Archive pour la catégorie ‘traditions réunionnaises’

La CROCHE : lutte traditionnelle réunionnaise

                                                  

 Ce livre nous permet de nous replonger dans les jeux d’enfants lontan, pratiqués par tous les « marmailles » du début du siècle aux années 1970

Pratiquement tous les adultes de 50 ans et plus ont joué à la « croche » quand ils avaient entre 6 et 15 ans…

 On jouait à ce jeu –trait d’union entre judo et lutte- où aucun coup n’est permis à la Réunion

du début du XXe siècle aux années 1970. C’est un jeu typiquement réunionnais pratiqué par toutes les classes sociales et toutes les origines ethniques mais aussi de nombreux métis.

 On la pratiquait pendant la récréation ou à la sortie de l’école. Elle est devenue un sport à part entière qui cherche sa place parmi les grandes disciplines sportives, à côté du judo, de la lutte et du moringue.

 La transmission s’est faite de copain à copain mais jamais de père en fils car non aurait jamais imaginé défier son père.

 On y jouait de préférence sur des surface gazonnées, car la terre et le sable étaient peu indiqués, parfois sur des cartons étendus sur le sol ou une vieille bâche de camion.. plus rarement sur le macadam. On préférait des « dalons » de sa classe d’âge : « Quel âge ou n’en n’a ? », «  Ou tire ? (tu joues ?) «  Mi tire » (je joue)

 Avant la partie, on définissait les règles : « pas de morsures », « pas de coups » , « pas d’étranglements ». On ne saisissait jamais les vêtements pour pas risquer de les déchirer ou d’arracher des boutons ce qui aurait assuré des sévères réprimandes une fois arrivé à la maison.

 Le combat commençait debout, bras tendus mais finissait à terre. « On disait « la paix » ou « tire » quand on abandonnait le combat. Si le souffle était coupé, il était possible-comme en judo « de bat out main la terre »

 C’était un jeu entre camarades, n’ayant jamais pour but de faire mal, mais seulement de mesurer sa force à l’autre. Culotte courte, chemise dégraffée – pour éviter de casser les boutons-

P. L

Livre écrit par Frédéric RUBIO etJérome SANCHEZ sur une idée originale de Patrick BLANCA » « la Croche » : lutte traditionnelle réunionnaise est disponible auprès d’ »Azalées Editions » 1066 Chemin du Centre 97440 ST ANDRE au prix de 20€ (frais d’envoi inclus). Bien mentinner vos nom et adresse.

 

I

LA PËCHE AUX BICHIQUES : le caviar réunionnais

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Un alevin migrateur…

Alevins nés en mer, ils se regroupent à l’embouchure des rivières  au dernier quartier lunaire, en particulier durant l’été austral (Octobre à Janvier). Transparents et roses dans l’eau de mer ilsdeviennent plus gros et opaques dans l’eau douce. Ils remontent lescours d’eau et les parois rocheuses des cascads grâce à de petites ventouses ventrales pour aller pondre. Le bichique alevin est un tout petit poisson de la forme de l’anguille et ne dépassant pas 3 cms de longueur. Il grandit ensuite en rivière jusqu’à 7 cms; devient « bouche ronde » et pond ses oeufs. Il leur faut une température minimale de 15° C, un courant fort, des fonds garnis de galets et de blocs. Les poissons peuvent s’y fixer avec lers ventouses pour lutter contre le courantet se nourrir. Les 2 ans de ponte se répartissent sur tout le cours de la rivière. Dès l’éclosion, les larves sont entrainées passivement par le courant jusqu’à la mer, où ils séjournent entre 4 et 8 mois avant de se regrouper en bancs et de venir à l’embouchure des rivières.

Comment se pêche t’il ?
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Bien que celle-ci soit en principe libre, les canaux aménagés en bas d’une rivière appartiennent à un pêcheur qui y installera ses vouves (4 à 5 par canal ).Plus avant dans la mer,on peut les pêcher avec des filets à mailles fines, les « moustiquaires » (en principe interdits)

les vouves sont tressées en « nique coco du MOUFIA » et sont surmontées de filets pour empêcher les bichiques de sauter par dessus la paille de banane, sert à colmater les trous, des sacs remplis de sableempêchant les vouvs de dériver en fonction des courants de larivièree et de la force de la mer;

300 pêcheurs recensés…

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Il ya environ 300 pêcheurs recensés; les principales rivières sont : Rivière des Roches et des Marsouins (2x 60 pêcheurs) Rivière du Mat
(44) dans l’Est? la rivère des Remparts et la rivière Langevin dans le Sud; la pêche se fait surtout le matin. On les connait sous le nom de pibales (Charentes) et de poutines (Méditerranée)

Leur fréquence …

Il y a des « années à bichiques » et des années sans… Celà dépend des pluies, de la pollution des rivières,de l’assèchement de certains cours d’eau… (les alevins ne peuvent plus remonter et ne pourraient survivre en mer à l’age adulte)
Les braconniers par l’utilisation fréquente de dynamite et de substances chimiques (eau de javel, pesticides) provoquent parfois de graves
empoisonnements des rivières. On les pêche juste avant la nouvelle lune et on les repère au petit matin en scrutant le bord de mer et quand on voit des poissons sauter en l’air,c’est qu’il y a des bichiques en train de se faire croquer…

Leur vente

Transportés à tête d’hommes dans des paniers de bambous tressés fendus en petites lamelles

L’accapareur » ou bazardier les propose en bordure de route avec une augmentation de 50 à 80% du prix (entre 30 et 45E le kg) et trouve facilement acquéreur. Depuis quelques années, il y a 3 conserveries
qui les revendent en sachets, surgelés et conserves;

Leur préparation

On les cuisine en carri avec de l’ail,des oignons, du gingembre, du safran, une branche de thym, du piment et des tomates

P.L

Les combats de coqs à la Réunion

Les combats de coqs sont une tradition qui existe à travers le monde entier. Ici les « ronds de coqs » rassemblent dans une ambiance passionnée des amateurs de différentes origines et de tous ages.

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la sélection :

Il s’agit de « kok l’espes », coqs de l’Inde. En général, des reproducteurs de race « Java » croisés avec la soeur d’un combattant réputé.

l’élevage :

On évite de les blesser en effectuant des combats trop jeunes… On les nourrira de maïs, zerbes, oignons (pour le souffle), cresson, zambrevat, parfois avec des grains de zamal… (interdit)

l’entrainement :

Soit le coq est bon, soit il va servi de rebut. Il aura alors un rôle de punching-ball… Ce sont souvent les vieux brisquards du rond (trop âgés ou pas assez agressifs pour en faire des reproducteurs), crête défraichie, plume terne et parsemée, gueule cabossée, peau nervée de cicatrices.
Ils serviront de partenaires au favori, leurs ergots seront mouchetés pour le défouler sans l’abimer (avec du leucoplast). Le fvori tape sans prendre de coups et n’hésite pas à enfouir satête sous l’abdomen du « rebus » pour le déséquilibrer ou sous son aile pour le piquer derrière le cou.

-séances de confrontation

1er « galop » vers 11, 12 mois, d’un quart d’heure à une heure face à un coq de même gabarit (taille et poids) Le « jockey » en analyse les attaques. Soit il est pugnace, soit réformé (basse-cour, casserole, ou « boxeur »…)
et devient alors un « coq valé ». En effet, s’il perd, il perdra toute sa vie…
On fera 4 à 5 « galops » au total à raison d’un par mois en moyenne.

-séances de musculation

On lance l’animal en l’air pour muscler ses ailes en retombant. On le masse au rhum ou à l’alcool à brûler en lui brossant la robe et on le fait dormir sur un perchoir pour muscler ses cuisses…

-avant le combat, on enferme les coqs dans des cages grillagées, l’un en face de l’autre pour les « chauffer »

L’importance des ergots

L’ergot peut être façonné par le « jockey » pour obtenir l’effet désiré :

-court et rond : le « bouton » =force de masse contendante = »coqs boutons »

-en forme de griffes : « coqs demi-armés » (éperons inférieurs à 3 cms)
« coqs armés » (éperons supérieurs à 3 cms)

On fera s’affronter des coqs de même type d’ergots

et celle du poids…

le « ti kok » pèsera moins de 3 kgs
« kok si lèv » pèsera de 3 à 3,5 kgs
le « poi lourd » pèsera plus de 3,5 kgs

On regardera aussi la morphologie et la pugnacité. On coupe les plumes du cou et de la tête « i coif le kok ». On durcit ainsi ces parties exposées aux coups en les baignant d’eau vinaigrée= la peau s’épaissit. Celà sert ainsi à déguiser le coq (parait ainsi plus âgé ou maltraité)

Quelques trucages…

On mijote parfois des préparations mystérieuses que l’on étend sur les ergots : « le vitriol », ce qui susciterait de vives douleurs au contact de l’adversaire qui est alors tenté de refuser le combat. On a aussi mis de la graisse de papangue sous les ailes du coq ce qui entrainera chez l’adversaire un réflexe de fuite car il reconnaitra alors l’odeur du rapace.

Le combat

Il se poursuivra durant 6 à 7 ans pour les meilleurs d’entre eux.

-mise en condition : frictions au rhum, collations à satiété.

REGLES :

durée 2H
carré de 8 m de côté (avant c’était un rond tracé sur le sol d’où le nom de « rond de coq »
Le patron du « rond » vient inscrire sur une ardoise l’heure du début des hostilités, après qu’il y ait eu les paris, la pesée et le choix de l’adversaire.
On va discuter du montant des enjeux (250€ environ entre les joueurs pour les petits combats d’entrainement ; 30 à 80€ entre les spectateurs), ces montants étant modifiables tout au long du combat.

Il y a ensuite le rituel de la pesée l’on « tire »dans la même catégorie à 100g près. Si le combat a une issue incertaine on parie 1 contre 1 « larzan pour larzan »

Le « jockey »-l’entraineur- reste derrière l’animal, le surveille, tente d’orienter les coups, le stimule, le rafraichit,lui enfonce une plume taillée dans la gorge pour dégager les caillots de sang qui pourraient l’étouffer. Ce n’est pas toujours le propriétaire. Certainsseglissent derrière un anonyme (gagnants) pour nepas éveiler l’attention des parieurs.

TYPES de COQS COMBATTANTS

- »le défileur » : use physiquement l’adversaire en faisant le tour du rond.
- »le tourneur »: tourne autour de l’adversaire
- »le croiseur » frappe de côté
-le « cogneur » frappe de face.

Est vaincu :

-celui qui s’enfuit 3 fois hors du rond
-l’animal qui crie
-l’animal qui est abattu d’une façon non acccidentelle et ne peut plus se relever.

AVENIR et PRIX

-carrière maxium de 5 ans (sur 10 ans de vie) avant de devenir reproducteur
-un champion adulte en pleine gloire peut valoir 5 000€

quelques LIEUX

Il y a de nombreux « ronds de coqs » dans les écarts en particulier. Les entrainements se font généralement les samedis après-midi jusqu’à tard dans la nuit. L’accès y est libre et gratuit mais il vaut mieux éviter d’y aller en nombre important (pas plus de 5 personnes de préférence). La discrétion y est de mise notamment sur les photos.

- à St André : au « Galador » chemin Lagourgue le Dimanche après midi
(après 16h) les Vendredis et Lundi soir (après 21h) , à Rivière du Mât les bas, à Ravine Creuse et à Cambuston

- à Bras Panon : « rond de coq bengali » à RDM les hauts les samedis et dimanche après midi après 15H

- à Ste Suzanne

- à Bois de Nèfles Ste Clotilde le dimanche après midi
- « aux 2 canons » à Ste Clotilde en face Ford les samedis/dimanches

- à St Benoit derrière lemarché le dimanche après midi

- à St Pierre : chez Moolant le lundi après midi en face Citroen
c/Vayaboury le lundi soir au 57 Rue du four à chaux
à la Ravine blanche et à basse terre

- à l’entrée de Rivière St Louis le Samedi après midi

- à la butte citronelle au Port

-au Tampon : chemin petit frère.
à Trois Mares
-

REGLEMENTATION et SANCTIONS

Les « combats de coqs » sont en principe interdits en France. Il y a tolérance pour les anciens ronds en tant que « tradition locale ininterrompue » et interdiction de nouveaux ronds. Les sanctions s’élèvent en principe à 6 mois de prison et 8 000€ d’amende

P.L

le maloya : tradition réunionnaise d’origine africaine

LE MALOYA : une tradition d’origine africaine

Chacun sait que dans son désir de développer la colonie, l’Ile de la Réunion a fait venir de nombreux esclaves- puis des engagés- pour les remplacer dans les champs de café puis de canne à sucre. Ceux ci devaient travailler près de 12H/jour mais pouvaient heureusement se retrouver dans un coin de l’exploitation la nuit, dans le « camp des noirs ». Là, il leur fallait « évacuer » le tensions générées par les multiples brimades et contrariétés, vécues tout au long de ces dures journées de labeur. Et c’est tout naturellement à travers la musique et la danse qu’ils le firent…

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Gramoune LELE, un « grand » du maloya

Un peu d’histoire

Historiquement pratiqué durant l’esclavage- il aurait été dansé de force pour « faire de l’exercice » sur les ponts des bateaux esclavagistes interdit durant l’engagisme, pratiqué par les gens les plus simples et les plus défavorisés montré du doigt ensuite, (fin XIXe/début XXe siècle) le maloya renaît après 1970 avec Gramoune LELE, le roi KAF, Firmin VIRY, Patrick PERSEE, Daniel WARO, ZISKAKAN, BASTER, TI FOCK, CIMENDEF… Il va devenir un symbole fort: celui de l’identité réunionnaise, celui de tous les opprimés.

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Des gars de ZANZIBAR le chantaient et le dansaient toute la nuit avant d’enterrer leurs morts. (Service Kabaré)

Aujourd’hui encore quelques familles malgaches organisent du côté de Rivière St Louis et de Paniandy un « servis malgas » : cérémonie funéraire faite en l’honneur de leurs ancêtres. Des offrandes sont déposées sur un autel

ou sur des feuilles de banane consacrées puis consommées.

Le maloya est alors joué toute la nuit.

On partage aussi un repas communautaire.

Le chant du MALOYA

Alors le maloya : chant ou danse ? en fait les 2, chant et danse ne devraient jamais être dissociés. Le chanteur lance des invectives, donne des instructions aux danseurs pour les encourager et orchestrer la danse.

Souffrance, haine, joie… C’est à la fois un chant d’espoir et de douleur. Interprèté par les colons comme « une preuve que les esclaves étaient heureux puisqu’ils chantaient »,le maloya évoque la mélancoliela lascivité, le chagrin de la patrie perdue. On chante donc le pays des ancêtres, les traditions perdues, on rend hommage aux morts et on dialogue avec les esprits…

Les thèmes abordés peuvent aussi concerner l’amour, la misère, la reconnaissance, le travail, des revendications… et de façon générale la joie, la peine, la douleur, le bonheur d’être ensemble..

Dans le maloya chanté, un soliste va lancer une phrase par exemple : « A semin granboi ca le long ». Les autres chanteurs vont répondre en chœur « A tipa tipa narivé » Cela s’apparente aux chansons françaises de cabaret du XIXe siècle.

LES INSTRUMENTS « MODERNES » DU MALOYA

Aux origines, les esclaves utilisaient des objets de récupération : caisses en bois, tonneaux, vieux bidons métalliques, boites de conserves vides… Puis les instruments devirent plus sophistiqués ; Il s’agit de :

1)le kayamb : instrument plat fabriqué à partir de tiges de fleurs de canne à sucre clouées sur un cadre de bois léger. remplies de graines sphériques très dures de safran sauvage

2)le rouleur : gros baril monté à partir d’une barrique sur laquelle on tend une peau de bœuf (origine Afrique de l’Ouest)

3) le bobre : corde végétale tendue sur un arc et doté d’une calebasse pour servir de caisse de résonance. Il est frappé par une tige, appelée Kouti ( origine :Madagascar, Afrique de l’Est, Inde du Sud)

4) le DJEMBE : petit tambour en forme de vase creusé& dans du bois dur et sonore, recouvert d’une peau de chèvre ou de gazelle tendue par des cordes très solides

5) le PIKER : 2 entre-noeuds de gros bambou de 10 cm de diamètre. Longueur 80 c. Son très aigu. Frappé à l’aide de 2 baguettes très dures.

Ces instruments se voient souvent complétés par un triangle.

Le chanteur invective les danseurs et les encourage. Proche de la transe ce rythme accéléré permettait de libérer les esprits et les corps jusqu’à l’aube.

Une danse de séduction ?

Ils forment au départ un cercle dans lequel ils entrent progressivement. Le cercle s’organise autour ou face aux instruments. Avant cela se passait autour d’un feu…

Les danseurs se relayent au centre du cercle, ne se touchent jamais : il s’agit en fait d’une sorte de parade amoureuse, d’une danse de séduction. Les positions sont lascives, souvent à caractère érotique. Chez l’homme il s’agit surtout d’un piètinement permettant le roulement du bassin et des hanches, le danseur tournant sur lui même. Les femmes portent des robes longues qu’elles remontent jusqu’ aux genoux…Elles peuvent se mettre à genoux invitant le danseur à se pencher au dessus d’elles… Il n’ y a pas de figures imposées.

Le Séga, lui était dansé dans les salons huppés de la colonie.

Ami internaute : vous faîtes partie d’un groupe de maloya ? nous aimerions des photos de vos instruments et pourquoi pas une interview sur votre groupe ? Contactez nous sur « laissez un commentaire »

P.L

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