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Les sacrifices d’animaux : pour ou contre ?
TRIBUNE LIBRE : « LES SACRIFICES D’ANIMAUX » : Pour ou Contre ?
A l’heure où la Préfecture de la Réunion a émis un arrêté préfectoral sur les sacrifices d’animaux (Nov 2007), Nous avons laissé la parole aux principaux intéressés : les présidents et officiants des temples pour leur demander leur position :s ou bactérie résisterait à cette chaleur. »
-Mr Adrien PONAPIN, officiant : « Ce retour du sang à la terre est le fondement de notre bien-être, la protection divine sur notre ile. On ne brise pas une chaîne aussi brutalement, les conséquences pourraient être néfastes…
- Mr Jean Yves TEVANEE, officiant : »Les sacrifices d’animaux constituent un héritage ancestral depuis plus de 100 ans.
Par cette pratique on témoigne de notre respect des ancêtres. Le sacrifice animal peut s’interprêter comme la meilleure offrande que l’on peut faire aux Dieux. Comment concevoir par ailleurs la venue de vétérinaires devant un temple ? Les cérémonies de purification neserviront dans ce cas plus à rien. Il n ‘ y aurait plus aucun respect pour Dieu..Par ailleurs, payer un vétérinaire et prévoir un transport spécial risque de surenchérir le coût des cérémonies.
-Hubert SOUPRAYEN, président :« Le repas béni est servi ici à des milliers de gens. Il n’ y a jamais eu de maladies. Bien au contraire notre déesse a sauvé beaucoup de fidèles de leurs problèmes de santé.
-Mr Emmanuel AMOUNY, officiant : » En coupant un cabri, un coq, on nourrit la terre nourricière pour que celle-ci protège nos biens et on témoigne par la même occasion de notre reconnaissance pour la mère divine « Mâ Kâli ». Par ailleurs la viande cuite et le massalé n’ont jamais causé aucune maladie à quiconque.D »ailleurs, il est inconcevable que des vétérinaires pénètrent dans la cour d’un temple pour contrôler les animaux et la viande sacrés. Il est aussi aberrant de déclarer « les coupeurs de cabris » puisqu’il ne s’agit pas d’un métier. »
-Mr Richard VELLETCHI : » Dans notre coutume, les sacrifices doivent se faire à l’air libre, en face de la divinité et le sang doit obligatoirement retourner à la terre dans un trou dit « kabarlon ».Après le sacrifice, la viande doit rester aussi propre que possible car une fois cuite, elle est à nouveau offerte
aux divinités.Si cette viande venait à être manipulée par un vétérinaire, elle deviendrait alors impure. »
-Mr Kichenin SADEYEN: » « Le temple n’est ni un abattoir ni un restaurant.C’est un lieu de culte t d’offrande aux divinités.. La tradition du sacrifice existe depuis la nuit des temps et dans toutes les religions.Avant la civilisation, on sacrifiait des êtres humains.Avec l’évolution,on sacrifie des animaux, et nous les tamouls, des coqs et des cabris.Kali, l’énergie habite dans le coeur de tout humain et de tout animal.
La destruction entraine la reconstruction. Je me construis en « détruisant le cabri ».La France a le devoir de respecter l’identité culturelle des uns et des autres et ainsi la diversité »
- Mr Vel MOUNIGAN,officiant et président : »Les Hindous ont une relation sacrée avec la terre de cette île car nos ancêtres l’ont mis en valeur à la sueur de leur front et au péril de leur vie »
-Mr Daniel SINGAINY,officiant et président : »Nous sommes très concernés par l’hygiène qui fait partie intégrante de notre pratique religieuse.Nous nous baignons, et déchaussons avant d’entrer dans les chapelles. Les carêmes sont là pour nous purifier, alors l’hygiène on la connait et on a pas de leçons à recevoir »
-Mr BABALATCHOUMY, officiant : Moi, je me base sur les livres sacrés : j’ai en ma possession un vieux livre imprimé il y a plus de 150 ans, le Sri Kandam, extrait du Mahabharata. Un cheval est sacrifié en l’honneur de la déesse Kâli. Je dois rester fidèle aux enseignements de ces textes.Je comprends les préocccupations d’hygiène de la Préfecture mais dans nos chapelles, la viande est portée à une telle température que de l’avis même d’un ami vétérinaire,qu’aucun viru
Tous ces officiants et présidents de temple se révèlent favorables à préserver cette tradition millénaire et nous apportent leurs
positions. Il est vrai que selon l’Hindouisme et l’enseignement des
Maîtres, il serait plus grave de renier et donc de rompre un engagement contracté avec Dieu que de sacrifier un animal dont c’est la vocation de mourir de cette façon pour être partagé.
Toutefois, dans une démarche spirituelle monastique et ascétique accomplie d’union avec le Divin, L’Hindou, proche de »Moksa », la « libération » devient végétalien car il se refuse à quelque violence que ce soit à l’égard de quiconque : homme ou animal, ce qu’on appelle : ahimsa, »la non-violence », qui avec la Vérité « Sathia » et le Contrôle de Soi »Brahmacharia » constituent les 3 piliers de l’Hindouisme.
Les interviews sont issues de la revue SANGAM N°25 de Décembre 2007 avc l’aimable autorisation du Dr CHANEMOUGAME
Vous avez une opinion précise avec des arguments POUR ou CONTRE non exprimés ci-dessus ? Ne manquez pas alors de répondre à cet article en développant vos arguments de façon respectueuse.
SHIVA site internet
L’Europe Islamisée ?
L’Europe Islamisée ? : l’opinion d’un essayiste indien.
Selon certains journalistes et intellectuels américains et européens, l’Europe serait en voie d’islamisation. Pankaj Mishra, un essayiste et romancier musulman de l’Inde relativise ce propos.
La position de ces journalistes.
Ainsi, Christopher Caldwell, journaliste américain affirme : « les musulmans sont en train de conquérir les villes européennes rue après rue … » Lire la suite de cette entrée »
Les naufragés du « Ker Anna »
C’était le 8 Décembre 1894, en rade de ST DENIS… On était alors en période cyclonique et le « ker Anna », solide trois mât nantais, avait mis l’ancre dans cette baie, au demeurant fort mal protégée.
La houle levée par le vent tend à rabattre les navires sur la côte. En cas de tempête, il ne leur reste que 2 solutions : soit décider de rester sur place en priant le ciel que les ancres tiennent, soit tenter de fuir on ne sait où… Lire la suite de cette entrée »
l’arrivée des engagés indiens sur la Réunion
L’ARRIVEE DES ENGAGES
INDIENS
L’ARRIVEE DES ENGAGES INDIENS sur l’île de la REUNION entre 1829 et 1882
On évalue généralement à 20000 victimes indiennes de l’esclavage qui a sévi d’environ 1700 à 1848 sur notre île, soit 5 à 20% selon les époques de notre population servile.Dénommés « pièces d’Inde », ils ne possédaient rien, n’avaient pas de nom ni d’identité – appelés seulement par un surnom ou un prénom- et étaient considérés comme des marchandises que l’on pouvait acheter, vendre, léguer à volonté.
Après l’abolition de l’Esclavage en 1848, les colons eurent recours à l’Engagisme, qui consistait à recruter sur contrat de 5 ans des personnes susceptibles de remplacer les esclaves dans les champs de canne et les usines sucrières. Pour se faire, on envoya des « mestrys » chargés de recruter des « engagés » à Madagascar d’abord,mais aussi en Asie (Chine, Indonésie), en Afrique(Angola, Mozambique, Gorée) et en Inde du SUD (Tamil Nadu)
Le recrutement
Principalement recrutés au Tamil Nadu (Pondichery, Yanaon, Madras..) et secondairement au Bengale (Calcutta), nos engagés faisaient partie des plus pauvres : basses castes (Shudras) et intouchables. Abusés sur leurs conditions ultérieures de vie par les »mestrys », entassés à près de 300 à 500 par bateau dans des espaces clos et mal ventilés sur l’entrepont des navires, victimes d’un manque d’hygiène flagrant voire de violences dès leur embarquement…beaucoup mouraient durant la traversée d’un mois environ ou contractaient de graves maladies à bord (scorbut,diarrhées etc..) en raison de ce confinement et du manque d’hygiène à bord.On embauchait quelques coolies volontaires pour la cuisine à bord : riz/dal/poisson séché ou salé composaient le menu quotidien + 3 litres d’eau/personne sur 2 repas.
L’arrivée et la quarantaine à »la grande chaloupe »
C’est exténués et le plus souvent malades (oreillons, gale, diarrhées, coliques et bronchites fréquentes…) qu’ils arrivaient en vue des côtes réunionnaises, d’où le désir des services sanitaires de la colonie de les cantonner quelque temps dans un lieu de quarantaine : le lieu-dit de « la grande chaloupe » situé à flanc de falaise, entre les 2 principales villes de l’île : St Denis et St Paul.
Généralement le médecin-chef de la colonie montait à bord pour mesurer l’étendue du désastre au plan sanitaire. Si les « lazarets »
ces lieux de quarantaine étaient déjà bondés, c’était au large, en rade sur le bateau que devaient séjourner nos engagés.
2/3 des engagés (72% d’hommes) étaient recrutés pour l’agriculture, 1/5e pour la domesticité (jardiniers, cochers…) Quelques rares femmes (16%) comme cuisinières ou gouvernantes pour s’occuper des enfants des colons.
Depuis 1827, on débarquait les engagés sur le lazaret de « la ravine à Jacques » mais celui-ci devenu trop petit et quelque peu délabré, ceux de la grande chaloupe prirent le relais.
L’organisation des « lazarets »
Il y a en fait 2 lazarets-composés chacun de 2 bâtiments parallèles.Aujourd’hui,il ne subsiste qu’un seul bâtiment sur 4,
actuellement rénové, les autres étant laissés à l’abandon …
4 personnes devaient superviser les lieux :le capitaine du lazaret,
l’infirmier, l’agent comptable et un gardien.
L’eau est amenée par un aqueduc,une fontaine et 2 bassins par les coolies chargés de la corvée d’eau. Une autre équipe était chargée d’amener le bois pour faire cuire le manger et…fabriquer les cercueils (un petit cimetière jouxtait l’infirmerie). Une troisième équipe était chargée de l’entretien des lieux (dortoirs, cours, latrines et la quatrième d’apporter -de St Denis- et de préparer la nourriture.Quelques « commandeurs mestrys » étaient chargés de la discipline et de la surveillance.
La nourriture était principalement composée de 800g de riz/jour/immigrant de 125g de morue salée ou séchée et de 250g de légumes. Parfois un peu de piment, de safran et de tamarin secs comme assaisonnement.Elle était préparée par les indiens dans de grandes marmites.
Au niveau couchage,on séparait les hommes des femmes.Une natte en jonc et une couverture de laine étaient distribués-et brulés en cas d’épidémie-. Les dortoirs étaient éclairés la nuit par des lampes fonctionnant à l’huile de coco…mais celle-ci était très prisée des femmes qui « l’empruntaient » souvent pour s’oindre le corps et graisser leurs cheveux.
Le médecin chef avait un petit appartement près de l’infirmerie-en réfection actuellement- et veillait comme l’infirmier à l’hygiène (ablutions, lavage linge, nettoyage des communs). On restait de 10 à 30 jours en ces lieux de quarantaine avant d’être transférés au Jardin de la Morinière et au Jardin de Floris où les colons venaient les recruter.Ainsi les familles devaient-avec bagages et enfants- faire 8H de marche à pied pour se rendre en ces lieux.
Un engagement de 5 ans s’en suivait ainsi qu’une rémunération de 10 à 12F/Mois
Quelqus photos d’engagés
Les engagés qui ne trouvaient pas preneurs-car malades ou trop agés-(Hommes de plus de 36 ans et femmes de plus de 30 ans) étaient « rebutés », renvoyés en Inde(20 à 25% aux frais des introducteurs) ou « bradés » par lots de 5 à 10 personnes.
Le contrat d’engagement -généralement de 5 ans- comportait très logiquement des droits et des devoirs : 26 jours de travail/mois,
messe quasi obligatoire tous les dimanches…
7/10e du convoi partait pour les sucriers, 2/10e pour les planteurs et industriels et le reste en domesticité.
La nourriture d’un engagé se composait de 200g de morue ou de poisson séché, de 200g de viande fraiche ou salée et de 85 cl de riz.Comme vêtements,on leur délivrait 2 chemises, 2 pantalons et 1 mouchoir de tête. Les femmes disposaient de 2 robes et de 4 mouchoirs de tête. Ils bénéficiaient en principe de l’aide médicale gratuite et des frais de rapatriement en fin de contrat mais pouvaient être cédés à un autre engagiste.
Si la durée quotidienne de travail était en principe de 12H (moins 2H 30 de repas) , c’était bien souvent des journées de 15 ou 16H que nos engagés devaient endurer.
A l’époque, pour parler de ces hommes, on parlait entre colons de cargaison, de lots et de rebuts.Ils n’étaient en fait pas beaucoup mieux considérés que les esclaves de la période antérieure…et traités comme des marchandises que l’on peut à volonté vendre ou acheter..
L’Engagisme a concerné environ 65000 personnes dont 38 000 indiens et 27 000 africains.L’affranchi de la période précédente ne voulait en effet plus entendre parler du travail de la terre…
La mise en quarantaine fut considérée comme « un mal nécessaire » puisqu’on a tout de même noté durant cette période plusieurs graves épidémies au sein de la colonie : variole (1852), choléra (1859),paludisme et typhus(1864/68)…
SHIVA
article issu du site http://indeenfrance.com/reunion.php avec leur autorisation
la marche sur le feu : une tradition millénaire
LA MARCHE SUR LE FEU : une tradition millénaire …
Un des grands moments de communion de la communauté hindoue réunionnaise est certainement la cérémonie de la « marche sur le feu » ou fête Pandyalé.Cette tradition villageoise et populaire date en effet de plusieurs milliers d’années et a été importée à la Réunion par nos engagés indiens au XIXe siècle.
En effet, les pénitents rattachés à un temple associatif, peuvent décider entre autre « promes » de marcher une ou plusieurs fois sur le feu dans leur vie. soit qu’ils veuillent le faire annuellement pour se purifier, soit qu’ils demandent une faveur importante au Divin, soit qu’ils veuillent le remercier d’une grâce accordée.
Après 3 jours de carême pour s’approcher de l’enceinte sacrée, ils devront se purifier symboliquement par les 4 éléments nécessaires à la vie : l’eau, la terre, l’air et …le feu, tout en respectant un carême strict : végétalisme et absence de relations sexuelles durant 21 jours.
Rituels,offrandes, prières, processions, scènes de théâtre durant lesquels ils mimeront les épopées sacrées ponctueront ces 3 semaine avant d’entamer le 21e jour : celui de la purification par le feu.
Le « carré d’feu« symbolise la terre. Il sera purifié avant l’arrivée des marcheurs. Des offrandes seront faites aux 4 points cardinaux et des pétales de fleurs multicolores généralement disséminées près de l’aire sacrée (un carré long de 6m par 3)
Les femmes vont ensuite répandre du lait dans la « fosse de lait » pour purifier les marcheurs…
» alt= »les femmes versent le lait dans la fosse d’lait » title= »les femmes versent le lait dans la fosse d’lait » />
Vers 18H, les marcheurs en provenance de la mer ou d’un cours d’eau
purificateur, arriveront en procession après que les maisons et familles du parcours aient été bénies par le prêtre. En traversant
les braises brûlantes, sans se brûler, ils montreront qu’ils ont bien fait le carême et qu’ils méritent dès lors la bénédiction divine ainsi que la satisfaction de leur voeu le plus cher : guérir d’une grave maladie, reconstituer un couple défaillant, retrouver un travail si ardemment recherché…
Certaines femmes volontaires font ensuite le tour du « carré d’feu » debout ou allongées sur le ventre…ce sera leur promesse :
SHIVA
article issu du site http://indeenfrance.com/reunion
NB : A la Réunion, Patrice LOUAISEL, pratiquant de l’Hindouisme depuis de nombreuses années et marié à une hindoue, accompagne les personnes désireuses de comprendre symboliquement et philosophiquement cette très belle cérémonie tamoule.(voir « sorties culturelles »)
le maloya : tradition réunionnaise d’origine africaine
LE MALOYA : une tradition d’origine africaine
Chacun sait que dans son désir de développer la colonie, l’Ile de la Réunion a fait venir de nombreux esclaves- puis des engagés- pour les remplacer dans les champs de café puis de canne à sucre. Ceux ci devaient travailler près de 12H/jour mais pouvaient heureusement se retrouver dans un coin de l’exploitation la nuit, dans le « camp des noirs ». Là, il leur fallait « évacuer » le tensions générées par les multiples brimades et contrariétés, vécues tout au long de ces dures journées de labeur. Et c’est tout naturellement à travers la musique et la danse qu’ils le firent…
Gramoune LELE, un « grand » du maloya
Un peu d’histoire
Historiquement pratiqué durant l’esclavage- il aurait été dansé de force pour « faire de l’exercice » sur les ponts des bateaux esclavagistes interdit durant l’engagisme, pratiqué par les gens les plus simples et les plus défavorisés montré du doigt ensuite, (fin XIXe/début XXe siècle) le maloya renaît après 1970 avec Gramoune LELE, le roi KAF, Firmin VIRY, Patrick PERSEE, Daniel WARO, ZISKAKAN, BASTER, TI FOCK, CIMENDEF… Il va devenir un symbole fort: celui de l’identité réunionnaise, celui de tous les opprimés.
Des gars de ZANZIBAR le chantaient et le dansaient toute la nuit avant d’enterrer leurs morts. (Service Kabaré)
Aujourd’hui encore quelques familles malgaches organisent du côté de Rivière St Louis et de Paniandy un « servis malgas » : cérémonie funéraire faite en l’honneur de leurs ancêtres. Des offrandes sont déposées sur un autel
ou sur des feuilles de banane consacrées puis consommées.
Le maloya est alors joué toute la nuit.
On partage aussi un repas communautaire.
Le chant du MALOYA
Alors le maloya : chant ou danse ? en fait les 2, chant et danse ne devraient jamais être dissociés. Le chanteur lance des invectives, donne des instructions aux danseurs pour les encourager et orchestrer la danse.
Souffrance, haine, joie… C’est à la fois un chant d’espoir et de douleur. Interprèté par les colons comme « une preuve que les esclaves étaient heureux puisqu’ils chantaient »,le maloya évoque la mélancoliela lascivité, le chagrin de la patrie perdue. On chante donc le pays des ancêtres, les traditions perdues, on rend hommage aux morts et on dialogue avec les esprits…
Les thèmes abordés peuvent aussi concerner l’amour, la misère, la reconnaissance, le travail, des revendications… et de façon générale la joie, la peine, la douleur, le bonheur d’être ensemble..
Dans le maloya chanté, un soliste va lancer une phrase par exemple : « A semin granboi ca le long ». Les autres chanteurs vont répondre en chœur « A tipa tipa narivé » Cela s’apparente aux chansons françaises de cabaret du XIXe siècle.
LES INSTRUMENTS « MODERNES » DU MALOYA
Aux origines, les esclaves utilisaient des objets de récupération : caisses en bois, tonneaux, vieux bidons métalliques, boites de conserves vides… Puis les instruments devirent plus sophistiqués ; Il s’agit de :
1)le kayamb : instrument plat fabriqué à partir de tiges de fleurs de canne à sucre clouées sur un cadre de bois léger. remplies de graines sphériques très dures de safran sauvage
2)le rouleur : gros baril monté à partir d’une barrique sur laquelle on tend une peau de bœuf (origine Afrique de l’Ouest)
3) le bobre : corde végétale tendue sur un arc et doté d’une calebasse pour servir de caisse de résonance. Il est frappé par une tige, appelée Kouti ( origine :Madagascar, Afrique de l’Est, Inde du Sud)
4) le DJEMBE : petit tambour en forme de vase creusé& dans du bois dur et sonore, recouvert d’une peau de chèvre ou de gazelle tendue par des cordes très solides
5) le PIKER : 2 entre-noeuds de gros bambou de 10 cm de diamètre. Longueur 80 c. Son très aigu. Frappé à l’aide de 2 baguettes très dures.
Ces instruments se voient souvent complétés par un triangle.
Le chanteur invective les danseurs et les encourage. Proche de la transe ce rythme accéléré permettait de libérer les esprits et les corps jusqu’à l’aube.
Une danse de séduction ?
Ils forment au départ un cercle dans lequel ils entrent progressivement. Le cercle s’organise autour ou face aux instruments. Avant cela se passait autour d’un feu…
Les danseurs se relayent au centre du cercle, ne se touchent jamais : il s’agit en fait d’une sorte de parade amoureuse, d’une danse de séduction. Les positions sont lascives, souvent à caractère érotique. Chez l’homme il s’agit surtout d’un piètinement permettant le roulement du bassin et des hanches, le danseur tournant sur lui même. Les femmes portent des robes longues qu’elles remontent jusqu’ aux genoux…Elles peuvent se mettre à genoux invitant le danseur à se pencher au dessus d’elles… Il n’ y a pas de figures imposées.
Le Séga, lui était dansé dans les salons huppés de la colonie.
Ami internaute : vous faîtes partie d’un groupe de maloya ? nous aimerions des photos de vos instruments et pourquoi pas une interview sur votre groupe ? Contactez nous sur « laissez un commentaire »
P.L
Les cars courant d’air : il y a 50 ans déjà…
C’est dans les années 1920 – et pour 40 ans – qu’apparut le premier « car courant d’air » avec Emile CARPIN MARIMOUTOU.
Il ne proposait que 12 places, alors on s’entassait sur les marche-pieds, voire sur le toit avec provisions et animaux ou cheveux au vent, agrippés aux banquettes.
Avec le temps, ils vont s’agrandir et accueillir de 25 à 40 personnes et foncer jusqu’à 100 kms/h… Lire la suite de cette entrée »
Les castes : système social des hindous
LES CASTES : système social des hindous
Si nous n’avons pas « importé » le système des castes à la Réunion, c’est d’abord parce que les colons ont été chercher en Inde pour la culture du café puis de la canne à sucre, des travailleurs agricoles et des artisans: les « shudras » mais aussi des « intouchables »
par conséquent des « basses castes » et des « hors-castes ». Inutile de dire qu’ils n’ont pas chercher à reproduire ce qui devient aujourd’hui par la faute des hommes un facteur de domination, mais qui était aux origines tout à fait cohérent.
LES CASTES :système social des hindous
L’institution que nous appelons « castes » s’appelle pour les hindous « varna ashrama ». Varna veut dire couleur et ashrama est un lieu de refuge, de paix et d’harmonie. Le système a donc à l’origine pour but de réunir harmonieusement les différentes races. Dès l’origine , ce système a été envisagé comme l’expression et la codification des réalités sociales et ethniques inhérentes à notre société. Les législateurs hindous ont considéré qu’il ne pouvait exister de société évoluée qui ne reconnaisse pas certains faits tels que l’organisation professionnelle et les rapports entre les diverses fonctions nécessaires à l’équilibre économique,
Politique et social d’un Etat ainsi que les problèmes que posent les divers degrés de développement des races et des individus, leurs diverses aptitudes et les problèmes posés par leur mélange.
pouquoi une division en castes ?
La division de la société en castes est basée sur 3 éléments principaux qui se retrouvent inévitablement dans toutes les sociétés : un élément racial, un élément professionnel et un élément de morale sociale. Les aptitudes particulières des diverses races, les professions qui en permettent la meilleure utilisation et les codes de conventions ou morale sociale forment les éléments de base de toute société. Même la société moderne occidentale est –comme toutes les sociétés – formée de castes. Ainsi parlons-nous des revendications de « la classe ouvrière » qui réclame à juste titre des avantages économiques ou culturels, des ouvriers qualifiés qui ne désirent pas changer de métier pour devenir instituteurs, prêtres ou soldats… Ils sont fiers de leurs capacités techniques dans des domaines dans lesquels d’autres classes sociales ne sont que des maladroits incompétents. Les problèmes de la société occidentale viennent de ce que tout en proclamant une égalité des hommes, elle est totalement hiérarchisée du point de vue des professions.
Chaque groupe professionnel a des affinités plus grandes et des contacts plus profonds et constants avec les membres de son groupe, de sa caste où qu’ils se trouvent, plutôt qu’avec d’autres groupes. Toutefois un autre élément de la caste intervient ici c’est l’élément racial : en effet, même dans le groupe professionnel le plus étroit une barrière s’établit entre les éléments ethniques divergents, car ils ont des habitudes, une manière de pensée et d’agir, une morale différente…
le but ? établir des règles de co-existence
Les lois occidentales, sous prétexte d’égalitarisme, ne permettent pas à divers groupes de coopérer tout en ayant des habitudes, une morale, une vie sociale différente. Qu’il s’agisse de musulmans, de noirs, ou de pygmées, nous ne leur accordons une relative égalité que s’ils se conforment à nos habitudes, perdent la plus grande partie de leurs caractéristiques sociales, nationales, religieuses, en fait abandonnent leur personnalité et leur identité. Pour faire face à tous ces problèmes, les législateurs hindous se sont efforcés d’établir des règles de co-existence qui aboutirent au système des castes, encore aujourd’hui solidement établi en Inde.
Il s’agissait en effet, dans un pays où se trouvaient côte à côte des populations d’origine et d’aptitudes très diverses depuis les hommes des forêts jusqu’aux subtils artisans ou aux fiers guerriers aryens de trouver une place équitable pour tous, de permettre à chacun de continuer son mode de vie ancestral, d’être gouverné selon les lois qui lui conviennent, d’avoir la forme de vie sociale, religieuse, intellectuelle, morale qui lui convient sans que e reste de la société n’en soit affecté. Il s’agissait en fait de reconnaître à chaque groupe et à chaque individu son droit à la différence, seul critère valable de la liberté.
Les 4 différentes castes
Selon les Hindous, toute société est divisée en 4 groupes correspondant à 4 fonctions essentielles sans lesquelles aucune civilisation ne saurait exister. Chaque fois qu’au cours de l’Histoire, on a essayé d’altérer ou de supprimer cette division fondamentale, on l’a vu réaparaitre sous une autre forme car elle est inhérente à la nature de l’homme… ainsi distinguent-ils :
- une autorité spirituelle et intellectuelle représentée par la caste des prêtres lettrés, les brahmanes
- un pouvoir exécutif ou royal de nature morale et militaire, représentée par l’aristocratie et les guerriers, les Kshatrias
- une classe commerçante et financière, bourgeoise et financière représentée surtout par les agriculteurs et commerçants, les Vaishyas
- une classe ouvrière et artisanale appelée Shudra
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A l’intérieur de chacune des castes se reforment suivant les aptitudes de chacun des sous-castes correspondant à des groupes corporatifs, raciaux, religieux, professionnels. De plus, dans chaque groupe, il y a place à des différences individuelles : il y a des shudras-intellectuels comme des brahmanes ouvriers. Dans ce cas, ces derniers peuvent très bien exercer un métier artisanal, tel que cuisinier. La caste correspond donc surtout à une fonction
Plus une société est évoluée et avancée, plus la spécialisation des individus apparaît nécessaire. Dans toutes les professions nécessitant un entraînement spécialisé, il faut bien souvent commencer l’éducation de bonne heure ce qui permettra à cet enfant une meilleure adaptation socio-professionnelle. Sans même parler de l’influence de l’hérédité sur les futures compétences de chacun… La profession familiale est souvent le meilleur des cadres…
La caste-chez les hindous- est une entité à la fois raciale, familiale, religieuse et professionnelle. Il y a en général, un système d’éducation différent, d’alimentation différent (végétarien ou non), une morale différente. Chaque race présente t’elle des capacités spécifiques qu’il suffit de distinguer et d’utiliser. Ainsi les Abhiras, appelés aujourd’hui ahirs, forment ils la caste des éleveurs de bétail et des laitiers. Robustes et érotiques, ils jouent un rôle essentiel dans la société : ils ont conservé des institutions, des coutumes, une musique sans aucun rapport avec les autres groupes ethniques. Ils forment une caste artisanale de shudras, mais ils sont fiers de leur origines, de leur profession et pour rien au monde ils ne voudraient prendre d’autres métiers ou se mélanger à d’autres castes.
Certains pourraient voir une injustice à ce que l’on puisse de naissance être destiné à une profession. A cette remarque, on pourrait répondre que toutes les professions sont indispensable et qu’une profession en vaut bien une autre. Quelque soit le mode de sélection, le résultat sera toujours une différenciation voire une inégalité entre les groupes professionnels. Le problème réel consiste à rendre toutes les professions honorables plutôt qu’à ouvrir à tous les individus certaines professions considérées comme plus respectables que d’autres. D’ailleurs, même dans les sociétés occidentales, il n’est pas rare qu’un fils adopte la profession familiale avec un certain succès. Notons toutefois, qu’il y a possibilité -dans la société hindoue -pour un individu ayant des dons particuliers de sortir de sa caste qu’à condition que ce soit à titre de valeur personnelle et non pour socialement en tirer des avantages matériels. Ainsi, quiconque pourra prendre la robe monastique de sannyasi, (dont le devoir sera d’enseigner la morale et la philosophie) ou encore s’adonner à l’étude des sciences, lettre et arts. Plusieurs des grand poëtes et mystiques de l’Inde, artistes ou musiciens ont appartenu aux castes artisanales et n’en ont pas moins vu des rois se prosterner à leurs pieds.
D’ailleurs dans nos sociétés occidentales, sommes nous véritablement égaux face à la possibilité de suivre des études et d’acquérir un métier valorisant ? en fait, cette prétendue « liberté de choix » ne nous permet-elle pas d’attribuer à la malchance ou au hasard les plus criantes injustices sociales et de nous libérer ainsi du devoir d’y remédier ?. Sous le prétexte que des gens mal payés n’ont qu’à se trouver un autre métier nous ne nous sentons pas obligés de faire face aux revendications et aux problèmes d’un groupe social ou ethnique à moins qu’il ne soit assez puissant pour pouvoir au moyen de grèves déranger notre confort.
Eviter qu’un groupe n’outre-passe ses droits
Pour les Hindous, cette division en 4 castes permet qu’aucune d’entre elles ne puisse outrepasser ses droits voire exercer un pouvoir tyrannique au détriment des autres… Aucun gouvernement qu’il soit aristocratique ou prolétarien ne peut être durable car il est basé sur la domination d’une caste qui pour rester au pouvoir, écrase bien souvent l’autre. Aucune domination aucune dictature qu’elle soit du prolétariat, de l’église, de la bourgeoisie ou de l’armée ne peut assurer aux autres groupes la liberté d’être différents des autres, d’avoir la religion, la morale, les coutumes, la civilisation qui lui convient, celles ci vivant de propagande, de lavage de cerveaux, d’oppression, de prison. Même dans les dictatures bourgeoises, ne voyons-nous pas des prisons pleines de gens modestes pour de menus larcins alors que de grands bourgeois pour des appropriations illégales sont encore traités avec considération et échappent grâce à leurs avocats à la peine qu’ils encourraient légalement. ?
RACE et RACISME :
Les Occidentaux prêchent l’égalité des hommes mais exigent en même temps que cette égalité se place sur le plan de leurs croyances, de leur mode de vie, de leurs habitudes, de leur vêtements, de leur alimentation, de leur hygiène ne peut aboutir qu’au génocide ou à une fausse assimilation qui finalement détruit la société qui l’engendre.
Présenter comme alternative à des pygmées de devenir banquiers ou avocats est une sinistre plaisanterie qui a permis de justifier l’annihilation d’une bonne partie des races humaines.. L’Inde demeure l’unique défenseur des peuples qui ne s’adaptent pas à l’exploitation industrielle du monde. Ainsi, les tsiganes, nomades, victimes du racisme en Europe n’ont-ils jamais connu de problèmes en Inde . De même pour les juifs de l’Inde qui forment une caste à part entière.
DEVOIRS ET PRIVILEGES
Dans le système hindou des castes, plus une classe d’individus a de privilèges, plus elle a de restrictions, de devoirs et de limitations. Le plus modeste artisan, fier de sa race, de sa profession de sa caste et de ses coutumes ne cherchera pas à imposer aux autres ses habitudes et ses manières de voir.
CASTE ET MARIAGE
Pour le législateur hindou le mariage est une institution sociale ayant pour but exclusif la propagation d’une espèce, la préservation des races, des castes et des communautés. Il fait une différence absolue entre les divertissements érotiques qui font partie du développement harmonieux de l’individu et le mariage qui a pour but unique la famille la continuation d’une espèce. Le mariage n’est donc pas une question d’amour mais le résultat d’un choix réfléchi tenant compte de l’hérédité, de l’équilibre et du bonheur des enfants.
Pour les hindous, le mariage d’amour, ou d’accident qui peut être interrompu par le divorce est une institution absurde et immorale, une sorte de prostitution légalisée qui ne correspond à rien sur le plan moral ou social.
Le divorce n’est en fait admis que pour les classes artisanales dont les lois sont différentes et où n’existe en pratique aucun interdit sexuel, ce qui fait partie de leurs privilèges. La polygamie fait aussi partie des privilèges de la caste des Ksathrias. Si les restrictions du mariage sont sévèrement observées par tous, les différentes castes peuvent vivre ensemble en bonne amitié, profiter les unes des autres sans danger pour leurs coutumes, traditions et progéniture. Dans l’Inde ancienne, la femme n’était jamais enfermée comme elle le fut après l’invasion musulmane et jusqu’à aujourd’hui. Chacun la respectait et le mariage hors caste était hors de question.
CASTE ET ALIMENTATION
Si une large majorité des hindous est carnivore, de nombreuses communautés observent de sévères restrictions. Ces différences représentent une théorie cohérente basée sur la nature des aliments qui permet d’accentuer dans l’individu les caractéristiques physiques et mentales qui le rendent plus aptes à l’emploi auxquels les devoirs de sa caste le préparent et en font un citoyen plus utile et efficace.
Toutefois, aucun système de restrictions alimentaire ne peut subsister sans l’interdiction de prendre ses repas les uns chez les autres.
CASTE ET CONQUETE
Pour les hindous, un conquérant ne doit jamais imposer sa langue, sa culture, ses mœurs, sa religion . Sinon, les conflits seront inévitables. Ainsi l’emploi de missionnaires à des fins d’assimilation des peuples soumis a partout eu des résultats désastreux…
LES HORS-CASTES
Il s’agit de 3 catégories d’individus :
marche de revendication « d’intouchables »
-les individus rejetés de leur caste pour cause de méconduite ( ex: mariage hors -caste, les plus nombreux), sortes de prisonniers en liberté.
-certains groupes étrangers ou tribus primitives non assimilées
-des individus ayant des professions considérées comme malpropres
-les étrangers
Si l’on doit éviter les contacts avec eux, le problème de l’intouchabilité a été présenté à contre sens : c’est en fait le brahmane, par ses obligations sacrées et de pureté rituelle qui ne doit toucher personne. Chacun s’écarte donc de lui pour ne pas l’obliger à des purifications constantes et pénibles impliquant parfois des jeunes prolongés.
Il ne semble exister aucune société sans ses parias et en Occident les préjugés de race, les persécutions et exclusions de minorités religieuses ou raciales (arabes en France, Turcs à Berlin…)°sont légion . Si la société hindoue exclut ses parias comme d’ailleurs toutes les autres castes de certains rapports sociaux, elle n’entreprend jamais de les persécuter, de les convertir, de les isoler de les priver de travail ou d’amusement. Il y a donc un total respect de la liberté individuelle
PROTECTION des RACES MOINS EVOLUEES
Dans le monde, de nombreuses races aux facultés d’adaptation moins aisées ont aujourd’hui disparues ou sont en voie de disparaître.: qu’il s’agisse des polynésiens, des aborigènes d’Australie, des indiens d’Amérique, de certaines races d’Afrique … Ceci aurait pu être évité avec un système de castes protégeant leurs coutumes, leur mode de vie, leur système social, leurs croyances…si on leur avait réservé des territoires, des professions au lieu de prétendre les assimiler dans une civilisation exigeant un degré de développement différent du leur ce qui signifiait leur extinction presque assurée.
Dans le monde hindou, il y a quantité de races, de civilisations, de systèmes religieux et sociaux, chaque individu ayant sa sphère d’activité. Pour les Hindous, seul un système de restrictions empêchant une race ou une caste d’empiéter sur les autres, d’emprunter ses rites religieux, ses coutumes, moeurs et systèmes de propriété peut permettre une co-existence pacifique et à chaque groupe de vivre côte à côte à des degrés de civilisation différents. On arrive ainsi à éviter les conflits entre groupes et nations rivales désireuses d’imposer leurs valeurs.
LES MORALES
Les lois hindoues, différentes selon les castes ne sont pas figées et ont évolué selon les époques à l’intérieur de chaque groupe. Nous admettons d’ailleurs qu’il ne peut exister de liberté individuelle sans restriction, qu’on ne peut laisser l’individu tuer, voler etc.. sans s’arroger le droit de l’emprisonner voire de le mettre à mort.. Si l’on étend ce principe à un groupe, on obtient la morale de caste. La morale sociale est commune à tous. Elle comporte les conventions élémentaires nécessaires au bon fonctionnement de toute société. Ces règles ne doivent pas intervenir dans la vie privée ou celle des castes. Ainsi l’Etat ne doit il pas réglementer la vie sexuelle, le système de mariage ou de divorce ni celui de l’héritage qui varient selon les castes et les religions.
La 2e morale est la morale de groupe ou de caste. Chaque groupe social de par ses origines, sa nature et ses fonctions a des obligations différentes. Il s’agit là de se conformer aux règles de son milieu social, de sa caste, de sa corporation sans s’aliéner pour autant un espace de liberté permettant à chacun de s’épanouir. Ainsi, le dharma, le devoir d’un brahmane sera d’être végétarien-de par un objectif de purification alors que le soldat et l’artisan seront invités à manger de la viande car elle stimule l’activité physique, mais nuit au calme intérieur du penseur. Le prêtre ne peut posséder que très peu de choses alors que le marchand doit accumuler des richesses pour faire travailler ouvriers et artisans, soutenir temples et lettrés par ses dons. Le brahmane doit être monogame, être pur, (ni viande, ni alcool, ni contacts physiques) et se consacrer à l’étude et à l’enseignement/.
Le courage et la justice sont le devoir des Kshatrias. Il a droit à la polygamie, à la bone chère. Il doit défendre son pays et assurer la justice pour tous
L’honnêteté et la charité sont les vertus des agriculteurs et des marchands. Ils doivent s’occuper de la vie économique du pays dont la prospérité est essentielle.
La patience, l’habileté manuelle et l’amour du travail sont des vertus d’artisan. Ils disposent d’une grande liberté de vie. Il peut être polygame, divorcer, manger n’importe quoi, s’énivrer, se distraire. C’est le plus libre de tous les hindous. Il s’en flatte d’ailleurs et envie rarement le sort des autres castes. Ils constituent la majeure partie de la population.
La caste n’a rien à voir avec la fortune. Il existe de très pauvres brahmanes accomplissant d’humbles travaux employés par des shudras millionnaires…
Patrice LOUAISEL
Les aspects essentiels du taoisme
LES ASPECTS PHILOSOPHIQUES DU TAOISME
temple confucianiste de St Pierre de la Réunion
Si le Taoïsme offre une vision du monde, il reflète aussi une vision de la perfection humaine : celle du sage taoïste ou du saint qui pratique 7 vertus fondamentales :
Le Saint taoïste n’est pas comme le saint chrétien un martyr mort pour sa foi. C’est un homme accompli qui a réalisé son intégration dans le tao, en pleine harmonie avec la nature. Le chemin de la sainteté taoïste est intérieur et personnel. Il ne s’agit plus d’éthique mais de métaphysique.
Le Saint taoïste n’a qu’une seule âme à sauver : la sienne.
1) Naturel :Il fait un avec la nature et avec sa nature. Il applique le « non-agir ». Respecter la nature, c’est respecter son corps : Ne fais pas à la nature ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse…Etre naturel, c’est respecter la nature des êtres et des choses, ne pas les contrarier, les dévier ou les manipuler. C’es seulement libérer les potentiels afin qu’ils se déploient par et pour eux-mêmes. Vivre ma nature, c’est vivre et être en harmonie avec ce que je suis, être authentique, vrai. Vivre sa vie comme coule un ruisseau.
2) Simplicité : L’homme simple a dépassé son égo, cultive cette simplicité d’être, ici et maintenant vivant chaque instant en pleine conscience du réel. Il penche vers le pur et le dépouillé. Il déteste artifices et sophistication. En fait, c’est l’égo qui complique tout car les souffrances viennent de son insatiable besoin de posséder. L’homme simple vit dans le présent sans nostalgie ni utopie. Il doit se fondre dans le tao (l’absolu). Il doit être éveillé, disponible, ouvert à tout, conscient de tout.
3) Harmonie : entre le yin et le yang, avec Soi, la Nature, les autres et le monde
« Le Saint agit sans rien attendre, accomplit son œuvre sans s’y attacher et tient son mérite caché » Il faut parachever harmonieusement le monde. Chaque être est un instrument du concert cosmique et improvise sa ligne mélodique e et il s’agit de jouer juste. (en rythme et dans la tonalité). Il faut pour se faire dépasser la dualité. L’harmonie est symbolisée par le tai-chi (tout en courbes douces et rondes). Il faut chercher l’accomplissement là où l’on se sent bien sans chercher à changer le monde, avec un principe d’éthique.
4) Détachement : Le Sage n’est pas attaché à lui même, à ses œuvres, aux objets aux autres ou aux honneurs ce qui le rend libre. La perfection n’est pas dans ce que l’on fait mais dans le comment on le fait. Il faut se contenter de peu. Il faut tout relativiser : tout idéal a ses perversions. En Orient, la liberté consiste à faire bien ce que l’on peut faire et à ne rien garder pour soi.. Le Saint taoîste a pris ses distances avec toutes les servitudes et les dépendances sans rien renier. Limitons-nous à tout ce qui est vraiment indispensable, prenons donc de la distance avec nos ambitions et nos envies…Notre seul désir doit être notre accomplissement dans le tao et non celui de notre égo. La vision n’est plus anthropocentrique mais cosmocentrique
5) Frugalité : « faire toujours plus avec toujours moins » Vivre simplement et détaché mais dans la joie, en évitant tout superflu. Celui-ci vaut il l’énergie et le temps que l’on a dépensé pour l’acquérir.. ? Le Saint taoïste s’éloigne à la fois du peuple et des pouvoirs, leur préférant la solitude, la fusion avec la nature . Il est pour lui essentiel de ne pas se tromper de projet de vie. Il se doit d’optimiser le temps disponible.
6) Spontanéité : Etre à l’écoute de l’univers, percevoir toutes ses vibrations et les recevoir. Le bonheur ne passe pas forcément par la connaissance. Cultiver la spontanéité, c’est apprendre à désapprendre. La connaissance est bien au-delà de tous les savoirs et n’apporte pas nécessairement le bonheur.
7) Longévité : L’élixir de longue vie est l’un des thèmes essentiels de l’alchimie taoïste. On y retrouve des ingrédients symboliques comme le cinabre et le jade. En fait il s’agit de sortir de la temporalité pour rejoindre l’immortalité absolue et intemporelle. L’objectif est de vivre vieux et en bonne santé. Les vœux prononcés lors d’un mariage ? longue vie, joie, prospérité et chance. Comment ? pratique du tai chi chuan ; de la sérénité, diététique (cuisson à la vapeur, riz, légumes, soja, peu d’alcool et de graisses animales),tout faire dans le « juste milieu. »
Patrice LOUAISEL, psychosociologue
Brève approche sur le Confucianisme
Si avant l’arrivée au VIe siècle avant J.C des grands philosophes que sont CONFUCIUS, LAO TSEU et le BOUDDHA, le monde et la Chine en particulier étaient polythéistes et plus précisément animistes, on ne peut ignorer l’empreinte que CONFUCIUS, ce grand sage a apporté au monde.
Confucius avait été profondément choqué de l’attitude des dirigeants de l’époque au point d’affirmer : « Au gouvernement, il n’ y a que des brigands, je vais aller vivre avec les pauvres » mais aussi : « le monde se dégrade, je vais le sauver » : valeurs réaffirmées, rituels et traditions seront remis à l’ordre du jour pour « rétablir l’ordre détruit » Comme il fallait s’en douter, il n’a pas été écouté par les souverains.
Les valeurs morales de CONFUCIUS
Ce qui intéressait fondamentalement CONFUCIUS c’était le bien-vivre ensemble sur cette terre susceptible d’apporter le bien-être à chacun. Aussi va t’il prôner la modération et rechercher les valeurs morales et sociales de base nécessaires selon lui à une cohabitation sociale harmonieuse : l’Honnêteté, la bienveillance, la droiture, la sincérité, la fidélité, le courage, la compassion ainsi que les devoirs envers les ancêtres, la famille et la société : piété filiale, fidélité morale, altruisme et bienfaisance.
Parallèlement, il va prôner les valeurs d’exemplarité et de respect à l’égard de l’Autorité (gouvernants, chefs, parents ….) le culte des ancêtres et insister sur l’importance du savoir. Ainsi va-t-il encourager chaque foyer à accompagner ses enfants sur des études afin que ces derniers puissent faire vivre leur future famille dans de bonnes conditions mais aussi progresser individuellement et culturellement. Lui-même montrait l’exemple : sa soif d’apprendre et l’ardeur qu’il témoignait à le faire pouvait même lui faire oublier de manger… tant cela lui apportait la joie d’avoir progressé. En fait, il ne parle jamais de l’objet de sa recherche car ce qu’il cherche avant tout c’est l’action juste au moment opportun : pour lui, il faut donner aux autres le meilleur de soi-même au moment adéquat. et utiliser les erreurs que l’on voit chez les autres pour en tirer une amélioration de soi. Si l’on voit quelqu’un faire du mal, Confucius conseille de chercher en soi en quoi on l’imite…d’où exigence envers soi-même et indulgence envers autrui que l’on se garde de juger. Ce qui est essentiel, c’est de se corriger de ses fautes.
S’il prône l’enrichissement par l’échange et le respect d’autrui, il déconseille de rechercher l’amitié des gens qui ne partagent pas vos exigences. En prolongation, le goût du travail, fait avec honnêteté, respect et sérieux est dans l’éthique du Confucianisme. La vénération des ancêtres auprès de l’autel familial, comme au temple ou au cimetière est essentiel : « quand les morts sont honorés, la force d’un peuple atteint sa plénitude ». De même, va t’il encourager les travailleurs migrants devant quitter la Chine à respecter lois, coutumes et traditions du pays d’accueil.
En conclusion, Confucius a prôné l’Amour, la justice sociale, le respect des normes, La loyauté et la Sagesse : l’homme doit faire ce qu’il dit et ce qu’il pense, ne rien imposer à autrui qu’il n’aimerait qu’on lui impose. A la Réunion, c’est à travers la présence d’un général ayant vécu au 3e siècle et déifié au 16e en raison de ses vertus, qu’apparaissent les caractéristiques confucianistes de bravoure, courage, loyauté…Celui-ci dénommé GUAN DI, est donc en position centrale dans les 3 derniers temples chinois réunionnais. Il est le DIEU des soldats mais aussi de la littérature et des marchands…
Patrice LOUAISEL
Psychosociologue,Guide conférencier.