le maloya : tradition réunionnaise d’origine africaine

LE MALOYA : une tradition d’origine africaine

Chacun sait que dans son désir de développer la colonie, l’Ile de la Réunion a fait venir de nombreux esclaves- puis des engagés- pour les remplacer dans les champs de café puis de canne à sucre. Ceux ci devaient travailler près de 12H/jour mais pouvaient heureusement se retrouver dans un coin de l’exploitation la nuit, dans le « camp des noirs ». Là, il leur fallait « évacuer » le tensions générées par les multiples brimades et contrariétés, vécues tout au long de ces dures journées de labeur. Et c’est tout naturellement à travers la musique et la danse qu’ils le firent…

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Gramoune LELE, un « grand » du maloya

Un peu d’histoire

Historiquement pratiqué durant l’esclavage- il aurait été dansé de force pour « faire de l’exercice » sur les ponts des bateaux esclavagistes interdit durant l’engagisme, pratiqué par les gens les plus simples et les plus défavorisés montré du doigt ensuite, (fin XIXe/début XXe siècle) le maloya renaît après 1970 avec Gramoune LELE, le roi KAF, Firmin VIRY, Patrick PERSEE, Daniel WARO, ZISKAKAN, BASTER, TI FOCK, CIMENDEF… Il va devenir un symbole fort: celui de l’identité réunionnaise, celui de tous les opprimés.

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Des gars de ZANZIBAR le chantaient et le dansaient toute la nuit avant d’enterrer leurs morts. (Service Kabaré)

Aujourd’hui encore quelques familles malgaches organisent du côté de Rivière St Louis et de Paniandy un « servis malgas » : cérémonie funéraire faite en l’honneur de leurs ancêtres. Des offrandes sont déposées sur un autel

ou sur des feuilles de banane consacrées puis consommées.

Le maloya est alors joué toute la nuit.

On partage aussi un repas communautaire.

Le chant du MALOYA

Alors le maloya : chant ou danse ? en fait les 2, chant et danse ne devraient jamais être dissociés. Le chanteur lance des invectives, donne des instructions aux danseurs pour les encourager et orchestrer la danse.

Souffrance, haine, joie… C’est à la fois un chant d’espoir et de douleur. Interprèté par les colons comme « une preuve que les esclaves étaient heureux puisqu’ils chantaient »,le maloya évoque la mélancoliela lascivité, le chagrin de la patrie perdue. On chante donc le pays des ancêtres, les traditions perdues, on rend hommage aux morts et on dialogue avec les esprits…

Les thèmes abordés peuvent aussi concerner l’amour, la misère, la reconnaissance, le travail, des revendications… et de façon générale la joie, la peine, la douleur, le bonheur d’être ensemble..

Dans le maloya chanté, un soliste va lancer une phrase par exemple : « A semin granboi ca le long ». Les autres chanteurs vont répondre en chœur « A tipa tipa narivé » Cela s’apparente aux chansons françaises de cabaret du XIXe siècle.

LES INSTRUMENTS « MODERNES » DU MALOYA

Aux origines, les esclaves utilisaient des objets de récupération : caisses en bois, tonneaux, vieux bidons métalliques, boites de conserves vides… Puis les instruments devirent plus sophistiqués ; Il s’agit de :

1)le kayamb : instrument plat fabriqué à partir de tiges de fleurs de canne à sucre clouées sur un cadre de bois léger. remplies de graines sphériques très dures de safran sauvage

2)le rouleur : gros baril monté à partir d’une barrique sur laquelle on tend une peau de bœuf (origine Afrique de l’Ouest)

3) le bobre : corde végétale tendue sur un arc et doté d’une calebasse pour servir de caisse de résonance. Il est frappé par une tige, appelée Kouti ( origine :Madagascar, Afrique de l’Est, Inde du Sud)

4) le DJEMBE : petit tambour en forme de vase creusé& dans du bois dur et sonore, recouvert d’une peau de chèvre ou de gazelle tendue par des cordes très solides

5) le PIKER : 2 entre-noeuds de gros bambou de 10 cm de diamètre. Longueur 80 c. Son très aigu. Frappé à l’aide de 2 baguettes très dures.

Ces instruments se voient souvent complétés par un triangle.

Le chanteur invective les danseurs et les encourage. Proche de la transe ce rythme accéléré permettait de libérer les esprits et les corps jusqu’à l’aube.

Une danse de séduction ?

Ils forment au départ un cercle dans lequel ils entrent progressivement. Le cercle s’organise autour ou face aux instruments. Avant cela se passait autour d’un feu…

Les danseurs se relayent au centre du cercle, ne se touchent jamais : il s’agit en fait d’une sorte de parade amoureuse, d’une danse de séduction. Les positions sont lascives, souvent à caractère érotique. Chez l’homme il s’agit surtout d’un piètinement permettant le roulement du bassin et des hanches, le danseur tournant sur lui même. Les femmes portent des robes longues qu’elles remontent jusqu’ aux genoux…Elles peuvent se mettre à genoux invitant le danseur à se pencher au dessus d’elles… Il n’ y a pas de figures imposées.

Le Séga, lui était dansé dans les salons huppés de la colonie.

Ami internaute : vous faîtes partie d’un groupe de maloya ? nous aimerions des photos de vos instruments et pourquoi pas une interview sur votre groupe ? Contactez nous sur « laissez un commentaire »

P.L

4 réponses à to “le maloya : tradition réunionnaise d’origine africaine”

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