Pourquoi les français ne veulent pas mourir au travail ?
Pourquoi nous ne voulons pas mourir au travail ?
Afin de nous culpabiliser comme s’il s’agissait d’un manque d’esprit de solidarité, on privilégie en France le « régime de retraites par répartition » plutôt que « par capitalisation »… La supercherie est subtile. En effet, si nous capitalisions de l’argent pour notre retraite, il va de soi que nous devrions en bénéficier avec des intérêts au moment où nous la prendrons. Ce qui n’est pas le cas…
aujourd’hui en France.
« Le régime par répartition » s’appuie sur un principe louable de générosité mais…tout cet argent cumulé depuis plus de 40 ans est-il vraiment affecté aux retraités qui ont eu moins de chance que nous ?
Combien de gens qui ont longuement cotisé meurent de maladie ou d’accident avant d’avoir pu bénéficier du moindre sou ?
Ce régime constitue en fait un impôt supplémentaire, (celà me fait penser à la fameuse « vignette auto » qui devait profiter à nos Anciens) dont on ne saura jamais où il sera réellement affecté et dont on ne verra peut être jamais « la couleur ».
En fait, les français ont l’impression désagréable d’avoir été « floués ». Nicolas SARKOZY n’avait il pas promis lorsqu’il était candidat qu’il ne relèverait pas l’âge de départ à la retraite ? Il s’agit d’une première tromperie et d’un premier mensonge.
Comme aux USA, On nous a laissé croire qu’ « une économie mondialisée ne pouvait supporter les coûts exhorbitants de la protection sociale et que les employeurs recruteraient davantage si on réduisait les impôts sur le capital et s’ils pouvaient licencier plus facilement.. ».
Cette économie mondialisée pousse au contraire à promouvoir les pays émergents et met en faillite les entreprises européennes qui ont des charges salariales beaucoup plus fortes ne les rendant plus compétitives. Elles sont alors tentées de « délocaliser » dans ces pays, réduisant les travailleurs européens au chômage de masse…
A t’on vu par ailleurs plus d’embauches ? Les CDD généralisés n’ont ils pas induits que de la précarité ? 2e tromperie
L’espérance de vie ayant augmenté, on considère que nous devons travailler plus longtemps… Face à ce calcul purement démographique, oublierait-on que la productivité et le PIB ont aussi considérablement augmenté ? En fait les français ont davantage la possibilité de passer plus d’années à la retraite mais aussi de financer cette situation. L’âge de départ à la retraite a été revu la dernière fois en 1983. Le PIB par habitant a depuis augmenté de 45%. En comparaison l’augmentation de l’espérance de vie a été très faible. Le nombre d’actifs par retraité est passé de 4,4 en 1983 à 3,5 en 2010, mais la croissance du revenu national a été largement suffisante pour compenser cette évolution démographique. Il est donc raisonnable d’estimer que les actifs aient droit à plus de temps de retraite au fur et à mesure que l’espérance de vie augmente. Lorsqu’un pays s’enrichit, est il normal de passer plus de temps à travailler ? 3e tromperie
On veut nous obliger, alors que beaucoup de gens sont usés par le travail-nerveusement ou physiquement – avant même d’atteindre la soixantaine, à prolonger notre temps d’activité. Or, on sait statistiquement que 47% des 50 à 60 ans n’ont déjà plus d’activité…et ne risquent plus d’en retrouver à cet âge, surtout en France. Ils n’auront donc jamais les trimestres requis, alors qu’ils ont cotisé inutilement des décennies et finiront au minimum vieillesse… 4e tromperie.
Ne serait-il pas plus judicieux de permettre l’accès bien mérité de ces gens à la retraite et de laisser entrer les jeunes sur le marché du travail ? Ce serait pourtant dans l’ordre des choses… Ne pourrions-nous pas laisser le libre choix de partir en retraite en étant moins payé ou de poursuivre son activité si on en a, si on a des traites à payer ou si on est un « mordu » du boulot ? Rappelons nous qu’un jeune coûte beaucoup moins cher à une entreprise et est un élément motivé et innovant. Et pourquoi ne pas tenter un système de tutorat avec des plus de 50 ans volontaires pour travailler à mi-temps et formant des jeunes eux aussi embauchés à mi-temps ? On préserverait ainsi à la fois le savoir-faire et l’innovation dans l’entreprise. De plus, on faciliterait le passage à la retraite pour l’Ancien, l’entrée progressive dans la vie active pour le jeune…
On sait aujourd’hui qu’une bonne partie de notre jeunesse ne parvient pas à entrer dans la vie active-occupée par des Anciens coûteux à l’entreprise- et cumulent pendant des années des « petits boulots » temporaires. Les CDD généralisés et la précarité qui suit ne leur permettra jamais d’acquérir les trimestres requis pour avoir droit à la retraite. 5e tromperie.
Rajoutons qu’on va grâce ou à cause du progrès technique vers une réduction du nombre d’emplois dans toutes les branches professionnelles : bientôt il n’ y aura plus besoin ou presque de secrétaires, de comptables, de caissières…
qui seront remplacés par des machines automatiques ou par des personnels nettement moins payés en Inde ou ailleurs via Internet… Pour des raisons de productivité, et de paix sociale, les entreprises vont de plus en plus privilégier la machine, ou la délocalisation plutôt que d’embaucher, surtout en France.
Voilà pourquoi, les français ne veulent pas mourir au travail après avoir tant cotisé…
Patrice LOUAISEL
Psychologue du Travail