Archive pour la catégorie ‘philosophies chinoises’

Approche du TAOISME

                APPROCHE DU TAOISME

 

Le TAO est à l’origine de tout, sans plan ré-existant. Il engendre un océan dont chaque être est une vague. S’il ne peut être défini, il peut être vécu : c’est en fait une sagesse de vie.

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Le Sage taoïste va chercher à réaliser l’harmonie avec lui, ici et maintenant. A la différence de la tradition occidentale qui place l’homme face à la Nature pour la combattre et souvent la dominer, la Sagesse taoïste place l’homme dans la Nature pour s’y déployer avec elle. Il n’ y a chez lui ni morale, ni éthique ni protocole, ni conformisme- ce qui le distingue du confucianisme-car il n’en a pas besoin puisqu’il vit en harmonie avec le tao dans le geste, la parole, la pensée et l’attitude. Tous les arts martiaux ainsi que les formes d’épanouissement du corps que sont le taï-chi-chuan ou le qi qong  se construiront d’ailleurs sur cette idée fondamentale. Le mouvement adéquat-le geste parfait- devient épanouissement et accomplissement.

 

Loin de la culpabilité et du dualisme chrétien, la pensée chinoise rassemble le corps et l’esprit dans une totale unité. Organique et harmonieuse où rien n’est  mal, sale ou laid. Le mal  vient de la souffrance et celle-ci de la peur : celle de perdre ou de manquer. Il faut éradiquer la peur car elle nous fait mal.

 

Comme les Upanishads hindous le résument à merveille dans la célèbre formule : « tu es cela » « tat vam asi » en sanskrit, car tout est Un et que nous faisons partie de cette unité. Toute dualité  est illusoire.. Les objets ou les êtres sont éphémères comme les vagues au milieu de l’océan. Ils n’ont aucune existence propre. L’univers est absolument continu dans l’espace et dans le temps, ce qui est confirmé par la physique quantique. Tout le reste n’est qu’illusion. Dans le temps, la naissance et la mort ne sont donc que des illusions. La vague ne naît ni ne meurt puisqu’elle n’existe pas par elle-même.

 

Pour le taoïste, seul le réel est : ce que je vois, je touche etc…n’est que l’apparence du réel. Tous cela n’est qu’apparence du réel.. Celui-ci est l’expression du Tao.

 

L’idée du Taï –Yi  est celle de l’unité essentielle de tout ce qui existe. L’univers est un organisme vivant dont chaque manifestation- dont vous et moi- n’est qu’un infime fragment.

Tout interagit avec tout et est interdépendant. En ce sens, il est cosmocentrique.

La médecine chinoise n’est pas analytique comme trop souvent en Occident mais holistique. Pour elle le corps est un tout intégré. Elle tentera de comprendre la cause profonde et globale du mal.

 

Fini l’anthropocentisme, l’homme doit reprendre sa vraie place dans un cadre cosmologique : : celle de rester un instrument parmi tous les autres de l’accomplissement cosmique. Pour l’homme taoïste, il n’ y a  aucune dualité, aucune différence entre lui et  la Nature dont il fait partie.

 

. dans le Bouddhisme et l’Hindouisme, il faut dépasser l’Ego de ses prétentions et illusions

 

La dynamique de tout ce qui existe est fondée sur les jeux de 2 tendances complémentaires : le yin est la vertu féminine qui unit, uniformise, pacifie.(la terre) Le yang est la vertu masculine qui sépare, individualise, différencie, organise et construit.(le ciel) C’est la doctrine du « livre des mutations » ou Yi-King. L’un ne peut fonctionner sans l’autre :manager ses énergies consiste à équilibrer les 2. Le but du taï chi chuan est de faire circuler ces énergies à travers le corps.

 

Le taï chi, symbolisé » par les 2 larmes exprime la loi des équilibres toujours mouvants des 2 énergies. Le cercle est le symbole du Tout, de l’Unité. Le blanc (en rouge)est yang, le noir est yin. L’union des 2 donne le tout. L’égalité des 2 larmes témoigne de l’équilibre nécessaire…

Partager le cercle en 2 serait opposer les 2 tendances, ce qui ne peut être.

 

Le taoïste est donc ternaire : il y a le yin, le yang et le Tao qui les englobe et les unit ici et maintenant. La cosmologie taoïste se construit sur le ciel, la terre et les hommes. Tous les êtres du monde sont faits de  cinq éléments qui façonnent la totalité de chaque chose et : de chaque être. : l’eau, le feu, la terre, le bois et le métal. Ceux-ci interagissent comme dans un cycle : l’eau éteint le feu, qui fait fondre le métal, qui coupe le bois, qui mange la terre qui boit l’eau etc…Le feu appartient au niveau supérieur,  la terre, le métal et le bois au niveau inférieur et l’eau  au niveau médian : l’homme.

 

Le wu weï ou « non-agir » :n’est ni passivité, ni fatalisme. Il est plutôt non-violence et constitue le fondement des arts martiaux chinois. Le principe : ne pas gaspiller son énergie. Tout être existe pour accomplir sa vocation au sein du tao. La liberté n’est pas « fais ce que tu veux » mais « fais ce que tu peux ».Faire bien, c’est vivre dans le non-agir, ici et maintenant et participer activement à l’écoulement cosmique de façon adéquate. Non-agir consiste à ne pas agir pour soi contre le monde. Il s’agit d’une pratique profonde du détachement et du non-attachement. Il n’ y a pas à agir pour soi puisque ce moi est factice ou irréel. Non-agir c’est ne pas agir pour soi. Le Saint taoïste est joyeux et n’a pas de souci. Il fait bien ce qu’il ya à faire ici et maintenant

 

Le Fu nous dit que tout retourne toujours à sa racine. Les vagues retournent à l’océan. « Tu es poussière et tu retourneras en poussière » nous dit la Bible. C’est l’ego qui tu l’homme puisqu’il lui fait croire en sa mort. Il faut retourner au réel après avoir dépassé illusions et apparences.

 

En conclusion, comme . dans le Bouddhisme et l’Hindouisme, il faut dépasser l’Ego de ses prétentions et illusions. Rien ne naît, rien n’est, rien ne meurt, tout devient, se transforme et ce tout est Un : c’est le tao.  Tout est impermanent : êtres, choses, œuvres…Rien ne persiste. Tout est perpétuel changement

 

Patrice LOUAISEL

Psychosociologue des religions et Guide-conférencier

Les aspects essentiels du taoisme

 LES ASPECTS PHILOSOPHIQUES DU TAOISME

 
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temple confucianiste de St Pierre de la Réunion

Si le Taoïsme offre une vision du monde, il reflète aussi une vision de la perfection humaine : celle du sage taoïste ou du saint qui pratique 7 vertus fondamentales :

 

Le Saint taoïste n’est pas comme le saint chrétien un martyr mort pour sa foi. C’est un homme accompli  qui a réalisé son intégration dans le tao, en pleine harmonie avec la nature. Le chemin de la sainteté taoïste est intérieur et personnel. Il ne s’agit plus d’éthique mais de métaphysique.

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Le Saint taoïste n’a qu’une seule âme à sauver : la sienne.

 1)    Naturel :Il fait un avec la nature et avec sa nature. Il applique le « non-agir ». Respecter la nature, c’est respecter son corps : Ne fais pas à la nature ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse…Etre naturel, c’est respecter la nature des êtres et des choses, ne pas les contrarier, les dévier ou les manipuler. C’es seulement libérer les potentiels afin qu’ils se déploient par et pour eux-mêmes. Vivre ma nature, c’est vivre et être en harmonie avec ce que je suis, être authentique, vrai. Vivre sa vie comme coule un ruisseau.

 

2)    Simplicité :  L’homme simple a dépassé son égo,  cultive cette simplicité d’être, ici et maintenant vivant chaque instant en pleine conscience du réel. Il penche vers le pur et le dépouillé. Il déteste artifices et sophistication. En fait, c’est l’égo qui complique tout car les souffrances viennent de son insatiable besoin de posséder. L’homme simple vit dans le présent sans nostalgie ni utopie. Il doit se fondre dans le tao (l’absolu). Il doit être éveillé, disponible,  ouvert à tout, conscient de tout.

 

3)    Harmonie : entre le yin et le yang, avec Soi,  la Nature, les autres et le monde

« Le Saint agit sans rien attendre,  accomplit son œuvre sans s’y attacher et tient son mérite caché » Il faut parachever harmonieusement le monde. Chaque être est un instrument du concert cosmique et improvise sa ligne mélodique e et il s’agit de jouer juste. (en rythme et dans la tonalité). Il faut pour se faire dépasser la dualité. L’harmonie est symbolisée par le tai-chi (tout en courbes douces et rondes). Il faut chercher l’accomplissement là où l’on se sent bien sans chercher à changer le monde, avec un principe d’éthique.


 4)    Détachement Le Sage n’est pas attaché à  lui même, à ses œuvres, aux objets aux autres ou aux honneurs ce qui le rend libre. La perfection n’est pas dans ce que l’on fait mais dans le comment on le fait. Il faut se contenter de peu.  Il faut tout relativiser : tout idéal a ses perversions. En Orient, la liberté consiste à faire bien ce que l’on peut faire et à ne rien garder pour soi.. Le Saint taoîste a pris ses distances avec toutes les servitudes et les dépendances  sans rien renier. Limitons-nous à tout ce qui est vraiment indispensable, prenons donc de la distance avec nos ambitions et nos envies…Notre seul désir doit être notre accomplissement dans le tao et non celui de notre égo. La vision n’est plus anthropocentrique mais cosmocentrique

 

5)  Frugalité : « faire toujours plus avec toujours moins » Vivre simplement et détaché mais dans la joie, en évitant tout superflu. Celui-ci vaut il l’énergie et le temps que l’on a dépensé pour l’acquérir.. ? Le Saint taoïste s’éloigne à la fois du peuple et des pouvoirs, leur préférant la solitude, la fusion avec la nature . Il est pour lui essentiel de ne pas se tromper de projet de vie. Il se doit d’optimiser le temps disponible.

 

6)    Spontanéité : Etre à l’écoute de l’univers, percevoir toutes ses vibrations et les recevoir. Le bonheur ne passe pas forcément par la connaissance. Cultiver la spontanéité, c’est apprendre à désapprendre. La connaissance est bien au-delà de tous les savoirs et n’apporte pas nécessairement le bonheur.

 

7)    Longévité : L’élixir de longue vie est l’un des thèmes essentiels de l’alchimie taoïste. On y retrouve des ingrédients symboliques comme le cinabre et le jade. En fait il s’agit de sortir de la temporalité pour rejoindre l’immortalité absolue et intemporelle. L’objectif est de vivre vieux et en bonne santé. Les vœux prononcés lors d’un mariage ? longue vie, joie, prospérité et chance. Comment ? pratique du tai chi chuan ; de la sérénité,  diététique (cuisson à la vapeur, riz, légumes, soja, peu d’alcool et de graisses animales),tout faire dans le « juste milieu. »

 

Patrice LOUAISEL, psychosociologue

 

 

 

 

Brève approche sur le Confucianisme

Si avant l’arrivée au VIe siècle avant J.C des grands philosophes que sont CONFUCIUS, LAO TSEU et le BOUDDHA, confucius_54 le monde et la Chine en particulier étaient polythéistes et plus précisément animistes, on ne peut ignorer l’empreinte que CONFUCIUS, ce grand sage a apporté au monde.

Confucius avait été profondément choqué de l’attitude des dirigeants de l’époque au point d’affirmer : « Au gouvernement, il n’ y a que des brigands, je vais aller vivre avec les pauvres » mais aussi : «  le monde se dégrade, je vais le sauver » : valeurs réaffirmées, rituels et traditions seront remis à l’ordre du jour pour « rétablir l’ordre détruit » Comme il fallait s’en douter, il n’a pas été écouté par les souverains.

Les valeurs morales de CONFUCIUS

Ce qui intéressait fondamentalement CONFUCIUS c’était le bien-vivre ensemble sur cette terre susceptible d’apporter le bien-être à chacun. Aussi va t’il prôner la modération et rechercher les valeurs morales et sociales de base nécessaires selon lui à une cohabitation sociale harmonieuse : l’Honnêteté, la bienveillance, la droiture, la sincérité, la fidélité, le courage, la compassion ainsi que les devoirs  envers les ancêtres, la famille et la société : piété filiale, fidélité morale, altruisme et bienfaisance.       

Parallèlement, il va prôner les valeurs d’exemplarité et de respect à l’égard de l’Autorité (gouvernants, chefs, parents ….) le culte des ancêtres et insister sur l’importance du savoir.  Ainsi va-t-il encourager chaque foyer à accompagner ses enfants sur des études afin que ces derniers puissent faire vivre leur future famille dans de bonnes conditions mais aussi progresser individuellement et culturellement.  Lui-même montrait l’exemple : sa soif d’apprendre et l’ardeur qu’il témoignait à le faire pouvait même lui faire oublier de manger… tant cela lui apportait la joie d’avoir progressé. En fait, il ne parle jamais de l’objet de sa recherche car ce qu’il cherche avant tout c’est l’action juste au moment opportun : pour lui, il faut donner aux autres le meilleur de soi-même au moment adéquat. et utiliser les erreurs que l’on voit chez les autres pour en tirer une amélioration de soi. Si l’on voit quelqu’un faire du mal, Confucius conseille de chercher en soi en quoi on l’imite…d’où exigence envers soi-même et indulgence envers autrui que l’on se garde de juger. Ce qui est essentiel, c’est de se corriger de ses fautes.        

S’il prône l’enrichissement par l’échange et le respect d’autrui, il déconseille de rechercher l’amitié des gens qui ne partagent pas vos exigences.  En prolongation, le goût du travail, fait avec honnêteté, respect et sérieux est dans l’éthique du Confucianisme. La vénération des ancêtres auprès de l’autel familial, comme au temple ou au cimetière est essentiel : « quand les morts sont honorés, la force d’un peuple atteint sa plénitude ». De même, va t’il encourager les  travailleurs migrants devant quitter la Chine à respecter lois, coutumes et traditions du pays d’accueil. 

En conclusion, Confucius a prôné l’Amour, la justice sociale, le respect des normes, La loyauté et la Sagesse : l’homme doit faire ce qu’il dit et ce qu’il pense, ne rien imposer à autrui qu’il n’aimerait qu’on lui impose. A la Réunion, c’est à travers la présence d’un général ayant vécu au 3e siècle et déifié au 16e en raison de ses vertus, qu’apparaissent les caractéristiques confucianistes de bravoure, courage, loyauté…Celui-ci dénommé GUAN DI, est donc en position centrale dans les 3 derniers temples chinois réunionnais. Il est le DIEU des soldats mais aussi de la littérature et des marchands…                                 

Patrice LOUAISEL 
Psychosociologue,Guide conférencier.

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