Salazie : un cirque légendaire…

 

Certaines légendes ont la vie dure. Salazie en connait quelques unes et pas des moindres.

 

 
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Eglise de Salazie

La Paroisse de Salazie est créée en 1838 et la première pierre du soubassement de l’église en bois, est posée le 11 octobre 1840 par le Contre Amiral De Hell. L’église est construite par Louis Cazal, sur la propriété de Jean-Baptiste Malvoisin. Les murs de la deuxième église sont montés autour de l’ancienne par les habitants. Les caractéristiques du monument sont ses deux tours en béton et maçonnerie. A chaque agrandissement, les murs sont montés à l’extérieur

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la cathédrale de Reims

L’église est copiée sur l’architecture de la cathédrale Notre Dame de Reims. La personne à l’origine de cet édifice est Méry Payet (décédée en 1971, à 78 ans), fille d’Yvrin Payet, notable bien connu dans le village et futur propriétaire de l’usine de Quartier Français. Cette jeune habitante de Salazie a été infirmière à l’hôpital de Chateau Thierry, près de Reims. Très croyante et pratiquante, elle fait un pèlerinage à la Cathédrale de Reims où ont été couronnés les rois de France. Elle souhaite entrer dans les ordres mais divorcée cela lui est refusé. Lors de ce pèlerinage Méry Payet fait un vœu et celui-ci est exaucé.
De retour dans l’île, elle demande à son père de construire une nouvelle église qui ressemblerait à celle de Reims. Ainsi, elle aurait l’impression de continuer à prier dans un univers connu. Son père lui accorde ce privilège. Il donne le ciment et la main-d’œuvre et avec les moyens de l’époque, la construction commence vers 1920 d’après une photo que la jeune femme a rapportée de son voyage. La durée du chantier est indéterminée. Il semble que Méry soit également l’instigatrice de l’inscription « Chez nous soyez reine» apposée sur la façade de l’église.

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Le Père Bourasseau bénit l’actuelle église de Salazie, le 2 octobre 1941.
Le Père Gabriel Charles Octave Bourasseau de la Congrégation du Saint-Esprit est né en 1902 à Luçon (Vendée). Ordonné prêtre en 1933 puis missionnaire à Madagascar, il arrive à La Réunion en 1935. Nommé à Salazie en 1936, il bénit l’église en 1941. Décédé le 4 mai 1957, le Père Bourasseau repose dans une tombe située derrière l’église. Elle est couverte d’ex-voto et remerciements. En effet, plusieurs personnes y viennent pour demander des grâces et remercier pour les vœux exaucés.
D’après Prosper Eve, dans « La Religion populaire à La Réunion » Université de La Réunion, « Hormis les Saints, un autre culte perce (…) voué à des personnages (religieux) non canonisés. (…) Dès qu’un prêtre meurt, les messes sont demandées pour le repos de son âme »

D’autres tombes connues se trouvent au cimetière d’Hell-Bourg, celles du poète Auguste Lacaussade, du poète écossais William Falconer et du brigand Volcenay Zitte . La tombe de Volcenay Zitte est facilement identifiable, par la grosse pierre surmontée d’une croix qui y est mise. Cette tombe contient le corps du terrible bandit. En 1919, le bandit Zitte sévit dans l’ouest de l’ile. Il agresse, vole, assassine et brûle tout ce qu’il veut. Les Réunionnais sont terrifiés. Recherché par les forces de l’ordre, il se cache chez sa sœur. Cependant, de connivence avec les gendarmes alors qu’elle le reçoit chez elle à Marla, une embuscade est tendue, il est blessé et arrêté.
Transporté par brancard, Zitte déchire son ventre avec ses ongles et décède à Grand Sable. Son corps est ramené à Hell Bourg pour autopsie, il y sera enterré.

Mais sa tête est portée à Saint-Denis pour identification. Elle est enterrée dans une des trois tombes qui forment le petit espace hors du cimetière de l’Est à Saint-Denis, au carré des condamnés à morts. Condamnés par la justice des hommes, ils ne reposent pas avec leurs concitoyens. Ce carré des condamnés est toujours fleuri. « Selon la légende, l’âme de Zitte est condamné à errer, ne retrouvera pas le repos tant que sa tête ne sera pas réunie à son corps. La tombe de Zitte fait parfois l’objet de rituels nocturnes au cours desquels les adorateurs déposent un verre de rhum, des cigarettes et des cônes d’encens ». Pour Prosper Eve dans la croyance populaire « L’âme de celui qui ne reçoit pas de sépulture est donc condamné à errer et à influer néfastement sur les vivants. Tous ces africains, ces malgaches venus à la Réunion ont l’habitude de professer un culte à leurs ancêtres. Pour eux, le mort est sacré. Qu’il ne soit pas admis dans le concert des ancêtres, en étant inhumé de manière digne est inadmissible : L’outrage suprême est bien de malmener le cadavre, de le priver de sépulture, de désacraliser le mort. »
Après sa mort, Zitte est devenu un mythe à Salazie, dans les hauts de Saint-Paul et dans toute l’île.

Sources :
Posper Eve « La Religion populaire à La Réunion » Université de La Réunion
La cause des victimes, approches transculturelles : Ile de la Réunion et … Geneviève Payet, Jean-Loup Roche
Patrimoine des Communes de La Réunion. Flohic Editions- septembre 2000

Sabine Thirel

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