Archive pour la catégorie ‘XVIIe siècle’

Petite Histoire du quartier du « Bas de la Rivière St Denis » avec Mr David Huet, historien et Ecrivain pour « les Amis de l’Histoire »

« Histoire du bas de la Rivière St Denis » avec Mr David Huet et Mr Patrice Dijoux

Une ville divisée en quartiers …

Pendant longtemps la ville de St Denis fut divisée en quartiers par ses habitants. Au cours des années 1930, il ne faisait pas bon lorsqu’on était un « étranger » de l’un ou de l’autre de ces lieux bien circonscrits de s’y aventurer. Sauf être prêts à affronter les « gabiers » qui se considéraient comme les défenseurs de ces portions de territoires. Une espèce de chasse gardée où la simple déambulation prenait des allures de provocation, surtout lorsque d’escortes jeunes filles s’y trouvaient. Il n’était alors pas rare que semblable témérité se payât ar de bonnes raclées, bien dissuasives.

Ces quartiers périphériques avaient pour noms : Lataniers, Camp Ozoux, Butor et pour ce qui nous intéresse ici, le Bas de la rivière avec une zone sensible, celle de la « petite ile ».

Tout comme aujourd’hui, cet espace était délimité par les remparts de la partie haute de l’agglomération principale, qui longe l’actuelle rue lucien Gasparin, le boulevard Lacaussade d’une part, la mer, le Cap Bernard et le lieu dit « La Colline » d’autre part.

Dans le même temps le centre de St Denis s’étendait entre la rue Dauphine, le Barachois et le Pont du Butor. Les zones de Chateau Morange, de la Providence, du verger Duparc et de Champ Fleuri étaient bien distinctes du reste et faisaient figure de « banlieue »

A St Denis, le quartier du Bas de la Rivière est l’un des plus anciens et a connu de par ses origines plusieurs sortes d’activités tant artisanales qu’industrielles. Pendant très longtemps, elle rassembla nombres de bâtiments, fabriques ou ateliers dont les vestiges subsistent de nos jours

Le premier jardin public de la ville

C’est au bas de la Rivière, à l’emplacement de l’actuel collège Reydellet que se trouvait le premier jardin public de la ville. A l’origine, le terrain appartenait à la Compagnie des Indes. Puis, il devint propriété du roi en 1764, avant d’être concédé sous l’occupation anglaise à un certain Telfair, lequel obtint aussi une portion de terrain située entre le canal des moulins et la rue de la boulangerie. Avide de biens, il acquit aussi, le 12 Juillet 1812, la partie située entre ce canal et le rempart. L’endroit était pauvre et souvent, en période de pluies, le canal débordait et inondait les alentours. La prise d’eau l’alimentant se trouvait à la hauteur du quai Est et de la route Digue., là où il y a aujourd’hui un petit restaurant. Cette prise d’eau a été supprimée, il n’ y a pas longtemps, et lors du cyclone Jenny elle a déversé un volume important dans la rue de la République actuelle. L’ancienne digue, elle, n’a pas résisté aux coups de boutoir que plus tard la furie des eaux du cyclone Hyacinthe lui a assénés. Elle fut rompue et dût être reconstruite. Mais le petit étang qui à l’époque existait en amont a depuis définitivement disparu pour laisser la place à un mince filet d’eau, dans lequel il serait vain d’essayer d’aller pêcher, les « mombrins » comme les marmailles le faisaient autrefois.

L’escalier  » ti quat sous »

Concernant ce même Telfair, propriétaire, on l’a déjà vu, de la plus grande partie des terrains situés sur ce secteur il faut croire qu’il était un homme qui recherchait le profit à tout prix. C’est ainsi qu’il aurait l’idée de faire payer le passage sur son terrain à toute personne désireuse d’utiliser l »escalier qui se trouve en face de l’actuelle rue Pasteur, permettant d’accéder au haut de la ville. La redevance qu’il exigea  » p’tit quat sous » car à l’époque, on comptait en petits et gros sous. Celà peut paraître dérisoire aujourd’hui, aussi, il est bon de rappeler que le petit sou qui valait cinq centimes et le gros sou, dix centimes, représentait déjà un sacrifice pour beaucoup de ceux dont la journée de travail n’était rémunérée qu’à un franc.

Celà dura jusqu’en 1928, année où le gouvernement français, déniant à un sujet britannique le droit de disposer de terres à la Réunion, mis en demeure de déguerpir, l’ayant-droit de Telfair, lequel n’était autre que Gilbert Demolières, qui plus tard sera maire de Saint Denis. Cependant une transaction interviendra le 13 Mai 1830 et les deux terrains resteront propriétés de Démolières.

Au pied de ce même escalier « Ti quat sous » se trouvait la « boulangerie du roi » laquelle utilisait du blé préparé par ce qui était alors appelé « les étuves » et occupait l’emplacement qui deviendra en 1886 le grand bazar avant d’être actuellement une vitrine de notre artisanat local.
Enfin, sur une placette restaurée il n’y a pas si longtemps se dressait déjà la charmante petite fontaine appelée « fontaine Tortue » laquelle a donné son nom à ce petit bout de quartier, ainsi qu’à une rue voisine. Une fontaine qui offre la particularité d’ouvrir son bâti et sa vasque façonnés dans du métal.

Pendant toute cette période de nombreuses fabriques vont fleurir le long du canal des moulins.
Il y aura notamment des tanneries qui longtemps, et surtout pendant toute la durée de la guerre 1939-1945 fourniront aux cordonniers de toute la Réunion le couir indispensable pour la confection des chaussures.

Le quartier du Bas de la Rivière est composé de deux parties situés de part et d’autre du lit de cette même rivière. Pendant longtemps, en période de pluie le franchissement de ce cours d’eau sera un handicap qui va contrarier les riverains. En effet, le premier pont qui permettait de passer d’une rive à l’autre était en bois et reposait sur des fûts de canon de récupération. Sa solidité laissait beaucoup à désirer et il s’effondra plusieurs fois lors de crues importantes. Aussi, la construction d’un autre ouvrage beaucoup plus solide fut décidée. Ce nouveau pont, subsiste encore de nos jours sous sa forme originelle. Il fut inauguré en 1913 par le gouverneur Garbit dont il porte le nom. Rénové récemment, c’est un des plus anciens du genre restant en service à la Réunion. A ce propos, il est assez regrettable que la petite plaque en cuivre qui rappelle cet évènement soit très peu visible là où elle se trouve placée.

Au bas de la Rivière, il y aura aussi en une période plus proche de nous, là où l’établissement SOREG s’est installé, une fabrique de chocolat. Le fondateur de cette petite entreprise était un certain Frédéric Adam de Villiers lequel était aussi un passionné de l’aviation naissante. Il fût surnommé « fou fou » en raison de sa témérité qui l’amena plus d’une fois à atterrir brutalement et un peu partout alors qu’il pilotait un des appareils de sa fabrication, si petit qu’on l’avait appelé « le pou du ciel ». Puis cette fabrique devint propriété de Mr Paul Chatel. Il convient de dire que ce chocolat qui avait pour nom ‘Chocolat le Meilleur » a longtemps fait le délice des petits et des grands. Une entreprise qui employait une dizaine de personnes mais qui dût cesser son activité » face à la concurrence du chocolat importé après la guerre. Près de ce même endroit, sont encore visibles actuellement des restes de machines et de générateurs d’une très ancienne usine, Eux aussi témoignent de ce passé.

Maintenant que l’on est arrivé dans les années 1900, il faut également rendre hommage aux hommes qui ont voulu que Saint Denis sorte du fénoir, ceux-là qui ont pensé à éclairer la ville autrement qu’avec de l’huile de coco, puis du pétrole alimentant les réverbères supportés par les fameux « poteaux fanals »

C’est en 1921 qu’une première usine de fourniture d’électricité, celle de Monsieur Baron, verra le jour au Bas de la Rivière, à peu près au même endroit où de nos jours se trouvent des installations de l’EDF. Certes, le courant produit était quelque peu faiblard et à l’origine peu de particuliers se feront raccorder. Puis au fur et à mesure et après que le nouveau propriétaire, Monsieur Rambaud « en aura augmenté les capacités les abonnés à l’électricité seront de plus en plus nombreux. En 1933 cette usine améliorée produire trois fois plus d’électricité qu’à ses débuts.

La première piscine de la Réunion

Et puisque nous sommes dans le secteur, restons-y pour ajouter que ce même Monsieur Rambaud est aussi à l’origine de la construction de la première et pendant longtemps seule piscine de la Réunion. Là où se trouvent les cours de tennis du B.O.T.C-piscine inaugurée en 1932 par son créateur et en présence de Mgr Mondon et du gouverneur Repiquet.

Une piscine que seule fréquentait la « gentry » car bien évidemment elle était payante et il fallait des tenues de bain adéquates pour y être admis. Aussi le petit peuple ne s’en approchait que pour se rincer l’oeil devant le spectacle des charmantes naïades qui s’y jetaient. Montés sur les murs ou perchés dans les branches des badamiers voisins, leurs sifflements d’admiration, n’étaient absolument pas feints. Puis, eux se dirigeaient vers l’eau limpide du « Bassin la Vierge » tout proche pour à leur tour goûter à la fraîcheur d’une baignade dans une eau non tarifée. Bassin la Vierge ainsi appelée à cause de la petite statue de la Vierge Marie protégée par une petite niche qui le surplombe. Bassin où certains jours se réunissait tout un groupe de laveuses de profession qui venaient frotter là les ballots de linge sale qui leur étaient confiés par leurs « pratiques ».

Le premier stade de football

Mais il y avait aussi autre chose qui se passait en cet endroit : le sport roi de cette époque, le football. En effet, là se trouvait aussi le « Stade Roland Garros ». Le seul qui pendant longtemps servit de terrain de rencontre pour les équipes locales tant dyonisiennes que des autres quartiers lorsqu’elle avaient la chance d’arriver en finale. « La coupe » comme on l’appelait se disputait alors toujours au stade Roland Garros. Et il y en eût d’épiques. Pourtant là également, bon nombre de spectateurs n’avaient pas à débourser un seul sou pour y assister.
Il leur suffisait d’arriver à temps pour s’accrocher tout en haut de la falaise entourant le site assister aux matchs sans avoir à payer.

Pour les amoureux des vieilles pierres il est bon de signaler la maison qui fait le coin de la rue de la République et du Pont, une bâtisse construite en 1832, toute en pierres taillées. En cette même rue du Pont, un peu avant le magasin SOMECA on peut toujours voir un tronçon du fameux canal des moulins dont le débouché est aussi visible sur la rue des Moulins avant l’immeuble Fleurié.

Plus loin, sur le côté droit de la rue de la Boulangerie; d’autres vieilles constructions confirment, s’il en était besoin, que cet endroit fut bien le berceau des premières activités de la ville. L’une des pus connue, qui servit de magasin d’intendance militaire à l’armée lors de la dernière guerre, est occupé par des services annexes de la Banque de la Réunion.

Au bout de cette rue de la boulangerie et sur la fin de la rue des Moulins subsistent des restes de deux culées du pont de chemin de fer sur lequel le petit train franchissait la rivière. Témoins de ce temps, cachées sous les herbes, les deux autres se trouvent en face et de l’autre côté. Enfin pour terminer avec le petit train il convient d’ajouter qu’il se dirigeait en pente douce vers le tunnel en passant devant la caserne Lambert d’un côté et le vieux cimetière de l’autre. Cette caserne, la seule de la Réunion pendant très longtemps, fut construite en 1848. Vingt deux ans plus tard, elle sera baptisée du nom du général Lambert, héros de la bataille de Bazeilles, près de Sedan, en 1870. Bataille de Bazeilles qui est chaque année commémorée avec tout le faste militaire qu’elle mérite.

Puisque nous faisons de l’histoire, il faut aussi mentionner l’usine à engrais qui existait tout près du Cap Bernard. Une usine malodorante, certes ! Mais une installation qui fut bien utile pour transformer en produits agricoles une matière première qui était peu ragoûtante. Mais dans ce même périmètre il y avait aussi la distillerie du Cap Bernard où se fabriquait un rhum réputé, appelé « rhum soleil »

Pour poursuivre cette évocation du passé, remontons vers la plaine de la Redoute. En passant est à signaler le petit monument du souvenir qui se trouve place Verdun à la Petite Ile. A l’instar du monument au Morts érigé en haut de l’Avenue de la Victoire, ce mémorial renferme une parcelle de terre de France recueillie sur les champs de bataille de Douaumont lors des combats de Verdun durant la guerre 14/18.

La « Petite Ile » qui fut longtemps le fief des costauds et redoutés moringueurs dont les combats ont longtemps défrayé les conversations.

Une redoute au toit pyramidal

Surplombant cette place d la « Petite Ile », une forteresse carrée, une redoute au toit pyramidal est cachée dans les tamarins qui l’environnent. Construite en 1756 par Bouvet de Loziers elle était dotée à l’origine de pièces de canons et commandait tout un quartier allant du chemin pavé qui descendait de la montagne ainsi que l’accès à la ville de saint denis par le fond de la rivière. Ses fondations, en pierres de taille, ont à leur base une épaisseur de 2,50m et un mur d’enceinte haut de 5 mètres l’entoure.

C’est ce petit fort qui a donné son nom à la grande plaine qui s’étend jusqu’aux lacets de la route de la Montagne. Une redoute appelée aussi poudrière car la poudre pur les fusils et canons de la Caserne Lambert y fut entreposée. De même vers 1767, elle servit aussi de prison pour des militaires indisciplinés et beaucoup plus tard, en 1866, ce fut le tour de plusieurs lycéens en révolte contre un proviseur particulièrement sévère, Mr Drouhet, d’y être enfermés. Des lycéens qui tirèrent quelque gloire d’avoir passé quelques jours à l’intérieur de ce qui était alors un sinistre cachot.

L’invasion anglaise

Ce fortin connut son heure de gloire les 7 et 8 Juillet 1810, lorsque les troupes anglaises envahirent l’Ile Bourbon. C’est lui qui servit d’appui et de place forte aux 300 soldats réunionnais qui combattirent les Anglais, trois fois supérieurs en nombre. L’histoire de cette bataille est inscrite dans la pierre des deux mausolées qui aujourd’hui se font face sur le promontoire qui domine le quartier du Bas de la Rivière. Le premier fut élevé par les Anglais peu après la bataille et curieusement ne signale que le nom d’un officier tué au combat : John Graham Munro, 22 ans tout en rendant hommage aux autres sans en préciser le nombre. Ce premier mausolée a longtemps occupé le centre de la plaine de la Redoute. Lorsque en 1963, celle-ci prit le relais du stade Roland Garros en devenant stade officiellement homologué pour les rencontres de football, il fut enlevé pour être replacé un peu en contrebas de celui élevé à la mémoire des combattants réunionnais. Si l’on en croit certains historiens, ce mausolée aurait été construit beaucoup plus tard, en 1860, soit 50 années après les combats et ce sur l’initiative d’un des survivants qui s’appelait Delon. Ces mêmes sources précisent qu’il aurait fallu attendre pour qu’à l’instigation de l’historien Gilles Crestien une plaque de marbre rappelant le sacrifice de ces jeunes défenseurs de l’ile y soit apposée. Parmi eux, est à retenir le nom du jeune lieutenant Patu de Rosemont à peine âgé de 20 ans. En réalité, sur la plaque de marbre qui s’y trouve on peut lire : monument érigé en 1857 par Mr Hubert Delisle, gouverneur, Mr Edouard Manès, directeur de l’Intérieur et Mr Charles Desbassyns, président du Conseil Général. Ce mausolée est plus élancé que l’autre et domine le quartier. On y accède par une rampe en pente douce, coupée de plusieurs paliers qui, il est agréable de le souligner, est tenu constamment fleuri, ce qui en fait un charmant lieu de promenade et de méditation.

Mais cette plaine de la Redoute fut aussi et très longtemps le théâtre de courses de chevaux.

Une distraction que les dyonisiens vivaient chacun à sa manière. Il y avait ceux qui possédaient des chevaux et une réelle connaissance du sport hippique. Eux se tenaient sous les tribunes officielles couvertes qui se trouvaient exactement à l’emplacement de celles encore existantes. Mais il y avait aussi une autre catégorie qui campait sous les tamariniers des rampes de la Montagne toute proche et appréciaient surtout les courses de bourriques. Des malheureux animaux que l’on bâtonnait ferme lorsque très souvent ils ne voulaient pas courir. Des animaux qui s’échappaient parfois et qu’il fallait essayer de rattraper dans les fourrés épineux qui bordaient la piste de course, laquelle faisait alors tout le tour de La Redoute.

Ces jours de courses étaient les bienvenus pour toute une ribambelle de petits vendeurs de « pistaches », mangues carottes au piment, sucreries et bonbons de toutes sortes. Il faut signaler que certains vendaient aussi de l’eau. Une eau bien utile, car il n’existait aucune fontaine dans les environs et le piment des mangues mettaient les gosiers en feu.

Il faut maintenant parler de ce qui constitue le pôle le plus important du Bas de la Rivière : l’Eglise Notre Dame de la Délivrance.

En 1857, Mgr Maupoint, 2e évêque nommé à la Réunion rejoignait son siège épiscopal à Saint Denis. Il avait pris place sur un navire à voiles bien évidemment. Au cours de la traversée une affreuse tempête se leva et le bateau menaça de sombrer. Tous les passagers sont affolés, poussent des cris et hurlements déchirants. Le prélat se met en prières et de son coeur monte un appel au secours adressé à la Vierge Marie. Il lui demande d’intervenir pour que la vie de toutes ces personnes soit épargnée. Il promet de lui élever un sanctuaire si elle les délivre de la menace qui pèse sur eux.

La tempête se calme. Aussitôt débarqué Mgr Maupoint va tenir sa promesse. Le 8 Septembre 1858, Mr Florance, trésorier du conseil de fabrique, aujourd’hui on diriat de l’association paroissiale, fait l’acquisition de 2 terrains contigus appartenant aux époux Douyère et aux consorts Leroy. En ce même endroit où se trouve l’église actuelle, il fait construire ce uqi au début ne sera qu’une modeste chapelle, avec une seule allée centrale au bout de laquelle sera installée une statue de la Vierge.

33 ans plus tard en 1891, le père Berthomieu, curé de la paroisse décide d’agrandir cette chapelle et de la transformer en une grande et belle église. Les travaux commencèrent en 1893
et durèrent 5 ans.

Le 14 Avril 1898, Mgr Fabre consacrait ce qui est devenu depuis « l’Eglise de la Délivrance » Il convient de dire que la statue qui du haut de l’église veille sur tout le quartier est celle là même qui à l’origine se trouvait au fond de la nef de la chapelle primitive.

L’intérieur fut décoré par le Père Fulbert, un spécialiste de la peinture polychrome. Parmi les prêtres qui ont officié dans cette église, il est bon de rappeler celui qui est né à Saint Denis et deviendra par la suite vicaire général de Mgr Cléret de Langavant, Mgr Mondon. Lequel, bien que décédé à Paris est enterré sous le monument qui se trouve à gauche en dehors de l’église.
Est il besoin de rappeler que La Délivrance a sa fête le 24 Septembre ?

Autre point historique à rappeler : lorsque Galliéni séjourna à la Réunion, il occupa la maison qui se trouve juste à l’angle de la petite rue qui porte son nom et la place de l’église. Il était encore, alors, lieutenant d’infanterie de marine.

Le quartier du Bas de la Rivière aujourd’hui

L’histoire n’étant qu’un perpétuel recommencement aujourd’hui le quartier du Bas de la Rivière a renoué avec ses traditions. Des entreprises de transformation s’y sont de nouveau implantées. La plus ancienne fut la SOREG, société des eaux gazeuses de la Réunion, suivie de près par « les Brasseries de Bourbon » suffisamment connue avec sa bière « dodo » pour n »avoir pas besoin d’être présentée. Dans un autre registre, la SOAR, elle, fut longtemps le seul point d’approvisionnement en fourniture de soudage telle que l’oxygène et l’acétylène. Dans le domaine commercial, on y trouve aussi des établissements prestataires de services ayant pour nom, la SOMECA, la SIPR, Rank Xerox, la Caisse de Congés Payés des ouvriers du bâtiment ainsi que le siège central de l’organisme bancaire « l’Ecureuil » à l’architecture pour le moins curieuse.

Enfin, il convient d’ajouter que ce quartier est en pleine reconstruction et que son aspect moderne n’a plus rien à voir avec les « cours des miracles » que constituaient autrefois ses nombreux « calbanons » insalubres et d’une promiscuité insoutenable.

Une réhabilitation de l’Habitat qyui a commencé il y a bien longtemps avec la livraison des premiers logements de la SIDR

A la Petite Ile justement.

Sortie animée par Mr David Huet, historien, écrivain

La possession du Roy

La Possession, à lui seul le nom de cette ville, fait référence à l’histoire et au patrimoine de La Réunion. La Possession est située au pied du Cap Bernard, falaise qui tombe directement dans la mer. Depuis 1638, les Français prennent plusieurs fois possession de cette île du sud l’Océan Indien.

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Baie de la possession

Bien avant le XVe siècle, les navigateurs venant d’Orient et Arabes s’arrêtent sur les côtes de cette île difficile d’accès, elle porte le nom de Diva Morgabim (île du Couchant) sur leurs cartes de 1502. Ils se sont contentés de planter des orangers et de l’aloès, plantes efficaces contre les maladies des marins (scorbut et plaies). Les Portugais exploitant plusieurs comptoirs en Inde et au Mozambique y font escale également. En 1518, Pedro Reinel la nomme « Santa Appolonia ». Puis Jorge Reinel baptise le groupe d’iles : « Islas Masca Remhas » (Iles couvertes de forêts) qui devient « Mascareignas » (en l’honneur du grand navigateur) pour l’archipel, et, « Mascarin » ou « Mascareigne » pour l’île elle-même. Les Hollandais vers 1598 et aussi les Anglais en 1613 y relâchent, ces derniers y déposent des couples d’animaux et la nomme aussi « Ingland Forest » tant elle est couverte d’arbres et de verdure.

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Carte de Flacourt 1661

Mais les navigateurs européens font peu de cas de cette terre. Ils se contentent de s’y reposer et de se réapprovisionner. Alors les Français (Goubert du Saint-Alexis) en prennent possession en 1638 au nom du roi Louis XIII. En fait de première prise de possession, il appose sur un arbre les armes du Roi de France. En 1642, Richelieu donne Madagascar et les îles avoisinantes en concession à la compagnie française de Lorient qui devient Compagnie des Indes Orientales. Pronis, commis de la compagnie et commandant à Madagascar, en prend possession à son tour. En 1646, douze mutins de Madagascar sont exilés à Bourbon. Au bout de 3 ans, Flacourt les retrouve en parfaite santé alors qu’au même moment, à Fort Dauphin, les fièvres déciment les hommes. Ces révoltés vantent les bienfaits de leur terre d’exil et donnent des détails utiles pour en dresser une carte précise. En novembre 1649, dans la baie de la Possession, Flacourt décide de prendre une nouvelle fois possession de cette terre si productive et si saine. Il la nomme «Bourbon » au nom du Roi de France qui est alors Louis XIV.

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Hôtel de Ville

En 1654, Flacourt prend encore une fois possession de l’île Bourbon. Il y fait isoler Antoine Couillard et ses compagnons qui vivent sans problème jusqu’à l’année 1658 lorsque Gosselin, capitaine anglais du « Thomas-Guillaume » leur annonce que Fort Dauphin est détruit et qu’ils ont été tout simplement abandonnés (ce qui est faux). Affolés par la nouvelle, ils embarquent pour l’Inde avec lui.
Ce n’est qu’en 1663 qu’une vingtaine de Français et de Malgaches dont 3 femmes malgaches s’installent définitivement dans l’île. En 1665, la Compagnie des Indes nomme le premier Gouverneur de Bourbon en la personne d’Etienne Régnault.
Enfin en 1671, Jacob de la Haye vice-roi des Indes, prend possession au lieu dit « la Possession » nom qui restera. Cette dernière prise de possession de l’île est gravée dans la pierre qui est aujourd’hui à la Préfecture. Les premiers habitants de la Possession sont un certain Marquet puis Texera de Motta un portugais né aux Indes, (ancêtre des Tescher, Techer) à qui a été attribuée la concession de la ravine à Marquet jusqu’à la ravine à Malheur.

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Vers 1735, La Compagnie des Indes décident d’équiper l’île de batteries plus ou moins importantes tout autour de l’île. Ces batteries fortifiées pointant leurs canons vers la mer, sont destinées à protéger des lieux de mouillage et d’accostage des bateaux effectuant des échanges commerciaux et le transport des voyageurs contre des attaques éventuelles des pirates et de l’ennemi. A la Possession, plusieurs batteries gardées par un petit nombre d’homme de métier et d’habitants groupés en milice sont installées le long de la grève de galets. Cette milice créée dès la fin du XVIIe siècle se compose de colons et de libres de couleur en âge de se battre, mais peu formés et faiblement équipés Bourbon est en réalité peu protégée.
Les Anglais en plus de la guerre contre le 1er Empire, surveillent le trafic d’esclaves puisque la traite est interdite depuis 1817 et que Bourbon comme d’autres colonies Françaises ne respecte pas. Cette batterie en maçonnerie de pierres de basalte est la dernière, accaparée par les habitants voisins, comme souvent dans l’île, elle abrite aujourd’hui, une petite chapelle.

Sabine Thirel

st André : un bastion monarchiste pendant la révolution

La commune de Saint-André peuplée dès 1670, devient pendant la Révolution française, l’un des bastions monarchistes le plus actif de la colonie.

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La Compagnie des Indes donne l’autorisation de la construction d’une église à Saint-André, suite à la demande de ses habitants. Un lazariste est détaché de Sainte-Suzanne, le curé d’Ure ouvre le premier registre catholique le 12 juillet 1741. Aucun moyen n’ayant été attribué pour cette église, la construction est longue.

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Eglise de St André – Lithographie de Roussin

Selon un rapport du Conseil Supérieur de la colonie en 1750, on peut relèver : «en attendant que l’église en pierres fut construite, les habitants en avaient construite une en bois, où l’on faisait le service ». Justement cette même année, la chapelle en bois est totalement détruite par les flammes. Les ouvriers s’activent et l’église en pierre est achevée en 1752. Cependant, elle subit les aléas d’un séisme qui la fragilise. Les travaux ne pouvant s’effectuer faute de moyens financiers, elle finit par se dégrader.

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Eglise de St André Saint-André devient paroisse en 1766.

Tout se passe tranquillement dans le quartier jusqu’à la Révolution de 1789. La nouvelle arrive début 1790 dans l’ile provoquant la joie des colons. L’exaltation républicaine conduit à la mise en place de plusieurs symboles révolutionnaires dans chaque quartier, un « arbre de la liberté et de l’égalité » est planté. Les habitants affichent la cocarde tricolore.

La première municipalité est mise en place. L’élection du 3 août 1790 désigne le Maire. Pour l’historien Claude Wanquet le premier maire est Pignolet (pour d’autres c’est Bruna). L’élection est réfutée, Velmant lui est préféré. Les partisans de l’un et de l’autre se regroupent puis les groupes s’opposent. Chaque fois qu’un sujet est abordé pour l’avenir de la commune, les clans se déchirent et aucun accord n’est trouvé. Cette situation dure pendant 3 années.

Chaque arrêté de l’Assemblée coloniale (mise en place en 1791 à Saint-Denis) est contesté. Saint-André s’érige comme « bastion contre-révolutionnaire » jusqu’au chaos comme disent les historiens. Maturin Robert et François Richard fervents monarchistes mènent les insoumis. Armés de « bâtons ferrés », ils décident de perturber les réunions qui se déroulent dans l’église. Les affrontements réguliers retardent les élections de plusieurs mois. La police aussi n’est pas encore structurée. Alors Mathurin Robert se désigne chef de police. Désordre, contestation et désobéissance, c’est la confusion totale. L’Assemblée coloniale ne veut pas intervenir dans cette « crise saint-andréenne » pour éviter les effusions de sang. Un conciliateur est nommé, il s’agit du curé de la paroisse.

Pendant que les royalistes font ce qu’ils veulent à Saint-André, les révolutionnaires reprochent au gouverneur Duplessis d’être monarchiste et d’aider à la contre-révolution en apportant son appui. Le gouverneur est arrêté le 12 avril 1794. Le ton des échanges monte à l’assemblée qui compte une forte majorité révolutionnaire. C’est là qu’un certain Bigot (ou Bigault) « sans-culotte » de St André se fait remarquer. Mais quelques temps plus tard, celui-ci est tué lors d’un duel qui n’a pourtant aucun rapport avec la politique. Sa dépouille sur laquelle est déposé un bonnet phrygien, est exposée dans la nef de l’église.

Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1894, l’arbre de la liberté fraichement planté devant l’église, est déraciné, le monument construit en l’honneur de Bigot est outrageusement retourné. Les insignes républicains dont la couronne civique et le bonnet phrygien, sont foulés aux pieds. C’est une explosion d’indignation dans toute la colonie.

L’Assemblée Coloniale décide le 15 janvier 1895 « qu’il n’existera plus rien qui ne rappelle la dénomination d’un canton dans lequel s’est commis un attentat horrible contre les symboles de l’égalité et de la liberté et dont malheureusement on n’a pas pu découvrir les coupables auteurs ». L’église elle-même est condamnée puis rasée. Exit Saint-André dont l’Assemblée ne cite même pas le nom dans son arrêté. Ainsi, le territoire de la commune supprimée est réparti de chaque coté de la Rivière du Mât entre Ste Suzanne et de St Benoit.

Restituée en 1798, la commune récupère son territoire sauf la partie entre la Rivière du Mât et le chemin des limites (aujourd’hui Bras Panon). La ville reste sans église et sans curé jusqu’en 1817. Date à laquelle le Père Minot fait appel aux habitants, avant de lancer la construction de la nouvelle église, bénie le 30 novembre 1821 et consacrée en novembre 1852 par Mgr Desprez, premier évêque de la colonie.

A plusieurs reprise les cyclones ont dégradé l’église tout au long du XXe siècle. Les prêtres successifs, aidés des paroissiens, conduisent des travaux de restauration, d’amélioration et d’agrandissement avec les faibles moyens à leurs dispositions.

La Salle Jeanne d’Arc, elle, est batie pour le catéchisme par le père Bomberger, à Saint-André de 1941 à 1948. A partir de juin 1943, les murs en pierre de taille sont montés. En 1944, la mairie et les paroissiens sont sollicités pour construire la toiture. Mais le cyclone de 1948 en arrache la charpente. La salle reste près de 20 ans découverte. Depuis ces monuments ont été restaurés.

Sabine Thirel

L’arrivée des premières indiennes à la Réunion

L’arrivée des premières indiennes à la Réunion

Chacun sait que notre belle ile de la Réunion était vierge d’occupants avant 1663, quand Louis Payen fut le premier à s’y installer avec un compagnon et une dizaine de domestiques malgaches-dont 3 femmes- En 1665, ce sont 20 colons-hommes- qui s’installent sur l’île sous les ordres d’Etienne Regnault , premier gouverneur de Bourbon.

 

des hommes, toujours des hommes…

Toujours des hommes…bien sûr, il fallait des hommes forts, valeureux et courageux pour mettre cette île en valeur. Cependant très vite, on constata qu’il semblait difficile de développer une colonie sans femmes… les hommes repartaient par le premier bateau disponible et la population se réduisait..

 

où trouver des femmes ?

 

à « la Salpétrière » Paris. C’est alors qu’on eut l’idée d’aller chercher des femmes ailleurs puisque celles-ci ne venaient pas spontanément. On pensa alors à « la Salpérière » à Paris : ce site récupérait à l’époque orphelines, délinquantes et femmes de mauvaise vie. Celles-là,personne ne les réclamerait si on en expédiait à Bourbon.Elles feraient d’excellentes épouses pour nos colons et de toutesfaçons on ne leur demanderait pas leur avis… C’est de cette expédition que parvint Francoise CHATELAIN, (orpheline de mère à 11 ans, fiancée par son père à 12 ans à Jacques Lelievre) la « grand mère des réunionnais » qui se maria 4 fois du lieutenant de marine Jacques Lelievre-(retrouvé à Fort Dauphin) à Augustin Panon, charpentier de marine

et Pourquoi pas à GOA, en Inde ?

De nombreux bateaux venant d’Europe faisaient escale à la Réunion avant de rejoindre l’Inde. Et si on essayait de ramener de ce pays, en particulier de la côte Malabar du côté de Goa, de jeunes indo-portugaises ? Ce fut fait en Novembre 1678, avec l’arrivée du « Rossignol » en provenance de Surate : ces 15 indo-portugaises trouveront très vite un mari à Bourbon.
Pour être tout à fait juste, quelques années auparavant, en Novembre 1672,le bateau « Jules »en provenance des Indes avait déjà déposé une quinzaine d’indiens noirs faits prisonniers de guerre au siège de San Thomé. Ils avaient été envoyés sur l’île par l’amiral Blanquet de La Haye, alors vice-roi des Indes. En 1686, il en survivra 12.
Sur les 35 femmes introduites à Bourbon, on relevait en 1678 :
8 francaises, 13 malgaches et 14 indiennes
C’est un certain Texeira da Motta, né de père portugais et de mère indienne qui ramena de l’Inde ces 14 filles de mères indiennes, elles aussi pour les unir à des colons francais.

En 1686, on dénombrait sur l’île :


- 12 familles de francais mariés à des portugaises des indes soit 58 personnes, enfants compris
- 1 famille de vénitien et de métisse franco-portugaise née dans l’île, soit 3 personnes
- 1 famille de portugais des Indes et de métisse franco-malgache née dans l’île, soit 2 personnes
-12 célibataires indiens
Soit une population de 61 indiens sur 216 habitants, environ 1/4 de la population.
Le premier esclave indien
Alors que les 14 femmes indiennes jouissaient de la liberté et que les 15 premiers indiens étaient considérés comme des déportés, on peut dire que le premier esclave indien importé nous est arrivé en 1687. Le « très révérend père Dominique de la Conception » , moine portugais vendit un jeune indien de 12 ans à Gaspard Cautret. Ce fut le premier esclave indien de Bourbon.

une figure emblématique : Emmanuel Texeira da Motta
Une des figures marquantes fut Emmanuel TEXEIRA qui arrivé lui aussi sur le » Rossignol » en 1678, obtint une concession à St Paul en1690 : toutes les terres de la possession, dela Ravine à Marquet jusqu’à Dos D’Ane lui appartenaient. Marié à une indienne, il quitta Bourbon en 1707 pour Pondichery sur le « Saint Louis » après qu’un complot de noirs contre sa famille ait été éventé. Il en revint avant 1709 alors que sa femme était Anne Nativel, dont il aura 16 enfants. Sur sa concession, il tenait une sorte d’auberge où s’arrètaient les gens qui débarquaient de St Denis en chaloupe et continuaient leur route à pied jusqu’à St Paul.. Il mourut en 1758, à l’age canonique de 92 ans.
Il disposait de grands troupeaux, élevés en liberté, et allait à la chasse au boeuf à cheval. Ne pouvant les approcher facilement, il les abattait au fusil. Avec une corde passée autour des reins de l’animal d’un côté et au pommeau de sa selle de l’autre, il tirait le boeuf mort jusqu’à chez lui. Avec le temps, le sentier emprunté par Emmanuel Techer fut dénommé » chemin boeuf mort »
Shiva
article issu du site http://indeenfrance.com/reunion.php
photos extraites de l’excellent ouvrage : » 21 jours d’histoire » de Daniel Vaxelaire aux Editions Azalées

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La « chapelle des forbans » de Ste Marie

 

La chapelle est établie en haut de la petite falaise qui domine la baie de Sainte-Marie. Selon la légende des pirates en danger avaient promis à la vierge Marie de construire une chapelle en son honneur s’ils s’en sortaient vivants avant de se jeter sur la côte.

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la « chapelle des forbans »

 

Chapelle de la Salette -Ste Marie. En 1667, l’ile est tout juste occupée par une centaine d’habitants centralisés dans la région de Saint-Paul. Des bateaux marchands ou pirates de passage s’y ravitaillent avant de reprendre la mer.
Un jour de février, un bateau pirate croise au large de l’île à la recherche de proies faciles. Mais il se trouve face à une flotte envoyée par le roi de France. Les pirates ne savent pas qu’il s’agit de l’escadre de Montdevergue, envoyée à Bourbon par le roi de France et la Compagnie des Indes Orientales.
Cette escadre est la deuxième que le Louis XIV envoie pour peupler et occuper l’île Bourbon. Il a désigné le chef de l’expédition. Il s’agit de François de Lopis, marquis de Montdevergue.

La flotte se compose de 10 navires sur lesquels se trouvent près de 1 590 hommes dont 3 douzaines d’orphelines à marier. Les hommes sont choisis selon leurs qualifications, des militaires qui forment 4 compagnies, des ouvriers spécialisés, des fermiers et des employés. Bien entendu pour un voyage assuré, se joignent à eux des officiers de marine, des hommes d’équipage et des matelots.
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L’escadre quitte La Rochelle en mars 1666 et arrive dans l’île en février 1667. C’est l’époque de la marine à voile. Le convoi doit suivre les courants et les vents favorables pour arriver à destination. Comme cela se passait souvent à l’époque, après avoir quitté les côtes européennes, les navires descendent plein Sud vert la côte occidentale de l’Afrique, puis portés par les vents, ils traversent l’Atlantique pour arriver à hauteur du Brésil avant de revenir sur le cap des Tempêtes. Une fois dans l’Océan Indien les vents portent les voiliers le long du 40e parallèle avant qu’ils remontent le long du fuseau 22 pour arriver à hauteur de Rodrigue et de se diriger vers Bourbon.

 

 

L’escadre est bien mal en point à la fin du voyage, un an plus tard. En effet, à son arrivée dans l’île, le convoi a perdu quatre navires et 400 hommes. De plus, 200 malades sont débarqués, mais seulement 60 d’entre eux survivront.
Les personnes qui arrivent alors à Bourbon sont : François Mussard, maître menuisier – Jean Bellon époux de Antoinette Arnaud – Hervé Dennemont époux de Léonarde Pillé – Michel Esparron, dit « Latour » sera l’époux de Françoise Chatelain une des grands-mères réunionnaises – Jeanne de la Croix, femme de Claude Mollet dit  » Labry  » – Marguerite Compiègne descendante d’une famille de cultivateurs picards – Jacques Compiègne et Marguerite Monteny et leurs deux filles – Antoine Royer qui épousera Marguerite Texere une indo-Portugaise – Anne Billard qui épousera Pierre Pau – Jean Mirebaudet sa femme Malgache Anne Randranar – Marie Baudry qui se mariera à René Hoarau (habitant de Bourbon à son arrivée) .

En effet, étaient arrivés en 1665 avec Etienne Regnault, semble-t-il : Pierre Collin, Hervé Dennemont, Jacques Fontaine, Pierre Hibon, René Hoarau, Gilles Launay, Claude Mollet, François Mussard, Pierre Pau, François Riquebourg, Athanase Touchard et François Vallée.

En 1667, au large de Sainte-Marie, les pirates se croient perdus, ils unissent leurs prières et promettent à La Sainte Vierge de lui construire une chapelle à l’endroit où ils toucheraient terre et où ils seront en sécurité. En effet, pourchassé par l’escadre, le navire essaye de le distancer et de lui échapper mais il se fracasse sur la plage de galets de Sainte-Marie.
Ainsi, tenant leur promesse les survivants du naufrage construisent une petite chapelle à Sainte Marie avec les débris de leur navire. La chapelle en bois dédiée à la Salette a complètement disparu; une autre en pierre, devenue lieu de pèlerinage, l’a remplacée. Elle abrite la dépouille du Frère Scubillion, le Bienheureux protecteur des esclaves.

Dans « le Patrimoine des Communes de La Réunion », c’est la Chapelle Blanche (l’église de l’immaculée Conception) de la commune de Sainte-Marie qui est construite à l’endroit où se trouvait de la première chapelle des pirates. On y apprend que Anne Mousse  » négresse créole et son second mari, font édifier a Chapelle Blanche » en 1829.
L’histoire ne dit pas qui étaient ces pirates, s’ils sont restés et ont fait souche dans l’île.

Sabine THIREL

Sources :
Revues Maritimes et Coloniales – « La vie quotidienne des colons de l’Ile Bourbon à la fin du règne de Louis XIV » de Jean Barassin – « Naissance d’une Chrétienté, Bourbon des origines jusqu’en 1714″ de Jean Barassin – « L’Histoire de la Réunion » de D. Vaxelaire, vol.1. Mémorial de La Réunion Henri Maurin, Jacques Lentge T.1- « Les Premiers Colons de l’île Bourbon » d’Alfred Rosset. – « Histoire Maritime de France – T. III  » de Léon Guérin – « L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais » de Jules Bénard, Bernard Monge – Bulletin du Cercle Généalogique de Bourbon- Camille Ricquebourg, « Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon » – « le Patrimoine des Communes de La Réunion » Flohic.

Françoise Chatelain, grand mère des Réunionnais

Il était une fois une île déserte ou presque. Il y avait bien quelques animaux endémiques -tortues par ex-ou rapportés par l’homme au hasard de ses escales : cabris, cochons sauvages pour remplir son garde-manger lors de ses transits à destination de l’Inde ou de l’Indonésie… mais pour l’essentiel que des marins de passage faisant escale ici pour se ré-approvisionner en eau potable, viande fraiche et pour reposer les hommes. Pensez donc 3 à 6 mois de mer, le scorbut, les pirates…et surtout pas de femmes.

Pour commencer…des prisonniers
On s’était bien débarrassé de quelques mutins qui s’étaient révoltés contre le gouverneur de Fort Dauphin (Madagascar). Imaginez vous : « Il avait eu le toupet d’utiliser l’argent de la colonie pour entretenir sa belle famille malgache et nous n’avions droit qu’à des miettes… « Ces hommes, on les avait déposé à « Quartier Français » près de ST ANDRE. Ils y ont vécu nus 3 ans-la Réunion une prison dorée ? -avant qu’on les récupère en pleine forme.. Et comme ça s’était bien passé on avait renouvellé ça du côté de l’étang saint paul avec un autre groupe « d’enquiquineurs ».

Puis 2 aventuriers et leurs domestiques…

Quelques années après, 2 francais volontaires accompagnés d’une dizaine de domestiques malgaches…et déjà une histoire de femmes à peine l’ile occupée.

C’est qu’avec Louis PAYEN et son ami Pierre PAU, il y avait une douzaine de domestiques mais seulement 2 femmes pour tout ce petit monde. Et ces français qui avaient le toupet de s’approprier les femmes pour eux seuls… Ce n’était pas tenable : après avoir hésité à les tuer mais par peur de représailles, les domestiques ont préféré « partir marron » avec les femmes évidemment…

C’était quand même une île sympa. Certes elle avait servie de prison à une époque révolue mais c’était quand même un vrai petit paradis : pas d’animaux dangereux, le soleil et la mer toute l’année…que rêver de plus ?

On y installe alors la colonie…
Alors on se décide à y installer une colonie en 1665 avec un gouverneur, Etienne REGNAULT et un prêtre pour superviser les premiers colons. Mais là encore : erreur fatale : aucune femme dans le 1er contingent…alors les hommes s’ennuyaient et repartaient avec les bateaux en transit. Celà risquait de faire échouer cette colonisation pleine de promesses. Il fallait -et vite- arrêter l’hémorragie.

Vite, des femmes !
Faire venir des femmes ici : pensez donc plusieurs mois de bateau, les maladies…il aurait fallu être folle pour se lancer dans pareille aventure et aucune femme n’était tentée. Et puis qu’allions nous trouver dans cette île ? une meute de vieux matous affamés… Enfin une idée géniale : aller en chercher à l’hopital parisien de « La Salpétrière »: celles-là, orphelines, délinquantes ou prostituées n’auraient pas le choix et seraient bien obligées de venir. Ce seront de parfaites compagnes pour nos colons…

l’expédition de Françoise CHATELAIN…
C’est ainsi qu’une vingtaine de femmes-dont Françoise CHATELAIN – furent emmenées d’autorité à Nantes, contournèrent l’Afrique après y avoir fait de multiples escales avant de se retrouver face à la Réunion. Au hasard des escales de nombreux officiers avaient « négocié » les plus belles, d’autres étaient mortes de diverses maladies..tant et si bien qu’à Fort Dauphin-dernière escale avant la Réunion- il n’en restait plus que 2.

Catastrophe ! qu’allaient dire les colons ? Alors le capitaine pour éviter de se faire lyncher avait-il négocié avec les amoureux de ces 2 dernières son accord de les laisser se marier contre la venue indispensable des deux derniers couples à la Réunion.

Imaginez donc la tête des colons qui attendaient joyeusement une vingtaine de femmes libres quand ils virent les 2 dernières- mariées de surcroit. Heureusement que la grande différence d’âge pouvait laisser espérer des remariages avec nos pauvres colons célibataires. C’est ainsi qu’Augustin PANON, charpentier de marine, travailleur et cossu pu épouser quelques années après la très convoitée Françoise CHATELAIN, que l’on peut considérer comme la grand mère des réunionnais.

P.L

L’arrivée des premieres indiennes à la Réunion

L’arrivée des premières indiennes à la Réunion

Chacun sait que notre belle ile de la Réunion était vierge d’occupants avant 1663, quand Louis Payen fut le premier à s’y installer avec un compagnon et une dizaine de domestiques malgaches-dont 3 femmes- En 1665, ce sont 20 colons-hommes- qui s’installent sur l’île sous les ordres d’Etienne Regnault , premier gouverneur de Bourbon.

 

des hommes, toujours des hommes…

Toujours des hommes…bien sûr, il fallait des hommes forts, valeureux et courageux pour mettre cette île en valeur. Cependant très vite, on constata qu’il semblait difficile de développer une colonie sans femmes… les hommes repartaient par le premier bateau disponible et la population se réduisait..

 

où trouver des femmes ?

 

à « la Salpétrière » Paris. C’est alors qu’on eut l’idée d’aller chercher des femmes ailleurs puisque celles-ci ne venaient pas spontanément. On pensa alors à « la Salpérière » à Paris : ce site récupérait à l’époque orphelines, délinquantes et femmes de mauvaise vie. Celles-là,personne ne les réclamerait si on en expédiait à Bourbon.Elles feraient d’excellentes épouses pour nos colons et de toutesfaçons on ne leur demanderait pas leur avis… C’est de cette expédition que parvint Francoise CHATELAIN, (orpheline de mère à 11 ans, fiancée par son père à 12 ans à Jacques Lelievre) la « grand mère des réunionnais » qui se maria 4 fois du lieutenant de marine Jacques Lelievre-(retrouvé à Fort Dauphin)  à Augustin Panon, charpentier de marine

 

et Pourquoi pas à GOA, en Inde ?

De nombreux bateaux venant d’Europe faisaient escale à la Réunion avant de rejoindre l’Inde. Et si on essayait de ramener de ce pays, en particulier de la côte Malabar du côté de Goa, de jeunes indo-portugaises ? Ce fut fait en Novembre 1678, avec l’arrivée du « Rossignol » en provenance de Surate : ces 15 indo-portugaises trouveront très vite un mari à Bourbon.
Pour être tout à fait juste, quelques années auparavant, en Novembre 1672,le bateau « Jules »en provenance des Indes avait déjà déposé une quinzaine d’indiens noirs faits prisonniers de guerre au siège de San Thomé. Ils avaient été envoyés sur l’île par l’amiral Blanquet de La Haye, alors vice-roi des Indes. En 1686, il en survivra 12.
Sur les 35 femmes introduites à Bourbon, on relevait en 1678 :
8 francaises, 13 malgaches et 14 indiennes
C’est un certain Texeira da Motta, né de père portugais et de mère indienne qui ramena de l’Inde ces 14 filles de mères indiennes, elles aussi pour les unir à des colons francais.

En 1686, on dénombrait sur l’île :


- 12 familles de francais mariés à des portugaises des indes soit 58 personnes, enfants compris
- 1 famille de vénitien et de métisse franco-portugaise née dans l’île, soit 3 personnes
- 1 famille de portugais des Indes et de métisse franco-malgache née dans l’île, soit 2 personnes
-12 célibataires indiens
Soit une population de 61 indiens sur 216 habitants, environ 1/4 de la population.
Le premier esclave indien
Alors que les 14 femmes indiennes jouissaient de la liberté et que les 15 premiers indiens étaient considérés comme des déportés, on peut dire que le premier esclave indien importé nous est arrivé en 1687. Le « très révérend père Dominique de la Conception » , moine portugais vendit un jeune indien de 12 ans à Gaspard Cautret. Ce fut le premier esclave indien de Bourbon.

une figure emblématique : Emmanuel Texeira da Motta
Une des figures marquantes fut Emmanuel TEXEIRA qui arrivé lui aussi sur le » Rossignol » en 1678, obtint une concession à St Paul en1690 : toutes les terres de la possession, dela Ravine à Marquet jusqu’à Dos D’Ane lui appartenaient. Marié à une indienne, il quitta Bourbon en 1707 pour Pondichery sur le « Saint Louis » après qu’un complot de noirs contre sa famille ait été éventé. Il en revint avant 1709 alors que sa femme était Anne Nativel, dont il aura 16 enfants. Sur sa concession, il tenait une sorte d’auberge où s’arrètaient les gens qui débarquaient de St Denis en chaloupe et continuaient leur route à pied jusqu’à St Paul.. Il mourut en 1758, à l’age canonique de 92 ans.
Il disposait de grands troupeaux, élevés en liberté, et allait à la chasse au boeuf à cheval. Ne pouvant les approcher facilement, il les abattait au fusil. Avec une corde passée autour des reins de l’animal d’un côté et au pommeau de sa selle de l’autre, il tirait le boeuf mort jusqu’à chez lui. Avec le temps, le sentier emprunté par Emmanuel Techer fut dénommé » chemin boeuf mort »
Shiva
article issu du site http://indeenfrance.com/reunion.php
photos extraites de l’excellent ouvrage : » 21 jours d’histoire » de Daniel Vaxelaire aux Editions Azalées

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L’arrivée des premières indiennes à la Réunion

L’arrivée des premières indiennes à la Réunion

Chacun sait que notre belle ile de la Réunion était vierge d’occupants avant 1663, quand Louis Payen fut le premier à s’y installer avec un compagnon et une dizaine de domestiques malgaches-dont 3 femmes- En 1665, ce sont 20 colons-hommes- qui s’installent sur l’île sous les ordres d’Etienne Regnault , premier gouverneur de Bourbon.

 

des hommes, toujours des hommes…

 

Toujours des hommes…bien sûr, il fallait des hommes forts, valeureux et courageux pour mettre cette île en valeur. Cependant très vite, on constata qu’il semblait difficile de développer une colonie sans femmes… les hommes repartaient par le premier bateau disponible et la population se réduisait..

 

où trouver des femmes ?

 marine.              

à « la Salpétrière » Paris. C’est alors qu’on eut l’idée d’aller chercher des femmes ailleurs puisque celles-ci ne venaient pas spontanément. On pensa alors à « la Salpérière » à Paris : ce site récupérait à l’époque orphelines, délinquantes et femmes de mauvaise vie. Celles-là,personne ne les réclamerait si on en expédiait à Bourbon.Elles feraient d’excellentes épouses pour nos colons et de toutesfaçons on ne leur demanderait pas leur avis… C’est de cette expédition que parvint Francoise CHATELAIN, la « grand mère des réunionnais » qui se maria 4 fois du lieutenant de marine Jacques Lelievre à Augustin Panon, charpentier de

 

 et Pourquoi pas à GOA, en Inde ?

 

De nombreux bateaux venant d’Europe faisaient escale à la Réunion avant de rejoindre l’Inde. Et si on essayait de ramener de ce pays, en particulier de la côte Malabar du côté de Goa, de jeunes indo-portugaises ? Ce fut fait en Novembre 1678, avec l’arrivée du « Rossignol » en provenance de Surate : ces 15 indo-portugaises trouveront très vite un mari à Bourbon.
Pour être tout à fait juste, quelques années auparavant, en Novembre 1672,le bateau « Jules »en provenance des Indes avait déjà déposé une quinzaine d’indiens noirs faits prisonniers de guerre au siège de San Thomé. Ils avaient été envoyés sur l’île par l’amiral Blanquet de La Haye, alors vice-roi des Indes. En 1686, il en survivra 12.
Sur les 35 femmes introduites à Bourbon, on relevait en 1678 :
8 francaises, 13 malgaches et 14 indiennes
C’est un certain Texeira da Motta, né de père portugais et de mère indienne qui ramena de l’Inde ces 14 filles de mères indiennes, elles aussi pour les unir à des colons francais.
En 1686, on dénombrait sur l’île :


- 12 familles de francais mariés à des portugaises des indes soit 58 personnes, enfants compris
- 1 famille de vénitien et de métisse franco-portugaise née dans l’île, soit 3 personnes
- 1 famille de portugais des Indes et de métisse franco-malgache née dans l’île, soit 2 personnes
-12 célibataires indiens
Soit une population de 61 indiens sur 216 habitants, environ 1/4 de la population.
Le premier esclave indien
Alors que les 14 femmes indiennes jouissaient de la liberté et que les 15 premiers indiens étaient considérés comme des déportés, on peut dire que le premier esclave indien importé nous est arrivé en 1687. Le « très révérend père Dominique de la Conception » , moine portugais vendit un jeune indien de 12 ans à Gaspard Cautret. Ce fut le premier esclave indien de Bourbon.

une figure emblématique : Emmanuel Texeira da Motta
Une des figures marquantes fut Emmanuel TEXEIRA qui arrivé lui aussi sur le » Rossignol » en 1678, obtint une concession à St Paul en1690 : toutes les terres de la possession, dela Ravine à Marquet jusqu’à Dos D’Ane lui appartenaient. Marié à une indienne, il quitta Bourbon en 1707 pour Pondichery sur le « Saint Louis » après qu’un complot de noirs contre sa famille ait été éventé. Il en revint avant 1709 alors que sa femme était Anne Nativel, dont il aura 16 enfants. Sur sa concession, il tenait une sorte d’auberge où s’arrètaient les gens qui débarquaient de St Denis en chaloupe et continuaient leur route à pied jusqu’à St Paul.. Il mourut en 1758, à l’age canonique de 92 ans.
Il disposait de grands troupeaux, élevés en liberté, et allait à la chasse au boeuf à cheval. Ne pouvant les approcher facilement, il les abattait au fusil. Avec une corde passée autour des reins de l’animal d’un côté et au pommeau de sa selle de l’autre, il tirait le boeuf mort jusqu’à chez lui. Avec le temps, le sentier emprunté par Emmanuel Techer fut dénommé » chemin boeuf mort »
Shiva
article issu du site http://indeenfrance.com/reunion.php
photos extraites de l’excellent ouvrage : » 21 jours d’histoire » de Daniel Vaxelaire aux Editions Azalées

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Françoise CHATELAIN, grand-mère des Réunionnais

Francoise CHATELAIN, la grand mère des REUNIONNAIS

Une île déserte …

 

Il était une fois une île déserte ou presque. Il y avait bien quelques animaux endémiques -tortues par ex-ou rapportés par l’homme au hasard de ses escales : cabris, cochons sauvages pour remplir son garde-manger lors de ses transits à destination de l’Inde ou de l’Indonésie… mais pour l’essentiel que des marins de passage faisant escale ici pour se ré-approvisionner en eau potable, viande fraiche et pour reposer les hommes. Pensez donc 3 à 6 mois de mer, le scorbut, les pirates…et surtout pas de femmes.

Pour commencer…des prisonniers

On s’était bien débarrassé de quelques mutins qui s’étaient révoltés contre le gouverneur de Fort Dauphin (Madagascar). Imaginez vous : « Il avait eu le toupet d’utiliser l’argent de la colonie pour entretenir sa belle famille malgache et nous n’avions droit qu’à des miettes… « Ces hommes, on les avait déposé à « Quartier Français » près de ST ANDRE. Ils y ont vécu nus 3 ans-la Réunion une prison dorée ? -avant qu’on les récupère en pleine forme.. Et comme ça s’était bien passé on avait renouvellé ça du côté de l’étang saint paul avec un autre groupe « d’enquiquineurs ».

Puis 2 aventuriers et leurs domestiques…

 

Quelques années après, 2 francais volontaires accompagnés d’une dizaine de domestiques malgaches…et déjà une histoire de femmes à peine l’ile occupée.

C’est qu’avec Louis PAYEN et son ami Pierre PAU, il y avait une douzaine de domestiques mais seulement 2 femmes pour tout ce petit monde. Et ces français qui avaient le toupet de s’approprier les femmes pour eux seuls… Ce n’était pas tenable : après avoir hésité à les tuer mais par peur de représailles, les domestiques ont préféré « partir marron » avec les femmes évidemment…

C’était quand même une île sympa. Certes elle avait servie de prison à une époque révolue mais c’était quand même un vrai petit paradis : pas d’animaux dangereux, le soleil et la mer toute l’année…que rêver de plus ?

On y installe alors la colonie…

Alors on se décide à y installer une colonie en 1665 avec un gouverneur, Etienne REGNAULT et un prêtre pour superviser les premiers colons. Mais là encore : erreur fatale : aucune femme dans le 1er contingent…alors les hommes s’ennuyaient et repartaient avec les bateaux en transit. Celà risquait de faire échouer cette colonisation pleine de promesses. Il fallait -et vite- arrêter l’hémorragie.

Vite, des femmes !

Faire venir des femmes ici : pensez donc plusieurs mois de bateau, les maladies…il aurait fallu être folle pour se lancer dans pareille aventure et aucune femme n’était tentée. Et puis qu’allions nous trouver dans cette île ? une meute de vieux matous affamés… Enfin une idée géniale : aller en chercher à l’hopital parisien de « La Salpétrière »: celles-là, orphelines, délinquantes ou prostituées n’auraient pas le choix et seraient bien obligées de venir. Ce seront de parfaites compagnes pour nos colons…

l’expédition de Françoise CHATELAIN…

C’est ainsi qu’une vingtaine de femmes-dont Françoise CHATELAIN – furent emmenées d’autorité à Nantes, contournèrent l’Afrique après y avoir fait de multiples escales avant de se retrouver face à la Réunion. Au hasard des escales de nombreux officiers avaient « négocié » les plus belles, d’autres étaient mortes de diverses maladies..tant et si bien qu’à Fort Dauphin-dernière escale avant la Réunion- il n’en restait plus que 2.

Catastrophe ! qu’allaient dire les colons ? Alors le capitaine pour éviter de se faire lyncher avait-il négocié avec les amoureux de ces 2 dernières son accord de les laisser se marier contre la venue indispensable des deux derniers couples à la Réunion.

Imaginez donc la tête des colons qui attendaient joyeusement une vingtaine de femmes libres quand ils virent les 2 dernières- mariées de surcroit. Heureusement que la grande différence d’âge pouvait laisser espérer des remariages avec nos pauvres colons célibataires. C’est ainsi qu’Augustin PANON, charpentier de marine, travailleur et cossu pu épouser quelques années après la très convoitée Françoise CHATELAIN, que l’on peut considérer comme la grand mère des réunionnais.

P.L

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