Les castes : système social des hindous

 

LES CASTES : système social des hindous

Si nous n’avons pas « importé » le système des castes à la Réunion, c’est d’abord parce que les colons ont été chercher en Inde pour la culture du café puis de la canne à sucre, des travailleurs agricoles et des artisans: les « shudras » mais aussi des « intouchables »
par conséquent des « basses castes » et des « hors-castes ». Inutile de dire qu’ils n’ont pas chercher à reproduire ce qui devient aujourd’hui par la faute des hommes un facteur de domination, mais qui était aux origines tout à fait cohérent.

LES CASTES :système social des hindous

L’institution que nous appelons « castes » s’appelle pour les hindous « varna ashrama ». Varna veut dire couleur et ashrama est un lieu de refuge, de paix et d’harmonie. Le système a donc à l’origine pour but de réunir harmonieusement les différentes races. Dès l’origine , ce système a été envisagé comme l’expression et la codification des réalités sociales et ethniques inhérentes à notre société. Les législateurs hindous ont considéré qu’il ne pouvait exister de société évoluée qui ne reconnaisse pas certains faits tels que l’organisation professionnelle et les rapports entre les diverses fonctions nécessaires à l’équilibre économique,
Politique et social d’un Etat ainsi que les problèmes que posent les divers degrés de développement des races et des individus, leurs diverses aptitudes et les problèmes posés par leur mélange.

pouquoi une division en castes ?

La division de la société en castes est basée sur 3 éléments principaux qui se retrouvent inévitablement dans toutes les sociétés : un élément racial, un élément professionnel et un élément de morale sociale. Les aptitudes particulières des diverses races, les professions qui en permettent la meilleure utilisation et les codes de conventions ou morale sociale forment les éléments de base de toute société. Même la société moderne occidentale est –comme toutes les sociétés – formée de castes. Ainsi parlons-nous des revendications de « la classe ouvrière » qui réclame à juste titre des avantages économiques ou culturels, des ouvriers qualifiés qui ne désirent pas changer de métier pour devenir instituteurs, prêtres ou soldats… Ils sont fiers de leurs capacités techniques dans des domaines dans lesquels d’autres classes sociales ne sont que des maladroits incompétents. Les problèmes de la société occidentale viennent de ce que tout en proclamant une égalité des hommes, elle est totalement hiérarchisée du point de vue des professions.

Chaque groupe professionnel a des affinités plus grandes et des contacts plus profonds et constants avec les membres de son groupe, de sa caste où qu’ils se trouvent, plutôt qu’avec d’autres groupes. Toutefois un autre élément de la caste intervient ici c’est l’élément racial : en effet, même dans le groupe professionnel le plus étroit une barrière s’établit entre les éléments ethniques divergents, car ils ont des habitudes, une manière de pensée et d’agir, une morale différente…

le but ? établir des règles de co-existence

Les lois occidentales, sous prétexte d’égalitarisme, ne permettent pas à divers groupes de coopérer tout en ayant des habitudes, une morale, une vie sociale différente. Qu’il s’agisse de musulmans, de noirs, ou de pygmées, nous ne leur accordons une relative égalité que s’ils se conforment à nos habitudes, perdent la plus grande partie de leurs caractéristiques sociales, nationales, religieuses, en fait abandonnent leur personnalité et leur identité. Pour faire face à tous ces problèmes, les législateurs hindous se sont efforcés d’établir des règles de co-existence qui aboutirent au système des castes, encore aujourd’hui solidement établi en Inde.
Il s’agissait en effet, dans un pays où se trouvaient côte à côte des populations d’origine et d’aptitudes très diverses depuis les hommes des forêts jusqu’aux subtils artisans ou aux fiers guerriers aryens de trouver une place équitable pour tous, de permettre à chacun de continuer son mode de vie ancestral, d’être gouverné selon les lois qui lui conviennent, d’avoir la forme de vie sociale, religieuse, intellectuelle, morale qui lui convient sans que e reste de la société n’en soit affecté. Il s’agissait en fait de reconnaître à chaque groupe et à chaque individu son droit à la différence, seul critère valable de la liberté.

Les 4 différentes castes

Selon les Hindous, toute société est divisée en 4 groupes correspondant à 4 fonctions essentielles sans lesquelles aucune civilisation ne saurait exister. Chaque fois qu’au cours de l’Histoire, on a essayé d’altérer ou de supprimer cette division fondamentale, on l’a vu réaparaitre sous une autre forme car elle est inhérente à la nature de l’homme… ainsi distinguent-ils :

- une autorité spirituelle et intellectuelle représentée par la caste des prêtres lettrés, les brahmanes

- un pouvoir exécutif ou royal de nature morale et militaire, représentée par l’aristocratie et les guerriers, les Kshatrias

- une classe commerçante et financière, bourgeoise et financière représentée surtout par les agriculteurs et commerçants, les Vaishyas
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- une classe ouvrière et artisanale appelée Shudra

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A l’intérieur de chacune des castes se reforment suivant les aptitudes de chacun des sous-castes correspondant à des groupes corporatifs, raciaux, religieux, professionnels. De plus, dans chaque groupe, il y a place à des différences individuelles : il y a des shudras-intellectuels comme des brahmanes ouvriers. Dans ce cas, ces derniers peuvent très bien exercer un métier artisanal, tel que cuisinier. La caste correspond donc surtout à une fonction

Plus une société est évoluée et avancée, plus la spécialisation des individus apparaît nécessaire. Dans toutes les professions nécessitant un entraînement spécialisé, il faut bien souvent commencer l’éducation de bonne heure ce qui permettra à cet enfant une meilleure adaptation socio-professionnelle. Sans même parler de l’influence de l’hérédité sur les futures compétences de chacun… La profession familiale est souvent le meilleur des cadres…

La caste-chez les hindous- est une entité à la fois raciale, familiale, religieuse et professionnelle. Il y a en général, un système d’éducation différent, d’alimentation différent (végétarien ou non), une morale différente. Chaque race présente t’elle des capacités spécifiques qu’il suffit de distinguer et d’utiliser. Ainsi les Abhiras, appelés aujourd’hui ahirs, forment ils la caste des éleveurs de bétail et des laitiers. Robustes et érotiques, ils jouent un rôle essentiel dans la société : ils ont conservé des institutions, des coutumes, une musique sans aucun rapport avec les autres groupes ethniques. Ils forment une caste artisanale de shudras, mais ils sont fiers de leur origines, de leur profession et pour rien au monde ils ne voudraient prendre d’autres métiers ou se mélanger à d’autres castes.

Certains pourraient voir une injustice à ce que l’on puisse de naissance être destiné à une profession. A cette remarque, on pourrait répondre que toutes les professions sont indispensable et qu’une profession en vaut bien une autre. Quelque soit le mode de sélection, le résultat sera toujours une différenciation voire une inégalité entre les groupes professionnels. Le problème réel consiste à rendre toutes les professions honorables plutôt qu’à ouvrir à tous les individus certaines professions considérées comme plus respectables que d’autres. D’ailleurs, même dans les sociétés occidentales, il n’est pas rare qu’un fils adopte la profession familiale avec un certain succès. Notons toutefois, qu’il y a possibilité -dans la société hindoue -pour un individu ayant des dons particuliers de sortir de sa caste qu’à condition que ce soit à titre de valeur personnelle et non pour socialement en tirer des avantages matériels. Ainsi, quiconque pourra prendre la robe monastique de sannyasi, (dont le devoir sera d’enseigner la morale et la philosophie) ou encore s’adonner à l’étude des sciences, lettre et arts. Plusieurs des grand poëtes et mystiques de l’Inde, artistes ou musiciens ont appartenu aux castes artisanales et n’en ont pas moins vu des rois se prosterner à leurs pieds.

D’ailleurs dans nos sociétés occidentales, sommes nous véritablement égaux face à la possibilité de suivre des études et d’acquérir un métier valorisant ? en fait, cette prétendue « liberté de choix » ne nous permet-elle pas d’attribuer à la malchance ou au hasard les plus criantes injustices sociales et de nous libérer ainsi du devoir d’y remédier ?. Sous le prétexte que des gens mal payés n’ont qu’à se trouver un autre métier nous ne nous sentons pas obligés de faire face aux revendications et aux problèmes d’un groupe social ou ethnique à moins qu’il ne soit assez puissant pour pouvoir au moyen de grèves déranger notre confort.

Eviter qu’un groupe n’outre-passe ses droits

Pour les Hindous, cette division en 4 castes permet qu’aucune d’entre elles ne puisse outrepasser ses droits voire exercer un pouvoir tyrannique au détriment des autres… Aucun gouvernement qu’il soit aristocratique ou prolétarien ne peut être durable car il est basé sur la domination d’une caste qui pour rester au pouvoir, écrase bien souvent l’autre. Aucune domination aucune dictature qu’elle soit du prolétariat, de l’église, de la bourgeoisie ou de l’armée ne peut assurer aux autres groupes la liberté d’être différents des autres, d’avoir la religion, la morale, les coutumes, la civilisation qui lui convient, celles ci vivant de propagande, de lavage de cerveaux, d’oppression, de prison. Même dans les dictatures bourgeoises, ne voyons-nous pas des prisons pleines de gens modestes pour de menus larcins alors que de grands bourgeois pour des appropriations illégales sont encore traités avec considération et échappent grâce à leurs avocats à la peine qu’ils encourraient légalement. ?

RACE et RACISME :

Les Occidentaux prêchent l’égalité des hommes mais exigent en même temps que cette égalité se place sur le plan de leurs croyances, de leur mode de vie, de leurs habitudes, de leur vêtements, de leur alimentation, de leur hygiène ne peut aboutir qu’au génocide ou à une fausse assimilation qui finalement détruit la société qui l’engendre.

Présenter comme alternative à des pygmées de devenir banquiers ou avocats est une sinistre plaisanterie qui a permis de justifier l’annihilation d’une bonne partie des races humaines.. L’Inde demeure l’unique défenseur des peuples qui ne s’adaptent pas à l’exploitation industrielle du monde. Ainsi, les tsiganes, nomades, victimes du racisme en Europe n’ont-ils jamais connu de problèmes en Inde . De même pour les juifs de l’Inde qui forment une caste à part entière.

DEVOIRS ET PRIVILEGES

Dans le système hindou des castes, plus une classe d’individus a de privilèges, plus elle a de restrictions, de devoirs et de limitations. Le plus modeste artisan, fier de sa race, de sa profession de sa caste et de ses coutumes ne cherchera pas à imposer aux autres ses habitudes et ses manières de voir.

CASTE ET MARIAGE

Pour le législateur hindou le mariage est une institution sociale ayant pour but exclusif la propagation d’une espèce, la préservation des races, des castes et des communautés. Il fait une différence absolue entre les divertissements érotiques qui font partie du développement harmonieux de l’individu et le mariage qui a pour but unique la famille la continuation d’une espèce. Le mariage n’est donc pas une question d’amour mais le résultat d’un choix réfléchi tenant compte de l’hérédité, de l’équilibre et du bonheur des enfants.

Pour les hindous, le mariage d’amour, ou d’accident qui peut être interrompu par le divorce est une institution absurde et immorale, une sorte de prostitution légalisée qui ne correspond à rien sur le plan moral ou social.

Le divorce n’est en fait admis que pour les classes artisanales dont les lois sont différentes et où n’existe en pratique aucun interdit sexuel, ce qui fait partie de leurs privilèges. La polygamie fait aussi partie des privilèges de la caste des Ksathrias. Si les restrictions du mariage sont sévèrement observées par tous, les différentes castes peuvent vivre ensemble en bonne amitié, profiter les unes des autres sans danger pour leurs coutumes, traditions et progéniture. Dans l’Inde ancienne, la femme n’était jamais enfermée comme elle le fut après l’invasion musulmane et jusqu’à aujourd’hui. Chacun la respectait et le mariage hors caste était hors de question.

CASTE ET ALIMENTATION

Si une large majorité des hindous est carnivore, de nombreuses communautés observent de sévères restrictions. Ces différences représentent une théorie cohérente basée sur la nature des aliments qui permet d’accentuer dans l’individu les caractéristiques physiques et mentales qui le rendent plus aptes à l’emploi auxquels les devoirs de sa caste le préparent et en font un citoyen plus utile et efficace.
Toutefois, aucun système de restrictions alimentaire ne peut subsister sans l’interdiction de prendre ses repas les uns chez les autres.

CASTE ET CONQUETE

Pour les hindous, un conquérant ne doit jamais imposer sa langue, sa culture, ses mœurs, sa religion . Sinon, les conflits seront inévitables. Ainsi l’emploi de missionnaires à des fins d’assimilation des peuples soumis a partout eu des résultats désastreux…

LES HORS-CASTES

Il s’agit de 3 catégories d’individus :

marche revendicative des intouchables

marche de revendication « d’intouchables »

 

-les individus rejetés de leur caste pour cause de méconduite ( ex: mariage hors -caste, les plus nombreux), sortes de prisonniers en liberté.

-certains groupes étrangers ou tribus primitives non assimilées

-des individus ayant des professions considérées comme malpropres

-les étrangers

Si l’on doit éviter les contacts avec eux, le problème de l’intouchabilité a été présenté à contre sens : c’est en fait le brahmane, par ses obligations sacrées et de pureté rituelle qui ne doit toucher personne. Chacun s’écarte donc de lui pour ne pas l’obliger à des purifications constantes et pénibles impliquant parfois des jeunes prolongés.

Il ne semble exister aucune société sans ses parias et en Occident les préjugés de race, les persécutions et exclusions de minorités religieuses ou raciales (arabes en France, Turcs à Berlin…)°sont légion . Si la société hindoue exclut ses parias comme d’ailleurs toutes les autres castes de certains rapports sociaux, elle n’entreprend jamais de les persécuter, de les convertir, de les isoler de les priver de travail ou d’amusement. Il y a donc un total respect de la liberté individuelle

PROTECTION des RACES MOINS EVOLUEES

Dans le monde, de nombreuses races aux facultés d’adaptation moins aisées ont aujourd’hui disparues ou sont en voie de disparaître.: qu’il s’agisse des polynésiens, des aborigènes d’Australie, des indiens d’Amérique, de certaines races d’Afrique … Ceci aurait pu être évité avec un système de castes protégeant leurs coutumes, leur mode de vie, leur système social, leurs croyances…si on leur avait réservé des territoires, des professions au lieu de prétendre les assimiler dans une civilisation exigeant un degré de développement différent du leur ce qui signifiait leur extinction presque assurée.

Dans le monde hindou, il y a quantité de races, de civilisations, de systèmes religieux et sociaux, chaque individu ayant sa sphère d’activité. Pour les Hindous, seul un système de restrictions empêchant une race ou une caste d’empiéter sur les autres, d’emprunter ses rites religieux, ses coutumes, moeurs et systèmes de propriété peut permettre une co-existence pacifique et à chaque groupe de vivre côte à côte à des degrés de civilisation différents. On arrive ainsi à éviter les conflits entre groupes et nations rivales désireuses d’imposer leurs valeurs.

LES MORALES

Les lois hindoues, différentes selon les castes ne sont pas figées et ont évolué selon les époques à l’intérieur de chaque groupe. Nous admettons d’ailleurs qu’il ne peut exister de liberté individuelle sans restriction, qu’on ne peut laisser l’individu tuer, voler etc.. sans s’arroger le droit de l’emprisonner voire de le mettre à mort.. Si l’on étend ce principe à un groupe, on obtient la morale de caste. La morale sociale est commune à tous. Elle comporte les conventions élémentaires nécessaires au bon fonctionnement de toute société. Ces règles ne doivent pas intervenir dans la vie privée ou celle des castes. Ainsi l’Etat ne doit il pas réglementer la vie sexuelle, le système de mariage ou de divorce ni celui de l’héritage qui varient selon les castes et les religions.

La 2e morale est la morale de groupe ou de caste. Chaque groupe social de par ses origines, sa nature et ses fonctions a des obligations différentes. Il s’agit là de se conformer aux règles de son milieu social, de sa caste, de sa corporation sans s’aliéner pour autant un espace de liberté permettant à chacun de s’épanouir. Ainsi, le dharma, le devoir d’un brahmane sera d’être végétarien-de par un objectif de purification alors que le soldat et l’artisan seront invités à manger de la viande car elle stimule l’activité physique, mais nuit au calme intérieur du penseur. Le prêtre ne peut posséder que très peu de choses alors que le marchand doit accumuler des richesses pour faire travailler ouvriers et artisans, soutenir temples et lettrés par ses dons. Le brahmane doit être monogame, être pur, (ni viande, ni alcool, ni contacts physiques) et se consacrer à l’étude et à l’enseignement/.

Le courage et la justice sont le devoir des Kshatrias. Il a droit à la polygamie, à la bone chère. Il doit défendre son pays et assurer la justice pour tous

L’honnêteté et la charité sont les vertus des agriculteurs et des marchands. Ils doivent s’occuper de la vie économique du pays dont la prospérité est essentielle.

La patience, l’habileté manuelle et l’amour du travail sont des vertus d’artisan. Ils disposent d’une grande liberté de vie. Il peut être polygame, divorcer, manger n’importe quoi, s’énivrer, se distraire. C’est le plus libre de tous les hindous. Il s’en flatte d’ailleurs et envie rarement le sort des autres castes. Ils constituent la majeure partie de la population.

La caste n’a rien à voir avec la fortune. Il existe de très pauvres brahmanes accomplissant d’humbles travaux employés par des shudras millionnaires…

Patrice LOUAISEL

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