puis, il devint propriété du roi en 1764, avant d’être concédé sous l’occupation anglaise à un certain Telfair, lequel obtint aussi une portion de terrain située entre le canal des moulins et la rue de la boulangerie. Avide de biens, il acquit aussi, le 12 Juillet 1812, la partie située entre ce canal et le rempart. L’endroit était pauvre et souvent, en période de pluies, le canal débordait et inondait les alentours. La prise d’eau l’alimentant se trouvait à la hauteur du quai Est et de la route Digue., là où il y a aujourd’hui un petit restaurant. Cette prise d’eau a été supprimée, il n’ y a pas longtemps, et lors du cyclone Jenny elle a déversé un volume important dans la rue de la République actuelle. L’ancienne digue, elle, n’a pas résisté aux coups de boutoir que plus tard la furie des eaux du cyclone Hyacinthe lui a assénés. Elle fut rompue et dût être reconstruite. Mais le petit étang qui à l’époque existait en amont a depuis définitivement disparu pour laisser la place à un mince filet d’eau, dans lequel il serait vain d’essayer d’aller pêcher, les « mombrins » comme les marmailles le faisaient autrefois.

L’escalier  » ti quat sous »

Concernant ce même Telfair, propriétaire, on l’a déjà vu, de la plus grande partie des terrains situés sur ce secteur il faut croire qu’il était un homme qui recherchait le profit à tout prix. C’est ainsi qu’il aurait l’idée de faire payer le passage sur son terrain à toute personne désireuse d’utiliser l »escalier qui se trouve en face de l’actuelle rue Pasteur, permettant d’accéder au haut de la ville. La redevance qu’il exigea  » p’tit quat sous » car à l’époque, on comptait en petits et gros sous. Celà peut paraître dérisoire aujourd’hui, aussi, il est bon de rappeler que le petit sou qui valait cinq centimes et le gros sou, dix centimes, représentait déjà un sacrifice pour beaucoup de ceux dont la journée de travail n’était rémunérée qu’à un franc.

Celà dura jusqu’en 1928, année où le gouvernement français, déniant à un sujet britannique le droit de disposer de terres à la Réunion, mis en demeure de déguerpir, l’ayant-droit de Telfair, lequel n’était autre que Gilbert Demolières, qui plus tard sera maire de Saint Denis. Cependant une transaction interviendra le 13 Mai 1830 et les deux terrains resteront propriétés de Démolières.

Au pied de ce même escalier « Ti quat sous » se trouvait la « boulangerie du roi » laquelle utilisait du blé préparé par ce qui était alors appelé « les étuves » et occupait l’emplacement qui deviendra en 1886 le grand bazar avant d’être actuellement une vitrine de notre artisanat local.
Enfin, sur une placette restaurée il n’y a pas si longtemps se dressait déjà la charmante petite fontaine appelée « fontaine Tortue » laquelle a donné son nom à ce petit bout de quartier, ainsi qu’à une rue voisine. Une fontaine qui offre la particularité d’ouvrir son bâti et sa vasque façonnés dans du métal.

Pendant toute cette période de nombreuses fabriques vont fleurir le long du canal des moulins.
Il y aura notamment des tanneries qui longtemps, et surtout pendant toute la durée de la guerre 1939-1945 fourniront aux cordonniers de toute la Réunion le couir indispensable pour la confection des chaussures.

Le quartier du Bas de la Rivière est composé de deux parties situés de part et d’autre du lit de cette même rivière. Pendant longtemps, en période de pluie le franchissement de ce cours d’eau sera un handicap qui va contrarier les riverains. En effet, le premier pont qui permettait de passer d’une rive à l’autre était en bois et reposait sur des fûts de canon de récupération. Sa solidité laissait beaucoup à désirer et il s’effondra plusieurs fois lors de crues importantes. Aussi, la construction d’un autre ouvrage beaucoup plus solide fut décidée. Ce nouveau pont, subsiste encore de nos jours sous sa forme originelle. Il fut inauguré en 1913 par le gouverneur Garbit dont il porte le nom. Rénové récemment, c’est un des plus anciens du genre restant en service à la Réunion. A ce propos, il est assez regrettable que la petite plaque en cuivre qui rappelle cet évènement soit très peu visible là où elle se trouve placée.

Au bas de la Rivière, il y aura aussi en une période plus proche de nous, là où l’établissement SOREG s’est installé, une fabrique de chocolat. Le fondateur de cette petite entreprise était un certain Frédéric Adam de Villiers lequel était aussi un passionné de l’aviation naissante. Il fût surnommé « fou fou » en raison de sa témérité qui l’amena plus d’une fois à atterrir brutalement et un peu partout alors qu’il pilotait un des appareils de sa fabrication, si petit qu’on l’avait appelé « le pou du ciel ». Puis cette fabrique devint propriété de Mr Paul Chatel. Il convient de dire que ce chocolat qui avait pour nom ‘Chocolat le Meilleur » a longtemps fait le délice des petits et des grands. Une entreprise qui employait une dizaine de personnes mais qui dût cesser son activité » face à la concurrence du chocolat importé après la guerre. Près de ce même endroit, sont encore visibles actuellement des restes de machines et de générateurs d’une très ancienne usine, Eux aussi témoignent de ce passé.

Maintenant que l’on est arrivé dans les années 1900, il faut également rendre hommage aux hommes qui ont voulu que Saint Denis sorte du fénoir, ceux-là qui ont pensé à éclairer la ville autrement qu’avec de l’huile de coco, puis du pétrole alimentant les réverbères supportés par les fameux « poteaux fanals »

C’est en 1921 qu’une première usine de fourniture d’électricité, celle de Monsieur Baron, verra le jour au Bas de la Rivière, à peu près au même endroit où de nos jours se trouvent des installations de l’EDF. Certes, le courant produit était quelque peu faiblard et à l’origine peu de particuliers se feront raccorder. Puis au fur et à mesure et après que le nouveau propriétaire, Monsieur Rambaud « en aura augmenté les capacités les abonnés à l’électricité seront de plus en plus nombreux. En 1933 cette usine améliorée produire trois fois plus d’électricité qu’à ses débuts.

La première piscine de la Réunion

Et puisque nous sommes dans le secteur, restons-y pour ajouter que ce même Monsieur Rambaud est aussi à l’origine de la construction de la première et pendant longtemps seule piscine de la Réunion. Là où se trouvent les cours de tennis du B.O.T.C-piscine inaugurée en 1932 par son créateur et en présence de Mgr Mondon et du gouverneur Repiquet.

Une piscine que seule fréquentait la « gentry » car bien évidemment elle était payante et il fallait des tenues de bain adéquates pour y être admis. Aussi le petit peuple ne s’en approchait que pour se rincer l’oeil devant le spectacle des charmantes naïades qui s’y jetaient. Montés sur les murs ou perchés dans les branches des badamiers voisins, leurs sifflements d’admiration, n’étaient absolument pas feints. Puis, eux se dirigeaient vers l’eau limpide du « Bassin la Vierge » tout proche pour à leur tour goûter à la fraîcheur d’une baignade dans une eau non tarifée. Bassin la Vierge ainsi appelée à cause de la petite statue de la Vierge Marie protégée par une petite niche qui le surplombe. Bassin où certains jours se réunissait tout un groupe de laveuses de profession qui venaient frotter là les ballots de linge sale qui leur étaient confiés par leurs « pratiques ».

Le premier stade de football

Mais il y avait aussi autre chose qui se passait en cet endroit : le sport roi de cette époque, le football. En effet, là se trouvait aussi le « Stade Roland Garros ». Le seul qui pendant longtemps servit de terrain de rencontre pour les équipes locales tant dyonisiennes que des autres quartiers lorsqu’elle avaient la chance d’arriver en finale. « La coupe » comme on l’appelait se disputait alors toujours au stade Roland Garros. Et il y en eût d’épiques. Pourtant là également, bon nombre de spectateurs n’avaient pas à débourser un seul sou pour y assister.
Il leur suffisait d’arriver à temps pour s’accrocher tout en haut de la falaise entourant le site assister aux matchs sans avoir à payer.

Pour les amoureux des vieilles pierres il est bon de signaler la maison qui fait le coin de la rue de la République et du Pont, une bâtisse construite en 1832, toute en pierres taillées. En cette même rue du Pont, un peu avant le magasin SOMECA on peut toujours voir un tronçon du fameux canal des moulins dont le débouché est aussi visible sur la rue des Moulins avant l’immeuble Fleurié.

Plus loin, sur le côté droit de la rue de la Boulangerie; d’autres vieilles constructions confirment, s’il en était besoin, que cet endroit fut bien le berceau des premières activités de la ville. L’une des pus connue, qui servit de magasin d’intendance militaire à l’armée lors de la dernière guerre, est occupé par des services annexes de la Banque de la Réunion.

Au bout de cette rue de la boulangerie et sur la fin de la rue des Moulins subsistent des restes de deux culées du pont de chemin de fer sur lequel le petit train franchissait la rivière. Témoins de ce temps, cachées sous les herbes, les deux autres se trouvent en face et de l’autre côté. Enfin pour terminer avec le petit train il convient d’ajouter qu’il se dirigeait en pente douce vers le tunnel en passant devant la caserne Lambert d’un côté et le vieux cimetière de l’autre. Cette caserne, la seule de la Réunion pendant très longtemps, fut construite en 1848. Vingt deux ans plus tard, elle sera baptisée du nom du général Lambert, héros de la bataille de Bazeilles, près de Sedan, en 1870. Bataille de Bazeilles qui est chaque année commémorée avec tout le faste militaire qu’elle mérite.

Puisque nous faisons de l’histoire, il faut aussi mentionner l’usine à engrais qui existait tout près du Cap Bernard. Une usine malodorante, certes ! Mais une installation qui fut bien utile pour transformer en produits agricoles une matière première qui était peu ragoûtante. Mais dans ce même périmètre il y avait aussi la distillerie du Cap Bernard où se fabriquait un rhum réputé, appelé « rhum soleil »

Pour poursuivre cette évocation du passé, remontons vers la plaine de la Redoute. En passant est à signaler le petit monument du souvenir qui se trouve place Verdun à la Petite Ile. A l’instar du monument au Morts érigé en haut de l’Avenue de la Victoire, ce mémorial renferme une parcelle de terre de France recueillie sur les champs de bataille de Douaumont lors des combats de Verdun durant la guerre 14/18.

La « Petite Ile » qui fut longtemps le fief des costauds et redoutés moringueurs dont les combats ont longtemps défrayé les conversations.

Une redoute au toit pyramidal

Surplombant cette place d la « Petite Ile », une forteresse carrée, une redoute au toit pyramidal est cachée dans les tamarins qui l’environnent. Construite en 1756 par Bouvet de Loziers elle était dotée à l’origine de pièces de canons et commandait tout un quartier allant du chemin pavé qui descendait de la montagne ainsi que l’accès à la ville de saint denis par le fond de la rivière. Ses fondations, en pierres de taille, ont à leur base une épaisseur de 2,50m et un mur d’enceinte haut de 5 mètres l’entoure.

C’est ce petit fort qui a donné son nom à la grande plaine qui s’étend jusqu’aux lacets de la route de la Montagne. Une redoute appelée aussi poudrière car la poudre pur les fusils et canons de la Caserne Lambert y fut entreposée. De même vers 1767, elle servit aussi de prison pour des militaires indisciplinés et beaucoup plus tard, en 1866, ce fut le tour de plusieurs lycéens en révolte contre un proviseur particulièrement sévère, Mr Drouhet, d’y être enfermés. Des lycéens qui tirèrent quelque gloire d’avoir passé quelques jours à l’intérieur de ce qui était alors un sinistre cachot.

L’invasion anglaise

Ce fortin connut son heure de gloire les 7 et 8 Juillet 1810, lorsque les troupes anglaises envahirent l’Ile Bourbon. C’est lui qui servit d’appui et de place forte aux 300 soldats réunionnais qui combattirent les Anglais, trois fois supérieurs en nombre. L’histoire de cette bataille est inscrite dans la pierre des deux mausolées qui aujourd’hui se font face sur le promontoire qui domine le quartier du Bas de la Rivière. Le premier fut élevé par les Anglais peu après la bataille et curieusement ne signale que le nom d’un officier tué au combat : John Graham Munro, 22 ans tout en rendant hommage aux autres sans en préciser le nombre. Ce premier mausolée a longtemps occupé le centre de la plaine de la Redoute. Lorsque en 1963, celle-ci prit le relais du stade Roland Garros en devenant stade officiellement homologué pour les rencontres de football, il fut enlevé pour être replacé un peu en contrebas de celui élevé à la mémoire des combattants réunionnais. Si l’on en croit certains historiens, ce mausolée aurait été construit beaucoup plus tard, en 1860, soit 50 années après les combats et ce sur l’initiative d’un des survivants qui s’appelait Delon. Ces mêmes sources précisent qu’il aurait fallu attendre pour qu’à l’instigation de l’historien Gilles Crestien une plaque de marbre rappelant le sacrifice de ces jeunes défenseurs de l’ile y soit apposée. Parmi eux, est à retenir le nom du jeune lieutenant Patu de Rosemont à peine âgé de 20 ans. En réalité, sur la plaque de marbre qui s’y trouve on peut lire : monument érigé en 1857 par Mr Hubert Delisle, gouverneur, Mr Edouard Manès, directeur de l’Intérieur et Mr Charles Desbassyns, président du Conseil Général. Ce mausolée est plus élancé que l’autre et domine le quartier. On y accède par une rampe en pente douce, coupée de plusieurs paliers qui, il est agréable de le souligner, est tenu constamment fleuri, ce qui en fait un charmant lieu de promenade et de méditation.

Mais cette plaine de la Redoute fut aussi et très longtemps le théâtre de courses de chevaux.

Une distraction que les dyonisiens vivaient chacun à sa manière. Il y avait ceux qui possédaient des chevaux et une réelle connaissance du sport hippique. Eux se tenaient sous les tribunes officielles couvertes qui se trouvaient exactement à l’emplacement de celles encore existantes. Mais il y avait aussi une autre catégorie qui campait sous les tamariniers des rampes de la Montagne toute proche et appréciaient surtout les courses de bourriques. Des malheureux animaux que l’on bâtonnait ferme lorsque très souvent ils ne voulaient pas courir. Des animaux qui s’échappaient parfois et qu’il fallait essayer de rattraper dans les fourrés épineux qui bordaient la piste de course, laquelle faisait alors tout le tour de La Redoute.

Ces jours de courses étaient les bienvenus pour toute une ribambelle de petits vendeurs de « pistaches », mangues carottes au piment, sucreries et bonbons de toutes sortes. Il faut signaler que certains vendaient aussi de l’eau. Une eau bien utile, car il n’existait aucune fontaine dans les environs et le piment des mangues mettaient les gosiers en feu.

Il faut maintenant parler de ce qui constitue le pôle le plus important du Bas de la Rivière : l’Eglise Notre Dame de la Délivrance.

En 1857, Mgr Maupoint, 2e évêque nommé à la Réunion rejoignait son siège épiscopal à Saint Denis. Il avait pris place sur un navire à voiles bien évidemment. Au cours de la traversée une affreuse tempête se leva et le bateau menaça de sombrer. Tous les passagers sont affolés, poussent des cris et hurlements déchirants. Le prélat se met en prières et de son coeur monte un appel au secours adressé à la Vierge Marie. Il lui demande d’intervenir pour que la vie de toutes ces personnes soit épargnée. Il promet de lui élever un sanctuaire si elle les délivre de la menace qui pèse sur eux.

La tempête se calme. Aussitôt débarqué Mgr Maupoint va tenir sa promesse. Le 8 Septembre 1858, Mr Florance, trésorier du conseil de fabrique, aujourd’hui on diriat de l’association paroissiale, fait l’acquisition de 2 terrains contigus appartenant aux époux Douyère et aux consorts Leroy. En ce même endroit où se trouve l’église actuelle, il fait construire ce uqi au début ne sera qu’une modeste chapelle, avec une seule allée centrale au bout de laquelle sera installée une statue de la Vierge.

33 ans plus tard en 1891, le père Berthomieu, curé de la paroisse décide d’agrandir cette chapelle et de la transformer en une grande et belle église. Les travaux commencèrent en 1893
et durèrent 5 ans.

Le 14 Avril 1898, Mgr Fabre consacrait ce qui est devenu depuis « l’Eglise de la Délivrance » Il convient de dire que la statue qui du haut de l’église veille sur tout le quartier est celle là même qui à l’origine se trouvait au fond de la nef de la chapelle primitive.

L’intérieur fut décoré par le Père Fulbert, un spécialiste de la peinture polychrome. Parmi les prêtres qui ont officié dans cette église, il est bon de rappeler celui qui est né à Saint Denis et deviendra par la suite vicaire général de Mgr Cléret de Langavant, Mgr Mondon. Lequel, bien que décédé à Paris est enterré sous le monument qui se trouve à gauche en dehors de l’église.
Est il besoin de rappeler que La Délivrance a sa fête le 24 Septembre ?

Autre point historique à rappeler : lorsque Galliéni séjourna à la Réunion, il occupa la maison qui se trouve juste à l’angle de la petite rue qui porte son nom et la place de l’église. Il était encore, alors, lieutenant d’infanterie de marine.

Le quartier du Bas de la Rivière aujourd’hui

L’histoire n’étant qu’un perpétuel recommencement aujourd’hui le quartier du Bas de la Rivière a renoué avec ses traditions. Des entreprises de transformation s’y sont de nouveau implantées. La plus ancienne fut la SOREG, société des eaux gazeuses de la Réunion, suivie de près par « les Brasseries de Bourbon » suffisamment connue avec sa bière « dodo » pour n »avoir pas besoin d’être présentée. Dans un autre registre, la SOAR, elle, fut longtemps le seul point d’approvisionnement en fourniture de soudage telle que l’oxygène et l’acétylène. Dans le domaine commercial, on y trouve aussi des établissements prestataires de services ayant pour nom, la SOMECA, la SIPR, Rank Xerox, la Caisse de Congés Payés des ouvriers du bâtiment ainsi que le siège central de l’organisme bancaire « l’Ecureuil » à l’architecture pour le moins curieuse.

Enfin, il convient d’ajouter que ce quartier est en pleine reconstruction et que son aspect moderne n’a plus rien à voir avec les « cours des miracles » que constituaient autrefois ses nombreux « calbanons » insalubres et d’une promiscuité insoutenable.

Une réhabilitation de l’Habitat qyui a commencé il y a bien longtemps avec la livraison des premiers logements de la SIDR

A la Petite Ile justement.

Sortie animée par Mr David Huet, historien, écrivain

la plus ancienne « route » de l’île : le « chemin CREMONT »

Jouxtant la « ravine à Jacques » et les lazarets où furent mis en quarantaine les premiers arrivants et les esclaves « importés » sur l’ile par crainte des épidémies, commence le « chemin Crémont »

LE CHEMIN CREMONT

Il aurait été construit entre 1750 et 1775 pour le transport marchand entre les 2 principales communes de l’ile : St Denis et St Paul par des ateliers d’ »esclaves à talents »
(tailleurs de pierre, maçons…). Certaines pierres auraient été ramenées du sud par les « esclaves du roi ».

Les lazarets de la Ravine à Jacques auraient servi à la fin de dispensaires pour les prostituées du Port… On distingue à l’époque de l’Esclavage : les esclaves, les travailleurs libres et les bagnards. Si la nourriture dans les lazarets était relativement copieuse (800g à 1kg de riz/jour), les conditions alimentaires se dégradaient souvent dans les plantations.

L’entretien des chemins pouvait être fait par les esclaves des propriétés.

Commentaires faits par Mr Laurent HOARAU

les KERVEGUEN, une grande famille esclavagiste du sud

Compte rendu de la sortie culturelle des « Amis de l’histoire » du 25/06/2011

animée par l’historien-guide, écrivain Enis ROCKEL sur : « la famille KERVEGUEN,

une grande famille esclavagiste du SUD »

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Enis ROCKEL, historien et guide conférencier avec le groupe

Cette rencontre s’est située dans la salle du conseil municipal de ST PIERRE où les frères KERVEGUEN se sont livrés à des débats fratricides, ainsi que dans l’estuaire de la rivière d’Abord, terrain de jeu dans la prime enfance de Gabriel Kerveguen.

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Estuaire de la rivière d’abord : terrain de jeu de Gabriel K/veguen

Elle donna lieu à une vidéo conférence captivante. Lire la suite de cette entrée »

l’activité maritime réunionnaise du XVIIe au XIXe siècle

L’activité maritime réunionnaise du XVIIe au XIXe siècle
par Olivier FONTAINE

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C’est en 1738 que Mahé de la Bourdonnais a transféré en 1738 la capitale de l’île de St Paul à St Denis. Les entrepôts de café allaient de la préfecture à l’actuel siège d’Air France.

Au niveau de St Paul, l’urbanisation a depuis détruit tout ce qui existait en front de mer-autrefois dévolu à la défense et à l’activité maritime.

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ENFIN LA VERITE SUR « LA TOMBE de LA BUSE »

ENFIN LA VERITE SUR « LA TOMBE de LA BUSE »

Nous savions depuis longtemps que le fameux pirate Olivier LEVASSEUR dit « LA BUSE » ne pouvait être enterré à l’endroit qui le désigne au cimetière marin de ST PAUL.

En effet, le regretté Bernard MAREK, historien récemment décédé nous avait déjà signalé que la pierre tombale recelait une inscription dédiée à une esclave affranchie Delphine Elode par un colon reconnaissant.

Par ailleurs, ce cimetière n’existait pas à l’époque de l’exécution de « La Buse »…
Et, on aurait surement pas construit un cimetière autour de sa tombe compte tenu de l’assassin qu’il était.

Le cercueil d’un assassin, quand il y en avait un n’était en aucun cas autorisé à passer par l’entrée sanctifiée d’un cimetière chrétien mais déposé par dessus le mur de clôture avec une grue dans une fosse commune située en bordure de mur.
comme en témoignent les nombreuses croix situées au cimetière de St Pierre non loin de la tombe de Simicoudza Sitarane.

a St Denis, la fosse commune des assassins est située sur le côté Est du cimetière de front de mer, toujours à l’extérieur.

Merci à Messieurs Fontaine et Miranville d’avoir osé lever ce tabou de façon officielle. Tant pis pour les touristes qui rêveront un peu moins à ce lointain pirate, même si celui-ci, comme tant d’autres a bien existé…N’oublions pas qu’en 1730, date de la pendaison de « La Buse » la population de l’île était composée d’un tiers de pirates repentis anglais, français et hollandais..En témoignent leurs descendants qui pour les descendants hollandais se dénomment aujourd’hui WELMANT, JAMES etc…

A noter que les passionnés d’histoire peuvent nous rejoindre autour d’une sortie mensuelle gratuite et ouverte à tous en joignant patrice.louaisel@orange.fr La prochaine est prévue samedi 9 Octobre prochain avec visite du cimetière de la Ressource et d’un couvent chrétien.

« Les Amis de l’Histoire »

le cimetière marin de St Paul

LE CIMETIERE MARIN DE ST PAUL

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vraie ou fausse tombe de la Buse ?*

Grande Fontaine, Le Tour des Roches, le Bout de l’Etang, Sans-Souci, Monplaisir, le Bernica, la Caverne, Rocquefeuil, Bruniquel, Petite France… il y a à travers la commune de St Paul des lieux qui présentent non seulement une incontestable beauté esthétique, mais sur lesquels souffle aussi « l’Esprit ». Parmi eux, le cimetière de la Caverne, plus connu sous le nom de cimetière marin est peut être le lieu le plus saisissant car il combine simplicité et noblesse dans son architecture générale, passé et présent dans son contenu. Il est le témoin le mieux visible de cette situation très particulière qu’occupe la commune de St Paul dans l’ensemble réunionnais.
Saint Paul est encore la plus vaste commue du département mais c’est surtout ici qu’a commencé l’histoire plus que tricentenaire de la Réunion. Pendant près d’un siècle, St Paul a été le point d’arrivée, la base de mise en valeur, la seule vraie capitale de l’île Bourbon. Tout celà, on peut le mesurer en visitant le cimetière marin. Fichées en plein coeur de la « baie du meilleur ancrage », séparées de l’océan par de vieilles pierres passées à la chaux, surmontées de fleurs aux couleurs éclatantes, les tombes d’anciens colons de bourbon côtoient celles de forbans, de grands propriétaires terriens, d’engagés indiens, de commerçants chinois, de poëtes, d’humbles inconnus, de marins au long cours, d’hommes politiques… tous dormant là par les hasards de la vie, par le hasard des années ou des travées, sans aucune
 » géométrie » préconcue. C’est une image, oh combien symbolique de la Réunion.

A l’entrée du XVIIIe siècle, le quartier de Saint Paul compte environ un millier d’habitants répartis sur 37 000 hectares allant du Boucan de Laleu à la Possession du Roy comprise. Il doit faire face en 1729 à une terrible épidémie de vérette, la variole saturant rapidement l’unique cimetière situé prés de l’église paroissiale. Il fallut alors enterrer en quelques semaines des dizaines de morts dans un cimetière provisoire aménagé en bord de mer. Mais c’est seulement à la fin de la période de prospérité liée à la culture du café – la population dépassait 7 000 personnes- qu’on envisage le transfert de l’ancien cimetière. Un nouveau lieu de sépulture est ouvert en 1788 sur les pas géométriques, à l’extrémité Sud de la ville, en face de la « Grande Caverne », un peu avant le Cap de la Marianne, qu’on appelait en ce temps-là la Pointe de Bourgogne.

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une ancienne tombe

D’une superficie d’un hectare et 44 ares, le cimetière de la Caverne a failli avoir une destinée bien peu civique, comme on le constate en parcourant les registres de délibérations du Conseil Supérieur de Bourbon. Pendant la séance du 7 Avril 1788 sous la présidence du commandant de l’île, Charpentier de Cossigny, le Conseil Supérieur doit répondre à une pétition de quelques habitants de St Paul demandant que le nouveau cimetière soit réservé uniquement aux blancs et l’ancien, à côté de l’église paroissiale pouvant servir à l’usage des noirs décédés. La réponse du Conseil fut cinglante : « Cette distinction nous parait tout à fait révoltante, comme si nous n’étions pas tous égaux et que la poussière de l’homme blanc et de l’homme noir ne serait pas la même. C’est vouloir étendre les prérogatives de l’orgueil au-delà même du tombeau »

 

Cette mauvaise polémique réglée et malgré le transfert du cimetière sur le bord de mer, on conservera encore longtemps une coutume locale qui consistait une fois la messe des morts terminée en l’église paroissiale, à déposer les cercueils des défunts sur une énorme roche plate se trouvant sur le côté droit de l’église, pour une ultime prière et puis on prenait « le chemin des morts », le sentier menant au cimetière. La roche disparait après le décès de Jean Antoine Davelu, prêtre lazariste. Le père Davelu, curé de St Paul, de 1767 à 1815, avait souhaité être enterré sous cette pierre pour continuer à accompagner ses fidèles dans l’au-delà. Son souhait sera exhaucé, mais la vieille roche remplacée par un monument funéraire, justement en forme de table, qui assurera l’usage coutumier jusqu’au début du XXe siècle.

Avec les années, certaines tombes du cimetière marin sont devenues complètement anonymes ou alors des inscriptions bien mystérieuses, telles celles-ci :  » Vernant, bourreau le 16 Février 1822″ ; D’autres sont sujettes à interrogations, telle la tombe du pirate  » La Buse ». Olivier Levasseur, dit « La Buse » est certes bien mort pendu sur la place de l’église paroissiale de St Paul, mais sa pendaison remonte au 7 Juillet 1730, cinquante huit ans avant la création du cimetière…
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Et puis, à l’époque on inhumait pas en terre chrétienne des bandits de grand chemin.

C’est aussi au cimetière marin que s’est terminé le bref passage à Bourbon, d’Eraste Feuillet, mort « victime de sa générosité ». Ce capitaine de marine marchande, natif de Saint Malo, âgé de 28 ans, arrive à St Paul, via le Cap de Bonne Espérance en Février 1830. Le temps de l’escale, il prend pension à l’hôtel de Lassays sur le front de mer, en face du débarcadère principal. Comme c’est partout le cas à l’époque, l’hôtel ne possédait ni électricité, ni eau courante, ni salle de bain, la toilette se faisait dans les chambres à l’aide d’une cuvette et la coutume voulait que les clients balancent par la fenêtre les eaux usées.
C’est ce que pratique notre marin lorsque besoin se fait sentir. Malheureusement le 16 Février 1830, le liquide crasseux tombe sur la tête d’un passant irascible qui provoque le capitaine en duel. Pendant l’affrontement qui a lieu le lendemain sur la grève, l’arme du saint paulois s’étant enrayée. Feuillet lui propose un de ses pistolets avec lequel il sera tué. Parti de St Malo le capitaine Feuillet repose depuis le 18 Février au cimetière marin, sur sa tombe est gravée l’épitaphe suivante : « victime de sa générosité, l’arme qui devait le défendre lui donna la mort ».
Au milieu du XIXe siècle, c’est le poëte Eugène Dayot qui rejoint le cimetière marin. Joachim Laurent Dayot dit « Eugène Dayot » est né lui à St Paul où il passe son enfance puis son adolescence, fréquentant les cours du célèbre collège privé Raffray dans lequel il acquiert le goût des Belles Lettres. Les études terminées, il entre en 1828 dans l’administration des Ponts et Chaussées et fait alors un séjour de deux ans à Madagascar en y contractant une terrible maladie : la lèpre. Elle explique probablement qu’en parallèle à ses activités dans l’administration, Dayot se soit lancé dans la poësie et le journalisme. En 1839, il fonde à St Paul son propre journal « Le Créole » qui fera faillite pour cause de propagation d’idéaux abolitionnistes et de campagne contre la peine de mort. Après la déroute du « Créole », il reste dans la presse comme feuilletoniste au « Courrier de St Paul », puis au « Bien public » dont il sera rédacteur jusqu’à ce que la lèpre l’emporte en 1852, dramatiquement mutilé et en train d’écrire un roman historique « Bourbon pittoresque »
En 1890 et 1891, le cimetière marin accueille 2 éminentes personnalités de la vie politique et culturelle de St Paul. Jean Milhet Fontarabie et Gilles François Crestien. Jean Milhet Fontarabie est né en Dordogne en Novembre 1828, médecin de formation, il a exercé quelques années à Madagascar, en particulier à la cour de la reine Ramanavaloa 1e. Installé à St Paul, devenu maire en 1872, puis Conseiller Général, il parvint à persuader le Directeur de l’Intérieur de l’époque, Monsieur Laugier, de l’intérêt d’une voie de circulation terrestre entre La Possession et St Denis au pied de la falaise. Une expérience tentée au début de 1873 se révélant positive, les travaux officiels de construction d’une route, ou plutôt d’une piste sont entrepris et achevés cette même année. Le maire-conseiller peut ainsi en Septembre 1873 se rendre à cheval de St Paul à St Denis en passant par le littoral, faisant une entrée très remarquée au siège du Conseil Général. Milhet Fontarabie laissera à sa commune d’autres routes et plusieurs fontaines publiques, mais à partir de Juillet 1882, on le verra de moins en moins, car il réussit le tour de force de se faire élire sénateur de la Réunion malgré la candidature à cette prestigieuse fonction du poëte Leconte de Lisle. Il siègera au palais du Luxembourg jusqu’à sa mort, le 13 Juin 1890, et sera enterré selon ses dernières volontés au cimetière marin de St Paul.

Gilles François Crestien a vu le jour le 15 Septembre 1828 dans une vieille famille de St Paul. Devenu à son tour notaire et notable dans sa ville natale, il effectue, en 1862, un voyage en Europe. Il découvre alors à Rome, les vertus du télégraphe électronique; Revenu dans son office notarial, il monte le projet d’équiper la côte Ouest de la Réunion avec ce fabuleux outil de communication. C’était d’autant plus utile qu’on mettait alors au moins 3 jours pour se rendre en diligence de St Denis à St Pierre. Des pesanteurs administratives et des rivalités au Conseil Général paralysant son initiative, Crestien en arrive à la solution de créer en 1869 sa propre entreprise : « la Société Anonyme du Télégraphe de la Réunion », au capital de 60000 francs, forte de 212
actionnaires et dont il assure la présidence. La Société du Télégraphe finit par obtenir les autorisations nécessaires, installe des poteaux, des fils, fait venir des appareils d’Allemagne. En Juillet 1870, la première communication électrique est établie entre St Paul, La Possession et St Denis. Le réseau de la société s’étendra à tout le tour de l’île au moment du décès de Gilles Crestien, le 12 Août 1891. Son entreprise continuera à fonctionner jusqu’en 1907, date à laquelle elle sera absorbée par le service public des Postes et Téléphones.

Le cimetière marin porte aussi témoignage de drames de la mer, comme le naufrage du navire « le Ker Anna » en Décembre 1894. Le Ker Anna était un solide voilier trois mâts français, construit à St Nazaire, commandé par Aubain Delahaye, capitaine au long cours, aidé par quinze hommes, tous marins expérimentés, enrôlés dans les ports bretons. Le bateau avait été affrété en 1894 par un armateur nantais pour amener aux Comores et à la Réunion du charbon, des madriers, de l’essence, du goudron, des bougies, du vin, des boites de conserves, du lard, de la farine, de la poudre, des tapisseries et 2 cochons vivants qui sont d’ailleurs sortis indemnes du naufrage puisqu’ils ont été vendus, vifs, aux enchères en même temps que les marchandises récupérées. Le Ker Anna arrive en rade de St Denis le 7 Décembre 1894. Le jour même le Capitaine Delahaye descend à terre pour accomplir les formalités douanières et préparer le déchargement des marchandises. Dès le lendemain le temps s’aggrave sur la Réunion en raison de l’approche d’un gros cyclone tropical. Si bien que le 8 décembre à 3H 30 de l’après midi, le second du Ker Anna reçoit du lieutenant du port l’ordre de s’éloigner de la côte.

Dans la nuit opaque, emporté par une mer déchainée et de violents courants, le Ker Anna se retrouve à 4 heures du matin en fce de la Pointe des Aigrettes. Là il heurte un récif, cassant l’arrière du navire qui coule en quelques instants. Dans la journée du 9 décembre 1894 la mer rejette entre le Cap La Houssaye et la Pointe de Aigrettes de nombreux débris, ainsi que les corps de cinq matelots bretons noyés au large de St Gilles. Ils reposent depuis, à l’intérieur d’un carré spécialement aménagé dans la partie Nord-Ouest du cimetière.

Le personnage le plus célèbre du cimetière est sans conteste le poëte Leconte de Lisle installé en place d’honneur sur l’allée centrale, tout près de sa cousine Elixène Delanux qui lui aurait inspiré un de ses plus beaux poêmes : « Le Manchy »

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tombe de Leconte de L’Isle au cimetière marin

Charles Marie René Leconte de Lisle est né le 22 Octobre 1818 à l’entrée de la rue St Louis, en pleine ville de St Paul dans une maison en bois à étage qu’avait acheté son père, ex-chirurgien major des armées napoléoniennes, arrivé à la Réunion en 1816. Le fondateur de l’école poëtique du Parnasse, titulaire de l’Académie Française à partir de 1883, officier de la Légion d’honneur en 1886 n’a passé qu’une dizaine d’années à St Paul et à St Gilles les Hauts où sa famille possédait une maison de vacances mais des années qui l’ont beaucoup marqué. On retrouve les souvenirs de jeunesse dans de nombreux poëmes : « le Bernica », la « Ravine St Gilles », Midi », « Si l’Aurore…et m^me le souhait d’n repos éternel sur la grève de St Paul « dans le sable stérile où dorment tous les miens, que ne puis-je finir le songe de ma vie ! » Décédé à Louveciennes près de Paris le 17 Juillet 1894, Leconte de Lisle est d’abord inhumé au cimetière Montparnasse, son voeu sera quand même réalisé, en Septembre 1977, avec le retour au pays natal des restes mortels du poëte et une réinhumation au cimetière marin de St Paul

A quelques pas de Leconte de Lisle, en bordure de l’allée centrale, repose Paul Julius Bénard, pharmacien de profession et maire de St Paul. Paul Bénard a eu, partir de Mars 1965 la lourde tâche de conduire une commune qui après un siècle de léthargie se réveille brusquement sous l’effet de la départementalisation, de l’ouverture de la route en corniche et du tourisme naissant. Il est à l’origine d’une transformation profonde du paysage saint-paulois avec la réhabilitation du front de mer de la ville, du marché couvert, la construction de la gare routière de la Chaussée Royale, d’écoles, de collèges, de lycées, de gymnases, de piscines, d’un stade olympique, d’une médiathèque et d’un parc de loisirs, d’un port de pêche et de plaisance à Saint Gilles…Régulièrement réélu, Paul Bénard assurera quatre mandats de maire, deviendra sénateur de la Réunion en 1981, en pleine « vague rose » et c’est un décès brutal en 1987 qui seul mettra fin à ses fonctions.

Dans l’allée latérale parallèle à la route nationale, un imposant caveau tout blanc, en forme d’obélisque est depuis 1997 la demeure de Jacques Lougnon, le « vieux tangue de la petite france ». Descendant des familles K/anval et Lougnon fondatrices du hameau de Petite France par la route du Maïdo. Jacques Lougnon est né le 29 Octobre 1920 a été tour à tour professeur au Lycée Leconte de Lisle, paysan, historien et surtout ardent défenseur du patrimoine de St Paul, particulièrement des hauts de la commune. On lui doit quantité de chroniques, d’articles de presse dénonçant les destructions de l’héritage de nos ancêtres, pourfendant les administrations de toutes sortes. Il était aussi bâtisseur, construisant lui-même des maisons, des pistes, des radiers, des églises, des clochers. Lorsqu’il est mort le 11 Novembre 1997 dans un accident de la route, c’est tout naturellement qu’il a rejoint l’espace d’Eugène Dayot et de Leconte de Lisle.

A la fin du XXe siècle, Jacques Lougnon est le dernier « illustre saint-paulois » inhumé au cimetière marin. En fait dès la deuxième moitié du XIXe siècle, , après la période de prospérité permise par le développement de la canne à sucre, il était à son tour devenu trop petit. La municipalité envisage alors de l’agrandir, mais se heurte au refus des familles Aubry et Ferrer de vendre leurs terrains attenants et surtout au veto du ministère de la marine qui ne veut pas céder la parcelle nord-ouest sur laquelle se trouvait autrefois une batterie de défense cotière. La situation étant bloquée, le conseil municipal décide d’ouvrir en 1864 un nouveau cimetière cette fois au nord de la ville sur un terrain vague dans le quartier de l’Etang. D’autres lieux de sépulture suivront à la fin du XIXe et au début du XXe : Saint Gilles, Le Guillaume, Saline, Bois de Nèfles … A partir de ce moment les concessions libres au cimetière marin seront réservées aux habitants du centre ville, du quartier de la Caverne, aux familles souhaitant renouveler une concession et à quelques défunts d’exception comme Leconte de Lisle ou encore le père Guillaume, breton d’origine qui fut curé& de St Gilles les bains de 1976 à 1986 puis curé de la paroisse de St Paul de 1986 à 2002

Le temps passant, le cimetière marin avait fini dans les années 1970 par se retoruver dans un état lamentable d’abandon, d’autant que plusieurs catastrophes naturelles ont accéléré son délébrement : raz de marée lié à l’éruption du volcan Perbuatan sur l’île de Krakatoa le 27 Aout 1983 qui emporta bon nombre de tombes et cercueils loin au large dans la baie de St Paul, cyclone de 1932, de 1948, cyclone Jenny de 1962… Aussi nous nous devons de signaler que la sauvegarde et l’aménagement actuel sont l’oeuvre de Jean Marie Lacouture, à l’époque président du syndicat d’initiative de St Paul et de Jean Louisin, responsable des cimetières de la commune, puis Marc Acaste. Avec leurs équipes, ils ont veillé pendant plus de 20 ans à la réhabilitation et à l’entretien de ce lieu incontournable de la mémoire réunionnaise. Qu’ils en soient ici vivement remerciés.

Bernard MAREK
Juillet 2005

*la pierre tombale de la tombe de La Buse aurait une inscription faite par un colon en hommage à une esclave affranchie qui aurait peut être été enterrée là. (selon Bernard MAREK)

[color=green] A l’heure où nous diffusons ces lignes, Bernard Marek, vient de mourir d’une crise cardiaque. Historien d’une grande culture , sagesse et simplicité, c’est notre dernier hommage que les « Amis de l’Histoire » sont heureux d’effectuer à son endroit. Toutes nos condoléances attristées à sa famille[/color]

domaine Panon -Desbassayns : lieu de rencontres inter-culturelles

[color=green]Trois ans avant l’abolition de l’esclavage, à St Gilles le 20 Juin 1845,
Mme Desbassayns rédige son dernier testament à l’âge de 90 ans. Ce document nos donne à voir une description des esclaves attachés à la propriété de St Gilles les Hauts. Aujourd’hui devenu le musée historique de Villèle et le métissage qui en résulte.[/color]

Henri Paulin Panon-Desbassayns et son épouse Marie Anne Thérèse, Ombline ont fait construire un domaine sur leur ancienne propriété, à partir de 1755. Cette riche famille de planteurs y a vécu presque 50 ans. Ce domaine fut majoritairement consacré à la canne à sucre cultivée par un grand nombre d’esclaves originaires d’Afrique, de Madagascar et d’Inde.

En effet, le testament déclare 295 esclaves attachés à la propriété de St Gilles dont la répartition par type est la suivante : 224 esclaves de type créole, 41 de type cafre, 17 de type malgache, 12 de type non identifié et un de type indien. Ils sont désignés par leurs prénoms, castes, âges, professions et une indication de la prisée faite par des experts y est précisée. A partir de 1843, les mariages furent l’occasion d’attribuer officiellement des patronymes aux esclaves auparavant désignés, pour la quasi totalité par des prénoms tirés du calendrier chrétien ou del a littérature classique. Cette attribution arbitraire montre la volonté de Mme Desbassayns de donner une identité française à ses esclaves mais aussi de les ancrer dans la foi catholique.

Le seul indien « Ozone, indien, soixante sept ans, cuisinier, estimé mille francs » témoigne du précoce métissage sur le domaine. On lui attribue la paternité de plusieurs enfants répertoriés comme créoles car nés dans l’île. Tel est l’exemple de sa fille Léocadie qui reçut un patronyme indien signifiant « domestique », fonction qu’elle exerçait effectivement chez Mme Desbassayns et qui fut mariée à Paulin, fils de Véronique, une créole âgée de 71 ans.  » Paulin, créole, charpentier et sa femme Léocadie, domestique, invalide, et leurs 4 enfants Marie Gertrude, Pierre St Lys, Pierre Paulin et Alfred, le tout estimé à six mille francs ». C’est certainement aussi en raison de son origine indienne que l’esclave Dominique est décrit comme « malabare ».

« Dominique, malabare créole, âgé de 38 ans, charpentier, sa femme Daride créole, âgée de 38 ans, pioche, , leurs enfants, Adèles, âgée de quatorze ans, Marie Jeanne, douze ans, Marie Laurencine, dix ans et Marie Nathalie, dix ans, estimés cinq mille francs.

Par ailleurs ces esclaves, suivis par les engagés étaient logés dans un ensemble de petites paillottes. Aujourd’hui, un grand nombre de leurs descendants habitent encore au village nommé Camp Villèle. Le Camp Villèle est par conséquent un lieu de mémoire et de métissage. Cependant le brassage de la population est si ancien dans ce village qu’il serait impossible aujourd’hui d’établir une répartition ethnique basée sur des critères patronymes.

Nous remarquons aussi qu’il n’y a pas de distinctions entre les communautés dans le Camp Villèle mais plutôt un véritable métissage culturel. La présence de l’Hindouisme n’a pas entraîné le rejet du catholicisme et d’ailleurs, aujourd’hui un grand nombre d’habitants a la double appartenance religieuse. Celà résulte tout d’abord de l’attitude de Mme Desbassayns qui, après la mort de son mari, prit soin de ses esclaves en leur donnant une éducation, notamment religieuse. Ainsi en témoigne la construction en 1843 de la chapelle pointue sur son domaine dans laquelle les mariages furent fréquemment célébrés à partir de cette date. Le catéchisme leur était aussi enseigné dans des salles que Mme Desbassayns avait mise à disposition. Le domaine devenait donc un centre de diffusion de la religion catholique qu’on imposait à toute la population esclave, qui lui a été rattachée, malgré les fonds culturels et religieux que les premiers esclaves d’Afrique, de Madagascar et d’Inde possédaient à leur arrivée à la Réunion. A cette époque évangéliser les esclaves était un devoir important des colons. En 1860, Henri-Frédéric de Villèle installa aussi une statue de la Vierge rapportée de France. Cependant par la suite, les cultues se déroulant au Camp Villèle s’adresseront aussi bien à la Vierge qu’aux déesses Marliémin et Karli (avec la fondation de la chapelle « La Misère » en 1967 à l’intérieur du Camp. qu’aux St Michel et St Expédit
(tous 2 assimilés par certains à Karli), ainsi qu’aux ancêtres.
La maison de la famille Panon-Desbassayns peut donc être considérée comme un lieu de résidence typique des riches propriétaires de l’époque mais aussi comme un lieu de rencontre entre les cultures provenant de l’Europe occidentale, de l’Inde, de l’Afrique et de Madagascar. Cette interculturalité se retrouve aujourd’hui au Musée de Villèle, au Camp du même nom et plus évidemment à travers la diversité culturelle réunionnaise.

Mylène Catouaria
article issu de la revue SANGAM n°27 de Juillet 2008 avec l’aimable autorisation du Dr Chanemougame

Sources bibliographiques :
Alexis Miranville : Villèle, village réunionnais 2001 Edit L’Harmattan
Revue « l’Oeil » Hors-série Avril 2004 Edit Artclair
Testament de Mme Desbassayns de 1845
Recueil de documents et travaux inédits pour servir à l’histoire des îles françaises de l’Océan Indien, 3e série N°3 Archives Départementales de la Réunion Juillet 1971

A propos d’Olivier Levasseur, dit « La Buse »…

Olivier Levasseur nait vers 1680 d’un père flibustier. Embarqué à bord du bateau de son père « La reine des Indes », il en devient second capitaine à sa mort. Surnommé  » La Buse », car il fondait sur ses proies, il n’en a pas moins d’autres surnoms : « le blizzard », »" la bouche » et même  » la bouze » selon le fameux chercheur de trésors « Bibique ».

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SES DEBUTS

Il arrive dans l’Océan Indien vers les années 1720, avec « la Reine des Indes ». Après un échouage à Mayotte, il est prit à son bord par le fameux pirate England. Il s’associe ensuite avec le capitaine Taylor abandonnant England avec lequel il s’est fâché.

LA PRISE DE « La VIERGE DU CAP » EN 1720

Le 20 Avril 1720, il prend un navire démâté : « La Vierge du Cap » (800 tonneaux et 72 canons) en rade de St Denis.

Ce navire est porteur d’un fabuleux trésor appartenant au vice-roi des Indes : rivières de diamants, bijoux, perles, barres d’or et d’argent, meubles , tissus, vases sacrés, caissettes de pierres précieuses…un trésor estimé par les chercheurs à 4 millions et demi d’euros.

Cette prise fait désordre car le Portugal n’est pas en conflit avec la France, et car le vice-roi Ericeira est alors invité par le gouverneur de l’ile. Rebaptisé « Le Victorieux », il devient le vaisseau de « La Buse ». Taylor et « La Buse  » se fâchent à leur tour et ce dernier s’installe à Madagascar. « Le Victorieux » aurait sombré non loin de l’ile de Ste Marie.

Le roi de France et le gouverneur de Bourbon vont alors offrir une amnistie aux pirates

qui renonceront à la piraterie : ils leur offrent en échange un espace de terres du battant des lames au sommet des montagnes. Même s’il ne commet plus de nouveaux actes de piraterie, Olivier Levasseur refuse de « rentrer dans le rang » ce qui constituera

certainement une des raisons de « vouloir sa peau »…par la suite.

PILOTE DANS LA BAIE D’ANTONGIL

Vers 1729, La Buse va exercer le métier de pilote dans la baie d’Antongil, à Madagascar.

Il offre ainsi ses services aux navires européens de passage. C’est ainsi qu’il monte à bord de « La Méduse » de la « Compagnie des Indes » qui souhaite entrer dans le port. Le capitaine D’HERMITTE, son commandant, le reconnait et le fait prisonnier.

CONDAMNE LE 7 JUILLET 1730

Accusé de « crime de piraterie », le Conseil le condamne « à faire amende honorabledevant la principale porte de l’église, nu en chemise, la corde au col et tenant en sa main une torche ardente du poids de 3 livres, pour là, dire et déclarer à haute et intelligible voix que méchamment et témérairement il a fait pendant plusieurs années le métier de forban, dont il se repent et demande pardon à Dieu, au Roy… »

Exécuté à 5H du soir le 7 Juillet 1730.

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vraie ou fausse tombe de La Buse ?

On raconte que lors de son transfert de St Denis à St Paul pour y être pendu, il aurait dit « Avec ce que j’ai caché ici,- au niveau de la ravine à malheur- j’aurai pu acheter toute l’ile »…

 

 

MAIS OU EST DONC LE TRESOR DE « LA BUSE » ?

Si certains le croient du côté de « la ravine à Jacques », d’autres pensent que « La Buse »

l’aurait rappatrié à Madagascar. Un chercheur de trésors seychellois, John Cruise Wilkins, pense qu’il est enterré du côté de Bel Ombre aux Seychelles. Son père , ancien tireur d’élite de la Royal Navy, savait déchiffrer les codes secrets de l’armée britannique

et il a retrouvé des références à Andromède dans l’énigme de Levasseur. Versé dans la culture greco-latine, Levasseur était probablement franc-maçon et Cruise estime que le pirate aurait enterré son trésor selon une énigme inspirée des 12 travaux d’Hercule. Il explique comment un « code de substitution » aurait mené à découverte d’un « symbole perdu » et à « la clé de Salomon », mentionnés dans le code maçonnique de La Buse.

UN CHERCHEUR EMBLEMATIQUE LOCAL : BIBIQUE

Mort en Mars 1995, Joseph Tipveau, dit Bibique, fut un des plus notoires chercheur du trésor de La Buse. Il était persuadé que ce dernier avait principalement caché son butin
dans l’une des nombreuses ravines qui trouent la falaise entre St Denis et La Possession,
en particulier la « ravine à Malheur ». C’est en effet dans cette ravine qu’on été trouvés des signes cryptographiques répondant au document de La Buse jusque là hermétique.

Un ami de La Buse aurait détenu la concession située en ce lieu et il était plus cohérent
pour le pirate de cacher son butin sur le terrain d’un ami…

 

PL

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A la recherche du trésor de « La Buse »

 
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combat naval dans le canal du Mozambique litho de Roussin

        

 lls sont 4 Possessionnais à faire une demande de fouilles archéologiques en Préfecture. C’est qu’ils pensent être sur la piste du « trésor de « la Buse »…

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 En fait, ils ont été nombreux à se pencher sur l’histoire mais surtout sur le « cryptogramme » laissé par le pirate Olivier LE VASSEUR dit « La Buse » : Bibique, à la Réunion, John Cruise Wilkins aux Seychelles et bien d’autres…

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le cryptogramme de la Buse

 Mais, les Possessionnais, Loïc, Damien, Simon et Julien, à l’étude du cryptogramme sont persuadés d’avoir trouvé où était enfoui le fameux trésor. Et comme tout se fait ici dans la discrétion, ils n’ont pas donné leur identité, sauf en Préfecture, pour leur demande de fouilles. Ils auraient pu faire leurs recherches « en misouk » comme c’est le cas d’une dizaine de groupuscules actuellement sur l’île, mais ils ont préféré rester dans la légalité.

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tableau du peintre Howar Pyle sur la flibuste

 C’est en 2005 qu’ils ont commencé leurs recherches, méthodiquement, en passant au crible toutes les recherches faites jusqu’à présent.

 Au départ, ils se sont essayés à reconstituer les faits historiques relatifs au pillage  du navire portugais  » La Vierge du Cap » en 1721 par le pirate Le Vasseur en baie de St Denis. Et, ils sont tombés sur le fameux cryptogramme lancé à la foule avant son exécution en 1730.

 Après avoir essayé avec l’alphabet utilisé par les Templiers, ils ont »constaté que le cryptogramme avait, tout compte fait, une fonction de carte géographique correspondant au relief de l’ile de la Réunion ».

 C’est ainsi qu’ils auraient découvert-sur la commune de St Paul- le site supposé.

 Espérons qu’ils échappent à la malédiction qui tombe sur les chercheurs de trésors qui se permettent de dérober ce qui ne leur appartient pas sans compensations..

 

A propos du fameux cryptogramme…

 

Celui-ci est redécouvert en 1923 aux Archives de la Réunion. Envoyé aux Seychelles, il est placé entre les mains d’un notaire de Mahé. 11 ans plus tard, Charles de Roncière l’étudie à la Bibliothèque Nationale. Une version de 15 lignes est publiée en 1934 dans « Le flibustier mystérieux, histoire d’un trésor caché »

 Entre 1954 et 1963, une copie complète de 17 lignes est en possession de chercheurs de trésors. En 2007, on perd sa trace…

 D’après l’écrivain, Patrick Hoffschir, le trésor de la Buse serait caché à Madagascar, et le cryptogramme ne lui appartiendrait pas… Il serait selon lui soit sur l’ile Ste Marie, soit dans une des nombreuses grottes de la baie d’Antongil.

domaine Panon Desbassayns : un lieu de rencontres culturelles

 

Trois ans avant l’abolition de l’esclavage, à St Gilles, le 20 Juin 1845, Madame DESBASSAYNS rédige son dernier testament, à l’âge de 90 ans. Ce document nous donne à voir une description des esclaves attacés à la propriété de Saint Gilles les Hauts, aujourd’ »hui devenu le « musée historique de Villèle, et le métissage qui en résulte.

le domaine Panon Desbassayns

Henri-Paulin DESBASSAYNS et son épouse Marie-Anne-Thérèse Ombline ont fait construire un domaine sur leur ancienne propriété, à partir de 1755. Cette riche famille de planteurs y a vécu presque 50 ans. Ce domaine fut majoritairement consacré à la canne à sucre cultivée par un grand nombre d’esclaves originaires d’Afrique, de Madagascar et d’Inde.

Le testament de Mme Desbassayns

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En effet, le testament déclare 295 esclaves attachés à la propriété de Saint Gilles dont la répartition des types est la suivante : 224 esclaves de type créole, 41 de type cafre, 17 de type malgache, 12 de type non identifié et 1 de type indien. Ils sont désignés par leurs prénoms, castes, âges, professions et une indication de la prisée faite par des experts y est précisée. A partir de 1843, les mariages furent l’occasion d’attribuer officiellement des patronymes aux esclaves auparavant désignés, pour la quasi totalité, par des prénoms tirés du calendrier chrétien ou de la littérature classique. Cette attribution arbitraire montre la volonté de Mme DESBASSAYNS de donner une identité française à ses esclaves mais aussi de les ancrer dans la foi catholique.

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Le seul indien…

Le seul indien, « Ozone, Indien, Soixante sept ans, cuisinier, estimé mille francs », témoigne du précoce métissage sur le domaine. On lui attribue la paternité de plusieurs enfants répertoriés comme créoles, car nés dans l’île. Tel est l’exemple de sa fille Léocadie qui reçut un patronyme indien signifiant « domestique », fonction qu’elle exerçait effectivement chez Madame DESBASSAYNS, et qui fut mariée à Paulin, fils de Véronique, une créole âgée de 71 ans.
« Paulin, créole, charpentier et sa femme Léocadie, domestique, invalide, et leurs 4 enfants : Marie-Gertrude, Pierre St Lys, Pierre Paulin et Alfred, le tout estimé à 6000 francs ». C’est certainement aussi en raison de son origine indienne que l’esclave dominique est décrite comme « malabare » :

L’esclave Dominique, décrite come « malabare »

Dominique, malabare, créole, âgé de 38 ans, charpentier, sa femme Daride, créole, âgée de 38 ans, pioche, leurs enfants Adèle, âgée de 14 ans, Marie Jeanne, 12 ans, Marie Laurencine 10 ans, et Marie Nathaie , 10 ans, estimés cinq mille francs »

tous logés au « camp Villèle »

Par ailleurs ces esclaves, suivis par des engagés étaient logés dans un ensemble de petites paillotes. Aujourd’hui, un grand nombre de leurs descendants habitent encore ce village nommé « camp Villèle ». Le camp Villèle est par conséquent un lieu de mémoire et de métissage. Cependant le brassage de la population est si ancien dans ce village qu’il serait aujourd’hui impossible d’établir une répartition ethnique basée sur des critères patronymiques.

On y constate un véritable mélange culturel

Nous remarquons également qu’il n’y a pas de distinction entre les communautés dans le camp Villèle mais plutôt un véritable mélange culturel. La présence de l’hindouisme n’a pas entraîné le rejet du catholicisme et d’ailleurs, aujourd’hui, un grand nombre d’habitants ont une double appartenance religieuse. Cela résulte tout d’abord de l’attitude de Mme DESBASSAYNS, qui, après la mort de son mari, prit soin de ses esclaves en leur donnant une éducation, notamment religieuse. Ainsi, en témoigne la construction en 1843 de la chapelle pointue sur son domaine dans laquelle les mariages entre esclaves furent fréquemment célébrés à partir de cette date. Le catéchisme aussi leur était enseigné dans des salles que Mme DESBASSAYNS avait mise à disposition. Le domaine devenait donc un centre de diffusion de la religion catholique qu’on imposait à toute la population esclave, puis engagée qui lui a été rattachée, malgré les fonds culturels et religieux que les premiers esclaves d’Afrique, de Madagascar, et d’Inde possédaient à leur arrivée à la Réunion. A cette époque, évangéliser les esclaves était un devoir important des colons. En 1860, Henri Frédéric de Villèle installa également une statue de la Vierge rapportée de France. Cependant, par la suite, les cultes se déroulant au camp Villèle s’adresseront aussi bien à la Vierge qu’aux déesses Marliémin et Karli (avec la fondation de la chapelle « La misère »
en 1967 à l’intérieur du Camp) qu’aux St Michel et St Expédit tous 2 assimilés par certains à Karli) ainsi qu’aux ancêtres.

La maison de la famille Panon Desbassayns peut être considérée comme un lieu de résidence typique des riches propriétaires de l’époque mais aussi comme un lieu de rencontre entre les cultures provenant de l’Europe occidentale, de l’Ine, de l’Afrique et de Madagascar. Cette interculturalité se retrouve aujourd’hui au « musée de Villèle », au camp du même nom et plus évidemment à travers la diversité culturelle réunionnaise.

Mylène Catouaria

sources bibliographiques :
Miranville A, Villèle village réunionnais, 2001, ed L’Harmattan
Revue l’Oeil, hors-série Avril 2004, ed Artclair
Testament de Mme Desbassayns de 1845
Recueil de documents et travaux inédits pour servir à l’histoire des iles françaises de l’Océan Indien, 3e série n°3 Archives Départementales de la Réunion. Juillet 1978

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