l’activité maritime réunionnaise du XVIIe au XIXe siècle

L’activité maritime réunionnaise du XVIIe au XIXe siècle
par Olivier FONTAINE

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C’est en 1738 que Mahé de la Bourdonnais a transféré en 1738 la capitale de l’île de St Paul à St Denis. Les entrepôts de café allaient de la préfecture à l’actuel siège d’Air France.

Au niveau de St Paul, l’urbanisation a depuis détruit tout ce qui existait en front de mer-autrefois dévolu à la défense et à l’activité maritime.

BOURBON, une ESCALE sur la ROUTE des INDES

Venant d’Europe, sur la route des Indes, les équipages avaient besoin d’escales pour se réapprovisionner en vivres et eau fraiche. On achetait donc des animaux sur pattes aux colons (moutons etc…) à moins qu’on ne préfère les tortues de terre qui pullulaient. Grâce aux forêts réunionnaises, et avec son bois les charpentiers de bord pouvaient réparer les bateaux. Les voyages étant fort longs on risquait sinon le scorbut et de nombreuses maladies. Toutefois, gros problème : il n’ y avait pas d’abris sûrs pour les bateaux.

Si les Portugais avaient choisi le Mozambique, les Hollandais, l’ile Maurice puis Le Cap, les Anglais, l’ile Ste Hélène, les Français préfèrerent Madagascar. Malgré les efforts des français (mariages et établissement de bonnes relations avec les malgaches), il y eut de nombreux problèmes et expulsions…

Pourtant sur tout le parcours des Indes, au niveau des escales, on a retrouvé des messages enterrés donnant aux équipages de passage des nouvelles de l’Europe, les voyages étant en effet fort longs (environ 9 mois et plus)

L’INSTALLATION DES PREMIERS COLONS

Après quelques expéditions de mutins sur Ste Suzanne puis St Paul, en 1665, Les premiers colons s’installèrent au niveau de l’étang et du tour des roches, puis plus près de la baie.

Le 31/12/1689, en début d’époque cyclonique, le St Jean Baptiste fait naufrage du côté de la rivière des galets pour être parti trop tard… il y eut alors de nombreuses victimes et il faut interdit de relâcher dans l’île.

En provenance des Caraïbes où ils commençaient à être pourchassés, des pirates commencèrent à s’installer sur la côte Est de Mada (Baie d’Antongil et Ile Ste Marie)Après s’être attaqués aux navires du grand Mogol, ils se virent chassés par celui ci du nord de l’Océan Indien. Du côté de Madagascar et des Seychelles, il y a des receleurs qui récupèrent les butins collectés sur mer.

ARRIVEE DES PIRATES

Les iles ayant besoin d’esclaves, ce sont les pirates qui vont s’occuper de la traite négrière, contre des vivres dont les pirates ne discuteront pas les prix.

A l’époque, il y a une forte mortalité et des conditions très difficiles d’existence chez les marins, beaucoup acceptant dès lors d’être enrôlés comme pirates avec comme espoir de s’enrichir très vite et de rentrer dans le rang. Il savent en effet qu’ils risquent d’être blessés ou pire d’être pendus s’ils sont pris…

Si une grande majorité seront rapatriés en Europe avec le désir d’y acheter des terres et d’y mener une vie confortable, (l’avant dernier Thomas Congton est devenu armateur à Lorient) d’autres se sont vus amnistiés s’ils acceptaient de renoncer à la piraterie

33 pirates vont laisser une descendance dans l’île : les BAILLIF, CLAIN, DUCHEMAN, FOLIO, HUET, NAZE, PICARD, ROBERT, TURPIN entre autres… En fait les capitaines pirates en déposaient beaucoup sur l’ile. Le capitaine anglais en a déposé à lui tout seul à peu près 70, plus qu’il n’y avait d’habitants sur l’ile. Les premiers s’établirent du côté de St Paul, alors que les derniers allèrent sur les quartiers de Ste Marie et Ste Suzanne…

Les pirates vont apporter leur pierre à la colonie. En effet, ils connaissent des routes plus rapides pour l’Inde. De plus, ils vont se charger d’aller chercher esclaves et ravitaillement sur la côte malgache. Enfin, ils vont participer aux chantiers de construction navale.

IMPLANTATION DU CAFE

Au début du XVIIIe siècle, la Compagnie des Indes fait faillite. C’est à l’île Maurice, à Moka, qu’on découvre des plants de café. Au même moment, on découvre des plants sauvages de café dans les hauts de l’ile… La première grande récolte est produite en 1725. Le nombre d’esclaves-nécessaire à la production-va alors dépasser le nombre de colons. Pour stocker le café, il faut des entrepôts. On les construira en retrait du front de mer pour éviter la houle. (l’actuelle mairie était un entrepôt achevé en 1735). D’ailleurs dans cette zone allant des actuelles rue La bourdonnais à la rue Eugène Dayot, il n’ y avait pratiquement que des entrepôts.

INSTALLATION DE CIMETIERES

Avant d’installer 4 grands cimetières successifs, on avait coutume d’enterrer les morts en bord de mer. Dans le 1er cimetière : « Laperrière » ont été enterrés les premiers gouverneurs. Il n’ y avait alors pas de mur d’enceinte. Le 2e fut installé du côté de l’église. Le 3e fut le cimetière marin. Le dernier, le cimetière de l’Etang. On note aussi un cimetière d’engagés indiens du coté de la Marianne.

DIFFERENTS TYPES DE NAVIGATION

1) le bornage (goelettes). De St Paul, ville centralisatrice, on va chercher dans le Sud vivres et café avant de les charger sur les navires.

2) le petit cabotage s’exerce entre Bourbon et les îles de l’Océan Indien (Madagascar, Maurice, Seychelles)

3) le grand cabotage avec l’Inde et l’Afrique du Sud (produits manufacturés)

4) le « long cours » pour les destinations plus éloignées

La réglementation est extrêmement sourcilleuse et il faut pour chaque course, une autorisation spéciale.

A côté des ces différents types de navigation, il y a le batelage. En effet, comme il n’ y a pas de port, les bateaux jettent l’ancre au large et il faut une flotille spéciale pour charger et décharger les navires. la plupart sont des « esclaves de marine », certains étant même patrons. Jusqu’en 1767, la Compagnie des Indes gérait tout. Ensuite, on pu armer de façon individuelle et plus libre à destination des îles.

DES CHANTIERS NAVALS

Il y a eu à Bourbon, plusieurs chantiers navals : le premier situé entre l’actuelle DDE et le kiosque à musique. Le 2e au fond de la rivière d’abord. Le 3e du côté du marché de St Louis, et le dernier à St Leu.

DEPLACEMENTS

Au début il fallait 16H par l’actuel « chemin des Anglais ». Grâce au batelage, 4H suffisaient. On montait à St Denis de nuit, et on revenait sur St Paul de jour.
Pendant la saison cyclonique, on jetait l’ancre plus loin du bord.
NAUFRAGES

On a dénombré plus de 200 naufrages en 3 siècles. Les navires marchands étant porteurs de bois ou de denrées périssables,(vivres, café, sucre…) il ne reste pratiquement rien sur les épaves. Si on chavirait, on préservait prioritairement le journal et le coffre du bord. En baie de St Paul, on a dénombré une dizaine de naufrages.

PORTS

Vers 1830/50, on accorde le titre officiel de port à St Pierre. En fait depuis le XVIIe sicle on a pas cessé de rechercher le meilleur lieu d’implantation portuaire. St Denis et St Paul se disputant ce choix…

En fait depuis La Bourdonnais, c’est St Denis, malgré de nombreux déboires qui est le port principal. On y compte 7 débarcadères et en moyenne 35 navires en rade. Les sociétés de marines n’étant pas nombreuses, les navires sont parfois obligés de rester près d’un mois en rade.

Après de multiples pérégrinations, on finira par en proposer un entre les 2 capitales, celui de la Rivière des Galets, autour d’une petite ville justement appelée Le Port. Le chemin de fer sera alors construit en complément de St Benoit à St Pierre pour le transport du fret.

Le port de St Pierre devint alors obsolète car les bateaux à vapeur sont trop gros (de 1000 à 1500 tonneaux).

Beaucoup plus tard en 1970/80, on construira le PORT EST pour des raisons de houle et d’ensablement, réservant le port Ouest à la plaisance;

PHARES

On va installer 2 phares, celui de Ste Suzanne qui existe toujours, à cause entre autres de la « roche du cousin » et un second près de la Rivière des Galets; La plupart des navires de l’époque arrivant en effet par l’Est.

CONCLUSION

La Réunion est bien une île face à la mer où la navigation serait possible au moins 11 mois 1/2 par an. La mer pourrait par conséquent être utilisée au minimum pour le transport du fret.

Olivier FONTAINE
Historien de la « Confrérie des Gens de la Mer »
Synthèse de Patrice LOUAISEL opérée lors de la 9e sortie des « Amis de l’Histoire » sur ST PAUL de la Réunion

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