les « petits blancs des Hauts »

LES PETITS BLANCS DES HAUTS

Au XVIIIe et XIXe siècle, les familles blanches étaient souvent nombreuses. Si les aînés et cadets s’en sortaient plutôt bien, les plus jeunes soumis à la portion congrue devaient résignés monter dans les Hauts de l’île pour cultiver des terres souvent ingrates, d’où leur surnom de « petits blanc des hauts »

Après l’abolition de l’esclavage de 1848, on les accuse de paresse et de vagabondage. D’ailleurs, ils marchent souvent pieds nus comme les ex-esclaves et sont peu vêtus.

Que va t’on pouvoir faire d’eux ?

Ils sont bons chasseurs. Pourquoi ne pas les enrôler dans l’Armée ? mais la tentative échoue, on ne sait exactement pourquoi …

On aurait pu les envoyer à Madagascar où il y a tant de terres à cultiver… mais l’absence de formation, le climat et un certain manque d’ambition feront avorter le projet.

Alors, ils s’occupent de cueillette et de chasse…mais cela ne dure qu’un temps car le gibier se réduit et cela ne nourrit plus son homme, alors cela se termine bien souvent en rapines et en vols.

Et pourquoi pas un petit « carreau »de canne à sucre ?

Celle-ci en effet leur est barrée car ils manquent totalement de moyens financiers et humains. Cette activité restera aux aînés.

En 1830 les « francs-créoles »…

Ce fut en fait une tentative avortée de création d’une classe moyenne solidaire, mais qui prise entre 2 feux, génait tout le monde…

Durant la période pré-abolitionniste

Les Colons étaient très réservés face au Clergé jusque là : En effet, celui-ci prêchait des dimanches fériés- d’où perte de rentabilité pour leurs exploitations. Une instruction pouvait se révéler dangereuse car ils auraient gagné en statut et auraient pu exprimer diverses revendications.

Et à l’abolition de l’Esclavage

On va enfin accepter l’instruction des esclaves par le Clergé mais avec moralisation par celui-ci. (pour éviter l’insurrection…) mais aussi des « petits blancs » dont on craignait qu’ils s’allient avec les esclaves dans un réflexe de classe.

L’objectif : remettre des petits blancs oisifs au travail, or dans les Hauts, il gèle et il faut une constitution vigoureuse ce qui n’est que rarement le cas et puis dans leur esprit la terre, c’est l’esclavage et il n’ y a aucune promotion possible…

On s’est posé la question : pourquoi ne pas embaucher les petits blancs à la place des esclaves affranchis ? Mais faire le travail d’un esclave froissait leur sensibilité, de plus les « gros blancs » payaient mal et puis ils se révélaient moins soumis que les esclaves…

D’où paupérisation des petits propriétaires …

Leurs exploitations-trop petites n’étaient pas rentables. Le matériel non adapté à des terrains pentus, trop cher pour eux…

Monter à la Plaine des Palmistes ?

Si les Hauts étaient plus accessibles que les cirques, ils se révélaient peu sûrs : d’épaisses forêts pouvaient bien encore abriter des « esclaves marrons » et les terres fort érodées étaient peu fertiles

Le 1er aventurier à y monter fût un certain LETORT qui se fit attribuer en 1749 l’essentiel des terres ;

En 1798 fut construit un gîte : « Le bon accueil » vite fermé faute de voyageurs.

A la Plaine des Cafres ?

Eloignée de tout, trop gelée, personne ne s’y égarait d’autant qu’on craignait les derniers esclaves « marrons »

Le chemin de la Plaine devint une route faite en 13 ans de 1837 à 1850. Un poste militaire à Ste Agathe (930m d’altitude) fût confié en 1847au lieutenant TEXTOR. Celui-ci était autant protecteur des lieux, savant autodidacte qu’explorateur.

Puis on décida d’ouvrir des concessions tous les 500m, avec une zone pour l’élevage, une pour les cultures vivrières mais le bétail indiscipliné divaguait, le sol lessivé par les pluies, sans parler de la déforestation entraînée par la présence de 18 propriétaires…

Un peu plus tard, les colons finissent par s’installer n’importe où là où il a des terres arables et de l’eau et pourquoi pas de quoi survivre sans travailler (gibier, bois, rivière…) On brûles les forêts et les semis sur des terres trop lessivées.

En 1880 de confortables maisons remplacent les paillotes et les belles forêts ont disparu.
Commencent à arriver des rhumatisants aisés ou simplement des gens qui fuient les épidémies de paludisme côtier. Et puis c’est si bon un « changement d’air » l’été !

Alors les petits blancs vivotent à 8 ou 10 dans des paillotes où la promiscuité fait des ravages. La tôle va remplacer le bardeau. Quelques uns vont réussir dans le ver à soie ou le géranium

Et à Cilaos ?

Cilaos fût longtemps un haut lieu de marronnage. Le 1er occupant de « l’ilet à cordes » fut d’ailleurs un esclave qui a trahi ses frères –qui fomentaient une révolte en 1810- en les dénonçant à l’administration anglaise et bénéficia de ce site en récompense..(200 ha)
à vie.
En 1814 : un dénommé TECHER trouva des sources
un sentier fut tracé en 1845 permettant de rejoindre la petite ville en une journée (40 kms de montée)
Une route le remplaça en 1932 .
Le Dr Mac AULIFFE oeuvra pour les THERMES

De vierge en 1850, la ville comprenait alors 2000 habitants en 1880

PL

5 réponses à to “les « petits blancs des Hauts »”

  • Bret-Morel:

    Bonjour à vous,
    je vis avec une « Payet » toute blanche à St Priest (France, à côté de Lyon) et un historien local nous explique que ce sont des Payet de St Priest qui sont venus s’installer à la Réunion et qui ont eu tellement de fils que petit à petit, le patronyme s’est répandu. Confirmez-vous cette version des faits ? Merci de me prévenir de votre éventuelle réponse :-) Cordialement, Serge.

  • admin:

    Bonjour Monsieur,
    Effectivement un colon dénommé Antoine PAYET dit « La Roche », né vers 1640 futsoldat à Madagascar. Arrivé dans l’ile en 1676 (la colonie fut installée en 1665)pa le St Robert, en provenance des Indes Marié en 1676 à Louise SIARAM,veuve de Grondin, installé à St Denis en 1690 Son épouselui donne 10 enfants… Il acquiert plusieus propriétés autour de ST PAUL
    (légumes, bétail) et tirait du fangourin.Décédé le 7/05/1910.
    Considéré comme honnête mais avare, un des plus riches habitants de l’île…

  • Merci bcp pour ces renseignements ! Je vais les communiquer à la personne dont je vous parlais plus haut, peut-être celui lui sera-t-il bien utile. Bien cordialement, Serge Bret-Morel

  • I shall try to speak soon about people qho have gone to Salazie
    mountains

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