« Des « emplois aidés » à visée électoraliste ? »

dcrp001Cà y’est, c’est la curée !… Pas un maire de notre île qui ne cherche à redorer son blason politique en réclamant à corps et à cris des milliers d’emplois aidés pour nos pauvres petits réunionnais sans travail… On savait déjà qu’il fallait attendre plusieurs mois pour rencontrer SON maire tant il est sollicité par des familles entières qui lui demandent de donner un p’tit travail pou gagn un tit monnaie.

Il est vrai nos maires ont été nombreux à « acheter » les électeurs en leur offrant quelques mois avant les élections des contrats qui miraculeusement se terminent à la veille de celles-ci et ne seront renouvelés grâce à l’argent de la France que si le « généreux donateur » est réélu …

Peut-on vraiment parler d’emploi ? Non car ceux-ci ne sont ni pérennes, ni accompagnés d’une formation professionnelle qualifiante. On l’a vu par le passé,
combien d’entre eux ont été embauchés ensuite en CDI ?

Le seul réel bienfait de ceux-ci est de donner une activité occupationnelle à des jeunes en errance… Pendant qu’ils seront en contrats aidés, peut être qu’ils n’agresseront pas les vieilles dames ou ne chercheront ils pas à voler ou à violer… Mais où sont donc les parents ? Ne peuvent-ils pas les orienter sur des activités artistiques ou sportives plutôt que de les laisser traîner ?

L’emploi aidé est trop court pour constituer une expérience ou servir de formation professionnelle. La plupart du temps, il permet aux institutions de ne pas embaucher ! Eh oui, le gouvernement n’a t’il pas décidé de réduire de moitié le nombre de fonctionnaires ? et pour des communes en déficit chronique, quel appel d’air ! Il faut bien tenter de « boucher les trous » et de remplacer artificiellement ceux qui partent…

Le problème le plus crucial aujourd’hui est celui de « la précarité à vie ». Combien
d’entre ces jeunes réussiront un jour à construire des « projets de vie » (maison, couple stable, projets divers) s’ils demeurent à perpétuité dans la précarité ? Ne parlons même pas de retraite, un mot qu’on devrait supprimer du dictionnaire car le gouvernement et nos élus savent bien que rares seront ceux qui auront un jour le nombre de trimestres requis pour y avoir droit.

Nos maires et syndicalistes feraient pourtant bien de se souvenir qu’il n’ ya pas si longtemps, seul le CDI (contrat à durée indéterminée) avait droit de cité. Le CDD (contrat à durée déterminé) n’était accepté par l’inspection du travail « qu’en cas de remplacement maladie, maternité, ou surcroit exceptionnel d’activité ». Je m’en rappelle bien puisqu’à l’époque j’étais chef de personnel et que l’inspection du travail surveillait de près les entreprises pour éviter les abus…

Ne serait-il pas plus noble pour nos maires, syndicalistes, représentants de jeunes en errance de se battre pour une vraie cause : celle d’un véritable emploi

par un retour à la situation antérieure où les CDD n’étaient autorisés qu’à titre exceptionnel ? un emploi pour tous qui permette d’avoir de vrais projets de vie et de construire une famille dans la sérénité ?

Vous allez me dire : la mondialisation, la compétition internationale sont passés par là et il faut bien accorder une certaine souplesse aux entreprises : celle de licencier à tout va… au détriment là encore de l’humain traité come moins que rien, comme un citron que l’on a bien pressé et que l’on jette ensuite. Quelle magnifique société nous construisons là, sur du tout économique !

Pour ma part, j’aurai une bonne idée qu’aucun maire, député ou sénateur n’aura jamais le courage politique de promouvoir : Puisque nos érémistes sont-comme nos fonctionnaires-payés par l’Etat et par nos impôts : les remettre au travail en leur demandant modestement de bosser 3H/jour au profit de la collectivité. Cette courageuse décision-peu électoraliste je le concède- proposée par des élus intégres et non démagogues de droite comme de gauche, aurait le mérite de préserver sa dignité humaine. Quelle dignité peut-on préserver en apprenant -par l’obtention du RMI, aujourd’hui RSA- à l’homme à vivre aux crochets de son voisin qui travaille dur pour nourrir les siens sans fournir-comme les salariés un travail quelqu’il soit face à une rémunération?

Cette décision permettrait aussi d’éviter de chûter en raison de son inactivité dans les drogues (tabac, alcool, zamal) ou la délinquance (racket, vols, violences diverses…) mais aussi et surtout de perdre ses savoirs-faire scolaires et professionnels en raison d’une longue période d’inactivité.. Elle permettrait aussi à l’Etat-en faillite- de ne pas engranger des dépenses supplémentaires, énormes et sans avenir (celles que constituent les emplois aidés)

Je me permettrai de vous soumettre pour terminer une expérience professionnelle vécue: Avec l’ADI (Agence Départementale d’Insertion, organisme payeur du RMI), Nous décidons d’oeuvrer pour la réception de érémistes motivés à s’en sortir et convoquons 100 d’entre eux afin de leur proposer une réelle et efficace solution d’insertion. Sur les 100 seuls 40 ont répondu à la convocation. (ils n’avaient même plus peur de se faire radier…) Sur les 40, 20 ont accepté et 17 d’entre eux ont retrouvé un travail dans l’année.

Vous ne trouvez pas qu’il est temps d’en finir avec les emplois aidés au profit d’autres voies plus saines comme celles d’un retour systématique aux CDI, d’un quota maximum et d’un contrôle drastique du nombre et de la nature des CDD, et d’une aide en faveur d’une réinsertion de faît des érémistes encore en capacité de se réinsérer. ?

un ex-conseiller professionnel

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