Archive pour la catégorie ‘Assoc. "Les Amis de l'Histoire"’

La « chapelle des forbans » de Ste Marie

 

La chapelle est établie en haut de la petite falaise qui domine la baie de Sainte-Marie. Selon la légende des pirates en danger avaient promis à la vierge Marie de construire une chapelle en son honneur s’ils s’en sortaient vivants avant de se jeter sur la côte.

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la « chapelle des forbans »

 

Chapelle de la Salette -Ste Marie. En 1667, l’ile est tout juste occupée par une centaine d’habitants centralisés dans la région de Saint-Paul. Des bateaux marchands ou pirates de passage s’y ravitaillent avant de reprendre la mer.
Un jour de février, un bateau pirate croise au large de l’île à la recherche de proies faciles. Mais il se trouve face à une flotte envoyée par le roi de France. Les pirates ne savent pas qu’il s’agit de l’escadre de Montdevergue, envoyée à Bourbon par le roi de France et la Compagnie des Indes Orientales.
Cette escadre est la deuxième que le Louis XIV envoie pour peupler et occuper l’île Bourbon. Il a désigné le chef de l’expédition. Il s’agit de François de Lopis, marquis de Montdevergue.

La flotte se compose de 10 navires sur lesquels se trouvent près de 1 590 hommes dont 3 douzaines d’orphelines à marier. Les hommes sont choisis selon leurs qualifications, des militaires qui forment 4 compagnies, des ouvriers spécialisés, des fermiers et des employés. Bien entendu pour un voyage assuré, se joignent à eux des officiers de marine, des hommes d’équipage et des matelots.
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L’escadre quitte La Rochelle en mars 1666 et arrive dans l’île en février 1667. C’est l’époque de la marine à voile. Le convoi doit suivre les courants et les vents favorables pour arriver à destination. Comme cela se passait souvent à l’époque, après avoir quitté les côtes européennes, les navires descendent plein Sud vert la côte occidentale de l’Afrique, puis portés par les vents, ils traversent l’Atlantique pour arriver à hauteur du Brésil avant de revenir sur le cap des Tempêtes. Une fois dans l’Océan Indien les vents portent les voiliers le long du 40e parallèle avant qu’ils remontent le long du fuseau 22 pour arriver à hauteur de Rodrigue et de se diriger vers Bourbon.

 

 

L’escadre est bien mal en point à la fin du voyage, un an plus tard. En effet, à son arrivée dans l’île, le convoi a perdu quatre navires et 400 hommes. De plus, 200 malades sont débarqués, mais seulement 60 d’entre eux survivront.
Les personnes qui arrivent alors à Bourbon sont : François Mussard, maître menuisier – Jean Bellon époux de Antoinette Arnaud – Hervé Dennemont époux de Léonarde Pillé – Michel Esparron, dit « Latour » sera l’époux de Françoise Chatelain une des grands-mères réunionnaises – Jeanne de la Croix, femme de Claude Mollet dit  » Labry  » – Marguerite Compiègne descendante d’une famille de cultivateurs picards – Jacques Compiègne et Marguerite Monteny et leurs deux filles – Antoine Royer qui épousera Marguerite Texere une indo-Portugaise – Anne Billard qui épousera Pierre Pau – Jean Mirebaudet sa femme Malgache Anne Randranar – Marie Baudry qui se mariera à René Hoarau (habitant de Bourbon à son arrivée) .

En effet, étaient arrivés en 1665 avec Etienne Regnault, semble-t-il : Pierre Collin, Hervé Dennemont, Jacques Fontaine, Pierre Hibon, René Hoarau, Gilles Launay, Claude Mollet, François Mussard, Pierre Pau, François Riquebourg, Athanase Touchard et François Vallée.

En 1667, au large de Sainte-Marie, les pirates se croient perdus, ils unissent leurs prières et promettent à La Sainte Vierge de lui construire une chapelle à l’endroit où ils toucheraient terre et où ils seront en sécurité. En effet, pourchassé par l’escadre, le navire essaye de le distancer et de lui échapper mais il se fracasse sur la plage de galets de Sainte-Marie.
Ainsi, tenant leur promesse les survivants du naufrage construisent une petite chapelle à Sainte Marie avec les débris de leur navire. La chapelle en bois dédiée à la Salette a complètement disparu; une autre en pierre, devenue lieu de pèlerinage, l’a remplacée. Elle abrite la dépouille du Frère Scubillion, le Bienheureux protecteur des esclaves.

Dans « le Patrimoine des Communes de La Réunion », c’est la Chapelle Blanche (l’église de l’immaculée Conception) de la commune de Sainte-Marie qui est construite à l’endroit où se trouvait de la première chapelle des pirates. On y apprend que Anne Mousse  » négresse créole et son second mari, font édifier a Chapelle Blanche » en 1829.
L’histoire ne dit pas qui étaient ces pirates, s’ils sont restés et ont fait souche dans l’île.

Sabine THIREL

Sources :
Revues Maritimes et Coloniales – « La vie quotidienne des colons de l’Ile Bourbon à la fin du règne de Louis XIV » de Jean Barassin – « Naissance d’une Chrétienté, Bourbon des origines jusqu’en 1714″ de Jean Barassin – « L’Histoire de la Réunion » de D. Vaxelaire, vol.1. Mémorial de La Réunion Henri Maurin, Jacques Lentge T.1- « Les Premiers Colons de l’île Bourbon » d’Alfred Rosset. – « Histoire Maritime de France – T. III  » de Léon Guérin – « L’épopée des cinq cents premiers Réunionnais » de Jules Bénard, Bernard Monge – Bulletin du Cercle Généalogique de Bourbon- Camille Ricquebourg, « Dictionnaire généalogique des familles de l’île Bourbon » – « le Patrimoine des Communes de La Réunion » Flohic.

Les « Francs Créoles » de la Réunion

 

Les Francs-Créoles s’appuyant sur la charte mise en place par Louis-Philippe en France, en réclament l’application à Bourbon. Trois années de lutte de la classe moyenne libérale contre le pouvoir du Gouverneur et de l’aristocratie foncière locale nommés par le Roi, mèneront en 1832 à la mise en place d’un conseil colonial élu.

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un franc-créole : nicol de La Serve

Vestiges de l’usine du Colosse En juillet 1830 à Paris, Charles X est renversé et remplacé sur le trône par Louis-Philippe plus libéral. Celui-ci édicte la Charte par laquelle il «institue en métropole l’élection pour la formation des conseils généraux des départements, et la liberté de la presse» (cf. O. Caudron)

A Bourbon depuis 1815, la vie politique et économique est gérée par « la grande société » de la colonie comme Desbassayns et Villèle. La classe moyenne en est écartée. Nicole Robinet de la Serve, propriétaire de l’usine « idéale » du Colosse, basée sur un modèle social qui se traduit rapidement par un échec économique, écrit en janvier 1833 : « une prétendue noblesse créole, qui vient on ne sait d’où et qui s’appuie sur on ne sait quoi, se considèrent pourtant comme formant exclusivement la classe des gens comme il faut…».

Nicole Robinet de la Serve n’est pas un inconnu dans l’île, puisque déjà en 1809, il prend le commandement contre la première attaque anglaise de Saint-Paul. Lorsque l’ile devient anglaise, il refuse l’allégeance à l’occupant et s’exile à Paris. En 1814, il s’associe aux parisiens pro Napoléon, pour interdire l’accès de la ville aux armées de la coalition. Sous la Restauration, opposant libéral, il lutte encore contre Louis XVIII. Avocat,il continue son combat, de retour à Bourbon en 1824.

Maison Desbassayns de Villèle-St-Gilles les Hauts L’économie de l’île est catastrophique suite aux cyclones de 1829 et de 1830.

Le gouverneur Duval d’Ailly, fraichement nommé par Charles X, est récalcitrant aux changements. Le Conseil privé (gouvernement local) se compose du commissaire ordonnateur, du directeur de l’Intérieur, du procureur général et deux notables (Blancs, riches et conservateurs). Mais les libéraux réclament le droit de participer aux décisions locales par l’élection de représentants de «la petite société» et la liberté de la presse.
Ainsi, les propriétaires petits ou moyens non détenteurs du pouvoir économique veulent une partie du pouvoir politique. Ils vont manœuvrer pour prendre part aux décisions.
Sous l’impulsion de Robinet de la Serve, en 1830 une association secrète «les Francs-Créoles» siège au Quartier Français Sainte-Suzanne. Leur devise est : « Attachement à la France – Garantie des droits acquis – Etablissement d’une assemblée coloniale ».

Leurs premières actions sont de lancer des pétitions pour que « le Conseil général soit une véritable assemblée représentative de tous les citoyens». Mais ne peuvent être électeurs que les propriétaires d’au moins 12 hectares de terres et de 10 esclaves, ce qui limite l’accès de l’Association également aux Blancs pauvres.
L’association officialisée le 15 mai 1831, trouve à sa tête Diomat, De Jouvancourt et Camoin. Elle regroupe essentiellement les petits ou moyens planteurs de l’Est (avant d’être rejointe par ceux de toute l’ile) comme Elie, Beaumont, Campenon, Salesse, Laclos, Robert, Charles et David de Floris, Dioré, Abadie, Sigoyer, Arthur Leclos, Cotteret, Lepervanche aîné, Dary Loupy, Nicolas Hibon et aussi entre autres, Jean-Baptiste Renoyal de Lescouble et François-Auguste Vinson.
On dit que la plupart d’entre eux était Francs-maçons mais pour olivier Caudron «cela reste à vérifier».

Usine de Quartier Français Pour les Francs-Créoles, «tous les Français, créoles ou européens, âgés d’au moins vingt-cinq ans et habitant la colonie depuis au moins trois ans, devront bénéficier de droits politiques et ce quelle que soit leur couleur». Aussi, «l’Association reconnait l’égalité sans distinction aucune, de tous les hommes libres sur le sol de Bourbon». Mais qu’en est-il de la population esclave.
D’après Olivier Caudron « s’il apparait acquis que Robinet de la Serve était abolitionniste, l’Association dans son ensemble ne l’était pas ; l’émancipation aurait d’ailleurs signifié la ruine de beaucoup de ses membres».
Les Francs-Créoles pensent asssi que l’esclavage participe au maintien de l’ordre social. « Le Franc-Créole considère l’esclavage comme un fait que le temps seul et les causes morales peuvent améliorer. Les lois ou règlements qui auraient pour but de porter atteinte à l’esclavage doivent être repoussées comme attentatoires à l’ordre public … dangereux pour la sûreté et la prospérité du pays. »

Paysage de France Pour le Franc-Créole «la métropole est un mauvais juge des intérêts coloniaux». Les habitants de la colonie sont seuls à pouvoir décider de ce qui les concerne. Il clame à qui veut l’entendre «l’existence d’une patrie créole» et aussi qu’il est «Français mais colon avant tout» Ni démocratie, ni aristocratie, il réclame un pouvoir politique intermédiaire appuyé sur la classe moyenne. Il précise aussi que l’Association peut accueillir des «Européens» qui auront épousé les sentiments et les intérêts insulaires». Les libéraux axent leur association sur : la spécificité de la colonie. De plus chaque membre doit adopter la «profession de foi des Francs-Créoles».

Leur presse clandestine « imprimerie des Salazes » apparait en janvier 1832. « Selon Louis Brunet, l’imprimerie des Salazes fonctionnait dans les caves de la maison de Sigoyer à Quartier Français, « mais parfois on la transportait de nuit » pour éviter les recherches de la police, et elle fonctionnait en plein champ, les autorités ne parvinrent pas à la saisir »(cf. O.Caudron). En avril 1832, Le Furet, journal clandestin des Francs-Créoles sort des presses de l’imprimerie des Salazes. Cette presse a évidemment servi à répandre les idées de l’Association.

Flangourin -Musée Stella Matutina Ils obtiennent gain de cause avec la création du conseil colonial de Bourbon élu directement, apte à «décider l’impôt, de régler les affaires intérieures». Sont dans la première assemblée, les Francs-Créoles suivant : Patu de Rosemond, Hibon, de Mahy, Hubert Delisle, Le Coat de Kervéguen, Auguste Pajot, Valombreuse Dehaulme, Nicolas Hibon, Félix Vergoz. Ils obtiennent 15 sièges sur 36 à pourvoir. Non majoritaires, ils n’obtiennent ni législature locale, ni liberté de la presse, ni publicité des débats. C’est un cuisant échec. A l’arrivée du nouveau gouverneur Cuvellier, son objectif principal obtenu l’Association est dissoute.

De la Serve qui ne parle plus de Francs-Créoles mais de Parti colonial, continue de lutter pour la liberté de la presse refusée par le nouveau gouverneur, en publiant Le Salazien qui édite 130 feuilles entre 1832 et 1833. Mais malgré les déménagements nocturnes la presse est saisie par la police en juillet 1833. Cependant, un flangourin équipé de lettres servira encore pour l’impression quelques autres exemplaires du Salazien. Il s’arrêtera définitivement semble-t-il pour des raisons techniques puisque les dernières lignes de l’exemplaire N° 24 sont manuscrites. En 1880, la presse coloniale sera assimilée juridiquement à la presse nationale.

Sabine THIREL

Sources :
Les Francs-Créoles de l’Ile Bourbon (1831-1833) Olivier Caudron – Cahiers de notre histoire – Editions CNH
- « Voyage aux colonies orientales » Jean Baptiste Lescouble
- « Le grand livre de l’histoire de La Réunion » Tome 1 – D. Vaxelaire – Orphie
- Le mémorial de La Réunion – Les Francs-Créoles dans la mélée – Tome 2 – Henri Morin et Jacques Lentge
- « L’énergumène créole » Robinet de la Serve biographie – Marc Bressant (de son vrai nom, Patrick Imhaus) – 2007 (ci-contre)

Le 28 Février 1962 : le cyclone « Jenny »

Le 28 février 1962, cyclone Jenny

 

L’île de la Réunion s’est trouvée à plusieurs reprises sous l’effet de cyclones de grande force. Au XXe siècle, les « gramounes » se souviennent de ceux de 1932 et 1948. Le 28 février 1962, un nouveau cyclone frappe l’île. Le cyclone Jenny se déplace à une vitesse de 35 km/h avec des vents dépassant 250 km/h et rafales de 280 km/h. En deux heures, il dévaste entièrement l’île.
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l’église de Champborne décapitée par le cyclone Jenny

Vestiges de l’église Saint-Nicolas de Champ-Borne L’église paroissiale Saint-Nicolas de Champ Borne, située en bord de mer, est créée le 11 janvier 1835, par Mgr Desprez, évêque de Saint-Denis. Elle est indépendante de la paroisse de St André même si elle est située dans la même commune.. L’église de Champ Borne, les paillottes et les petites cases voisines, sont balayées par le raz-de-marée survenu lors du cyclone Jenny en 1962.
L’endroit, rongé par les vagues, ne présente plus que les murs d’enceinte et le chœur de l’église en ruine, et un cimetière diminué de plus de la moitié de sa surface initiale. Malgré les efforts de remblais, l’église a été abandonnée depuis cette date. Le petit village et une nouvelle église ont été reconstruits en « dur », à peine plus haut, de l’autre coté de l’ancienne route royale datant de 1755 qui serpente le long du littoral de Champ Borne. L’architecture des nouvelles habitations se veut moderne et variée, entourée d’une végétation luxuriante tout en gardant des petites touches locales.

Vestiges de l’église de Champ-Borne Cyclone Jenny, le phénomène
Lorsque le cyclone « Jenny », se forme vers Diego Garcia le 25 février 1962, personne ne peut s’imaginer que trois jours plus tard, il s’abattrait sur La Réunion. Dans l’océan Indien, les rares postes d’observation ne relèvent pas encore la position et l’importance des cyclones. Le 27, la dépression Jenny, devenue cyclone intense de faible diamètre, frôle Rodrigues mais descends droit sur Maurice et La Réunion. Le cyclone se déplace à 35 km/h, ce qui est une vitesse exceptionnelle. Quand l’île Maurice est placée en alerte à 4 heures du matin, à la Réunion rien n’est encore signalé.
Lorsque le 28 février 1962 à 7h30, la RTF diffuse le bulletin météo, il est déjà trop tard. Les Réunionnais sont partis au travail. Les pêcheurs sont en mer. Une chance que les écoles soient encore fermées, la rentrée est fixée au 1er mars.

Vestiges de l’église de Champ-Borne Dans les cas de tempête, le « vieux Créole » a l’habitude de regarder le ciel ou la mer, mais là, aucun des signes habituels n’a été aperçu. Dans la mer, pas de rouleau qui frappe la côte violemment, pas de vent chaud irrégulier ; pas de halo autour de la lune ou du soleil pendant ces derniers jours ; pas de ciel flamboyant non plus au lever et au coucher du soleil. Personne n’a remarqué si la veille les animaux se terraient et restaient silencieux ou si l’air était chaud et lourd. Le calme avant la tempête n’a pas eu lieu dans le cas du Cyclone Jenny.
A 10 heures, le ciel est bleu et la mer calme, Jenny est pourtant à une centaine kilomètres. A 10h30, un nouveau bulletin de la RTF annonce le passage du cyclone sur La Réunion en milieu d’après-midi. Au troisième bulletin d’alerte météo de 11h20, le vent souffle en rafales sur l’île. Ce bulletin annonce le passage de Jenny en début d’après-midi. A cette époque, seule la radio peut donner des informations rapides à la population.

Cascade Niagara après le mauvais temps Entre 12h30 et 12h50, le cyclone s’abat véritablement sur l’île. Jenny qui se compose de plus de vents que de pluie, emporte tout sur son passage. Alertée trop tardivement, la population n’a pas eu le temps de se protéger. Elle se trouve prise au dépourvu dans la tempête.
Soudain, le vent se renforce brusquement. Les rafales montent jusqu’à 280 km/h. Rapidement le centre météorologique et les instruments de mesure sont détruits. Cependant, le minimum de pression atmosphérique relevé à Gillot est de neuf cent cinquante quatre millibars. Lorsqu’à 13h30, le temps se calme ce n’est que le passage de l’œil du cyclone. Un instant plus tard, les vents contraires soufflent de nouveau. Le météore traverse l’île en moins de 2 heures s’éloignant aussi vite qu’il est venu.

photo prise sur la route de la Montagne, 28 février 1962 – le mémorial de la Réunion. Bilan est très lourd. La région Est, est particulièrement dévastée, surtout le long de la côte où une énorme vague de fond a tout balayé sur son passage. On relève 37 morts et 150 blessés, disparus en mer, retrouvés sous les décombres de leurs maisons ou emportés par le raz-de-marée. L’énorme vague a emporté le toit de l’église de Champ Borne et englouti le village des « Galets » situé entre Sainte-Anne et St-Benoit. Dans l’île, plus de 4000 maisons qui en 1962 étaient vétustes et modestes sont détruites. Ainsi, 13000 personnes se retrouvent sans abri. Même si les pluies n’ont pas été très fortes, les radiers sont submergés et de nombreux ponts en bois sont emportés. Le vent, pour sa part, a fait de terribles ravages, surtout de Saint-Benoît à Saint-Paul. Contrairement au réseau routier sur lequel des véhicules ont été renversés, le réseau ferroviaire a souffert. Les locomotives et des wagons ont été renversés. ..

Cyclone à Saint-Paul – Lithographie de Roussin Le pylône métallique du Barachois, antenne de la radio s’est effondré, plus aucune émission radio n’est possible. Lorsqu’ils ne sont pas déracinés, les arbres sont brisés et effeuillés. Dans l’intérieur des terres, les plantations ont été gravement touchées. Même la canne, supposée résistante est dévastée. L’ensemble des cultures vivrières, maraîchères et fruitières, est perdu.
Jenny vient à peine de passer que les polémiques enflent entre le préfet Perreau-Pradier et le chef du service météorologique mais aussi, la presse d’opposition, cherchant un responsable, va accuser les pouvoirs publics d’avoir tarder à déclencher l’alerte.

Sabine THIREL

Sources:
Mémorial de La Réunion – Henri Maurin – Jacques Lentge- TOME VI- P. 480-488-
Dictionnaire illustré de la Réunion

ST ANDRE : un bastion monarchique…en 1789

La commune de Saint-André peuplée dès 1670, devient pendant la Révolution française, l’un des bastions monarchistes le plus actif de la colonie.

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Eglise de St André – Lithographie de Roussin La Compagnie des Indes donne l’autorisation de la construction d’une église à Saint-André, suite à la demande de ses habitants. Un lazariste est détaché de Sainte-Suzanne, le curé d’Ure ouvre le premier registre catholique le 12 juillet 1741. Aucun moyen n’ayant été attribué pour cette église, la construction est longue.

Selon un rapport du Conseil Supérieur de la colonie en 1750, on peut relèver : «en attendant que l’église en pierres fut construite, les habitants en avaient construite une en bois, où l’on faisait le service ». Justement cette même année, la chapelle en bois est totalement détruite par les flammes. Les ouvriers s’activent et l’église en pierre est achevée en 1752. Cependant, elle subit les aléas d’un séisme qui la fragilise. Les travaux ne pouvant s’effectuer faute de moyens financiers, elle finit par se dégrader.

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Eglise de St André Saint-André devient paroisse en 1766. Tout se passe tranquillement dans le quartier jusqu’à la Révolution de 1789. La nouvelle arrive début 1790 dans l’ile provoquant la joie des colons. L’exaltation républicaine conduit à la mise en place de plusieurs symboles révolutionnaires dans chaque quartier, un « arbre de la liberté et de l’égalité » est planté. Les habitants affichent la cocarde tricolore.

La première municipalité est mise en place. L’élection du 3 août 1790 désigne le Maire. Pour l’historien Claude Wanquet le premier maire est Pignolet (pour d’autres c’est Bruna). L’élection est réfutée, Velmant lui est préféré. Les partisans de l’un et de l’autre se regroupent puis les groupes s’opposent. Chaque fois qu’un sujet est abordé pour l’avenir de la commune, les clans se déchirent et aucun accord n’est trouvé. Cette situation dure pendant 3 années.

Eglise de St André Chaque arrêté de l’Assemblée coloniale (mise en place en 1791 à Saint-Denis) est contesté. Saint-André s’érige comme « bastion contre-révolutionnaire » jusqu’au chaos comme disent les historiens. Maturin Robert et François Richard fervents monarchistes mènent les insoumis. Armés de « bâtons ferrés », ils décident de perturber les réunions qui se déroulent dans l’église. Les affrontements réguliers retardent les élections de plusieurs mois. La police aussi n’est pas encore structurée. Alors Mathurin Robert se désigne chef de police. Désordre, contestation et désobéissance, c’est la confusion totale. L’Assemblée coloniale ne veut pas intervenir dans cette « crise saint-andréenne » pour éviter les effusions de sang. Un conciliateur est nommé, il s’agit du curé de la paroisse.

 Eglise de St André Pendant que les royalistes font ce qu’ils veulent à Saint-André, les révolutionnaires reprochent au gouverneur Duplessis d’être monarchiste et d’aider à la contre-révolution en apportant son appui. Le gouverneur est arrêté le 12 avril 1794. Le ton des échanges monte à l’assemblée qui compte une forte majorité révolutionnaire. C’est là qu’un certain Bigot (ou Bigault) « sans-culotte » de St André se fait remarquer. Mais quelques temps plus tard, celui-ci est tué lors d’un duel qui n’a pourtant aucun rapport avec la politique. Sa dépouille sur laquelle est déposé un bonnet phrygien, est exposée dans la nef de l’église.

Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1894, l’arbre de la liberté fraichement planté devant l’église, est déraciné, le monument construit en l’honneur de Bigot est outrageusement retourné. Les insignes républicains dont la couronne civique et le bonnet phrygien, sont foulés aux pieds. C’est une explosion d’indignation dans toute la colonie.

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Eglise de St André L’Assemblée Coloniale décide le 15 janvier 1895 « qu’il n’existera plus rien qui ne rappelle la dénomination d’un canton dans lequel s’est commis un attentat horrible contre les symboles de l’égalité et de la liberté et dont malheureusement on n’a pas pu découvrir les coupables auteurs ». L’église elle-même est condamnée puis rasée. Exit Saint-André dont l’Assemblée ne cite même pas le nom dans son arrêté. Ainsi, le territoire de la commune supprimée est réparti de chaque coté de la Rivière du Mât entre Ste Suzanne et de St Benoit.

Restituée en 1798, la commune récupère son territoire sauf la partie entre la Rivière du Mât et le chemin des limites (aujourd’hui Bras Panon). La ville reste sans église et sans curé jusqu’en 1817. Date à laquelle le Père Minot fait appel aux habitants, avant de lancer la construction de la nouvelle église, bénie le 30 novembre 1821 et consacrée en novembre 1852 par Mgr Desprez, premier évêque de la colonie.

Salle Jeanne D’Arc et Cure de St André A plusieurs reprise les cyclones ont dégradé l’église tout au long du XXe siècle. Les prêtres successifs, aidés des paroissiens, conduisent des travaux de restauration, d’amélioration et d’agrandissement avec les faibles moyens à leurs dispositions.

La Salle Jeanne d’Arc, elle, est batie pour le catéchisme par le père Bomberger, à Saint-André de 1941 à 1948. A partir de juin 1943, les murs en pierre de taille sont montés. En 1944, la mairie et les paroissiens sont sollicités pour construire la toiture. Mais le cyclone de 1948 en arrache la charpente. La salle reste près de 20 ans découverte. Depuis ces monuments ont été restaurés.

Sabine THIREL

Le père Daubenberger et l’oratoire Ste Anne

Situé en hauteur dans un creux naturel formé dans la falaise, le long de la R.N. 2, l’oratoire Notre Dame de Lourdes a eu comme maître d’œuvre, le père Dobenberger arrivé à Sainte-Anne en 1921. De nombreuses autres statues sont posées à l’avant et à l’arrière de cet oratoire. Ainsi, le Christ, la Vierge Marie et Saint Expédit cohabitent.

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oratoire Notre Dame de Lourdes Ste Anne Sa construction fait suite à l’histoire qui s’est déroulée à cet endroit lors du cyclone de 1862. En effet, un énorme raz-de-marée s’est jeté sur la côte, balayant tout sur son passage. Les habitants de Saint-François, la petite bourgade située entre Saint-Benoît et Sainte-Anne, avaient trouvé refuge dans l’excavation surélevée. La mer ne les a pas atteints, ils ont été sauvés. Il faut noter que le même phénomène s’est produit un siècle plus tard, en 1962 avec le cyclone Jenny, qui à son tour, balaye le petit village situé en bord de mer. Cette fois 12 personnes périssent et le village est rasé par l’énorme vague. Comme à chaque fois où il se passe un évènement exceptionnel, les croyants de la Réunion sont venus prier à cet endroit. Le Père Daubenberger arrivé à Sainte-Anne en 1921 (Cf. Église de Sainte-Anne – Chef d’œuvre architectural) y établit un oratoire qui est fait de lave, de moellon, de pierre de taille et de béton et décoré de sculptures.

Arrière oratoire Notre Dame de Lourdes Initialement construit en l’honneur de la Vierge et du Christ, cet édifice abrite aujourd’hui, un autre personnage : Saint Expédit qui est aussi très sollicité dans l’île. L’histoire de ce saint est incertaine, plusieurs thèses sont avancées. Même l’Eglise se pose des questions sur son authenticité. D’après la légende, ce personnage était un chef romain exerçant en Arménie. En l’an 303 du calendrier romain, il se convertit à la religion chrétienne mais Dioclétien, empereur de Byzance le fait exécuter.

Niche Rond Point de Pierrefonds Selon une autre version,Saint Expédit aurait été inventé par des religieuses qui auraient reçu un colis venant de Rome. Ce paquet contenait des statuettes de soldat romain sans qu’il n’y ait nulle part, le nom de celui qui était représenté. Sur l’emballage, il était seulement mentionné « in expedito ». D’après une autre version encore, lors d’une épidémie une réunionnaise se trouve retenue en France sans possibilité de rentrer dans son île. Elle prie Saint Expédit lui demandant de dénouer sa situation rapidement. Ses prières sont exhaussées, elle embarque à Marseille. Arrivée à Saint-Denis, sa ferveur pour Saint Expédit lui donne la force de persuasion pour qu’on accepte une statue de ce saint dans l’église de la Délivrance.

Oratoire à Saint Expédit Plaine des Cafres Saint Expédit n’a jamais été canonisé par l’Eglise catholique. Son nom est supprimé du martyrologue et ses représentations sont interdites dans les églises par le Pape Pie XI en 1906. Sa statue est accueillie dans les années 1920/1930 à la Réunion et prend une place considérable dans la religion populaire réunionnaise. D’ailleurs dans l’île, les autorités religieuses n’ont pas prohibé son culte. Sa fête est célébrée le 19 avril, sans qu’on en fasse grand cas. On le retrouve dans de nombreuses chapelles et petites grottes. Il est également dans l’église de la Délivrance. Il a encore une stèle entre le Col de Bellevue et le 27ème km à la Plaine des Cafres. Il est situé à 1800 mètres d’altitude surplombant toutes les zones habitées de La Réunion. Ces petits autels à peine capables de contenir une statuette fleurissent le long des routes. Ils sont presque toujours fraichement fleuris et souvent les nombreuses bougies sont allumées.

niche de Saint Expédit De couleur rouge, couleur de sang ou de pratique macabre, ils se remarquent aussi par les nombreux exvotos et les remerciements qui l’entourent. Ce qui est surprenant, c’est que la population se l’approprie le faisant cohabiter avec des icones catholiques. Ainsi, cette croyance est réalisée d’un syncrétisme religieux mélangeant aux rites catholiques ceux venus de Madagascar ou d’Inde. Les croyants fréquentent ces lieux dans la plus grande discrétion. Ils ont recours à Saint Expédit lorsque qu’ils se trouvent face à des problèmes qui s’étalent dans le temps. Il semble être le saint patron des écoliers, des hommes d’affaires et des candidats au permis de conduire. Quels sont les pouvoirs de ce saint ? Dernier recours, St Expédit apparait comme un sauveur énergique et efficace est prié pour des causes délicates parfois inavouables : problème affectif, bataille familiale ou de voisinage, dispute, travail, argent.… Il demande une compensation. Cependant, il est très exigeant sur le respect des promesses faites à son encontre et requiert qu’elles soient totalement respectés.

Saint Expédit/ Le Patrimoine des Communes de France – Coll. Le Flohic – 2000 – p.163, donne une explication un peu plus complète : « Bien que St Expédit ait été retiré du calendrier liturgique puisque son existence n’est pas avérée, il demeure vénéré dans l’ile. De nombreuses niches dédiées à ce saint jalonnent les routes et aussi les jardins des particuliers car, selon la croyance, Saint Expédit est également considéré comme protecteur contre les maléfices et les voleurs. L’usage est d’allumer une bougie dès 18 heures afin de signaler à ceux qui voudraient entrer la présence du saint. C’est en général le vendredi qu’Expédit est prié, dans un rituel au cours duquel camphre et bougies sont brûlés. Brûler du camphre dans une cérémonie religieuse est un rite indou, ce qui s’explique également par le fait de Saint Expédit a été assimilé à Karl, Mardévirin ou encore Salespédy. Son culte est par ailleurs souvent empreint de sorcellerie ». Ces divinités indiennes symbolisent la richesse et la force.

Saint-Expédit est montré en jeune soldat romain debout ayant à la main gauche la palme du martyre; dans l’autre main il présente une croix où est inscrite « hodie » (aujourd’hui). Sous son pied droit il retient un corbeau qui dit « cras » (demain).

Sources : Recherches de Prosper Eve parues en 1977 et de Christian Barat
Philippe Reignier Intervention au Colloque de l’ADFOI : Institutions et cultures. Les enjeux d’une rencontre », samedi 9 juin 2001 (chez L’Harmattan).
EVE P., 1985, « Le culte voué à Saint-Expédit », in « La religion populaire à La Réunion », tome 2, Université de La Réunion, ILA, pp. 36-43 « culte voué à ST Expédit, culte assez discret, est lui aussi validé. Son flux s’exerce pratiquement dans toute l’île. »

Sabine THIREL

L’église de Ste Anne : construite par ses paroissiens…

 

L’église de Sainte-Anne apparait au détour d’une route longeant le bord de mer de la côte Est. Le monument de style baroque est surprenant et inattendu à cet endroit verdoyant. La visite de cette église est un voyage dans le temps, un échange singulier entre l’art et la religion.

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En 1856, la commune achète un terrain à Armand Arthur. En 1857, la paroisse est érigée grâce à Mgr Desprez et l’abbé Cornet. L’église se construit pendant 6 ans (livrée en 1863), sur les mêmes bases que celles de toutes les églises de la colonie.

Elle évoluera à partir de l’arrivée du Père Georges Daubenberger (père Daubin). Ce fils d’architecte, est nommé missionnaire en Afrique où il construit églises, léproseries et écoles.

Dès son arrivée en 1921 à Sainte-Anne, il modifie la petite église. Il en décore la façade, installe le clocher à l’avant et bâtit une petite chapelle sur l’aile droite en l’honneur de Sainte- Thérèse qui sera canonisée en 1925. Le résultat est particulier.

L’église de Sainte-Anne s’est muée en église de style Baroque ornée de moulures, de statues et de gargouilles en ciment.

Inspirés par des ornements de catalogues religieux et des églises de France et d’Europe, les motifs dessinés et réalisés par le curé lui-même sont sculptés au couteau, moulés et peints. La transformation du bâtiment se fera avec l’aide de la congrégation des Filles de Marie, des enfants du catéchisme, de bénévoles et d’un maçon. Les travaux de moulage, d’assemblage et de peinture sont réalisés dans les bâtiments de l’école des filles voisine (actuel Office du Tourisme de Saint-Benoît). Le maçon se charge de coller les motifs têtes d’angelots, feuilles de vignes, coquilles, fleurs et épis de blés regroupés par 4 ou 5 sur le ciment de la façade.

Chapelle Sainte-Thérèse A l’intérieur l’église est modeste. Un autel de dorures et de marbre fait face à la nef. De chaque côté des scènes religieuses entourées de guirlandes d’innombrables roses moulées et peintes sont représentées.

Dans la chapelle Sainte-Thérèse, les couleurs sont vives sous la voute couleur de ciel bleu. Une mappemonde montre La Réunion alors qu’une autre représente le Monde. Une autre encore, plus petite posée aux pieds de la Sainte, montre les départements français. La maquette de la Basilique de Sainte-Thérèse de Lisieux fait face à un reliquaire.

A l’extérieur, cette petite chapelle qui présente une succession de fenêtres en arcade se termine par une tourelle surmontée d’un lanternon rappelant le style de l’ensemble du monument.

Extérieur de la chapelle Sainte-Thérèse Le père Daubenberger meurt 25 ans après son arrivée à Sainte-Anne. Selon ses dernières volontés, il est enterré dans l’église auprès de l’abbé Cornet.
Depuis 1982, le clocher, la façade et la chapelle Sainte-Thérèse sont classés aux Monuments Historiques.

Les barrières posées à l’avant sous le clocher sont supposées protéger les gens des chutes intempestives de motifs de pierres et de morceaux de béton. D’ailleurs chacun peut constater qu’une des colonnes de la façade est déjà réduite de moitié.

une des colonnes de la façade est déjà réduite de moitié La scène du mariage entre Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo dans le film  » La Sirène du Mississippi » de François Truffaut a été tourné dans ce monument en 1969.
La Sirène du Mississippi : Réalisation : François Truffaut Auteurs et scénaristes : Cornell Woolrich et François Truffaut (dialogues) avec : Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, Nelly Borgeaud, Martine Ferrière, Marcel Berbert, Yves Drouhet, Michel Bouquet et Roland Thenot.

Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo) directeur d’une fabrique de cigarettes à La Réunion, répond à une petite annonce de Julie Roussel. Leurs seuls échanges sont épistolaires et il n’a recu qu’une photo d’elle lui permettant de la reconnaître. Mais, lorsque Julie Roussel (Catherine Deneuve) arrive dans l’île, elle n’a aucune ressemblance avec le portrait. Comme explication, elle dit lui avoir envoyé une photo d’une autre personne pour qu’il ne l’épouse pas pour sa beauté. Le mariage a lieu avec cette inconnue dans l’église de Sainte-Anne. Peu de temps après, elle s’enfuie avec sa fortune…

Le film a été inspiré d’un roman noir de l’Américain William Irish, auteur du roman sous le pseudonyme de Cornell Woolrish qui a également assuré le scénario de La Sirène du Mississipi aux côtés de François Truffaut. Cependant, à sa sortie, ce film de deux heures n’a pas le succès attendu.

Sabine THIREL

Sources :
Du battant de lames au sommet des montagnes – Catherine Lavaux
Carnet de route – Saint-Benoît et vous… Doc. Office du tourisme de Saint-Benoît
Patrimoine des Communes de France – Coll. Le Flohic –
http://www.cinemotions.com/modules/Films/fiche/2268/La-Sirene-du-Mississippi.html

Histoire de l’Eglise de Ste Rose

 

La ville de Sainte-Rose présente plusieurs lieux de prière particuliers. En effet, l’église elle-même construite dans le Quartier du Quai-La-Rose en maçonnerie, basalte taillé, date de la première moitié du XIXe siècle.

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intérieur de l’Eglise de Sainte-Rose

En 1750, une paillotte tient lieu de chapelle aux Lazaristes de Saint Benoît officiant au Quai-La-Rose. La paroisse est établie en 1789 – 1790. Les offices se tiennent alors dans une case en paille, avant de se dérouler dans un bâtiment en bois.
En 1843, le premier curé de la paroisse, le Père Richard et le maire Lenoir se réunissent pour construire une église en dur. L’église en maçonnerie, pierres de basalte taillées, est consacrée en 1858.

Intérieur de l’église de Sainte-Rose L’autel en béton et marbre blanc sculpté en bas relief, est un don de l’épouse d’un planteur et industriel de la commune, Arthur Lory des Landes.

Cet autel est partiellement cassé par la chute de la cloche lors d’un enterrement en 1925. Le clocher est reconstruit à l’extérieur de l’église.

La Statue de Sainte Rose de Lima est mise dans l’édifice dès sa consécration en 1858. D’autres représentations de saints entourent le chœur.

Croix Jubilée Sur la place de l’église qui tourne le dos au village, se tient une croix jubilée datant de 1829. Face au clocher, cette croix se dresse sur un socle en basalte taillé.

Sainte Rose possède trois de ces calvaires, nommés « croix jubilée » par les fidèles. Ils sont nombreux et souvent identiques. Ils jalonnent les routes et les cimetières de l’île comme pour rappeler la ferveur des Réunionnais. Ces croix sont la plupart du temps fleuries. On y trouve aussi des petits verres de rhum et des cierges déposés en offrande.

cimetière « Malbar » St-Louis A l’extérieur du cimetière sur le côté Est, des tombes datées du XIXe siècle, sont implantées ce sont celles des suicidés, d’accidentés ou encore celles d’anciens esclaves et engagés non baptisés. C’est seulement en 1930, que les tous les morts s’enterrent dans les cimetières.

Ces sépultures à peine entretenues tombent dans l’oubli et sont appelées à disparaitre progressivement. Il en a été de même des tombes du  » Cimetière Malbar  » de Saint Louis, situé lui aussi à l’extérieur du cimetière qui est aujourd’hui totalement recouvert de sable noir et disparait sous les détritus et les herbes folles. Dans l’île, de nombreuses tombes hors des cimetières abritaient les non chrétiens qui étaient la plupart du temps les engagés indiens non convertis, les condamnés à mort exécutés et les dépouilles de ceux qui étaient décédés de mort violente et qui n’avaient pas reçus l’extrême onction.

Chapelle Sainte Rita Sainte-Rose abrite aussi deux petites chapelles en pierres de taille enduites à la chaux, identiques. La première, la chapelle Sainte Rita, se positionne à l’entrée Nord du pont suspendu surplombant la Rivière de l’Est. L’autre se trouve de l’autre côté de la rivière à l’entrée Nord de la ville. Le Patrimoine des Communes de La Réunion, cite : « Cette chapelle (Sainte-Rita) est construite grâce à mademoiselle Cécile Robert, sans doute en remerciement à une grâce. »
Les deux chapelles étant similaires, la demoiselle est peut être aussi à l’origine de la deuxième.

Chapelle En contrebas de la commune, au lieu dit La Marine, le monument Corbett est un mausolée dédié au Commodore anglais tué dors de la bataille de Sainte-Rose en 1809. Le bâtiment ne contient plus aucune dépouille, les Anglais l’ayant emporté à leur départ en 1815. (cf. La bataille de Sainte-Rose- Zinfos974.com)
Les lieux de recueillement de la ville ne seraient pas complets si on n’y ajoutait pas les petites niches rouges de Saint Expédit, la vierge Parasol et Notre Dame des Laves…

 

Sabine THIREL

Sources :
Du battant des lames au Sommet des montagnes Catherine Lavaux
Le Patrimoine des communes de La Réunion – Le Flohic

l’ancien cimetière marin de Basse Vallée

Ancien Cimetière marin de Basse Vallée

Le Cimetière marin de Basse Vallée présente une quinzaine de tombes qui ont traversé les siècles et résisté aux intempéries. Saint-Philippe est la seule commune de l’île où le nombre d’hommes libres a toujours été supérieur à celui des esclaves

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Deux tombes alignées

Au Cap Méchant battu par l’Océan indien déchainé, nul ne peut imaginer que reposent des dépouilles d’inconnus. La seule preuve de leur passage est leurs sépultures particulières. Ces tombeaux ne sont sûrement pas ceux d’indigents, mais comment pourrait-on savoir de qui il s’agit réellement, elles ne portent plus de nom. Aucun cimetière de l’île ne présente des tombes alignées de la sorte, cependant ce lieu est totalement abandonné. La quinzaine de tombes est invisible depuis la route, elle même située à 50 mètres en amont.

 
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 Mausolée

Pour y parvenir, il faut prendre un petit escalier en maçonnerie qui mène à une petite case Tomi. Celle-ci doit être contournée et le visiteur doit se diriger vers la mer. Les hautes herbes de plus d’un mètre cinquante envahissent la place. En avançant péniblement sur vingt mètres entre les pocs-pocs, les ronces des Corbeilles d’or, vous apercevez un petit mausolée noir en pierre de taille quelques dizaines de mètres plus loin. Il s’agit de la plus haute sépulture, celle par laquelle on se dit qu’on ne s’est pas trompé d’endroit.
Upload images Tombe carrée

Ce petit mausolée présente une base légèrement rectangulaire coiffée d’une petite pyramide. Deux autres à bases carrées ressemblent à la précédente, mais ont perdu leurs toits et leurs autels s’ils en présentaient un. Il ne reste que la base en basalte taillé encadrant des morceaux de lave cassée.

En avançant encore, quelle n’est pas la surprise de découvrir devant le mausolée, deux catafalques d’environ deux mètres de long chacun. De forme demi-cylindrique sur une base rectangulaire, ils sont positionnés dans le prolongement l’un de l’autre. Au premier abord, on pense à des tombes indiennes. Mais sur l’arrondi du couvercle, un morceau de fer travaillé représente « la base d’une croix à tête de mort »*.

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Tombes alignées

Serait-ce des tombes de pirates ? Ce cimetière date de la fin du XVIIIe siècle. Il est vrai que les pirates ont fréquenté la zone pendant la première moitié de ce même siècle. Il s’agirait peut-être de pirates repentis devenus d’honnêtes Bourbonnais grâce à l’amnistie qui leur était offerte s’ils renonçaient à jamais à la piraterie. Nombreux sont les pirates qui se sont installés, ont fondé une famille. Leurs noms sont courants aujourd’hui dans l’île.

En tout état de cause, la date de 1839* gravée dans la roche n’a pu être repérée tellement la luxuriante végétation sauvage envahit et recouvre les tombes qui sont pourtant des modèles d’originalité.

Sépulture rectangulaire à arête saillante Une autre sépulture rectangulaire, longue d’un mètre soixante à un mètre quatre-vingt sur soixante-dix centimètres, a aussi le dessus triangulaire en arête saillante sur toute la longueur. En cherchant bien, on découvre un petit tombeau long de 80 cm. C’est peut être celui d’un enfant. Il présente les mêmes caractéristiques, base rectangulaire surélevée d’une arête.

Sous les lianes et les herbes destructrices, des quinze tombes* répertoriées, seules sept d’entre elles ont pu être repérées sous l’épais tapis de verdure.

Petit tombeau long de 80 cm Il est vraiment dommage que ce lieu, témoignage lointain du peuplement de l’île et de la commune n’ait pas été plus préservé et protégé. Sûr que ce petit cimetière réhabilité pourrait être un lieu touristique intéressant s’il était indiqué, ceinturé et aussi débarrassé des moustiques et des fourmis rouges qui y pullulent.

Vers 1857, les enterrements ne sont plus effectués dans le cimetière de Basse Vallée puisque celui de St-Philippe lui succède.

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« la base d’une croix à tête de mort »*

Les habitants de la commune connaissent bien cet endroit qu’ils nomment « Ancien Cimetière marin de Basse-Vallée ». La mémoire populaire nous confirme ainsi que des marins y sont enterrés, peut-être des pirates.

Sabine THIREL

un espace méconnu : la maison VALLIAMEE

C’est à ST ANDRE de la REUNION, que se situe un espace méconnu : la maison VALLIAMEE[/color]

Implantée sur 7 Ha de terrain, nous avons à faire à une maison de 3 étages composée de 24 pièces. Construite entièrement en bois de tamarin en 1925 par le docteur Paul MARTIN, elle resta occupée par ce dernier jusqu’en 1955.

Maison typiquement créole ouverte sur 3 vérandas, elle donne accès au chemin par 2 allées : une allée « pour les riches » bordée de palmiers pemettant à ces derniers d’entrer à l’intérieur dans le salon, mais aussi une allée latérale bordée de bosquets « pour les pauvres et la population de ST ANDRE en visite », qui elle, devait s’arrèter à la véranda couverte.

De chaque côté une petite varangue, en fonction du vent, une pour le petit déjeuner du matin, l’autre pour le goûter de l’après-midi. Plus loin, une salle-bibliothèque réservée aux enfants, composée de meubles indiens. Un peu plusavant une grande salle à manger avec accès à un godon (pièce pour entreposer les vivres) et à une cuisine extérieure pour faire le manger au feu de bois et éviter de mettre le feu à la maison.

On pourrait parler de «  »case métisse » vue la diversité d’origine des matériaux qui la composent : lespoutres viennent d’Italie, la façade -avant présente une architecture à l’anglaise, le carrelage vient d’Espagne, le vitrage de Métropole, enfin le parquet est entièrement en bois de natte.

Catholique, le Dr Paul MARTIN, semble s’être interessé à la culture indienne en décorant de 13 soleils sa salle à manger.

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la bibliothèque indienne des enfants

Le Docteur Paul MARTIN-vu la taille de sa maison (24 pièces) n’occupait que le bas, avant qu’elle ne soit revendue à son décès à la famille VALLIAMEE, d’origine indienne, qui lui laissera le nom- qui la gardera jusqu’en 1981. Ceux-ci plus nombreux occuperont le bas mais aussi 2 des 3 étages. Mise en vente, elle sera rachetée par la commune de ST ANDRE, avant d’être classée en 1982 « monument historique ». Après rénovation, elle deviendra le site de l’office du tourisme de la ville en 2005.

Cette très belle maison de maître créole peut se visiter.

[color=blue] A l’occasion du DIPAVALI[/color]

Le DIPAVALI a été l’occasion d’utiliser ce site comme « atelier de cuisine/patisserie ». Ainsi Mr Alix PARVEDY a t’il en cette occasion donné des cours de cuisine (10€/2 heures sur réservation) : bryani légumes, vindaye de thon, cabri massalé. Les boissons, typiquement indiennes nesont pas oubliées (Lassi mangue, banane, fraise… et aluda ) Réservations au 0262 46 91 63

La cour gazonnée a permis des démonstrations de Kathakali (Mardi),mais aussi d’arts martiaux indiens(Mercredi). et de massage ayurvédique (dimanche)

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[color=green]Patrice LOUAISEL[/color]

La « chapelle St Thomas des Indiens » : une histoire méconnue…

la Chapelle  » St Thomas des Indiens » située à l’angle de la rue Mgr de Beaumont et dela rue Montreuil à ST Denis, a une histoire largement liée à la communauté indienne et chrétienne de l’île.Tout a commencé en fait en 1852 juste après l’abolition de l’esclavage. [/color]

 

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[color=blue]Si on parlait de St Thomas ? [/color]

En fait, St Thomas est largement connu pour son incrédulité lors de la résurrection de Jésus…. Déjà un millénaire avant J.C, les marchands juifs faisaient commerce d’ivoire et de pierres précieuses avec l’Inde.Des colonies juives, installées en Inde du Sud pouvaient donc attirer un apôtre comme Thomas qui en 52 y aurait séjourné chez un juif de la côte malabar. A l’emplacement de ces colonies, il aurait même construit 7 églises, notamment à Cranganore, Parur et Palayur. En fait Thomas y venait pour enseigner le Christianisme aux Indiens. Il mourut, transpercé par une lance après 20 ans de mission à PeriamalaI. Son corps est aujourd’hui enterré à Madras.

 

[color=blue] Mission essentielle de la chapelle : catéchiser les indiens…[/color]

Tout a commencé en fait en 1852 lorsque fut fondée la « mission St Thomas des Indiens ». On sait que de 1848 à 1870 furent introduits 65 000 engagés dont 38 000 originaire de l’Inde, et il s’agissait de catéchiser tout ce petit monde issu de l’esclavage rapidement. Alors on confia la tâche au père Gury, originaire de l’Inde, puis aux Jésuites.En 1873, on annexa même un petit orphelinat indien à la chapelle.Jusqu’en 1900, la chapelle abrita une école avec internat réservé aux indiens.Elle était alors composée de reliques et de bois précieux qui ont malheureusement disparu au fil du temps.

Durant la guerre, on y entreposa du sucre provenant des usines de la Mare et de Quartier Francais. avant de devenir un couvent de religieuses…

 

[color=blue]elle devient ensuite un couvent…[/color]

En 1952,création du « couvent des religieuses de Marie Réparatrice » doté d’une cloison entre la nef et le choeur pour éviter tout contact avc l’extérieur d’une trentaine de religieuses cloitrées. Elles y firent durant 20 ans la catéchèse et y distribuèrent la soupe populaire. Dans la chapelle, un missionnaire venu de l’Inde célébrait la messe en tamoul.Les dimanches après-midi, les religieuses invitaient les paroissiens à participer aux prières des saints patrons. Pour subvenir à leurs besoins, elles confectionnaient chapelets, icones et divers ouvrages de broderie. Sur la porte du cloitre, était écrit : « Nous sommes comme les fleurs du jardin, elles ne servent à rien mais il n’y aurait pas de jardin si on existait pas. »

[color=blue]Avant que le père alsacien Ortschitt n’y officie…[/color]

Connu pour sa rigueur et sa sévérité il exigeait des proches, lors de funérailles, un deuil effectif de 18 mois. Parrains et marraines des enfants illégitimes proposés au baptême étaient taxés de « complices du péché ». A l’époque,les femmes devaient encore se couvrir la tête avec le fameux « manti » En 1970, c’est le grand départ d’une partie des religieuses vers l’ile Maurice avec la fermeture du couvent.

 

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[color=blue] les appels vains de l’Association REAUVI[/color]

Depuis quelques années l’Association REAUVI tente en vain de sauver ce patrimoine en péril…

: Appel à la DRAC,aux Collectivités pour subventionner la restauration de ce patrimoine historique. Rien à faire, tousles responsables et élus sont sourds préférant à ces restaurations nécessaires de notre patrimoine une construction sans âme et sans histoire : la fameuse « Maison des Civilisations »

Pendant ce temps, notre patrimoine se meurt… L’abandon-peut être pour récupérer les terrains à des fins moins nobles quand tout ne sera que ruines- de notre patrimoine historique est proprement scandaleux : Ainsi disparaissent dans l’oubli : les lazarets de la grande Chaloupe, le Domaine de Maison rouge,la vieille église de Champborne etc, etc…à cause de l’inconscience, de l’incompétence voire du mépris de nos élus à l’égard de notre patrimoine etde notre histoire.

[color=green] NDLR : l’Association REAUVI qui tente désespérément d’attirer l’attention des pouvoirs publics cherche des témoins de l’histoire de cette chapelle au 0262 20 10 82 [/color]

. De façonplusgénérale, tous les passionnés d’histoire sont invités à rejoindre l’association « Les Amis de l’Histoire » qui leur permettra d’échanger et de partager leur passion.
Tel 0262 58 02 50

[color=green]Patrice LOUAISEL[/color]

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