razzia sur les terres cultivables

 

Conséquence sans doute de la hausse des produits alimentaires et énergétiques, voilà que de grandes sociétés achètent de très grandes surfaces cultivables en Indonésie, aux Philippines mais aussi au Soudan et à Madagascar (1.300 000 ha rien que sur la grande île). Où est le problème me direz vous ?

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (F.A.O) tout comme les organisations humanitaires de développement s’en inquiètent car la seule façon de permettre à un pays de se nourrir c’est bien de laisser ses terres cultivables à ses paysans et non de les offrir sur un plateau à des multinationales comme réserves alimentaires et énergétiques pour les pays riches. Des surfaces trop petites obligent les petits paysans à rallier les grandes villes pour chercher du travail où la plupart du temps ils n’en trouvent pas, s’entassant dans des bidonvilles en périphéries. Les plus courageux -pour tenter de nourrir leurs familles- s’expatrient dans les pays occidentaux où ils risquent de connaitre l’exploitation, le rejet, le froid et le racisme.

Récemment, à la mi-Novembre 2008, DAEWOO LOGISTICS a annoncé un projet d’achat d’une concession
à titre gratuit-de 1 million d’hectares à Madagascar pour une durée de 99 ans. Cette société sud-coréenne veut y cultiver 5 millions de tonnes de maïs (alimentation animale bovine, et agro-carburant) d’ici à 2023… Elle ne fera même pas appel à une population locale en souffrance mais embauchera en Afrique du Sud. Face à ce scandale, les autorités malgaches-qui pourtant nous laissaient espérer à une amélioration de la situation economico-sociale du pays- se félicitent de cet investissement.

La question agraire ne date pas d’hier et seule la terre-le bien le plus fondamental des malgaches- peut leur permettre de survivre. Pourquoi les projets d’augmentation des surfaces cultivées, maintes fois repris dans les politiques de développement des régimes successifs ne sont-ils pas allés plus loin que quelques centaines d’hectares par an ?

Au delà de l’impossibilité de vivre de leur terre ce sont de nombreuses expropriations qui risquent de se produire rapidement et une famine exponentielle qui ne manquera pas de décimer nos frères malgaches. Alors que nous oeuvrons depuis plusieurs décennies pour redonner terre, travail et espoir à cette population vivant
en dessous du seuil de pauvreté, voilà que son président est tenté d’offrir la moitié des terres arables de la grande ile à des sociétés internationales qui s’en serviront pour mettre de l’essence dans nos moteurs de voiture. Serons-nous assez inhumains pour accepter celà ? Ne pouvons-nous pas conditionner notre aide internationale et la réduction de la dette malgache à l’engagement de l’Etat de ce pays à ne pas brader les terres nécessaires à la survie de ses habitants ?

Patrice LOUAISE
Fondateur de « Terre des Hommes Réunion »

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