5e sortie des « Amis de l’histoire » sur l’Ouest
Historiens invités : Bernard MAREK et Olivier FONTAINE de la « Confrérie des Gens de la Mer »
Thèmes abordés : le cimetière marin puis les batteries côtières de St Paul
Le cimetière marin
tombes chinoises
Un peu d’histoire
Bernard MAREK aborde tout d’abord les étapes successives du peuplement de l’ile: 1646 puis 1654 : mutins envoyés de Fort Dauphin.
1663 : Louis PAYEN, un autre francais dont on ne connait pas le nom et 10 malgaches
1665 : installation de la colonie avec Etienne REGNAULT et 19 colons venus de Brest. Ceux-là s’installent derrière l’étang, entre l’usine de Savannah et la Ravine Bernica dans des cases qu’ils construisent en bois. Une première chapelle est construite en 1666 ainsi qu’ un premier cimetière (1709-1788).
1729 : épidémie de variole : mort de 400 personnes en 4 mois et demi (sur 1500 présentes sur l’ile). Elles seront enterrées en bord de mer.
Les cimetière « marin » est créé en 1788 puis ouverture du nouveau cimetière de l’étang. Une proposition est faite de déposer dans le cimetière marin les blancs « sans foi ni loi » et les esclaves, pour ne mettre dans le nouveau que les blancs et les noirs-libres. Celle-ci est heureusement refusée.
Ce cimetière-agencé de façon anarchique- a été en partie détruit par de nombreux cyclones et raz de marée (1825/1835/1863/1883…puis 1932/1944/1948/1962 et 2007) d’où arrivée de tonnes de sable, tombes emportées… Il est pratiquement abandonné de 1948 à 1972.
1973 : transfert du cimetière Montparnasse de la tombe du poëte Leconte de Lisle qui avait émis le souhait d’être enterré ici face à la mer.
depuis 1980 : réhabilitation du cimetière. Toutefois, on y enterre plus que les propriétaires de concessions, les personnalités de St Paul et les gens du quartier.
descriptif
Les tombes situées à l’entrée droite sont les plus anciennes, le plus souvent anonymes. Elles ont été recouvertes de sable de 1948 à 1972. Jusqu’en 1789, il fallait pour être enterré ici être en règle avec l’Eglise et la Justice.
tombe de « La Buse » : est-il seulement enterré là ?. Quand il a été pendu, (1730) le cimetière actuel n’existait pas (créé en 1788) . Cependant, il y avait là un cimetière non consacré.
La croix, avec tête de mort a été retrouvée par un certain De Villèle sur la plage au lendemain d’un cyclone (1944). Le canon est une pièce en bronze qui servait à tirer les feux d’artifice du 14 Juillet. La dalle, elle se trouvait à l’intérieur du cimetière : il y a une inscription derrière : « A la mémoire de Delphine Elhaude. sa bonne conduite lui a valu la liberté : tombe d’une esclave affranchie en 1845.
derrière cette tombe : l’enclos Desbassayns : Y ont été enterrés Henri Paulin (le mari franc-maçon et coureur de jupons), Mme Desbassyans, environ 10 ans avant qu’elle ne soit transférée dans sa chapelle. Cette inhumation a été acceptée dès lors que ces tombes étaient isolées par un mur clos.
bloc à droite : la famille Desjardins : grande famille saint pauloise,-arrivée au début du XVIIIe- de maires et notaires. (présence de briques)
,Millet de Fontaraby : , médecin de Dordogne (2e moitié du XIXe). Maire puis sénateur. On lui doit la 1e voie ouverte pour gens à pied et à cheval précédant notre route en corniche. En tant que maire, il a proposé des séances ouvertes au public qui pouvait ainsi regarder les séances de Conseil Municipal par les fenêtres.
Noyés de l’embouchure de l’Etang : enfants du maire de l’époque, Mr Chauvet.
Naufragés du Ker Anna : en Décembre 1894, sur des récifs au large de la pointe des Aigrettes. Sur une douzaine d’hommes d’équipage, 5 ont pu être repêchés et enterrés. Le bateau transportait madriers, goudron, rhum, matériel de quincaillerie ainsi que 2 cochons sortis indemnes vendus aux enchères. L’ancre n’a rien à voir (trouvée au lendemain d’un cyclone, face à l’hôtel Laçay qui servait alors de caserne de pompiers.
Squelettes retrouvés après le cyclone Gamède / En Février 2007, on a retrouvé une dizaine de squelettes alignés les uns à côté des autres, tête au sud, pieds au nord. Un expert en archéologie funéraire, Mr Bizot est venu 5 jours. Il y avait des hommes, femmes et enfants dont un de 3 ans. Positionnés dans des cercueils dont il ne restait que des clous. On a retrouvé un genre de boucle de cheveux encastrée dans la boite cranienne d’une femme.
Il pourrait s’agir de corps déposés là car « le 5/11/1860, le cimetière marin était plein ». N’y aurait-on pas mis les derniers morts avant l’ouverture du nouveau cimetière ? A moins qu’il ne s’agisse d’une certaine catégorie de morts ? des sans foi ni lois ou des malbars ayant refusé d’être convertis au Christianisme ?
(NDLR) ou encore de morts d’une épidémie de verette (variole)
dame Kermorvan (qui avait fauté) épouse un certain Gabriel Fontaine : en 1877 Fontaine la quitte et monte dans les Hauts. En Novembre 1877, il redescend de Trois Bassins, plante un coup de couteau dans le dos de sa belle-mère et 11 coups de couteau à son ex-épouse.; Aux Assises en 1878, il est condamné aux Travaux Forcés à perpétuité.
Leconte de Lisle : poëte parnassien bien connu du XIXe siècle. Il n’a vécu qu’une dizaine d’années à St Paul et a été selon son désir déplacé du cimetière Montparnasse sur le cimetière marin face à la mer.
Erasme Feuillet : Capitaine au long cours : lors d’une escale, il séjourne à l’étage de l’hôtel de Laçay, y fait sa toilette avant de jeter les eaux usées par la fenêtre selon la coutume. Un passant, outragé, un officier de la caserne de St Paul, les reçut sur la tête. Un attroupement s’étant formé, il descendit voir et accepta la provocation en duel de celui-ci.
Lors du duel, l’officier vit son arme s’enrayer. Fair play, le capitaine lui prêta un de ses pistolets ce qui lui valut d’être abattu par sa propre arme.. Un peu plus tard, l’officier pris de remords, finança la tombe et l’épitaphe; Avant la fin de l’année, l’officier décéda et fut enterré à une dizaine de mètres de lui.
« Les batteries côtières de St Paul » avec Olivier Fontaine,
Historien (Confrérie des Gens de la Mer)
La baie de St Paul est « la moins pire des baies pour l’accostage » jusqu’en 1738 quand Mahé de la Bourdonnais désigna St Denis comme accès principal…et le port de la Rivière des Galets beaucoup plus tard.
Au début, la Réunion constituait une escale lors de voyages longs et difficiles vers la route des Indes. Les îles servaient alors de ré-approvisionnement, permettait de soigner les malades, et de réparer les bateaux endommagés.
Les français avaient jeté leur dévolu sur le comptoir de Fort Dauphin, pensant y commercer, avant qu’ils ne s’en fassent chasser et de débarquer à la Réunion : l’eau y est pure, il y a du gibier mais malheureusement pas d’abri sûr-comme à Maurice- pour les bateaux.
Ainsi, commercera t’on longtemps avec les pirates- l’approvisionnement de la colonie étant rare- de 1688 à 1730. C’est alors que 33 pirates vont s’installer à Bourbon. Ils sont français, anglais, hollandais et on leur propose amnistie et une bonne terre s’ils rentrent dans le rang. Ce sont les premiers Huet, Naze, Duchemann, Picard, Clain, Welmant…
Vers 1722, on va ériger un système de défense pour protéger l’ile. Ainsi érigera t’on un système de batteries côtières : petites fortifications en terre ou en maçonnerie pour protéger les canons des tirs de bateaux, et pouvoir tirer tranquillement sur les assaillants.
Pourtant l’ile de France (Maurice) sera toujours privilégiée à Bourbon en terme de batteries comme de soldats pour la défendre. A la Réunion, on va compter sur la population pour défendre l’ile. Les habitants sont censés s’exercer au tir et aider les rares soldats situés à St Denis et St Paul.
0n a aussi armé des esclaves (il faut en effet 7 hommes pour armer un canon). De même qu’on enverra des esclaves se battre en Inde.
La Réunion va toujours être armée par la Marine qui aura la charge de la défense des côtes. On va acheter de l’artillerie à l’Angleterre et à la Suède)
Avec les canons, on peut tirer un coup toutes les 2 minutes, à 3000 m avec une certaine précision. On pouvait tirer sur la coque,(préférence anglaise) les voiles
( préférence française) ou l’équipage avec une portée utile de 600 m
La mairie de St Paul fut utilisée en 1809 comme caserne militaire car les Anglais avaient incendié l’ancienne. Face à la mairie (côté gauche), il y a un canon obusier (pour tirer des obus / boulets creux à tir droit) de 1842, fondu à Nevers d’un poids de 1524 Kgs posé sur un affut en métal.
Patrice Louaisel (selon les exposés de Bernard Marek et d’Olivier Fontaine)
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