Invasion Aryenne : Mythe ou Réalité ?

La théorie Aryenne :

Agni_god_of_fireSelon celle-ci, des peuplades auraient déferlé depuis l’Asie centrale sur le Nord Ouest de l’Inde aux alentours de –1500 avant J.C. Ces fiers aryens seraient tombés sur des populations indigènes dont les Harrapéens ou Indusiens dont la civilisation touchait à sa fin. Nos aryens auraient soumis les Indusiens à la suite d’affrontements violents ; le cheval inconnu en Inde aurait été l’instrument de leur victoire ainsi que le char léger, leur tempérament guerrier et leur soif de conquêtes. Cette civilisation appartenant à l’age de bronze aurait disparue tandis que les Aryens auraient poursuivi leur marche vers la plaine du Gange, défrichant d’épaisses forêts avec leurs outils de fer. Ce faisant, ils auraient du propager leur noble monture, leurs langues sanskritiques, leur ordresocial de castes, leur culture fondée sur les Védas.

1re objection:

Selon celle-ci, des peuplades auraient déferlé depuis l’Asie centrale sur le Nord Ouest de l’Inde aux alentours de –1500 avant J.C. Ces fiers aryens seraient tombés sur des populations indigènes dont les Harrapéens ou Indusiens dont la civilisation touchait à sa fin. Nos aryens auraient soumis les Indusiens à la suite d’affrontements violents ; le cheval inconnu en Inde aurait été l’instrument de leur victoire ainsi que le char léger, leur tempérament guerrier et leur soif de conquêtes. Cette civilisation appartenant à l’age de bronze aurait disparue tandis que les Aryens auraient poursuivi leur marche vers la plaine du Gange, défrichant d’épaisses forêts avec leurs outils de fer. Ce faisant, ils auraient du propager leur noble monture, leurs langues sanskritiques, leur ordresocial de castes, leur culture fondée sur les Védas.

C’est à l’ethnologue anglais James COWLES PRICHARD que revient ce douteux honneur d’avoir le premier parlé d’une « race aryenne » à la peau claire d’une part, et d’autre part, de « races aborigènes » dont les Dravidiens (habitants du Sud de l’Inde). Or, 1e paradoxe majeur : jamais aucun texte indien ni tradition de l’Inde ne parle de races différentes encore moins ennemies. Selon cette théorie, les racines de l’Hindouisme ne seraient pas à rechercher en Inde mais dans la région d’origine des Aryens : les hauts plateaux de l’Asie centrale.. On ne sera pas étonné de voir la puissance britannique exploiter le filon : ils arrivaient ainsi à la suite d’une longue liste d’envahisseurs dont les Aryens pour accomplir l’œuvre glorieuse de civilisation commencée par ceux-ci. Or, cette théorie aryenne ne fait qu’exacerber les divisions : nombreux sont ceux dans l’histoire de l’Inde qui ont su l’utiliser à leur profit en opposant entre autres aryens brahmaniques. Au Nord opposés aux dravidiens du Sud.

Ainsi, ni les Védas, ni aucun texte sanskrit ne fait allusion à une patrie d’origine des Aryens.
En dehors de l’Inde, à leurs affrontements aux populations existantes et à leur victoire finale. On voit difficilement comment les rishis védiques, attachés à leur terre, composant leurs hymnes en l’honneur des rivières, montagnes, forêts, plantes et animaux, en les déifiant souvent auraient perdu tout souvenir d’une terre ancestrale en Asie centrale ou ailleurs : curieuse amnésie pour un peuple qui a prodigieusement jusqu’à aujourd’hui cultivé et transmis oralement ses 4 Védas.

2e objection:

Le RIG VEDA énumère les rivières du Nord de l’Inde d’Est en Ouest terminant sur les rivières afghanes alors que les envahisseurs aryens auraient évidemment fait l’inverse puisque l’invasion s’est produite du Nord Ouest de l’Inde vers le Sud Est.

3e objection:

Dans le RIG VEDA, on note, au niveau des hymnes une présence constante de l’Océan :ainsi le mot« SAMUDRA » n’apparaît pas moins de 160 fois… ce qui montre clairement une culture maritime. Indra par exemple est « aussi étendu que l’Océan » et « transporte certains chefs Aryas à travers les mers ». Or, des envahisseurs, porteurs des Védas qui n’ont jamais vu la mer ne les auraient pas inclus avec autant de force dans leurs hymnes. Qu’il s’agisse du Ramayana, du Mahabharata ou des Puranas, on nous décrit toujours une civilisation née sur le sol indien et qui se développe au cours des millénaires. Même la grande guerre du Mahabharata est située par la tradition indienne au 4 e millénaire avant J.C soit 2300 ans avant la supposée invasion aryenne.

4e objection:

Si les Aryens ont chassé les Dravidiens, vers le Sud de l’Inde, on devrait retrouver dans les littératures et traditions du sud quelques souvenirs de ces guerres incessantes, de cette défaite humiliante, de cette grande migration. Or on ne trouve rien : pas une ligne, pas une allusion, pas une légende. La notion de guerre de religion est tout à fait étrangère à l’Inde.

Swami Dayananda Sarasvati : « dans aucun des textes sanskrits ou historiques, il n’est dit que les Aryens sont venus d’Iran, ont conquis les aborigènes et sont devenus les souverains ». Pour lui, les Aryas sont ceux qui vivent de la culture védique.

Swami Vivekananda : « Ce que vos pandits européens racontent au sujet des Aryens qui auraient fondu sur les aborigènes se seraient emparé de leurs terres…n’est que pure ineptie. Il est étrange que nos savants indiens disent amen à de pareilles imbécillités. Et dire qu’on enseigne ces mensonges monstrueux à nos garçons ! »

Sri Aurobindo : « Je suis enclin à douter qu’il ait jamais existé en Inde en tant qu’entité séparée une race aryenne ou une race dravidienne… »

Depuis 1921, près de 3000 sites archéologiques ont été découvert près des rivières Sarasvati et Indus, à la frontière pakistanaise, témoignant d’une civilisation avancée-dénommée « de l’Indus » avait régné entre 2700 et 1900 avant J.C (datation au carbone 14) : ainsi à cette époque, on connaissait déjà les briques, les poids et mesures, l’écriture et les domaines agricole, métallurgique et commerciaux étaient très avancés. Un urbanisme et un système sanitaire sophistiqués, des fortifications, des bâtiments à usage communautaire (salles « d’assemblée », Collèges », grands bains ») , rues orientées selon les points cardinaux, des maisons avec salle de bains privée… On savait extraire le cuivre et le bronze, forger des outils et des armes et le commerce était florissant. On exportait bois, métaux, ivoire, poteries mais aussi colliers, bijoux.

Les Harappéens pratiquaient sculpture, peinture, musique et danse mais aussi théâtre et spectacles de marionnettes. En fait, une civilisation paisible, industrieuse, organisée et prospère. Ainsi, les fouilles archéologiques nous démontrent aujourd’hui qu’en fait de tribus primitives.

Les autochtones avaient constitué une civilisation avancée.

5e objection:

Parlons du cheval, propre à l’invasion aryenne. En fait, on a retrouvé des restes de cheval dans les sites harappéens. On a aujourd’hui la preuve que ceux ci connaissaient le chameau, le cheval et l’ane, bien avant l’invasion aryenne. Finie donc la preuve de l’invasion aryenne par l’arrivée d’un cheval inconnu des autochtones.

Par ailleurs, si ce cheval a permis de dominer les populations, où sont les ossements et représentations dans la période suivant l’invasion aryenne ? Où sont passés les chevaux aryens ?

De même aucune trace-pourtant métallique- des chars aryens dans les fouilles archéologiques. En fait, non seulement l’animal existait bien avant le 2e millénaire et l’invasion aryenne supposée. Mais il n’y a pas de différence marquée entre avant et après celle-ci.

6e objection:

A noter que dans les plaines de l’Indus comme de la Sarasvati, les nombreux archéologues n’ont trouvé aucune trace de céramique, d’outils, d’ustensiles, d’armes, de chars, de harnais de sépultures, de bijoux susceptibles de démontrer l’irruption d’un nouveau style, d’un nouveau peuple, d’une nouvelle culture, de 1900 à –600 avant J.C. De même on ne trouve nulle part dans le Sud la moindre trace des restes matériels de la civilisation harappéenne qui aurait dit-on été chassée dans cette région par les Aryens. Ainsi en fuyant nos Dravido-Indusiens semblent avoir oublié leurs objets quotidiens, leurs styles de poterie, leur Art, et même leur écriture. Cette migration n’a d’ailleurs laissé aucune trace en chemin, ce qui est impensable. Ainsi selon l’Archéologie, les Aryens s’avèrent inexistants sur le sol indien.

7e objection:

Au niveau urbanisme, on constate une remarquable persistance-avant et après l’invasion supposée- du plan général de la maison harappéenne : cour centrale, chambre sur 3 côtés, etc…les cités suivant toujours un plan orienté selon les points cardinaux. De même pour les techniques de maçonnerie, de construction de puits et de systèmes d’égouts à 3000 ans d’écart.

L’Agriculture harappéenne dépendait du char à bœufs dont la forme et la dimension n’ont pas changé jusqu’à nos jours.

Au plan religieux, même persistance jusqu’à aujourd’hui des bains rituels depuis la civilisation.

De l’Indus-Sarasvati. Les Harappéens se livraient par ailleurs à des processions religieuses, se servaient de lampes à huile, de conques (pour verser les libations mais aussi comme trompettes).

De tridents et de symboles religieux tels que la svastika ou la feuille de pipal qui font partie intégrante des rituels de l’Inde d’aujourd’hui. De même pour les 2 arbres les plus sacrés : le pipal et le ficus religiosa. Les Harappéens et les Aryens auraient donc eu les mêmes symboles : quelle coïncidence ! De même le Yoga, comme en témoignent des figurines retrouvées à Mohenjo Daro, était pratiqué à cette époque.

Que nos Aryens supposés aient intégré les techniques de leurs prédécesseurs, pourquoi pas ? mais jusqu’à s’assimiler au peuple conquis jusqu’à se confondre avec, il y a un pas…

Mais alors, comment expliquer l’effondrement de la phase urbaine de la civilisation de l’Indus-Sarasvati ? certainement à cause de phénomènes écologiques, économiques et sociaux : inondations, assèchement de la Sarasvati, tremblements de terre déboisement excessif …les Harappéens se repliant dans l’arrière-pays, dans un mouvement vers l’Est.

8e objection

Celle-ci est de nature linguistique : le nom des lieux et des rivières du Nord Ouest sont tous aryens. Si c’était le résultat d’une invasion, cela impliquerait la suppression totale des langues antérieures, situation sans précédent dans l’histoire des conquêtes.

9e objection :

L’ Anthropologie physique ne relève à son tour aucun signe de l’arrivée d’une nouvelle population dans le Nord-Ouest à l’époque présumée de l’invasion. Même résultat avec la génétique. Des 2 migrations simultanées supposées, seule celle des Harappéens vers le Nord Est est décelable.

10e objection

Nous avons démontré l’existence d’une riche civilisation de l’Indus, harappéenne qui avait réussi à intégrer culturellement une vaste région. Comment quelques tribus nomades et relativement primitives auraient-elles pu faire disparaître d’un seul coup une telle richesse ? D’ailleurs cette Culture subsiste presque à l’identique de nos jours. Ne l’avons nous pas prouvé ?

Comment de supposés envahisseurs venus des steppes de l’Asie centrale, fort peu peuplées et auraient-ils réussi à coloniser une région aussi peuplée que celle de l’Indus ?

Le mythe aryen ne semble donc être qu’un miroir nous renvoyant nos ambitions, nos volontés de domination, nos certitudes de supériorité, nos creux idéaux de civilisateurs.

Il reste donc de tout cela, une civilisation ancienne mais bien vivante qui a su traverser des millénaires de vicissitudes.

Patrice LOUAISEL

Pour en savoir plus : « L’Inde et l’invasion de nulle part (Michel DANINO) éditions « Les belles lettres » 2006

Une réponse à to “Invasion Aryenne : Mythe ou Réalité ?”

  • Des questions restent pourtant sans réponse et il me semble qu’elles sont importantes.

    La civilisation qui mis en place les Vedas a crée les castes, pour des gens pacifiques qui seraient de bons ruraux c’est un peux étrange…
    Pourquoi dans tous les textes, même ceux issu des Véda on sent très bien que le Yoga se moque des Védas, deux preuves :

    Dans : YOGATATTVA UPANISHAD (La vraie nature du Yoga) on trouve cela :
    Certains cherchent leur voie dans la pratique des rites tels que l’enseignent les Ecritures védiques ils tombent dans le piège du ritualisme. Ni les liturgistes, ni les Dieux mêmes, ne peuvent rendre compte de cette Réalité indicible, car comment cette forme suprême que seule l’âme connaît serait-elle connue des Ecritures?

    Et c’est bien une Upanishad qui fait partie des Vedas…
    On trouve aussi la même chose dans le SAMKHYA, le grand texte de l’Inde :

    •:• KÂRIKÂ 1
    Etant frappés par trois sortes de souffrances, la nécessité d’une enquête sur le moyen de leur élimination s’impose. Cette enquête n’est elle pas superflue puisqu’il existe des moyens d’élimination évidents? La réponse est « non» car ces moyens ne sont ni éliminateurs de toutes les souffrances, ni définitifs.

    •:• KÂRIKÂ 2
    Le moyen provenant de la révélation védique est de même caractère que les moyens évidents:
    les deux sont assujettis à l’impureté, au déclin et à l’insatiabilité. Le moyen le meilleur, qui leur est contraire, est la connaissance juste du manifesté, du non manifesté et du connaisseur des phénomènes: Purusa (la Conscience Pure).

    Pourquoi ?

    Il semblerait que le Yoga ne soit pas en accord avec la pratique et la philosophie du Veda…
    Etrange aussi de voir que le tantrisme ne fait partie des Vedas…

    Alors on peut entrevoir par ces questions que les Vedas auraient été «imposés» par un envahisseur qui se serait protégé en créant les castes, mais cela n’est qu’une supposition…

    Cela me fait penser aussi au message du Christ et à l’ancien testament, nous n’avons jamais retrouvé de traces d’un peuple juif qui serait partit de chez les égyptiens et qui se serait perdu dans le désert pendant des générations…

    Denis
    http://www.pratique-du-yoga.com/forum/viewtopic.php?f=2&t=1195&p=22928#bas

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