les KERVEGUEN, une grande famille esclavagiste du sud

Compte rendu de la sortie culturelle des « Amis de l’histoire » du 25/06/2011

animée par l’historien-guide, écrivain Enis ROCKEL sur : « la famille KERVEGUEN,

une grande famille esclavagiste du SUD »

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Enis ROCKEL, historien et guide conférencier avec le groupe

Cette rencontre s’est située dans la salle du conseil municipal de ST PIERRE où les frères KERVEGUEN se sont livrés à des débats fratricides, ainsi que dans l’estuaire de la rivière d’Abord, terrain de jeu dans la prime enfance de Gabriel Kerveguen.

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Estuaire de la rivière d’abord : terrain de jeu de Gabriel K/veguen

Elle donna lieu à une vidéo conférence captivante.

Issu d’une famille bretonne, Jean LECOAT, négociant en tissus, souhaitait que certaines personnes de sa postérité puissent être anoblies, ce qui était jusqu’alors le privilège du clergé, des militaires ou des gens de robe.

En 1710, cinq générations plus tard, le troisième nommé Jean LECOAT se marie : l’un de ses fils adjoint de KERVEGUEN à son patronyme. La famille passe alors de la petite à la moyenne bourgeoisie.

De même, Joseph Hervé Xavier LECOAT de KERVEGUEN se fait anoblir par le roi. (Il était sénéchal de Doulas, il commandait l’armée et rendait justice au nom du roi)

En 1796, Denis Marie Fidèle Amant Constant le Coat de KERVEGUEN, fuyant la révolution débarque à la Réunion sur la frégate « La Régénérée ». Il s’agissait alors de la 2e vague migratoire d’arrivée de nobles sur l’île. (à la même époque sont arrivés aussi Joseph de Villèle et d’Armand de St Félix, entre autres). Kerveguen monte alors un important commerce (chapeaux, tissus, outils, vins, de l’huile d’olive, etc) et se rend souvent à St Joseph, qui était alors le berceau de la culture des épices. (un ballot de clous de girofle équivalait alors à 5 charrettes de cannes à sucre). Il épouse Angèle Césarine Rivière, le 14/11/1799, une riche héritière, dotée de terres (mais déjà enceinte de 5 mois…)

Le 10/03/1800 nait Louis Gabriel de Kerveguen.

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Louis Gabriel de K/veguen

La famille va composer avec les Anglais durant l’occupation, (bonnes relations du gouverneur anglais KEATING avec les familles Kerveguen et Desbassayns) d’autant que ceux-ci vont encourager la culture de la canne à sucre. Abandonnant le café au profit de la canne, Denis Marie va acheter des terrains en grande quantité dans les années 1815, 1825. Son fils Gabriel va aussi acheter en 1829, aux enchères, une goëlette (Le Renard), et devenir armateur plus tard.

Louis Gabriel va faire remarquablement prospérer la société (de 40% en 4 ans…). De 1828 à1860, il va faire passer un domaine de 300 ha, à plus de 5000). Il va acheter à St Pierre, St Louis, St Joseph, St Philippe, St Leu, Etang Salé et même à Quartier Français, multipliant ainsi les usines.

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Quartier français

On lui connait également des terres sur Mont Caprice et Bel Air (Tampon). Aussi, il va produire jusqu’à 350 000 litres de rhum au milieu du XIXe siècle.

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Château des Casernes

En 1831, il devient « conseiller général » (le député de l’époque) de la Réunion.

Son demi-frère Denis-François, qui soutient les petites gens, se fait élire maire de St Pierre en 1851 (jusqu’à 1853), et va dès lors s’opposer farouchement à Gabriel lors des séances mémorables des conseils municipaux.

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Denis françois le coat de K/verguen

André, fils de Gabriel, va gérer la plus grosse partie de la fortune familiale. (fortune évaluée à 30 millions de francs or). Il va investir dans des chemins de fer en Europe ainsi que dans des mines de charbon, et va devenir en 1850, la plus grosse fortune de France !

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Le comte André de Kerveguen

Ils étaient nombreux depuis 1830, à tirer leurs revenus avec la location d’esclaves, vu qu’on ne pouvait plus, ni vendre, ni en acheter. On avait alors, un certain nombre de propriétaires d’esclaves qui n’avaient pas de terres !

En 1848, il possède 13 usines. En 1853 Célimène mentionne « 13 établissements » dans l’une de ses chansons. Il n’y avait alors qu’une douzaine de propriétaires disposant de plus d’une centaine d’esclaves. La plupart, environ 4000, n’en possédaient qu’une dizaine, ou moins. Gabriel, pré sentant une importante indemnisation à venir, achète alors à des petits propriétaires ruinés, à très bas pris, 100 ou 200 francs, environ 400 esclaves, portant son domaine à environ 1200. (L’indemnisation sera fixée en février 1849, à 711, 59 F par tête ! Il en fera des bénéfices colossaux)

En 1861, Emma, la fille de Gabriel de K/veguen va se marier avec Hyppolite Charles Napoléon Mortier, marquis de Trévise.

La famille avait le monopole du commerce de tissus (taffetas, draps de Bretagne, Aulne de Guingan canadien, gaze de Chine, mousseline etc) de la quincaillerie, de la parfumerie, de la sellerie, allant même jusqu’à généraliser dans l’île le champagne, le whisky et bière. Il deviendra actionnaire principal de la Banque de la Réunion et du Crédit Foncier.

En 1860, il a un accident de calèche à Paris, et meurt alors qu’il avait en projet la construction d’un port dans l’estuaire de la Rivière d’Abord.

André va alors reprendre les renes de la société.

C’est sous la mandature d’André, qui va éclater l’affaire des numéraires à la Réunion. Son père, Gabriel, venait d’introduire 227 000 pièces autrichiennes achetées au poids, qui vont circuler sur l’ile pendant 20 ans. Jusqu’à l’institution du franc. Entre temps, le stock était passé, par l’introduction de petits malins non identifiés, de 225 000 à 800 000 pièces.

En 1905, Les Kerveguen disposent de 16 usines, avec la dernière acquisition, celle de Saint-Louis (au Gol). C’est à cette époque qu’il amène de Paris, avec lui, madame Deverne, une artiste de la Comédie Française, et vit avec elle, au grand désappointement du Père Eugène Rognard, curé du Tampon, dans la villa de Bel Air. Ce sera la guerre ouverte avec le curé.

En 1914 , Robert perd les élections législatives face à Georges Boussenot, et se marie en 1917, à Augustine de Villèle.
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Le comte Robert de K/VEGUEN

Yves, l’un des fils de Robert, va créer le transport scolaire en France, juste après 1945. Il était député maire de la ville de Vigny, située à une quarantaine de km de Paris, en direction de Rouen, où son père, en quittant la Réunion avait acheté un magnifique château médiéval – 115 pièces, 76 chambres, 58 salles de bain – et un immense terrain disposant d’une belle église.

Ne sont aujourd’hui encore vivants -sur Paris- que Robert et Isabelle K/veguen. Ils sont venus en 2003 à la Réunion.

Il ne reste aujourd’hui à La Réunion, qu’un seul KERVEGUEN de l’époque. Sa dépouille est enterrée au cimetière de ST PIERRE : Hervé de KERVEGUEN, le seul fils de Denis Marie (demi frère de Gabriel) et d’Adèle Ferrand.

NB 1827 / Le problème de l’eau étant résolu sur le secteur, de Kerveguen construit une usine aux « Casernes »

Patrice LOUAISEL

d’après l’exposé d’Enis ROCKEL – le samedi 25 juin 2011

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