Archive pour la catégorie ‘Assoc. "Les Amis de l'Histoire"’

Aimée Pignolet de Fresnes, une religieuse de coeur et de talent

C’est au XIXe siècle que naquit une femme réunionnaise de coeur : Aimée Pignolet de Fresnes devenue « Soeur Marie Madeleine de la Croix »

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Aimée Pignolet de Fresnes dite Marie Madeleine de la Croix

Née le 2/06/1810 à St André dans une famille aisée. Elevée seule, gâtée successivement par deux de ses oncles, elle fait preuve dès son enfance et malgré ses origines nobles

d’une grande piété , tapissant sa chambre de photos de la Vierge.

Parallèlement, elle témoigne déjà d’une grande générosité : offrant par exemple une vache à l’abbé pour aider au financement de l’Eglise de St André.

Introduite dans le milieu mondain par sa tante, sur la « plantation de Niagara », si elle préfère la lecture, elle apprécie pourtant danses et fêtes. Courtisée, elle en devient même coquette.

Dès son plus jeune âge, elle fait preuve d’une grande compassion face aux souffrances du monde. Proche des pauvres, des vieillards, des infirmes, elle n’en délaisse pas pour autant les nouveaux affranchis… Forte de caractère et d’une grande indépendance d’esprit, elle ne craint pa de braver les tabous sociaux de l’époque embrassant par exemple en public sa servante esclave pour lui témoigner son affection.

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Pourtant sa santé est défaillante. Dès 20 ans, elle ressent des migraines, démangeaisons, palpitations, suffocations… Elle suit d’ailleurs un régime alimentaire strict qu’elle vit comme une épreuve de purification.

Quelques années plus tard, elle rompt totalement avec les mondanités.

Suite à la saisie de la plantation de son oncle pour cause de mauvaises récoltes, elle part toujours sur la région st andréenne, chez un autre oncle à « la plantation du désert ». Elle soutient moralement son père et vit le décès douloureux d’une nièce. Son état de santé se dégrade, et elle souffre d’une grave maladie de peau.

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maquette de la « plantation du désert »

couvent de la Providence

En 1835, elle rencontre le père LEVAVASSEUR à Hell Bourg.

Toujours basée sur « la plantation du désert », elle transforme salon et chambre en oratoire. Elle y chante des cantiques en compagnie de sa famille mais aussi des esclaves. D’ailleurs, elle accueille les pauvres du quartier sur l’ »hôpital de la plantation, leur offrant un abri et une bonne paillasse pour la nuit. Elle soigne avec tendresse et compassion sa tante puis son père, visite des malades chez eux..

Frédéric LEVAVASSEUR, ordoné prêtre en 1842 devient son guide spirituel.

Déjà, elle nourrit un certain nombre de rêves et souhaits qu’elle va tenter de mettre en oeuvre tout au long de sa vie :

1) construire une grande maison, qui sera un refuge pour les exclus de la société,(infirmes, lépreux, aveugles) et celà au tournant de l’abolition de l’esclavage où les besoins seront immenses.

2) créer une congrégation ouverte aux esclaves affranchis.

C’est le site de La Rivière des Pluies qui va être choisi sur un terrain offert par Charles Desbassayns. Sur ce terrain va être financé un premier couvent par les familles blanches, couvent qui sera construit le Dimanche par les esclaves volontaires.

En Mai 1849, elle quitte « le désert » et s’installe avec 12 jeunes filles au couvent de la Rivière des Pluies (presqu’en face de l’Eglise), prononçant ses voeux le 19/05/1849 et devenant Soeur Marie Madeleine de la

Croix. Cette communauté sans existence légale verra l’opposition des Soeurs de St Joseph de Cluny …Pourtant, elle obtient tout de même une autorisation provisoire en 1852

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maquette couvent de la Rivière des Pluies

Debout à 4H 30 du matin, sa journée ne se termine que vers 20H 30.

-Elle recueille les enfants pauvres et apporte de l’instruction auxx orphelins et jeunes affranchis.

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-Elle visite les malades et apporte son assistance aux personnes âgées et infirmes.

Après 10 ans de mission à la Rivière des Pluies, elle ouvre le 8/09/1859, le couvent, beaucoup plus grand de la Providence.

- Elle y installe un orphelinat et un hôpital destiné aux vieillards et infirmes

- Elle y organise une école professionnelle pour les jeunes affranchis

- Dès 1870, elle y rajoute une maison de retraîte pour les soeurs âgées et malades.

Sa fin de vie :

-en 1861, elle assiste sa mère malade jusqu’à sa mort.

- en Avril 1868, elle perd sa soeur qui était sa confidente et son soutien

- en 1870, elle est réélue Supérieure Générale de la Congrégation

- en 1882, Mort du père LEVAVASSEUR

- en 1888 sa santé s’aggrave. Elle attrape le paludisme

- en 1889, elle décède à l’âge de 79 ans. Elle repose aujourd’hui dans le cloître. Près de sa tombe a jailli une source « miraculeuse » qui guérirait en particulier les maladies de la peau…

Patrice LOUAISEL

ENFIN LA VERITE SUR « LA TOMBE de LA BUSE »

ENFIN LA VERITE SUR « LA TOMBE de LA BUSE »

Nous savions depuis longtemps que le fameux pirate Olivier LEVASSEUR dit « LA BUSE » ne pouvait être enterré à l’endroit qui le désigne au cimetière marin de ST PAUL.

En effet, le regretté Bernard MAREK, historien récemment décédé nous avait déjà signalé que la pierre tombale recelait une inscription dédiée à une esclave affranchie Delphine Elode par un colon reconnaissant.

Par ailleurs, ce cimetière n’existait pas à l’époque de l’exécution de « La Buse »…
Et, on aurait surement pas construit un cimetière autour de sa tombe compte tenu de l’assassin qu’il était.

Le cercueil d’un assassin, quand il y en avait un n’était en aucun cas autorisé à passer par l’entrée sanctifiée d’un cimetière chrétien mais déposé par dessus le mur de clôture avec une grue dans une fosse commune située en bordure de mur.
comme en témoignent les nombreuses croix situées au cimetière de St Pierre non loin de la tombe de Simicoudza Sitarane.

a St Denis, la fosse commune des assassins est située sur le côté Est du cimetière de front de mer, toujours à l’extérieur.

Merci à Messieurs Fontaine et Miranville d’avoir osé lever ce tabou de façon officielle. Tant pis pour les touristes qui rêveront un peu moins à ce lointain pirate, même si celui-ci, comme tant d’autres a bien existé…N’oublions pas qu’en 1730, date de la pendaison de « La Buse » la population de l’île était composée d’un tiers de pirates repentis anglais, français et hollandais..En témoignent leurs descendants qui pour les descendants hollandais se dénomment aujourd’hui WELMANT, JAMES etc…

A noter que les passionnés d’histoire peuvent nous rejoindre autour d’une sortie mensuelle gratuite et ouverte à tous en joignant patrice.louaisel@orange.fr La prochaine est prévue samedi 9 Octobre prochain avec visite du cimetière de la Ressource et d’un couvent chrétien.

« Les Amis de l’Histoire »

Plaidoyer pour notre avenir

Plaider pour son passé, c’est plaider pour son avenir. Notre île est un témoignage vivant de notre passé. Chaque recoin de la Réunion recèle les marques de notre histoire : lazarets de la Ravine à Jacques et de la grande Chaloupe, usines sucrières et autres, grandes plantations, petits calbanons, cases créoles, cachots de la période de l’esclavage, hauts lieux du marronnage, cimetières, notre histoire est inscrite dans notre sol. Ici à la Réunion nous n’avons fini de dresser l’inventaire et la carte de nos cimetières : cimetières perdus, oubliés, des premiers habitants de l’île, petits cimetières désaffectés des ilets abandonnés, cimetières dédiés partiellement ou totalement aux esclaves, sépultures des milliers de marrons qui ont peuplé pendant deux siècles les cirques de l’intérieur, cimetière des piémontais, cimetière de la peste. Dans toutes les civilisations du monde les cimetières sont des lieux de mémoire sanctuarisés. Il ne saurait en être autrement chez nous.

La légèreté coupable avec laquelle a été saccagé le cimetière marin de Basse Vallée à Saint-Philippe est l’indice alarmant du peu de cas que l’on fait trop souvent des vestiges de notre passé. Nous devons prendre conscience de l’enjeu de notre histoire : la préservation de notre patrimoine dans toutes ses déclinaisons, qu’il s’agisse du patrimoine immatériel de notre culture, de notre patrimoine architectural ou de notre patrimoine mémoriel.

Il est grand temps que nous nous mobilisions pour que soit reconnu à notre région le droit à un service régional d’archéologie, comme les autres régions de France, afin que soient répertoriées, sauvegardées et valorisées toutes les richesses de notre histoire. Tout comme il est grand temps, comme partout ailleurs où le devoir de mémoire est de règle, de matérialiser par un mémorial toute sépulture relevant de notre patrimoine. Nous ne pouvons laisser les générations à venir dans l’ignorance et l’absence de valorisation de leurs racines historiques et culturelles.

Association Miaro, sauvegarde et valorisation du patrimoine réunionnais

Des lois pour protéger nos lieux de mémoire

Aline Murin Hoarau, conseillère régionale et membre de l’association Miaro

Suite à la profanation commise sur un cimetière à Saint-Phillippe, un courrier de l’association Miaro, Sauvegarde et valorisation de patrimoine réunionnais, avait été publié dans nos colonnes. Aline Murin Hoarau, nous précise son avis face à cet acte impardonnable.

Aline Murin Hoarau souhaite en outre que soit décentralisé à La Réunion un service régional d’archéologie.

Que peut-on faire à votre avis pour préserver ces lieux de mémoires et quelle doit être la politique patrimoniale préconisée ?

-Qu’à l’instigation de l’état ou des collectivités locales soit rapidement mise sur pied une structure chargée d’inventorier de façon exhaustive les sites qui relèvent du patrimoine culturel et historique de la Réunion.

-Que soient mis en valeur les sites répertoriés, avec une signalétique adaptée : stèles, panneaux explicatifs, campagnes d’information et de sensibilisation du grand public

-Que soient appliquées les lois qui protègent ces lieux de mémoire, notamment l’autorisation préalable pour tout chantier dans un secteur sensible, et la cessation de tout chantier en cas de découverte significative. Rien ne doit être laissé à la diligence des responsables politiques, pas plus qu’à celle des promoteurs immobiliers ou des entrepreneurs.

- Que soit décentralisé à la Réunion un service régional d’archéologie (même si l’on admet que l’île de la Réunion n’a que 350 ans de présence humaine, cela se justifie amplement, compte tenu des conditions dans lesquelles ont été enfouis, au propre comme au figuré, certains éléments déterminants de notre passé.

le cimetière marin de St Paul

LE CIMETIERE MARIN DE ST PAUL

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vraie ou fausse tombe de la Buse ?*

Grande Fontaine, Le Tour des Roches, le Bout de l’Etang, Sans-Souci, Monplaisir, le Bernica, la Caverne, Rocquefeuil, Bruniquel, Petite France… il y a à travers la commune de St Paul des lieux qui présentent non seulement une incontestable beauté esthétique, mais sur lesquels souffle aussi « l’Esprit ». Parmi eux, le cimetière de la Caverne, plus connu sous le nom de cimetière marin est peut être le lieu le plus saisissant car il combine simplicité et noblesse dans son architecture générale, passé et présent dans son contenu. Il est le témoin le mieux visible de cette situation très particulière qu’occupe la commune de St Paul dans l’ensemble réunionnais.
Saint Paul est encore la plus vaste commue du département mais c’est surtout ici qu’a commencé l’histoire plus que tricentenaire de la Réunion. Pendant près d’un siècle, St Paul a été le point d’arrivée, la base de mise en valeur, la seule vraie capitale de l’île Bourbon. Tout celà, on peut le mesurer en visitant le cimetière marin. Fichées en plein coeur de la « baie du meilleur ancrage », séparées de l’océan par de vieilles pierres passées à la chaux, surmontées de fleurs aux couleurs éclatantes, les tombes d’anciens colons de bourbon côtoient celles de forbans, de grands propriétaires terriens, d’engagés indiens, de commerçants chinois, de poëtes, d’humbles inconnus, de marins au long cours, d’hommes politiques… tous dormant là par les hasards de la vie, par le hasard des années ou des travées, sans aucune
 » géométrie » préconcue. C’est une image, oh combien symbolique de la Réunion.

A l’entrée du XVIIIe siècle, le quartier de Saint Paul compte environ un millier d’habitants répartis sur 37 000 hectares allant du Boucan de Laleu à la Possession du Roy comprise. Il doit faire face en 1729 à une terrible épidémie de vérette, la variole saturant rapidement l’unique cimetière situé prés de l’église paroissiale. Il fallut alors enterrer en quelques semaines des dizaines de morts dans un cimetière provisoire aménagé en bord de mer. Mais c’est seulement à la fin de la période de prospérité liée à la culture du café – la population dépassait 7 000 personnes- qu’on envisage le transfert de l’ancien cimetière. Un nouveau lieu de sépulture est ouvert en 1788 sur les pas géométriques, à l’extrémité Sud de la ville, en face de la « Grande Caverne », un peu avant le Cap de la Marianne, qu’on appelait en ce temps-là la Pointe de Bourgogne.

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une ancienne tombe

D’une superficie d’un hectare et 44 ares, le cimetière de la Caverne a failli avoir une destinée bien peu civique, comme on le constate en parcourant les registres de délibérations du Conseil Supérieur de Bourbon. Pendant la séance du 7 Avril 1788 sous la présidence du commandant de l’île, Charpentier de Cossigny, le Conseil Supérieur doit répondre à une pétition de quelques habitants de St Paul demandant que le nouveau cimetière soit réservé uniquement aux blancs et l’ancien, à côté de l’église paroissiale pouvant servir à l’usage des noirs décédés. La réponse du Conseil fut cinglante : « Cette distinction nous parait tout à fait révoltante, comme si nous n’étions pas tous égaux et que la poussière de l’homme blanc et de l’homme noir ne serait pas la même. C’est vouloir étendre les prérogatives de l’orgueil au-delà même du tombeau »

 

Cette mauvaise polémique réglée et malgré le transfert du cimetière sur le bord de mer, on conservera encore longtemps une coutume locale qui consistait une fois la messe des morts terminée en l’église paroissiale, à déposer les cercueils des défunts sur une énorme roche plate se trouvant sur le côté droit de l’église, pour une ultime prière et puis on prenait « le chemin des morts », le sentier menant au cimetière. La roche disparait après le décès de Jean Antoine Davelu, prêtre lazariste. Le père Davelu, curé de St Paul, de 1767 à 1815, avait souhaité être enterré sous cette pierre pour continuer à accompagner ses fidèles dans l’au-delà. Son souhait sera exhaucé, mais la vieille roche remplacée par un monument funéraire, justement en forme de table, qui assurera l’usage coutumier jusqu’au début du XXe siècle.

Avec les années, certaines tombes du cimetière marin sont devenues complètement anonymes ou alors des inscriptions bien mystérieuses, telles celles-ci :  » Vernant, bourreau le 16 Février 1822″ ; D’autres sont sujettes à interrogations, telle la tombe du pirate  » La Buse ». Olivier Levasseur, dit « La Buse » est certes bien mort pendu sur la place de l’église paroissiale de St Paul, mais sa pendaison remonte au 7 Juillet 1730, cinquante huit ans avant la création du cimetière…
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Et puis, à l’époque on inhumait pas en terre chrétienne des bandits de grand chemin.

C’est aussi au cimetière marin que s’est terminé le bref passage à Bourbon, d’Eraste Feuillet, mort « victime de sa générosité ». Ce capitaine de marine marchande, natif de Saint Malo, âgé de 28 ans, arrive à St Paul, via le Cap de Bonne Espérance en Février 1830. Le temps de l’escale, il prend pension à l’hôtel de Lassays sur le front de mer, en face du débarcadère principal. Comme c’est partout le cas à l’époque, l’hôtel ne possédait ni électricité, ni eau courante, ni salle de bain, la toilette se faisait dans les chambres à l’aide d’une cuvette et la coutume voulait que les clients balancent par la fenêtre les eaux usées.
C’est ce que pratique notre marin lorsque besoin se fait sentir. Malheureusement le 16 Février 1830, le liquide crasseux tombe sur la tête d’un passant irascible qui provoque le capitaine en duel. Pendant l’affrontement qui a lieu le lendemain sur la grève, l’arme du saint paulois s’étant enrayée. Feuillet lui propose un de ses pistolets avec lequel il sera tué. Parti de St Malo le capitaine Feuillet repose depuis le 18 Février au cimetière marin, sur sa tombe est gravée l’épitaphe suivante : « victime de sa générosité, l’arme qui devait le défendre lui donna la mort ».
Au milieu du XIXe siècle, c’est le poëte Eugène Dayot qui rejoint le cimetière marin. Joachim Laurent Dayot dit « Eugène Dayot » est né lui à St Paul où il passe son enfance puis son adolescence, fréquentant les cours du célèbre collège privé Raffray dans lequel il acquiert le goût des Belles Lettres. Les études terminées, il entre en 1828 dans l’administration des Ponts et Chaussées et fait alors un séjour de deux ans à Madagascar en y contractant une terrible maladie : la lèpre. Elle explique probablement qu’en parallèle à ses activités dans l’administration, Dayot se soit lancé dans la poësie et le journalisme. En 1839, il fonde à St Paul son propre journal « Le Créole » qui fera faillite pour cause de propagation d’idéaux abolitionnistes et de campagne contre la peine de mort. Après la déroute du « Créole », il reste dans la presse comme feuilletoniste au « Courrier de St Paul », puis au « Bien public » dont il sera rédacteur jusqu’à ce que la lèpre l’emporte en 1852, dramatiquement mutilé et en train d’écrire un roman historique « Bourbon pittoresque »
En 1890 et 1891, le cimetière marin accueille 2 éminentes personnalités de la vie politique et culturelle de St Paul. Jean Milhet Fontarabie et Gilles François Crestien. Jean Milhet Fontarabie est né en Dordogne en Novembre 1828, médecin de formation, il a exercé quelques années à Madagascar, en particulier à la cour de la reine Ramanavaloa 1e. Installé à St Paul, devenu maire en 1872, puis Conseiller Général, il parvint à persuader le Directeur de l’Intérieur de l’époque, Monsieur Laugier, de l’intérêt d’une voie de circulation terrestre entre La Possession et St Denis au pied de la falaise. Une expérience tentée au début de 1873 se révélant positive, les travaux officiels de construction d’une route, ou plutôt d’une piste sont entrepris et achevés cette même année. Le maire-conseiller peut ainsi en Septembre 1873 se rendre à cheval de St Paul à St Denis en passant par le littoral, faisant une entrée très remarquée au siège du Conseil Général. Milhet Fontarabie laissera à sa commune d’autres routes et plusieurs fontaines publiques, mais à partir de Juillet 1882, on le verra de moins en moins, car il réussit le tour de force de se faire élire sénateur de la Réunion malgré la candidature à cette prestigieuse fonction du poëte Leconte de Lisle. Il siègera au palais du Luxembourg jusqu’à sa mort, le 13 Juin 1890, et sera enterré selon ses dernières volontés au cimetière marin de St Paul.

Gilles François Crestien a vu le jour le 15 Septembre 1828 dans une vieille famille de St Paul. Devenu à son tour notaire et notable dans sa ville natale, il effectue, en 1862, un voyage en Europe. Il découvre alors à Rome, les vertus du télégraphe électronique; Revenu dans son office notarial, il monte le projet d’équiper la côte Ouest de la Réunion avec ce fabuleux outil de communication. C’était d’autant plus utile qu’on mettait alors au moins 3 jours pour se rendre en diligence de St Denis à St Pierre. Des pesanteurs administratives et des rivalités au Conseil Général paralysant son initiative, Crestien en arrive à la solution de créer en 1869 sa propre entreprise : « la Société Anonyme du Télégraphe de la Réunion », au capital de 60000 francs, forte de 212
actionnaires et dont il assure la présidence. La Société du Télégraphe finit par obtenir les autorisations nécessaires, installe des poteaux, des fils, fait venir des appareils d’Allemagne. En Juillet 1870, la première communication électrique est établie entre St Paul, La Possession et St Denis. Le réseau de la société s’étendra à tout le tour de l’île au moment du décès de Gilles Crestien, le 12 Août 1891. Son entreprise continuera à fonctionner jusqu’en 1907, date à laquelle elle sera absorbée par le service public des Postes et Téléphones.

Le cimetière marin porte aussi témoignage de drames de la mer, comme le naufrage du navire « le Ker Anna » en Décembre 1894. Le Ker Anna était un solide voilier trois mâts français, construit à St Nazaire, commandé par Aubain Delahaye, capitaine au long cours, aidé par quinze hommes, tous marins expérimentés, enrôlés dans les ports bretons. Le bateau avait été affrété en 1894 par un armateur nantais pour amener aux Comores et à la Réunion du charbon, des madriers, de l’essence, du goudron, des bougies, du vin, des boites de conserves, du lard, de la farine, de la poudre, des tapisseries et 2 cochons vivants qui sont d’ailleurs sortis indemnes du naufrage puisqu’ils ont été vendus, vifs, aux enchères en même temps que les marchandises récupérées. Le Ker Anna arrive en rade de St Denis le 7 Décembre 1894. Le jour même le Capitaine Delahaye descend à terre pour accomplir les formalités douanières et préparer le déchargement des marchandises. Dès le lendemain le temps s’aggrave sur la Réunion en raison de l’approche d’un gros cyclone tropical. Si bien que le 8 décembre à 3H 30 de l’après midi, le second du Ker Anna reçoit du lieutenant du port l’ordre de s’éloigner de la côte.

Dans la nuit opaque, emporté par une mer déchainée et de violents courants, le Ker Anna se retrouve à 4 heures du matin en fce de la Pointe des Aigrettes. Là il heurte un récif, cassant l’arrière du navire qui coule en quelques instants. Dans la journée du 9 décembre 1894 la mer rejette entre le Cap La Houssaye et la Pointe de Aigrettes de nombreux débris, ainsi que les corps de cinq matelots bretons noyés au large de St Gilles. Ils reposent depuis, à l’intérieur d’un carré spécialement aménagé dans la partie Nord-Ouest du cimetière.

Le personnage le plus célèbre du cimetière est sans conteste le poëte Leconte de Lisle installé en place d’honneur sur l’allée centrale, tout près de sa cousine Elixène Delanux qui lui aurait inspiré un de ses plus beaux poêmes : « Le Manchy »

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tombe de Leconte de L’Isle au cimetière marin

Charles Marie René Leconte de Lisle est né le 22 Octobre 1818 à l’entrée de la rue St Louis, en pleine ville de St Paul dans une maison en bois à étage qu’avait acheté son père, ex-chirurgien major des armées napoléoniennes, arrivé à la Réunion en 1816. Le fondateur de l’école poëtique du Parnasse, titulaire de l’Académie Française à partir de 1883, officier de la Légion d’honneur en 1886 n’a passé qu’une dizaine d’années à St Paul et à St Gilles les Hauts où sa famille possédait une maison de vacances mais des années qui l’ont beaucoup marqué. On retrouve les souvenirs de jeunesse dans de nombreux poëmes : « le Bernica », la « Ravine St Gilles », Midi », « Si l’Aurore…et m^me le souhait d’n repos éternel sur la grève de St Paul « dans le sable stérile où dorment tous les miens, que ne puis-je finir le songe de ma vie ! » Décédé à Louveciennes près de Paris le 17 Juillet 1894, Leconte de Lisle est d’abord inhumé au cimetière Montparnasse, son voeu sera quand même réalisé, en Septembre 1977, avec le retour au pays natal des restes mortels du poëte et une réinhumation au cimetière marin de St Paul

A quelques pas de Leconte de Lisle, en bordure de l’allée centrale, repose Paul Julius Bénard, pharmacien de profession et maire de St Paul. Paul Bénard a eu, partir de Mars 1965 la lourde tâche de conduire une commune qui après un siècle de léthargie se réveille brusquement sous l’effet de la départementalisation, de l’ouverture de la route en corniche et du tourisme naissant. Il est à l’origine d’une transformation profonde du paysage saint-paulois avec la réhabilitation du front de mer de la ville, du marché couvert, la construction de la gare routière de la Chaussée Royale, d’écoles, de collèges, de lycées, de gymnases, de piscines, d’un stade olympique, d’une médiathèque et d’un parc de loisirs, d’un port de pêche et de plaisance à Saint Gilles…Régulièrement réélu, Paul Bénard assurera quatre mandats de maire, deviendra sénateur de la Réunion en 1981, en pleine « vague rose » et c’est un décès brutal en 1987 qui seul mettra fin à ses fonctions.

Dans l’allée latérale parallèle à la route nationale, un imposant caveau tout blanc, en forme d’obélisque est depuis 1997 la demeure de Jacques Lougnon, le « vieux tangue de la petite france ». Descendant des familles K/anval et Lougnon fondatrices du hameau de Petite France par la route du Maïdo. Jacques Lougnon est né le 29 Octobre 1920 a été tour à tour professeur au Lycée Leconte de Lisle, paysan, historien et surtout ardent défenseur du patrimoine de St Paul, particulièrement des hauts de la commune. On lui doit quantité de chroniques, d’articles de presse dénonçant les destructions de l’héritage de nos ancêtres, pourfendant les administrations de toutes sortes. Il était aussi bâtisseur, construisant lui-même des maisons, des pistes, des radiers, des églises, des clochers. Lorsqu’il est mort le 11 Novembre 1997 dans un accident de la route, c’est tout naturellement qu’il a rejoint l’espace d’Eugène Dayot et de Leconte de Lisle.

A la fin du XXe siècle, Jacques Lougnon est le dernier « illustre saint-paulois » inhumé au cimetière marin. En fait dès la deuxième moitié du XIXe siècle, , après la période de prospérité permise par le développement de la canne à sucre, il était à son tour devenu trop petit. La municipalité envisage alors de l’agrandir, mais se heurte au refus des familles Aubry et Ferrer de vendre leurs terrains attenants et surtout au veto du ministère de la marine qui ne veut pas céder la parcelle nord-ouest sur laquelle se trouvait autrefois une batterie de défense cotière. La situation étant bloquée, le conseil municipal décide d’ouvrir en 1864 un nouveau cimetière cette fois au nord de la ville sur un terrain vague dans le quartier de l’Etang. D’autres lieux de sépulture suivront à la fin du XIXe et au début du XXe : Saint Gilles, Le Guillaume, Saline, Bois de Nèfles … A partir de ce moment les concessions libres au cimetière marin seront réservées aux habitants du centre ville, du quartier de la Caverne, aux familles souhaitant renouveler une concession et à quelques défunts d’exception comme Leconte de Lisle ou encore le père Guillaume, breton d’origine qui fut curé& de St Gilles les bains de 1976 à 1986 puis curé de la paroisse de St Paul de 1986 à 2002

Le temps passant, le cimetière marin avait fini dans les années 1970 par se retoruver dans un état lamentable d’abandon, d’autant que plusieurs catastrophes naturelles ont accéléré son délébrement : raz de marée lié à l’éruption du volcan Perbuatan sur l’île de Krakatoa le 27 Aout 1983 qui emporta bon nombre de tombes et cercueils loin au large dans la baie de St Paul, cyclone de 1932, de 1948, cyclone Jenny de 1962… Aussi nous nous devons de signaler que la sauvegarde et l’aménagement actuel sont l’oeuvre de Jean Marie Lacouture, à l’époque président du syndicat d’initiative de St Paul et de Jean Louisin, responsable des cimetières de la commune, puis Marc Acaste. Avec leurs équipes, ils ont veillé pendant plus de 20 ans à la réhabilitation et à l’entretien de ce lieu incontournable de la mémoire réunionnaise. Qu’ils en soient ici vivement remerciés.

Bernard MAREK
Juillet 2005

*la pierre tombale de la tombe de La Buse aurait une inscription faite par un colon en hommage à une esclave affranchie qui aurait peut être été enterrée là. (selon Bernard MAREK)

[color=green] A l’heure où nous diffusons ces lignes, Bernard Marek, vient de mourir d’une crise cardiaque. Historien d’une grande culture , sagesse et simplicité, c’est notre dernier hommage que les « Amis de l’Histoire » sont heureux d’effectuer à son endroit. Toutes nos condoléances attristées à sa famille[/color]

domaine Panon -Desbassayns : lieu de rencontres inter-culturelles

[color=green]Trois ans avant l’abolition de l’esclavage, à St Gilles le 20 Juin 1845,
Mme Desbassayns rédige son dernier testament à l’âge de 90 ans. Ce document nos donne à voir une description des esclaves attachés à la propriété de St Gilles les Hauts. Aujourd’hui devenu le musée historique de Villèle et le métissage qui en résulte.[/color]

Henri Paulin Panon-Desbassayns et son épouse Marie Anne Thérèse, Ombline ont fait construire un domaine sur leur ancienne propriété, à partir de 1755. Cette riche famille de planteurs y a vécu presque 50 ans. Ce domaine fut majoritairement consacré à la canne à sucre cultivée par un grand nombre d’esclaves originaires d’Afrique, de Madagascar et d’Inde.

En effet, le testament déclare 295 esclaves attachés à la propriété de St Gilles dont la répartition par type est la suivante : 224 esclaves de type créole, 41 de type cafre, 17 de type malgache, 12 de type non identifié et un de type indien. Ils sont désignés par leurs prénoms, castes, âges, professions et une indication de la prisée faite par des experts y est précisée. A partir de 1843, les mariages furent l’occasion d’attribuer officiellement des patronymes aux esclaves auparavant désignés, pour la quasi totalité par des prénoms tirés du calendrier chrétien ou del a littérature classique. Cette attribution arbitraire montre la volonté de Mme Desbassayns de donner une identité française à ses esclaves mais aussi de les ancrer dans la foi catholique.

Le seul indien « Ozone, indien, soixante sept ans, cuisinier, estimé mille francs » témoigne du précoce métissage sur le domaine. On lui attribue la paternité de plusieurs enfants répertoriés comme créoles car nés dans l’île. Tel est l’exemple de sa fille Léocadie qui reçut un patronyme indien signifiant « domestique », fonction qu’elle exerçait effectivement chez Mme Desbassayns et qui fut mariée à Paulin, fils de Véronique, une créole âgée de 71 ans.  » Paulin, créole, charpentier et sa femme Léocadie, domestique, invalide, et leurs 4 enfants Marie Gertrude, Pierre St Lys, Pierre Paulin et Alfred, le tout estimé à six mille francs ». C’est certainement aussi en raison de son origine indienne que l’esclave Dominique est décrit comme « malabare ».

« Dominique, malabare créole, âgé de 38 ans, charpentier, sa femme Daride créole, âgée de 38 ans, pioche, , leurs enfants, Adèles, âgée de quatorze ans, Marie Jeanne, douze ans, Marie Laurencine, dix ans et Marie Nathalie, dix ans, estimés cinq mille francs.

Par ailleurs ces esclaves, suivis par les engagés étaient logés dans un ensemble de petites paillottes. Aujourd’hui, un grand nombre de leurs descendants habitent encore au village nommé Camp Villèle. Le Camp Villèle est par conséquent un lieu de mémoire et de métissage. Cependant le brassage de la population est si ancien dans ce village qu’il serait impossible aujourd’hui d’établir une répartition ethnique basée sur des critères patronymes.

Nous remarquons aussi qu’il n’y a pas de distinctions entre les communautés dans le Camp Villèle mais plutôt un véritable métissage culturel. La présence de l’Hindouisme n’a pas entraîné le rejet du catholicisme et d’ailleurs, aujourd’hui un grand nombre d’habitants a la double appartenance religieuse. Celà résulte tout d’abord de l’attitude de Mme Desbassayns qui, après la mort de son mari, prit soin de ses esclaves en leur donnant une éducation, notamment religieuse. Ainsi en témoigne la construction en 1843 de la chapelle pointue sur son domaine dans laquelle les mariages furent fréquemment célébrés à partir de cette date. Le catéchisme leur était aussi enseigné dans des salles que Mme Desbassayns avait mise à disposition. Le domaine devenait donc un centre de diffusion de la religion catholique qu’on imposait à toute la population esclave, qui lui a été rattachée, malgré les fonds culturels et religieux que les premiers esclaves d’Afrique, de Madagascar et d’Inde possédaient à leur arrivée à la Réunion. A cette époque évangéliser les esclaves était un devoir important des colons. En 1860, Henri-Frédéric de Villèle installa aussi une statue de la Vierge rapportée de France. Cependant par la suite, les cultues se déroulant au Camp Villèle s’adresseront aussi bien à la Vierge qu’aux déesses Marliémin et Karli (avec la fondation de la chapelle « La Misère » en 1967 à l’intérieur du Camp. qu’aux St Michel et St Expédit
(tous 2 assimilés par certains à Karli), ainsi qu’aux ancêtres.
La maison de la famille Panon-Desbassayns peut donc être considérée comme un lieu de résidence typique des riches propriétaires de l’époque mais aussi comme un lieu de rencontre entre les cultures provenant de l’Europe occidentale, de l’Inde, de l’Afrique et de Madagascar. Cette interculturalité se retrouve aujourd’hui au Musée de Villèle, au Camp du même nom et plus évidemment à travers la diversité culturelle réunionnaise.

Mylène Catouaria
article issu de la revue SANGAM n°27 de Juillet 2008 avec l’aimable autorisation du Dr Chanemougame

Sources bibliographiques :
Alexis Miranville : Villèle, village réunionnais 2001 Edit L’Harmattan
Revue « l’Oeil » Hors-série Avril 2004 Edit Artclair
Testament de Mme Desbassayns de 1845
Recueil de documents et travaux inédits pour servir à l’histoire des îles françaises de l’Océan Indien, 3e série N°3 Archives Départementales de la Réunion Juillet 1971

Charles DESBASSAYNS, un pionnier de l’industrie sucrière

Pendant tout le XVIIIe siècle, Bourbon ne sert que de « grenier » alors que son île-sœur obtient le monopole de la culture industrielle de la canne à sucre. Soucieux de préserver les intérêts des guildiviers (lieu de fabrication du jus de canne à sucre) de l’Isle de France, les gouverneurs successifs de l’île Bourbon paralysent toute velléité de changement.
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Mais après le passage des Anglais, la production de canne à sucre ne suffit plus. Charles, 2e fils de Mme Desbassayns comprend qu’il y a un marché à prendre, étudie à Paris et aux États-Unis et après sa formation, monte une sucrerie sur sa propriété du Chaudron.

Après avoir couvert le quartier du Chaudron de champs de canne à sucre, en 1815, il y monte une nouvelle usine et commande en Angleterre un moulin mécanique en fer à engrenages. En 1817, très en avance sur son temps, il l’équipe d’une pompe à feu d’une puissance de 6 Chevaux. Le Chaudron est donc par sa mécanisation avancée, la première usine sucrière de l’île.

Charles Desbassayns emploie sur son domaine une centaine d’engagés indiens. Le contrat des indiens leur donne droit à fêter pendant 3 ou 4 jours le « Pongol » cérémonie correspondant à la fin de la moisson en Inde et à la fin de la coupe de la canne à sucre à la Réunion et d’ériger de petits temples ou koylous, les fameux « koils ». Un des premiers semble avoir été celui du Chaudron 1858.
Aujourd’hui, la « fête des moissons » s’est vue remplacée
par les « marches sur le feu » qui se déroulent dès lors principalement en Décembre de chaque année.

Il est vrai que pour les colons, accorder à cette époque un « break » à leurs engagés ne les dérangeaient nullement
d’autant que de leur côté,car Décembre c’était à la fois la fin de la « coupe canne » et la préparation de leurs fêtes de Noël.

Pour faire face au manque de courant d’eau, source habituelle d’énergie pour les moulins, il importe de Londres une batterie de trois moulins verticaux en fer, mûs par un manège entraîné par des mulets, un usage jusqu’alors inconnu à l’île de La Réunion. Au cours de l’année 1817, son frère Joseph introduit les machines à vapeur qui permettent aux moulins de produire encore plus de sucre.

À partir de 1822, le domaine est administré par Charles, malgré qu’il réside à Sainte-Marie) et géré sur place par un régisseur. Celui-ci est toujours un blanc, généralement un membre, un proche ou un ami de la famille des maîtres.

Au fil de sa carrière politique, Charles Desbassayns est nommé en 1820 membre du comité consultatif d’agriculture et de commerce de Bourbon. Il devient conseiller colonial à partir du 23 octobre 1826. Il se présente au conseil municipal de Sainte-Marie en 1854 où il est élu, et devient conseiller général du même canton l’année suivante. En 1854, il devient le premier président de la chambre d’agriculture, et deux ans plus tard, président du conseil général. Trois ans avant sa mort le 5 juillet 1863, il est fait officier de la légion d’honneur.

On sait aussi que Charles DESBASSAYNS, monarchiste convaincu a été un des rares colons de l’élite à promouvoir la foi chrétienne catholique. C’est ainsi qu’il a offert une partie de son domaine aux jésuites qui y édifièrent le fameux centre de « la Ressource » pour y former le ferment de la colonisation chrétienne de Madagascar sous forme de jeunes malgaches-garçons et filles- dûment formés au Christianisme et destinés à être envoyés sur « la grande terre » pour y essaimer le catholicisme.

A partir de 1860, la Réunion va passer d’une extraordinaire euphorie à un moins extraordinaire marasme financier. En effet 1859 marque la première baisse des prix du sucre. Cette chute est due au développement de l’industrie betteravière, la betterave à sucre en France, combinées à l’ouverture du canal de Suez qui court-circuitait l’itinéraire du cap de Bonne-Espérance. De 130 en 1858, le nombre d’usines tomba à 90 dix ans plus tard, 55 en 1893, 35 en 1903, 20 en 1915. L’usine du Chaudron ne résiste pas à cette crise.

tentative d’implantation à l’ile Maurice d’un groupe de huguenots français

La « petite cendrillon des Mascareignes » fut explorée par le Bressan François LEGUAT et par une dizaine de huguenots français qui s’étaient réfugiés en Hollande après la révocation de l’Edit de Nantes (voir à ce sujet la page 4 et notamment la note 13).

Cet article est intitulé : « Réflexions générales sur Rodrigues : une île à la croisée des chemins à l’orée du XXIe siècle (Intégration pure et simple, Autonomie dans le cadre de l’état mauricien ou Indépendance aventureuse ?) ». Il a été publié in Le cabinet des curiosités, Mélanges offerts Claude WANQUET, e ditions L’HARMATTAN, Paris, 2000, pp. 105-128.

André ORAISON

les esclaves oubliés de Tromelin

Les travaux de restauration des objets archéologiques découverts sur l’île de Tromelin ont débuté à Saint-Pierre. Jusqu’au 6 août, le public pourra découvrir tout un panel d’ustensiles et de récipients qui ont permis aux esclaves abandonnés de survivre sur cet îlot hostile pendant quinze ans.

Quatre ans après leur première découverte, les objets archéologiques découverts sur l’île de Tromelin sortent du fénoir. Jusqu’alors stockés dans un local sec et climatisé de la préfecture des Taaf, ils passent désormais entre les mains des experts du centre archéologique du Var, qui devraient effectuer l’essentiel des travaux de restauration en deux mois. “L’enjeu consiste à révéler les traces de fabrication et d’usage”, expose Jacques Rebière, directeur de laboratoire. Car malgré leur apparence relativement bonne, les objets métalliques ont développé une corrosion, qui ont fait disparaître de précieuses informations à leur sujet. En plomb, en cuivre ou en métal, ils vont être nettoyés en priorité par ce “médecin pour objets malades” et sa collaboratrice. “Nous utilisons des moyens mécaniques, comme des scalpels, et aussi des outils à air comprimé, explique le directeur. Une partie de notre travail se fera par le biais d’un traitement chimique, pour dissoudre les corrosions dans la soude. ” Cuillers, récipients, pics, anneaux métalliques… tous ces objets récupérés ou fabriqués par les esclaves de Tromelin ont contribué à leur survie au long de ces quinze années d’oubli sur cet îlot hostile. C’est pourquoi les scientifiques les considèrent comme autant de trésors. “La notion de trésor est à géométrie variable, avance Jacques Rebière. Je considère ces morceaux de charbon de bois et ces silex comme des trésors, puisqu’ils témoignent que ces hommes et ces femmes ont été capables de reproduire du feu pendant quinze ans.” Pour le préfet des Terres australes et antarctiques françaises, la restauration de ce millier de pièces revêt “une importance considérable pour la communauté internationale”. “Nous avons une responsabilité morale vis à vis de ces objets et de ceux à qui ils ont appartenu, et donc l’obligation de les restaurer, puisqu’ils appartiennent au patrimoine de l’océan Indien”, estime Rollon Mouchel-Blaisot. D’où l’idée d’en exposer une partie au public jusqu’au 6 août à Saint-Pierre, dans le bâtiment des “Comptoirs du Sud”, aménagé en salle d’exposition et en laboratoire pour l’équipe de restauration. La préfecture des Taaf a également proposé à la mairie saint-pierroise de réaliser une exposition davantage fournie pour présenter les principaux objets une fois restaurés afin de transmettre l’histoire des esclaves oubliés de Tromelin. Parallèlement, le préfet milite pour la création d’un centre à rayonnement régional chargé de la restauration et de la conservation de ces “trésors”. “Les fouilles ne seront pas éternelles, mais les travaux sur les trésors sont loin d’être terminés”, a poursuivi Rollon Mouchel-Blaisot. En novembre prochain, une troisième campagne de fouilles archéologiques aura lieu à Tromelin. Elle sera menée par une équipe scientifique franco-mauricienne, signe de l’engouement régional pour les esclaves oubliés de Tromelin

Julien Cinier

- Les objets sont exposés jusqu’au 6 août sur le front de mer de Saint-Pierre, dans le bâtiment des “Comptoirs du Sud” (à côté de la capitainerie). Horaires : 9h-12h et 14h-16h.

- Quinze années de survie dans l’oubli

A propos d’Olivier Levasseur, dit « La Buse »…

Olivier Levasseur nait vers 1680 d’un père flibustier. Embarqué à bord du bateau de son père « La reine des Indes », il en devient second capitaine à sa mort. Surnommé  » La Buse », car il fondait sur ses proies, il n’en a pas moins d’autres surnoms : « le blizzard », »" la bouche » et même  » la bouze » selon le fameux chercheur de trésors « Bibique ».

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SES DEBUTS

Il arrive dans l’Océan Indien vers les années 1720, avec « la Reine des Indes ». Après un échouage à Mayotte, il est prit à son bord par le fameux pirate England. Il s’associe ensuite avec le capitaine Taylor abandonnant England avec lequel il s’est fâché.

LA PRISE DE « La VIERGE DU CAP » EN 1720

Le 20 Avril 1720, il prend un navire démâté : « La Vierge du Cap » (800 tonneaux et 72 canons) en rade de St Denis.

Ce navire est porteur d’un fabuleux trésor appartenant au vice-roi des Indes : rivières de diamants, bijoux, perles, barres d’or et d’argent, meubles , tissus, vases sacrés, caissettes de pierres précieuses…un trésor estimé par les chercheurs à 4 millions et demi d’euros.

Cette prise fait désordre car le Portugal n’est pas en conflit avec la France, et car le vice-roi Ericeira est alors invité par le gouverneur de l’ile. Rebaptisé « Le Victorieux », il devient le vaisseau de « La Buse ». Taylor et « La Buse  » se fâchent à leur tour et ce dernier s’installe à Madagascar. « Le Victorieux » aurait sombré non loin de l’ile de Ste Marie.

Le roi de France et le gouverneur de Bourbon vont alors offrir une amnistie aux pirates

qui renonceront à la piraterie : ils leur offrent en échange un espace de terres du battant des lames au sommet des montagnes. Même s’il ne commet plus de nouveaux actes de piraterie, Olivier Levasseur refuse de « rentrer dans le rang » ce qui constituera

certainement une des raisons de « vouloir sa peau »…par la suite.

PILOTE DANS LA BAIE D’ANTONGIL

Vers 1729, La Buse va exercer le métier de pilote dans la baie d’Antongil, à Madagascar.

Il offre ainsi ses services aux navires européens de passage. C’est ainsi qu’il monte à bord de « La Méduse » de la « Compagnie des Indes » qui souhaite entrer dans le port. Le capitaine D’HERMITTE, son commandant, le reconnait et le fait prisonnier.

CONDAMNE LE 7 JUILLET 1730

Accusé de « crime de piraterie », le Conseil le condamne « à faire amende honorabledevant la principale porte de l’église, nu en chemise, la corde au col et tenant en sa main une torche ardente du poids de 3 livres, pour là, dire et déclarer à haute et intelligible voix que méchamment et témérairement il a fait pendant plusieurs années le métier de forban, dont il se repent et demande pardon à Dieu, au Roy… »

Exécuté à 5H du soir le 7 Juillet 1730.

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vraie ou fausse tombe de La Buse ?

On raconte que lors de son transfert de St Denis à St Paul pour y être pendu, il aurait dit « Avec ce que j’ai caché ici,- au niveau de la ravine à malheur- j’aurai pu acheter toute l’ile »…

 

 

MAIS OU EST DONC LE TRESOR DE « LA BUSE » ?

Si certains le croient du côté de « la ravine à Jacques », d’autres pensent que « La Buse »

l’aurait rappatrié à Madagascar. Un chercheur de trésors seychellois, John Cruise Wilkins, pense qu’il est enterré du côté de Bel Ombre aux Seychelles. Son père , ancien tireur d’élite de la Royal Navy, savait déchiffrer les codes secrets de l’armée britannique

et il a retrouvé des références à Andromède dans l’énigme de Levasseur. Versé dans la culture greco-latine, Levasseur était probablement franc-maçon et Cruise estime que le pirate aurait enterré son trésor selon une énigme inspirée des 12 travaux d’Hercule. Il explique comment un « code de substitution » aurait mené à découverte d’un « symbole perdu » et à « la clé de Salomon », mentionnés dans le code maçonnique de La Buse.

UN CHERCHEUR EMBLEMATIQUE LOCAL : BIBIQUE

Mort en Mars 1995, Joseph Tipveau, dit Bibique, fut un des plus notoires chercheur du trésor de La Buse. Il était persuadé que ce dernier avait principalement caché son butin
dans l’une des nombreuses ravines qui trouent la falaise entre St Denis et La Possession,
en particulier la « ravine à Malheur ». C’est en effet dans cette ravine qu’on été trouvés des signes cryptographiques répondant au document de La Buse jusque là hermétique.

Un ami de La Buse aurait détenu la concession située en ce lieu et il était plus cohérent
pour le pirate de cacher son butin sur le terrain d’un ami…

 

PL

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