Archive pour la catégorie ‘XVIIIe siècle’

L’histoire de St André du XVIIIe au XXe siècle

 

    L’île était déserte avant 1663, année de l’arrivée de Louis Payen et de Pierre Pau. Lors de l’installation de la colonie de 1665 à 1667,  les colons durent obéir aux ordres du gouverneur, Etienne REGNAULT. Les premières communes à être peuplées furent St Paul puis Ste Suzanne et St Denis.

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1879 centre ville/environs de l’école des Frères

 La commune de St André restera célèbre comme le bastion de la contestation contre-révolutionnaire.

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ancienne minoterie de Cambuston

 En 1779, projet de révolte pour la « Pentecôte » : but : éliminer tous les blancs réunis dans l’église. Les soldats de la garnison viennent affronter la révolte : 13 esclaves arrêtés seront détenus au bloc : (en fait des voleurs), 2 brûlés, 2 pendus puis brûlés

 En 1790, il y aura les camps Welmant (populaire qui rejette le nouveau régime) contre Brunet (notables, « honnêtes gens.. ») . Sera alors établie la « garde nationale ». Un conciliateur, le curé Rollin s’essaiera à réunir les 2 partis.

 Le bruit court alors que les esclaves ont le désir d’égorger les blancs. A vrai dire ils sont largement majoritaires, et les intentions de révoltes sont nombreuses.

 1792 : élection de Pignolet comme maire

 1793 : on foule au pied la cocarde tricolore. Mathurin Robert est alors à la tête de la « garde nationale » Il sera ensuite accusé d’être le chef d’un mouvement contre-révolutionnaire.

 1830 : 1e crise sucrière dûe à un endettement excessif et aux cyclones.

1832 : journaux clandestins

 20 Décembre 1848 ; journée très calme à St André

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maison Bellier à Bois Rouge/J.P Saint Aubin

 24 Août 1912 : St André est alors le foyer de la contestation ouvrière. Un syndicat défend alors les intérêts professionnels. Il voudrait l’ouverture d’un bureau de placement, refuse l’exploitation des travailleurs et est porteur d’un projet de démocratie sociale.

1914 : grève à l’usine de Ravine Creuse pour une augmentation de salaire

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Usine de Ravine Creuse/Coll Boulogne, Patel et Bazin

20/03/1915 nouvelle grève (renvoi de journaliers)

 1926 Renaissance du mouvement syndical sur l’usine sucrière de  bois Rouge : toute journée d’absence est considérée comme une démission, toute pièce ratée est facturée aux ouvriers…et il n’ ya alors aucune protection sociale. Le responsable du syndicat est licencié

1928 Le sucre se vend mal. La contestation reprend au niveau des planteurs.

1930 nombreux syndicats agricoles

 1935 : 1500 planteurs se regroupent (baisse de production et trop d’impôts). Ils décident le 9/03/1936 de faire un syndicat d’exploitants agricoles, dont le Président sera Maurice Bédier

Un autre syndicat s’occupera des journaliers sous la responsabilité de Gabriel Virapin

 1936 Mise en place du front populaire :

Avril 1936 Election, avec beaucoup de blessés de Lucien Gasparin

20/12/1936 : Vivre le front populaire ! A bas le maire  Martin Léopold

 

P.L

Salazie : un cirque légendaire…

 

Certaines légendes ont la vie dure. Salazie en connait quelques unes et pas des moindres.

 

 
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Eglise de Salazie

La Paroisse de Salazie est créée en 1838 et la première pierre du soubassement de l’église en bois, est posée le 11 octobre 1840 par le Contre Amiral De Hell. L’église est construite par Louis Cazal, sur la propriété de Jean-Baptiste Malvoisin. Les murs de la deuxième église sont montés autour de l’ancienne par les habitants. Les caractéristiques du monument sont ses deux tours en béton et maçonnerie. A chaque agrandissement, les murs sont montés à l’extérieur

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la cathédrale de Reims

L’église est copiée sur l’architecture de la cathédrale Notre Dame de Reims. La personne à l’origine de cet édifice est Méry Payet (décédée en 1971, à 78 ans), fille d’Yvrin Payet, notable bien connu dans le village et futur propriétaire de l’usine de Quartier Français. Cette jeune habitante de Salazie a été infirmière à l’hôpital de Chateau Thierry, près de Reims. Très croyante et pratiquante, elle fait un pèlerinage à la Cathédrale de Reims où ont été couronnés les rois de France. Elle souhaite entrer dans les ordres mais divorcée cela lui est refusé. Lors de ce pèlerinage Méry Payet fait un vœu et celui-ci est exaucé.
De retour dans l’île, elle demande à son père de construire une nouvelle église qui ressemblerait à celle de Reims. Ainsi, elle aurait l’impression de continuer à prier dans un univers connu. Son père lui accorde ce privilège. Il donne le ciment et la main-d’œuvre et avec les moyens de l’époque, la construction commence vers 1920 d’après une photo que la jeune femme a rapportée de son voyage. La durée du chantier est indéterminée. Il semble que Méry soit également l’instigatrice de l’inscription « Chez nous soyez reine» apposée sur la façade de l’église.

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Le Père Bourasseau bénit l’actuelle église de Salazie, le 2 octobre 1941.
Le Père Gabriel Charles Octave Bourasseau de la Congrégation du Saint-Esprit est né en 1902 à Luçon (Vendée). Ordonné prêtre en 1933 puis missionnaire à Madagascar, il arrive à La Réunion en 1935. Nommé à Salazie en 1936, il bénit l’église en 1941. Décédé le 4 mai 1957, le Père Bourasseau repose dans une tombe située derrière l’église. Elle est couverte d’ex-voto et remerciements. En effet, plusieurs personnes y viennent pour demander des grâces et remercier pour les vœux exaucés.
D’après Prosper Eve, dans « La Religion populaire à La Réunion » Université de La Réunion, « Hormis les Saints, un autre culte perce (…) voué à des personnages (religieux) non canonisés. (…) Dès qu’un prêtre meurt, les messes sont demandées pour le repos de son âme »

D’autres tombes connues se trouvent au cimetière d’Hell-Bourg, celles du poète Auguste Lacaussade, du poète écossais William Falconer et du brigand Volcenay Zitte . La tombe de Volcenay Zitte est facilement identifiable, par la grosse pierre surmontée d’une croix qui y est mise. Cette tombe contient le corps du terrible bandit. En 1919, le bandit Zitte sévit dans l’ouest de l’ile. Il agresse, vole, assassine et brûle tout ce qu’il veut. Les Réunionnais sont terrifiés. Recherché par les forces de l’ordre, il se cache chez sa sœur. Cependant, de connivence avec les gendarmes alors qu’elle le reçoit chez elle à Marla, une embuscade est tendue, il est blessé et arrêté.
Transporté par brancard, Zitte déchire son ventre avec ses ongles et décède à Grand Sable. Son corps est ramené à Hell Bourg pour autopsie, il y sera enterré.

Mais sa tête est portée à Saint-Denis pour identification. Elle est enterrée dans une des trois tombes qui forment le petit espace hors du cimetière de l’Est à Saint-Denis, au carré des condamnés à morts. Condamnés par la justice des hommes, ils ne reposent pas avec leurs concitoyens. Ce carré des condamnés est toujours fleuri. « Selon la légende, l’âme de Zitte est condamné à errer, ne retrouvera pas le repos tant que sa tête ne sera pas réunie à son corps. La tombe de Zitte fait parfois l’objet de rituels nocturnes au cours desquels les adorateurs déposent un verre de rhum, des cigarettes et des cônes d’encens ». Pour Prosper Eve dans la croyance populaire « L’âme de celui qui ne reçoit pas de sépulture est donc condamné à errer et à influer néfastement sur les vivants. Tous ces africains, ces malgaches venus à la Réunion ont l’habitude de professer un culte à leurs ancêtres. Pour eux, le mort est sacré. Qu’il ne soit pas admis dans le concert des ancêtres, en étant inhumé de manière digne est inadmissible : L’outrage suprême est bien de malmener le cadavre, de le priver de sépulture, de désacraliser le mort. »
Après sa mort, Zitte est devenu un mythe à Salazie, dans les hauts de Saint-Paul et dans toute l’île.

Sources :
Posper Eve « La Religion populaire à La Réunion » Université de La Réunion
La cause des victimes, approches transculturelles : Ile de la Réunion et … Geneviève Payet, Jean-Loup Roche
Patrimoine des Communes de La Réunion. Flohic Editions- septembre 2000

Sabine Thirel

L’histoire de St Leu

 

Lorsque l’on se trouve dans le centre de Saint-Leu, les nombreux bâtiments qui entourent la Mairie attisent la curiosité. Ils sont le patrimoine historique, preuve du passé maritime de la ville.

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Ancien Bureau des Marines

Au cours du XVIIIe siècle , la production de café est en augmentation. Deux marines sont construites, une à l’entrée Nord de la ville près de la ravine qui a justement pris le nom de « la Chaloupe » ; la seconde, la Marine Thémèze, dans le lagon à l’emplacement de l’actuel petit port de pêche.

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Ces marines nécessitent une grande organisation pour l’accueil, le stockage et le transport des marchandises. Ainsi, sont édifiés un bureau des marines, des bâtiments de stockage pour le batelage par chaloupes ou brises-marées … et aussi, une batterie pour les protéger d’une attaque éventuelle.

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Une main d’œuvre abondante est évidemment indispensable dans ces structures, rameurs, manœuvres, porteurs (on ne les appelait pas encore dockers), comptables, contremaîtres et des animaux de traits et leurs charretiers.
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Sources : -Le Patrimoine Des Communes De La Réunion.Auteur:Collectif- Editeur : Flohic- Collection:Le Patrimoine Des Communes De France- Parution : 21/11/2000
-WZ
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Samedi 14 Février 2009 – 08:05
Sabine Thirel

St Joseph et ses « marines »

 

Cette ville du Sud isolée par d’un côté, une falaise et de l’autre, les coulées de laves du volcan « Piton de la Fournaise » s’équipe au XIXe siècle de trois Marines, Manapany, Langevin et Vincendo.

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La Marine Manapany – vue de dessus

Créée en 1785, la ville de Saint-Joseph possède une terre fertile et produit un grand volume agricole (épices, café, vanille et enfin sucre…). Les marines servaient à approvisionner les habitants en matière premières et en denrées non produites sur place. Mais elles servaient également à exporter les productions locales vers d’autres débarcadères, ports de l’île et même parfois directement vers la métropole.
La Marine de Manapany semble avoir été la plus importante. Construite en 1853, elle se situe à l’entrée de la baie formée à l’embouchure de la Ravine Manapany au pied d’une falaise abrupte. L’embarcadère est bâtie sur les propositions du Comte Kervéguen qui en est le premier propriétaire. Elle dessert les productions de la famille Kervéguen constructrice et propriétaire de plusieurs usines sucrières, de distilleries et aussi de féculeries à Saint-Joseph.

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La Marine Manapany

Face à la baie du « Petit coin charmant », se dressent, accrochés aux falaises de roches volcaniques, deux gros murs en pierres de taille et de moellons. Les productions de Kervéguen, propriétaire de l’usine de Vincendo, à proximité, passaient par ce débarcadère équipé de palans et de poulies. Les marchandises étaient transportées à dos d’hommes ou par charrettes tirées par des bêtes de somme.

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La Marine Langevin

La seconde Marine se trouve à Langevin à l’embouchure de la rivière du même nom. Baillif en est le propriétaire puisque la Marine est construite sur ses terres. S’agirait-il d’un descendant d’Etienne Le Baillif, pirate sur le Fancy du Capitaine Avery, débarqué à Bourbon en 1695. Les productions de l’usine de Langevin à proximité, passaient par ce débarcadère. Ses murs en basalte taillé sont noirs comme la roche sur laquelle ils sont implantés. Les incrustations blanches de chaux de corail sont couramment rencontrées dans les constructions de cette époque. En effet, le mortier était fabriqué à base de chaux, de sable et de galets. La cale de hallage est située plein Ouest pour éviter les entrées trop franches d’eau de mer. Ainsi, les pêcheurs peuvent entrer et sortir avec plus de facilités. En 1875, son propriétaire est Gustave Bourgine.

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La Marine Vincendo

Bien cachée par les pandanus (pinpins), l’embarcadère de Vincendo est à peine visible. Cet espace naturel n’a presque pas été aménagé. Pas de larges maçonneries ou de hautes murailles pour contrer les lames de la mer déchainée sur cette côte sauvage. Cet endroit présente la particularité d’avoir une plage de sable noir qui apparait et disparait selon les périodes de l’année. Cependant contrairement aux autres marines de la ville, sa position à l’extrême Sud de l’île, permet aux pêcheurs qui le veulent, de se rendre au large. C’est à Vincendo s’étaient installés les premiers habitants de Saint-Joseph à la fin du XVIIIe siècle.

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La Marine Manapany – vue de la baie

La construction et la mise en service du port de Saint-Pierre, comme l’arrivée du chemin de fer jusqu’à Saint-Joseph sonnent la fin des Marines dans cette région. Notons, que c’est Gustave Bourgine, lui-même, propriétaire de la Marine Vincendo qui, élu maire de la commune, obtient le prolongement de la voie ferrée Saint-Benoit -Saint-Pierre jusqu’à sa ville

Sabine Thirel

st André : un bastion monarchiste pendant la révolution

La commune de Saint-André peuplée dès 1670, devient pendant la Révolution française, l’un des bastions monarchistes le plus actif de la colonie.

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La Compagnie des Indes donne l’autorisation de la construction d’une église à Saint-André, suite à la demande de ses habitants. Un lazariste est détaché de Sainte-Suzanne, le curé d’Ure ouvre le premier registre catholique le 12 juillet 1741. Aucun moyen n’ayant été attribué pour cette église, la construction est longue.

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Eglise de St André – Lithographie de Roussin

Selon un rapport du Conseil Supérieur de la colonie en 1750, on peut relèver : «en attendant que l’église en pierres fut construite, les habitants en avaient construite une en bois, où l’on faisait le service ». Justement cette même année, la chapelle en bois est totalement détruite par les flammes. Les ouvriers s’activent et l’église en pierre est achevée en 1752. Cependant, elle subit les aléas d’un séisme qui la fragilise. Les travaux ne pouvant s’effectuer faute de moyens financiers, elle finit par se dégrader.

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Eglise de St André Saint-André devient paroisse en 1766.

Tout se passe tranquillement dans le quartier jusqu’à la Révolution de 1789. La nouvelle arrive début 1790 dans l’ile provoquant la joie des colons. L’exaltation républicaine conduit à la mise en place de plusieurs symboles révolutionnaires dans chaque quartier, un « arbre de la liberté et de l’égalité » est planté. Les habitants affichent la cocarde tricolore.

La première municipalité est mise en place. L’élection du 3 août 1790 désigne le Maire. Pour l’historien Claude Wanquet le premier maire est Pignolet (pour d’autres c’est Bruna). L’élection est réfutée, Velmant lui est préféré. Les partisans de l’un et de l’autre se regroupent puis les groupes s’opposent. Chaque fois qu’un sujet est abordé pour l’avenir de la commune, les clans se déchirent et aucun accord n’est trouvé. Cette situation dure pendant 3 années.

Chaque arrêté de l’Assemblée coloniale (mise en place en 1791 à Saint-Denis) est contesté. Saint-André s’érige comme « bastion contre-révolutionnaire » jusqu’au chaos comme disent les historiens. Maturin Robert et François Richard fervents monarchistes mènent les insoumis. Armés de « bâtons ferrés », ils décident de perturber les réunions qui se déroulent dans l’église. Les affrontements réguliers retardent les élections de plusieurs mois. La police aussi n’est pas encore structurée. Alors Mathurin Robert se désigne chef de police. Désordre, contestation et désobéissance, c’est la confusion totale. L’Assemblée coloniale ne veut pas intervenir dans cette « crise saint-andréenne » pour éviter les effusions de sang. Un conciliateur est nommé, il s’agit du curé de la paroisse.

Pendant que les royalistes font ce qu’ils veulent à Saint-André, les révolutionnaires reprochent au gouverneur Duplessis d’être monarchiste et d’aider à la contre-révolution en apportant son appui. Le gouverneur est arrêté le 12 avril 1794. Le ton des échanges monte à l’assemblée qui compte une forte majorité révolutionnaire. C’est là qu’un certain Bigot (ou Bigault) « sans-culotte » de St André se fait remarquer. Mais quelques temps plus tard, celui-ci est tué lors d’un duel qui n’a pourtant aucun rapport avec la politique. Sa dépouille sur laquelle est déposé un bonnet phrygien, est exposée dans la nef de l’église.

Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1894, l’arbre de la liberté fraichement planté devant l’église, est déraciné, le monument construit en l’honneur de Bigot est outrageusement retourné. Les insignes républicains dont la couronne civique et le bonnet phrygien, sont foulés aux pieds. C’est une explosion d’indignation dans toute la colonie.

L’Assemblée Coloniale décide le 15 janvier 1895 « qu’il n’existera plus rien qui ne rappelle la dénomination d’un canton dans lequel s’est commis un attentat horrible contre les symboles de l’égalité et de la liberté et dont malheureusement on n’a pas pu découvrir les coupables auteurs ». L’église elle-même est condamnée puis rasée. Exit Saint-André dont l’Assemblée ne cite même pas le nom dans son arrêté. Ainsi, le territoire de la commune supprimée est réparti de chaque coté de la Rivière du Mât entre Ste Suzanne et de St Benoit.

Restituée en 1798, la commune récupère son territoire sauf la partie entre la Rivière du Mât et le chemin des limites (aujourd’hui Bras Panon). La ville reste sans église et sans curé jusqu’en 1817. Date à laquelle le Père Minot fait appel aux habitants, avant de lancer la construction de la nouvelle église, bénie le 30 novembre 1821 et consacrée en novembre 1852 par Mgr Desprez, premier évêque de la colonie.

A plusieurs reprise les cyclones ont dégradé l’église tout au long du XXe siècle. Les prêtres successifs, aidés des paroissiens, conduisent des travaux de restauration, d’amélioration et d’agrandissement avec les faibles moyens à leurs dispositions.

La Salle Jeanne d’Arc, elle, est batie pour le catéchisme par le père Bomberger, à Saint-André de 1941 à 1948. A partir de juin 1943, les murs en pierre de taille sont montés. En 1944, la mairie et les paroissiens sont sollicités pour construire la toiture. Mais le cyclone de 1948 en arrache la charpente. La salle reste près de 20 ans découverte. Depuis ces monuments ont été restaurés.

Sabine Thirel

Le cimetière marin de St Paul

Le cimetière marin situé entre ciel et mer, n’est plus uniquement un lieu de recueillement, au fil des générations, il est devenu aussi un site de mémoire. Nombre de ceux qui ont peuplé La Réunion y reposent

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ancre annonçant un cimetière marin

Vers 1788, le cimetière marin, le plus vieux de l’île, est fondé à l’extrême sud de la ville entre la plage et la falaise. Au détour des allées désordonnées, les noms de Bellon, Cadet, Caron, Damour, Launay, Lougnon, Nativel, Payet, Petit, Royer, Tessier, Touchard, Vergoz et de bien d’autres pères de familles créoles, y sont inscrits. Alexandre Monnet religieux catholique français combattant infatigable de l’esclavage, les naufragés du Ker Anna y reposent également. Certains pensent y trouver le caveau de Mme Desbassyns, mais en fait il s’agit de celui de son époux. Apolline, elle est inhumée dans la chapelle pointue à Saint-Gilles les Hauts.

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Tombe de Leconte de Lisle surmontée de son buste (devant)

Dans l’allée principale, les tombes de poètes et d’écrivains nés à Saint-Paul se côtoient Eugène Dayot (1810-1852), Charles Leconte de Lisle (1818-1894) de retour dans l’île en 1977 après avoir été enterré à Paris au cimetière Montparnasse. Il repose dorénavant avec son épouse, pas très loin de la Ravine du Bernica dont il a chanté les louanges dans ses Poèmes Barbares. En se déplaçant dans ce lieu chargé d’histoire, on peut lire des poèmes, un d’Eugène Dayot sur sa propre tombe, « Le Manchy » de Leconte de Lisle sur celle de sa cousine, Célimène Delanux …

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fausse tombe du vrai pirate La Buse

A l’entrée nord, une tombe plate d’Olivier Levasseur dit La Buse, célèbre pirate qui a écumé les mers du sud et en particulier la Mer des Indes, porte une croix en basalte taillée gravée d’une tête de mort. Mais bien que la croyance populaire l’y fasse reposer, il a été condamné à être pendu en 1730, presque 60 ans avant la création de ce cimetière. C’est juste avant sa pendaison qu’il a jeté une carte dans la foule en criant : « Mon trésor à qui saura comprendre ». Aujourd’hui, malgré l’ardeur des chercheurs de trésors (autorisés ou marrons), bon nombre d’indices et de repères ont disparus, le trésor de La Buse n’est pas pour autant mis au jour.

 
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A quelques mètres de là et d’ailleurs dans tout le cimetière, de nombreux petits caveaux gris et arrondis, sans aucune inscription seraient celles des huguenots, eux aussi débarqués au cours du premier siècle de peuplement et parfois de navires pirates. Ces flibustiers ont bénéficié de la clémence accordée à ceux qui faisaient serment d’abandonner la piraterie pour devenir d’honnêtes citoyens, avec leurs butins ils ont pu acquérir des concessions à Bourbon. Nombreux sont ceux qui ont fait souche (Huet, Le Baillif, Grimaud, Picard, Boucher…) et dont les noms sont courants dans l’île.

Le cimetière marin n’a pas de plan particulier, il peut être visité dans un sens comme dans l’autre, au hasard des allées. Cependant, construit sur le sable à quelques mètres à peines de la mer, il est rongé régulièrement surtout lorsqu’il subit l’assaut des vagues pendant les cyclones.

Sabine THIREL

L’histoire de Savannah St Paul

 

Les premiers habitants de l’île se sont installés autour de l’étang Saint-Paul au pied de la montagne qui surplombe la ville. La savane aride s’étendait du « bout de l’Etang » jusqu’à la rivière des Galets. Cet espace était appelé « Parc à Jacques » du nom de son premier concessionnaire : Jacques Fontaine.

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Usine Defaud – Grand Pourpier-

Au XVIIIe siècle l’île Bourbon est le grenier des Mascareignes, la plaine de Savannah est recouverte de rizières et de vivres. Ce n’est qu’après la livraison, du canal Lemarchand en 1829, dont la construction a duré 15 ans, que les terres arides se transforment en champs de cannes. Ce canal alimente la plaine Chabrier jusqu’en 1976. C’est à partir de là que les usines du Piton, du Grand-Pourpier et du Bout de l’Etang (Savanna) ont été construites. La production de sucre est acheminée vers les quatre Marines nouvellement construites dans la baie de Saint-Paul.

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En effet, Olive Lemarchand achète le domaine à Lacaille au début du XIXe siècle qu’il nomme : Domaine Sucrier de Savanna et installe la première usine en 1820. Des ruines noircies, en pierres de taille et moellons, surmontées d’une cheminée rognée par le temps se trouvent à La Perrière sur le Chemin du Tour des Roches(image 2). Ces ruines correspondent-t-elles à cette première usine ?

A cette époque, la main d’œuvre repose essentiellement sur l’esclavage.

 
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Usine de Savanna

D’ailleurs l’Abbé Macquet, curé de la paroisse de Saint-Paul de 1844 à 1860, écrit : « La messe terminée (…) un grand rassemblement se forme à la porte de l’église : j’entends des soupirs et des gémissements poussés par une famille d’esclaves que l’on va vendre (…) Il fallait entendre leurs supplications pour déterminer les (riches colons) à les acheter tous ensembles (…) A un signal donné, ils se dépouillent de leurs pauvres vêtements : on les fait monter sur les tables ; on les examine comme des bêtes, pour s’assurer s’ils ont bon pied bon œil ; et cette révision se fait devant la foule assemblée. Puis vient la mise à prix (…) C’est un honnête et riche colon qui fait une offre pour le groupe entier : la foule applaudit, la vente est conclue. » (cf.A.Miranville)

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La Grande Maison

Lors de l’Abolition de l’esclavage en 1848, les affranchis à majorité indienne, s’installent aux alentours des villes et des sucreries.

La Société du Domaine de Savanna constituée en 1876, passe aux mains de La Hogue puis à celles d’Eléonore Hoareau-La Source. En 1897, les héritiers Hoareau-La source propriétaires de l’Etablissement et des terres environnantes, créent la Société Anonyme Agricole et Industrielle de Savanna. Comme toutes les propriétés de l’époque, les habitants du domaine vivent en autonomie. La nourriture et les vivres sont produits sur la propriété. Ce qui évite de dépendre des autres et surtout des navires peu nombreux.

En 1902, Savanna emploie 151 engagés, soit 45 Malgaches, 43 Indiens, 32 Africains et 31 chinois.

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Habitation des engagés-

Longère Rachetée en 1916 par la société Anatole Hugot et Charles Maureau, la propriété passe aux mains de Frédéric de Villèle et Adrien Lagourgue. Enfin, en 1948 Savanna rejoint La Mare, l’Eperon, Stella et Grands-Bois pour former les Sucreries de Bourbon dont le PDG est Emile Hugot.

La Grande Maison située derrière l’usine appelée aussi Château ou Maison Blanche est un édifice du XVIIIe siècle. Elle abritait le propriétaire puis le directeur de l’usine jusqu’en 1935. Par la suite elle a servi de dépôt de sucre. Très sobre, elle se dresse face à l’étang situé à quelques centaines de mètres par une allée de cocotiers. Cette maison de maître à un étage, a aussi servi de lazaret, c’est-à-dire de lieu d’isolement pour les nouveaux arrivants espérant ainsi éviter la propagation des maladie dont ils seraient porteurs, mais il sert aussi de lieu de soins.

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Savanna-Photo Brice Basson-

Témoins architecturaux et mécaniques de l’industrie sucrière de La Réunion Lorsque le directeur habite dans la Grande Maison située face à l’Etang, les techniciens et employés sont logés autour de l’usine. Les engagés vivent sur le chemin du Tour des Roches au lieu dit Jardin La Perrière. Des bidonvilles se sont montés le long de la longue Allée des Palmiers, à l’entrée de l’habitation, dans le quartier Bonaparte. C’est là, derrière les épaisses haies de bois de lait que s’installent les manœuvres, les travailleurs occasionnels. Les journaliers en fin de contrat rejoignent également l’endroit.

Une première distillerie est créée dans les années 1870.

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Savanna – Réserve de Sucre

Les petites usines de l’Ouest fusionnent entre elles. Celle de Bellemène est la première à fermer en 1904 ; précédant Petit Bernica de 4 ans à peine. L’usine de Villèle arrête de produire en 1920 et l’Eperon en 1935. Vue Belle et Savanna brassent la totalité des cannes du territoire Ouest. Alexis Miranville apporte les précisions suivantes : « Le rhum produit à Savanna et à Vue Belle était vendu en gros en ville de Saint-Paul. Le dépôt de rhum se trouvait dans les bureaux des Contributions Indirectes. L’employé de ce service prélevait ainsi, à la source, toutes les taxes dues. Ce dépôt fut supprimé au début des années 1970. »

A partir de 1970, Savanna broie l’ensemble des cannes de l’ouest. Alors que la centralisation est lancée depuis presque qu’un siècle, en 1982 la distillerie de Savanna se dote d’un équipement performant dans le but de fabriquer du rhum léger destiné à l’exportation. « Cette acquisition a été, pour Distillerie de Savanna, le fait générateur du développement de sa technologie rhumière, qui a multiplié, à partir de cette année là, la diversification et la qualité de ses productions. » En 1992, la distillerie est transférée à Bois-Rouge, Saint-André, concentration oblige.

Henri Odile, septuagénaire, rencontré sur le chemin du canal Lemarchand raconte volontiers, avec nostalgie, avoir travaillé avec M. Roger à Savanna. Il était « manœuvre-chaudière » jusqu’en 1985 date de sa retraite et de la dernière campagne sucrière de l’usine.

Le domaine de Savanna s’est adapté à sa population de plus en plus nombreuse et diversifiée, installant des lieux de culte, un temple indien dans la cour de l’usine transféré à l’Allée des Palmiers et une église sur le chemin départemental. Une boutique « chinois » s’installe aussi face à la balance.

 

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Balance sur la plateforme.

L’usine de Savanna ferme ses portes en 1986. Son dernier directeur Roger Thirel, qui a succédé à son père Jules Thirel 30 ans plus tôt, rejoint l’usine de Grands Bois, dernier bastion des Sucreries de Bourbon devenue Industrielle Sucrière de Bourbon. Une grande partie du personnel y est également déplacée.

Aujourd’hui, Savanna se transforme en zone commerciale et regroupe de nombreuses grandes enseignes.

Sabine THIREL

Sources :

Saint-Paul, Histoire et mutations d’une petite ville coloniale. Alexis Miranville-L’Harmattan-2001-

Le Lazaret de la Grande-Chaloupe – M.Marimoutou-Oberlé

Distillerie de Savanna

L’Abbé Macquet, Six années à l’Ile Bourbon, Editions Cattier, 1993

Témoins architecturaux et mécaniques de l’industrie sucrière de La Réunion- Amicale du personnel de la culture à La Réunion

ST ANDRE : un bastion monarchique…en 1789

La commune de Saint-André peuplée dès 1670, devient pendant la Révolution française, l’un des bastions monarchistes le plus actif de la colonie.

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Eglise de St André – Lithographie de Roussin La Compagnie des Indes donne l’autorisation de la construction d’une église à Saint-André, suite à la demande de ses habitants. Un lazariste est détaché de Sainte-Suzanne, le curé d’Ure ouvre le premier registre catholique le 12 juillet 1741. Aucun moyen n’ayant été attribué pour cette église, la construction est longue.

Selon un rapport du Conseil Supérieur de la colonie en 1750, on peut relèver : «en attendant que l’église en pierres fut construite, les habitants en avaient construite une en bois, où l’on faisait le service ». Justement cette même année, la chapelle en bois est totalement détruite par les flammes. Les ouvriers s’activent et l’église en pierre est achevée en 1752. Cependant, elle subit les aléas d’un séisme qui la fragilise. Les travaux ne pouvant s’effectuer faute de moyens financiers, elle finit par se dégrader.

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Eglise de St André Saint-André devient paroisse en 1766. Tout se passe tranquillement dans le quartier jusqu’à la Révolution de 1789. La nouvelle arrive début 1790 dans l’ile provoquant la joie des colons. L’exaltation républicaine conduit à la mise en place de plusieurs symboles révolutionnaires dans chaque quartier, un « arbre de la liberté et de l’égalité » est planté. Les habitants affichent la cocarde tricolore.

La première municipalité est mise en place. L’élection du 3 août 1790 désigne le Maire. Pour l’historien Claude Wanquet le premier maire est Pignolet (pour d’autres c’est Bruna). L’élection est réfutée, Velmant lui est préféré. Les partisans de l’un et de l’autre se regroupent puis les groupes s’opposent. Chaque fois qu’un sujet est abordé pour l’avenir de la commune, les clans se déchirent et aucun accord n’est trouvé. Cette situation dure pendant 3 années.

Eglise de St André Chaque arrêté de l’Assemblée coloniale (mise en place en 1791 à Saint-Denis) est contesté. Saint-André s’érige comme « bastion contre-révolutionnaire » jusqu’au chaos comme disent les historiens. Maturin Robert et François Richard fervents monarchistes mènent les insoumis. Armés de « bâtons ferrés », ils décident de perturber les réunions qui se déroulent dans l’église. Les affrontements réguliers retardent les élections de plusieurs mois. La police aussi n’est pas encore structurée. Alors Mathurin Robert se désigne chef de police. Désordre, contestation et désobéissance, c’est la confusion totale. L’Assemblée coloniale ne veut pas intervenir dans cette « crise saint-andréenne » pour éviter les effusions de sang. Un conciliateur est nommé, il s’agit du curé de la paroisse.

 Eglise de St André Pendant que les royalistes font ce qu’ils veulent à Saint-André, les révolutionnaires reprochent au gouverneur Duplessis d’être monarchiste et d’aider à la contre-révolution en apportant son appui. Le gouverneur est arrêté le 12 avril 1794. Le ton des échanges monte à l’assemblée qui compte une forte majorité révolutionnaire. C’est là qu’un certain Bigot (ou Bigault) « sans-culotte » de St André se fait remarquer. Mais quelques temps plus tard, celui-ci est tué lors d’un duel qui n’a pourtant aucun rapport avec la politique. Sa dépouille sur laquelle est déposé un bonnet phrygien, est exposée dans la nef de l’église.

Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1894, l’arbre de la liberté fraichement planté devant l’église, est déraciné, le monument construit en l’honneur de Bigot est outrageusement retourné. Les insignes républicains dont la couronne civique et le bonnet phrygien, sont foulés aux pieds. C’est une explosion d’indignation dans toute la colonie.

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Eglise de St André L’Assemblée Coloniale décide le 15 janvier 1895 « qu’il n’existera plus rien qui ne rappelle la dénomination d’un canton dans lequel s’est commis un attentat horrible contre les symboles de l’égalité et de la liberté et dont malheureusement on n’a pas pu découvrir les coupables auteurs ». L’église elle-même est condamnée puis rasée. Exit Saint-André dont l’Assemblée ne cite même pas le nom dans son arrêté. Ainsi, le territoire de la commune supprimée est réparti de chaque coté de la Rivière du Mât entre Ste Suzanne et de St Benoit.

Restituée en 1798, la commune récupère son territoire sauf la partie entre la Rivière du Mât et le chemin des limites (aujourd’hui Bras Panon). La ville reste sans église et sans curé jusqu’en 1817. Date à laquelle le Père Minot fait appel aux habitants, avant de lancer la construction de la nouvelle église, bénie le 30 novembre 1821 et consacrée en novembre 1852 par Mgr Desprez, premier évêque de la colonie.

Salle Jeanne D’Arc et Cure de St André A plusieurs reprise les cyclones ont dégradé l’église tout au long du XXe siècle. Les prêtres successifs, aidés des paroissiens, conduisent des travaux de restauration, d’amélioration et d’agrandissement avec les faibles moyens à leurs dispositions.

La Salle Jeanne d’Arc, elle, est batie pour le catéchisme par le père Bomberger, à Saint-André de 1941 à 1948. A partir de juin 1943, les murs en pierre de taille sont montés. En 1944, la mairie et les paroissiens sont sollicités pour construire la toiture. Mais le cyclone de 1948 en arrache la charpente. La salle reste près de 20 ans découverte. Depuis ces monuments ont été restaurés.

Sabine THIREL

l’ancien cimetière marin de Basse Vallée

Ancien Cimetière marin de Basse Vallée

Le Cimetière marin de Basse Vallée présente une quinzaine de tombes qui ont traversé les siècles et résisté aux intempéries. Saint-Philippe est la seule commune de l’île où le nombre d’hommes libres a toujours été supérieur à celui des esclaves

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Deux tombes alignées

Au Cap Méchant battu par l’Océan indien déchainé, nul ne peut imaginer que reposent des dépouilles d’inconnus. La seule preuve de leur passage est leurs sépultures particulières. Ces tombeaux ne sont sûrement pas ceux d’indigents, mais comment pourrait-on savoir de qui il s’agit réellement, elles ne portent plus de nom. Aucun cimetière de l’île ne présente des tombes alignées de la sorte, cependant ce lieu est totalement abandonné. La quinzaine de tombes est invisible depuis la route, elle même située à 50 mètres en amont.

 
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 Mausolée

Pour y parvenir, il faut prendre un petit escalier en maçonnerie qui mène à une petite case Tomi. Celle-ci doit être contournée et le visiteur doit se diriger vers la mer. Les hautes herbes de plus d’un mètre cinquante envahissent la place. En avançant péniblement sur vingt mètres entre les pocs-pocs, les ronces des Corbeilles d’or, vous apercevez un petit mausolée noir en pierre de taille quelques dizaines de mètres plus loin. Il s’agit de la plus haute sépulture, celle par laquelle on se dit qu’on ne s’est pas trompé d’endroit.
Upload images Tombe carrée

Ce petit mausolée présente une base légèrement rectangulaire coiffée d’une petite pyramide. Deux autres à bases carrées ressemblent à la précédente, mais ont perdu leurs toits et leurs autels s’ils en présentaient un. Il ne reste que la base en basalte taillé encadrant des morceaux de lave cassée.

En avançant encore, quelle n’est pas la surprise de découvrir devant le mausolée, deux catafalques d’environ deux mètres de long chacun. De forme demi-cylindrique sur une base rectangulaire, ils sont positionnés dans le prolongement l’un de l’autre. Au premier abord, on pense à des tombes indiennes. Mais sur l’arrondi du couvercle, un morceau de fer travaillé représente « la base d’une croix à tête de mort »*.

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Tombes alignées

Serait-ce des tombes de pirates ? Ce cimetière date de la fin du XVIIIe siècle. Il est vrai que les pirates ont fréquenté la zone pendant la première moitié de ce même siècle. Il s’agirait peut-être de pirates repentis devenus d’honnêtes Bourbonnais grâce à l’amnistie qui leur était offerte s’ils renonçaient à jamais à la piraterie. Nombreux sont les pirates qui se sont installés, ont fondé une famille. Leurs noms sont courants aujourd’hui dans l’île.

En tout état de cause, la date de 1839* gravée dans la roche n’a pu être repérée tellement la luxuriante végétation sauvage envahit et recouvre les tombes qui sont pourtant des modèles d’originalité.

Sépulture rectangulaire à arête saillante Une autre sépulture rectangulaire, longue d’un mètre soixante à un mètre quatre-vingt sur soixante-dix centimètres, a aussi le dessus triangulaire en arête saillante sur toute la longueur. En cherchant bien, on découvre un petit tombeau long de 80 cm. C’est peut être celui d’un enfant. Il présente les mêmes caractéristiques, base rectangulaire surélevée d’une arête.

Sous les lianes et les herbes destructrices, des quinze tombes* répertoriées, seules sept d’entre elles ont pu être repérées sous l’épais tapis de verdure.

Petit tombeau long de 80 cm Il est vraiment dommage que ce lieu, témoignage lointain du peuplement de l’île et de la commune n’ait pas été plus préservé et protégé. Sûr que ce petit cimetière réhabilité pourrait être un lieu touristique intéressant s’il était indiqué, ceinturé et aussi débarrassé des moustiques et des fourmis rouges qui y pullulent.

Vers 1857, les enterrements ne sont plus effectués dans le cimetière de Basse Vallée puisque celui de St-Philippe lui succède.

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« la base d’une croix à tête de mort »*

Les habitants de la commune connaissent bien cet endroit qu’ils nomment « Ancien Cimetière marin de Basse-Vallée ». La mémoire populaire nous confirme ainsi que des marins y sont enterrés, peut-être des pirates.

Sabine THIREL

Les « petits blancs des hauts »

LES PETITS BLANCS DES HAUTS

Au XVIIIe et XIXe siècle, les familles blanches étaient souvent nombreuses. Si les aînés et cadets s’en sortaient plutôt bien, les plus jeunes soumis à la portion congrue devaient résignés monter dans les Hauts de l’île pour cultiver des terres souvent ingrates, d’où leur surnom de « petits blanc des hauts »

Après l’abolition de l’esclavage de 1848, on les accuse de paresse et de vagabondage. D’ailleurs, ils marchent souvent pieds nus comme les ex-esclaves et sont peu vêtus.

Que va t’on pouvoir faire d’eux ?

Ils sont bons chasseurs. Pourquoi ne pas les enrôler dans l’Armée ? mais la tentative échoue, on ne sait exactement pourquoi …

On aurait pu les envoyer à Madagascar où il y a tant de terres à cultiver… mais l’absence de formation, le climat et un certain manque d’ambition feront avorter le projet.

Alors, ils s’occupent de cueillette et de chasse…mais cela ne dure qu’un temps car le gibier se réduit et cela ne nourrit plus son homme, alors cela se termine bien souvent en rapines et en vols.

Et pourquoi pas un petit « carreau »de canne à sucre ?

Celle-ci en effet leur est barrée car ils manquent totalement de moyens financiers et humains. Cette activité restera aux aînés.

En 1830 les « francs-créoles »…

Ce fut en fait une tentative avortée de création d’une classe moyenne solidaire, mais qui prise entre 2 feux, génait tout le monde…

Durant la période pré-abolitionniste

Les Colons étaient très réservés face au Clergé jusque là : En effet, celui-ci prêchait des dimanches fériés- d’où perte de rentabilité pour leurs exploitations. Une instruction pouvait se révéler dangereuse car ils auraient gagné en statut et auraient pu exprimer diverses revendications.

Et à l’abolition de l’Esclavage

On va enfin accepter l’instruction des esclaves par le Clergé mais avec moralisation par celui-ci. (pour éviter l’insurrection…) mais aussi des « petits blancs » dont on craignait qu’ils s’allient avec les esclaves dans un réflexe de classe.

L’objectif : remettre des petits blancs oisifs au travail, or dans les Hauts, il gèle et il faut une constitution vigoureuse ce qui n’est que rarement le cas et puis dans leur esprit la terre, c’est l’esclavage et il n’ y a aucune promotion possible…

On s’est posé la question : pourquoi ne pas embaucher les petits blancs à la place des esclaves affranchis ? Mais faire le travail d’un esclave froissait leur sensibilité, de plus les « gros blancs » payaient mal et puis ils se révélaient moins soumis que les esclaves…

D’où paupérisation des petits propriétaires …

Leurs exploitations-trop petites n’étaient pas rentables. Le matériel non adapté à des terrains pentus, trop cher pour eux…

Monter à la Plaine des Palmistes ?

Si les Hauts étaient plus accessibles que les cirques, ils se révélaient peu sûrs : d’épaisses forêts pouvaient bien encore abriter des « esclaves marrons » et les terres fort érodées étaient peu fertiles

Le 1er aventurier à y monter fût un certain LETORT qui se fit attribuer en 1749 l’essentiel des terres ;

En 1798 fut construit un gîte : « Le bon accueil » vite fermé faute de voyageurs.

A la Plaine des Cafres ?

Eloignée de tout, trop gelée, personne ne s’y égarait d’autant qu’on craignait les derniers esclaves « marrons »

Le chemin de la Plaine devint une route faite en 13 ans de 1837 à 1850. Un poste militaire à Ste Agathe (930m d’altitude) fût confié en 1847au lieutenant TEXTOR. Celui-ci était autant protecteur des lieux, savant autodidacte qu’explorateur.

Puis on décida d’ouvrir des concessions tous les 500m, avec une zone pour l’élevage, une pour les cultures vivrières mais le bétail indiscipliné divaguait, le sol lessivé par les pluies, sans parler de la déforestation entraînée par la présence de 18 propriétaires…

Un peu plus tard, les colons finissent par s’installer n’importe où là où il a des terres arables et de l’eau et pourquoi pas de quoi survivre sans travailler (gibier, bois, rivière…) On brûles les forêts et les semis sur des terres trop lessivées.

En 1880 de confortables maisons remplacent les paillotes et les belles forêts ont disparu.
Commencent à arriver des rhumatisants aisés ou simplement des gens qui fuient les épidémies de paludisme côtier. Et puis c’est si bon un « changement d’air » l’été !

Alors les petits blancs vivotent à 8 ou 10 dans des paillotes où la promiscuité fait des ravages. La tôle va remplacer le bardeau. Quelques uns vont réussir dans le ver à soie ou le géranium

Et à Cilaos ?

Cilaos fût longtemps un haut lieu de marronnage. Le 1er occupant de « l’ilet à cordes » fut d’ailleurs un esclave qui a trahi ses frères –qui fomentaient une révolte en 1810- en les dénonçant à l’administration anglaise et bénéficia de ce site en récompense..(200 ha)
à vie.
En 1814 : un dénommé TECHER trouva des sources
un sentier fut tracé en 1845 permettant de rejoindre la petite ville en une journée (40 kms de montée)
Une route le remplaça en 1932 .
Le Dr Mac AULIFFE oeuvra pour les THERMES

De vierge en 1850, la ville comprenait alors 2000 habitants en 1880

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